Il avait appris sans chagrin la mort de Deshayes ; mais il n’avait pas pu apprendre sans douleur la confession qu’il avait faite avant sa mort, et l’ordre qu’il avait donné à sa veuve d’épouser Sainville. […] La belle veuve lui dit qu’ils ne s’étaient jamais parlé, et que tout ce qu’elle en pouvait savoir elle-même, n’était fondé que sur des conjectures de l’assiduité et de l’attachement qu’il avait eu de la suivre partout où elle allait, et de se trouver partout où ses affaires la conduisaient ; qu’en un mot ç’avait été son ombre pendant tout le dernier mois qu’elle était restée à Paris ; mais que ses chagrins et ses affaires l’éloignant de toutes sortes de compagnies, elle n’avait jamais fait semblant de s’apercevoir de ses assiduités ; qu’il était pourtant vrai qu’elle l’avait remarqué et distingué comme l’homme le mieux fait qu’elle eût jamais vu, et qu’elle n’avait pu s’empêcher de demander qui il était, et qu’ainsi n’ayant jamais vu autre que lui s’obstiner à la suivre, elle ne doutait pas que ce ne fût lui qui eût accompagné Deshayes. […] Valerio lui donna une chambre à côté de celle de Sainville, à qui on donna des défaites en paiement ; et comme Silvie venait le voir fort souvent, et que tous les Espagnols et Français mangeaient ensemble, du Chirou eut tout le loisir de voir cette belle veuve ; mais il ne lui parla pas plus de son amour qu’il lui en avait parlé à Paris. […] Il le lui promit ; et afin qu’elle n’eût plus aucun soupçon sur Silvie, il la lui sacrifia en présence de tout le monde ; mais il le fit d’une manière que cette belle veuve aurait eu tort de s’en scandaliser, puisqu’en même temps qu’il la sacrifiait, et lui disait qu’il ne l’aimait plus, il lui faisait réparation des sentiments injurieux qu’il avait eu de sa vertu. […] La marquise ayant par là l’esprit en repos, les ducs et les deux épouses n’ayant eu aucun sujet de chagrin que par rapport à leurs amis, le comte Valerio et son épouse étant contents, Sainville et sa veuve étant dans la meilleure intelligence du monde, aussi bien que le comte du Chirou avec la belle Provençale, Valerio et Sainville reprenant peu à peu leurs forces, Don Quichotte se portant bien, et Sancho en parfaite santé, à quelques brûlures près ; en un mot tout le monde ayant l’esprit porté à la joie et au plaisir on se disposa en attendant le départ, qui n’était retardé que par Valerio, Sainville et du Chirou, à prendre de nos aventuriers tout le divertissement qu’on pouvait en prendre sans s’en railler ouvertement, surtout de notre héros, dont le comte du Chirou admirait la valeur, et à qui il devait la vie, aussi bien que la duchesse et Eugénie, qui outre cela lui devait encore celle de son époux, et peut-être son honneur.
J’ai vu quelques femmes qui se sont déchaînées contre ce que la veuve dit à sa sœur, dont Dupuis rapporte la conversation dans son histoire. […] Il fallait, dit-on, que cette veuve n’eût pas été présente au récit de Des Frans ; et Dupuis, qui n’aurait pas eu besoin de taire la vérité, aurait rendu justice à son frère.
Il est certain que cette fille était d’une douceur et d’une honnêteté achevée, comme sa conduite l’a fait voir avec l’homme qu’elle a épousé depuis, et dont elle est veuve, avec qui elle a souffert tout ce qu’une femme peut souffrir d’un homme emporté et jaloux ; en un mot aussi brutal en effet que je me feignais. […] Son mari est mort enfin, il y a près de deux ans, et l’a laissée veuve très riche, tant de son bien à elle, que de ses bienfaits à lui. […] Je n’en conserve aucun ressentiment, reprit cette belle veuve ; je le sacrifie à ce que je viens d’entendre. […] Elle me fait déjà la grâce, poursuivit cette aimable veuve, de me traiter comme sa fille, c’est-à-dire sans façon, et me fait plaisir : ou plutôt c’est qu’elle avait quelque chose à dire à son parent, qu’elle ne veut pas que je sache ; cela doit être dit à présent, montons.
. — Vous êtes donc veuve, lui dit Sotain. — Oui, Seigneur, lui répondit-elle, et veuve d’un Français que j’aimais beaucoup, et dont la mémoire me sera toujours chère, parce que c’est à ses soins que je dois la conservation de mon honneur, que les bandits m’auraient ravi, si lui-même ne l’avait pas mis à couvert de leur violence. — C’est donc en vous défendant qu’il a été tué ? […] Sotain, qui n’ignorait pas les précautions que les Italiens prennent, se douta de ce que c’était, et crut que le Français en avait voulu prendre de pareilles ; dans ce sentiment il demanda à cette fausse veuve avec un ris forcé, si son mari lui avait fait présent d’une ceinture de chasteté.
La maîtresse de l’hôtellerie vint encore s’informer de la santé des Françaises, et surtout de celle de la nouvelle veuve.
Les femmes des banians ou marchands, celles des neyres ou gentilshommes, peuvent comme celles des Mores & des esclaves ou Lascaris, se remarier, ou rester veuves après la mort de leurs maris ; mais cette indulgence ne s’étend point sur les veuves des bramènes. […] Premièrement, il ne faut pas que la veuve pleure ; car, si elle jetait une larme, elle serait réputée indigne d’aller se rejoindre à un esprit bienheureux. […] J’ai dit que les veuves des bramènes dont le mariage n’était point consommé étaient mises au rang de leurs filles, qui à l’âge de dix-huit ans n’étaient point mariées. […] Il est nu, & non pas couvert de satin ni d’autre chose douce à la friction, comme on dit que sont ceux dont se servent les filles & veuves chastes à contrecœur, & surtout les religieuses. […] Sa veuve était au chevet, ses enfants à ses pieds, & ses parents à ses côtés, sans proférer une seule parole & dans un triste & lugubre silence, qu’ils observaient depuis le lever du soleil.
O l’heureux temps, continua Don Quichotte, où les veuves et les enfants n’étaient point pillés, et où chacun leur prêtait du secours !
Ce droit était fort, et le premier qui le reçut et le fit valoir fut un nommé Bazire dont j’ai encore vu la veuve en vie en 1683. […] Il fut tué comme j’ai dit à Rocroi, et laissa sa veuve grosse de six à sept mois. […] Mais je lui offre pour témoin Madame Deschiens, veuve de celui dont je viens de parler ; elle est encore en vie, et en bonne santé. […] Monsieur et Madame d’Orléans ont eu soin de la veuve de Cordier, et l’ont mariée très avantageusement. […] Constance, de la prostitution de sa veuve, et du détrônement du feu roi notre allié, et de l’usurpation de l’opra Pitrachard.
Dans ce dessein il avait suivi Deshayes, à qui il s’était fait présenter comme un valet fidèle, brave et bon postillon : il avait défendu sa vie non pas par amitié pour lui, mais parce qu’il s’était figuré que c’était Sainville qui lui avait fait dresser cette partie, et qui avait voulu le faire assassiner pour posséder ensuite sa veuve sans crainte et sans traverse.
C’est elle qu’on appelait Mademoiselle Nanette, et qui est à présent veuve de Monsieur de Londé, l’un des plus agréables et des plus honnêtes hommes qui aient jamais été au monde.
Un diable de si bonne mine attira l’attention de nos deux chevaliers, et Pluton lui ayant permis de parler, il commença par remontrer toutes les peines qu’il se donnait pour rendre les femmes belles et attirantes, qu’il inventait tous les jours quelque pommade et quelque essence pour conserver leur teint, ou bien pour en cacher les rides, qu’il avait depuis peu de temps travaillé à cela avec beaucoup de succès, puisqu’il y avait des femmes âgées de plus de soixante ans qui ne laissaient pas par son moyen de paraître avec des cheveux bruns, une peau unie et délicate, et enfin si jeunes qu’il faudrait avoir en main leur extrait baptistaire pour les croire plus vieilles que leurs enfants ; que cela faisait augmenter le nombre de leurs amants, et augmentait en même temps celui des sujets de l’enfer ; mais que malgré tous ses soins il courait risque de perdre son temps s’il y avait encore dans le monde deux hommes de l’humeur du chevalier Sancho, qui à tout moment disait pis que rage des femmes, et tâchait d’en dégoûter tout le monde ; que si cela était souffert, il n’avait qu’à laisser en enfer son panier plein de cornes, parce qu’il ne trouverait plus de femmes qui en pussent faire porter à leurs maris, n’y ayant plus aucun homme qui leur voulût aider à les attacher, qu’il avait employé un temps infini pour en faire qui fussent propres à tout le monde, qu’il y en avait de dorées pour les maris pauvres, et qui se changeaient sur leur tête en cornes d’abondance ; qu’il y en avait d’unies et simples pour ceux dont les femmes faisaient l’amour but à but ; qu’il y en avait de jaunes pour ceux qui épousaient des filles qui avaient déjà eu quelque intrigue ; de blanches pour ceux qui épousaient des veuves ; de noires pour ceux qui épousaient des fausses dévotes ; de diaphanes et transparentes pour ceux dont les femmes savaient cacher leur infidélité ; de vertes pour ceux qui épousaient des filles élevées dans un couvent ou dans une grande retenue ; et de rouges pour ceux dont les femmes payaient leurs amants, à qui d’ordinaire elles ne se contentaient pas de sacrifier la bourse et l’honneur, mais le sang même de leur époux ; que chaque couleur convenait parfaitement à la qualité d’un chacun ; qu’il y avait dans le monde assez de femmes de vertu qui rebutaient les hommes, sans que Sancho voulût mettre les hommes sur le pied de rebuter les femmes ; que c’était de quoi il demandait justice, et protestait en cas de déni de laisser toutes les femmes et les filles en garde à leur propre vertu, sans les tenter dorénavant par lui-même, et sans les faire tenter par d’autres, ni leur fournir les occasions d’être tentées.
Ce fut ainsi qu’elle baptisa l’homme que mon père lui destinait, qui était en effet un très dégoûtant monsieur ; mais ma sœur est une sotte : outre que c’eût été un manteau, il pouvait mourir le premier, et la laisser veuve. […] Elle avait si peu aimé cette vertu, que la mort de son quatrième mari, dont elle était restée veuve à plus de cinquante-deux ans, lui en avait fait chercher un cinquième.
O ma foi si j’avais le bonheur de devenir veuf, diable emporte si je ne laissais toutes les femmes pour ce qu’elles sont.
Il était venu avec le cardinal Mazarin qui lui avait donné de l’emploi en France jusqu’à sa mort qui laissa sa veuve chargée des affaires de sa famille, entre autres d’un procès maudit qui est la cause de mon malheur. […] Si, ajouta-t-il, la belle avec qui vous avez été surpris aujourd’hui n’est qu’une gueuse, vous avez bien fait de n’employer que la canne et le bâton ; mais si c’est une femme mariée, une veuve, ou une fille dont la réputation soit à ménager, vous avez tort ; il fallait laisser le maraud sur la place : car c’est une femme diffamée si il la retrouve, et qu’il la reconnaisse. […] On ne sait point ce qu’ils se dirent ; mais on s’aperçut que cette aimable veuve avait rougi.
Elle est présentement veuve, plus belle que jamais : elle a refusé plusieurs partis fort avantageux, parce qu’étant maîtresse d’elle-même, elle ne veut plus être obligée de contraindre les sentiments qu’elle a toujours eus pour vous. […] J’y amenai donc Mademoiselle Dupuis, à qui Mademoiselle Grandet pour lors veuve, et Madame de Contamine vinrent tenir compagnie, et je retournai chez elle, où j’avais laissé Madame Dupuis et son fils, belle-sœur et neveu du mort, et plusieurs autres parents, qui tous me regardaient comme le maître du logis, et qui me laissèrent faire comme je l’entendais.
Elle était encore en âge de se remarier lorsqu’elle est restée veuve, n’ayant au plus que vingt-neuf ou trente ans, dont elle avait passé près de quinze avec son mari ; mais elle a préféré le veuvage et le plaisir d’élever un enfant de six ans, qui lui restait d’un homme qu’elle avait tendrement aimé à tous les partis qui lui ont été offerts, quoiqu’il s’en soit présenté, qui à juste titre, portaient la couronne sur leurs armoiries. […] Sa mort laissa sa veuve privée de tout secours, et chargée d’une petite fille, qui est Angélique dont nous parlons ; et encore le maréchal d’Hocquincourt ayant été tué lui-même peu de temps après, cette femme fut obligée de chercher une condition pour vivre, n’ayant pas de quoi subsister ; bien loin d’en pouvoir donner à sa fille.
C’est à vous à voir à présent s’il vous est plus avantageux d’être bientôt veuve d’un mari mort avec infamie, que de porter longtemps le nom d’un homme d’avec qui vous pouvez vous séparer quand vous voudrez.
Je pouvais mourir bientôt, et la laisser jeune et veuve.
un homme qui aura toujours vécu en scélérat complet, qui aura sacrifié à sa fortune et à son ambition une infinité de peuples, qui aura écrasé la veuve et l’orphelin, qui n’aura point connu d’autre Dieu que lui-même, qui par ses avis et ses exactions aura arraché le pain de la main et précipité dans la misère des provinces entières, qui aura résisté à la grâce qui lui faisait intérieurement connaître ses iniquités, sera assez heureux pour être frappé à la mort d’un coup impératif de la grâce efficace ?