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2. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XLVIII. Du combat de Don Quichotte contre Sancho, et quelle en fut la fin. »

. —  Nous ne sommes pas prêts à nous accorder, répondit le chevalier aux armes noires, puisque je prétends te faire avouer qu’une dame, que je ne veux pas te nommer, est non seulement plus belle que toutes les dames que tu viens de dire, mais aussi plus belle que la plus belle de toutes les belles dames du monde. —  Chevalier, reprit Sancho, j’ai eu la courtoisie de vous nommer la dame pour qui je suis en champ, nommez-moi aussi la vôtre, s’il vous plaît. —  Tu verras son portrait sur mon cœur, lui répondit le chevalier aux armes noires ; mais pour son nom tu ne mérites pas de le savoir de ma bouche, quoiqu’il ne te soit pas inconnu. —  Discourtois chevalier, lui dit Sancho, vous n’êtes qu’un incivil, et ne savez pas les règles de la Chevalerie. —  Je les sais mieux que toi, veillaque, lui repartit le furieux Don Quichotte. —  C’est ce que nous allons voir, lui répliqua Sancho ; faisons les conditions de notre combat. —  Je n’en veux point avec toi que celle de la mort, répondit-il. […] demanda le chevalier aux armes noires. —  Vous n’avez qu’à avouer ce que je vous ai dit, répondit Sancho, et passer votre chemin. —  J’avouerais plutôt que je suis Turc, répondit Don Quichotte. —  Eh mardi ! […] Le chevalier aux armes noires qui savait bien que Sancho était plus robuste que lui, et savait mieux faire le coup de poing, aurait bien voulu combattre avec d’autres armes ; mais se sentant frappé le premier, lui qui avait coutume de prévenir les autres, il n’eut plus de considération, et risqua le tout pour le tout ; il rendit donc à Sancho son coup de poing le mieux qu’il put. […] Pour toi, Chevalier aux armes noires, qui ne veux pas être connu, continua-t-il en s’adressant à Don Quichotte, je t’assure de ma discrétion et du secret, mais ne t’avise pas une autre fois d’entreprendre une querelle sans fondement. […] Pour toi, Chevalier Sancho, poursuivit l’enchanteur après que le chevalier aux armes noires fut parti, tu n’as fait que ce que tu as dû faire, et je te pardonne avec plus de facilité qu’au chevalier qui s’en va ; assure-toi désormais de ma protection, et sois bien sûr qu’elle ne te manquera pas partout où mon pouvoir pourra s’étendre.

3. (1690) Journal d’un voyage fait aux Indes Orientales (tome 1)

Je ne sais s’il avait sué de l’encre, mais son linge était bien noir. […] Cependant, c’en est assez pour les misérables Noirs qui les habitent. […] J’ai vu des femmes noires ou mulâtres, parfaitement bien faites. […] Le curé et le vicaire sont blancs aussi ; les autres ecclésiastiques sont noirs. […] Il a couru au pot au noir sans qu’on ait prévu ce qu’il voulait faire.

4. (1691) Journal d’un voyage fait aux Indes Orientales (tome 2)

La fornication chez les premiers est suivie du mariage, & passe chez les Noirs pour une simple bagatelle. […] Les noirs coururent se plaindre à M.  […] Je retourne au brûlement du noir. […] Tous les assistants, jusqu’aux enfants, font la même cérémonie, et sont tous servis par le même noir qui a servi le bramène ; et le dernier qui vient jeter le riz sert à son tour le noir qui a servi tous les autres. […] Les autres ne sont pas plus chères, mais je leur préfère celles-ci, parce que les Noirs qui les achètent pour M. 

5. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XLIX. Repas magique. Apparition d’un nouvel enchanteur. Défi fait à Don Quichotte, et ce qui s’ensuivit. »

Il conta son combat, et l’enchantement de son épée, dont il n’avait pas pu jouir pour fendre le discourtois chevalier aux armes noires ; et comme on fit semblant de ne pas le croire, il montra son épée pour en convaincre ses auditeurs ; mais ce fut un mauvais témoin pour lui, parce qu’elle se tira du fourreau sans aucun effort. […] Pendant que toute la troupe déjeunait de fort bon appétit, Don Quichotte parut en robe de chambre, feignant d’ignorer ce qui était arrivé à Sancho, qui le lui répéta avec des paroles atroces contre l’incivil chevalier aux armes noires. […] Les satyres qui avaient soin de la table, la firent disparaître tout d’un coup avec ce qui était dessus ; elle rentra en terre comme elle en était sortie, presque aux pieds de nos braves, qui ne virent à sa place qu’une noire et épaisse fumée.

6. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XLVI. Pourquoi Sancho perdit ses armes enchantées, et du terrible combat qu’il eut à soutenir pour les recouvrer. »

Il n’avait point de masque sur le visage, mais il se l’était rougi avec du vermillon, et sur ce rouge on lui avait peint une barbe noire en forme de poignard. […] Sancho moulu de coups ne laissa pas de se lever et de le suivre la massue sur l’épaule ; mais à son grand étonnement il le vit tout d’un coup abîmé dans la terre et disparaître à ses yeux, ne laissant après lui qu’une grande flamme qui s’évanouit dans le moment, et qui fut suivie d’une noire et épaisse fumée qui sentait bien fort le soufre.

7. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XLVII. Suites agréables de la victoire remportée par le chevalier Sancho, et du projet que forma Don Quichotte pour le faire repentir de son indiscrétion. »

Il retourna dans sa chambre où il visita ses armes, et voyant qu’elles n’étaient pas assez noires à son gré, il en fut dans une peine terrible. […] Enfin il se ressouvint qu’il avait vu dans l’écurie du noir à noircir dont les cochers se servaient pour lustrer leur train ; il alla le prendre, et en ayant fait une pâte avec de la cire des bougies qui étaient sur sa table, il en frotta ses armes ; et voyant que cela lui réussissait assez bien, il se détermina à s’en servir le lendemain, ne le pouvant pas faire dans le moment, parce que Sancho, après un sommeil de huit heures, venait de se réveiller, et qu’on vint les quérir l’un et l’autre pour aller joindre la compagnie qui allait se mettre à table ; et comme en pareille occasion le civil chevalier ne se faisait point prier, aussi ne les fit-il point attendre.

8. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LVI. De ce qui suivit le désenchantement de Dulcinée. »

Te souviens-tu bien que lorsque tu trouvas dans la montagne noire une petite valise, tu te saisis de cent douze écus d’or qui étaient dedans ? […] Un diable de si bonne mine attira l’attention de nos deux chevaliers, et Pluton lui ayant permis de parler, il commença par remontrer toutes les peines qu’il se donnait pour rendre les femmes belles et attirantes, qu’il inventait tous les jours quelque pommade et quelque essence pour conserver leur teint, ou bien pour en cacher les rides, qu’il avait depuis peu de temps travaillé à cela avec beaucoup de succès, puisqu’il y avait des femmes âgées de plus de soixante ans qui ne laissaient pas par son moyen de paraître avec des cheveux bruns, une peau unie et délicate, et enfin si jeunes qu’il faudrait avoir en main leur extrait baptistaire pour les croire plus vieilles que leurs enfants ; que cela faisait augmenter le nombre de leurs amants, et augmentait en même temps celui des sujets de l’enfer ; mais que malgré tous ses soins il courait risque de perdre son temps s’il y avait encore dans le monde deux hommes de l’humeur du chevalier Sancho, qui à tout moment disait pis que rage des femmes, et tâchait d’en dégoûter tout le monde ; que si cela était souffert, il n’avait qu’à laisser en enfer son panier plein de cornes, parce qu’il ne trouverait plus de femmes qui en pussent faire porter à leurs maris, n’y ayant plus aucun homme qui leur voulût aider à les attacher, qu’il avait employé un temps infini pour en faire qui fussent propres à tout le monde, qu’il y en avait de dorées pour les maris pauvres, et qui se changeaient sur leur tête en cornes d’abondance ; qu’il y en avait d’unies et simples pour ceux dont les femmes faisaient l’amour but à but ; qu’il y en avait de jaunes pour ceux qui épousaient des filles qui avaient déjà eu quelque intrigue ; de blanches pour ceux qui épousaient des veuves ; de noires pour ceux qui épousaient des fausses dévotes ; de diaphanes et transparentes pour ceux dont les femmes savaient cacher leur infidélité ; de vertes pour ceux qui épousaient des filles élevées dans un couvent ou dans une grande retenue ; et de rouges pour ceux dont les femmes payaient leurs amants, à qui d’ordinaire elles ne se contentaient pas de sacrifier la bourse et l’honneur, mais le sang même de leur époux ; que chaque couleur convenait parfaitement à la qualité d’un chacun ; qu’il y avait dans le monde assez de femmes de vertu qui rebutaient les hommes, sans que Sancho voulût mettre les hommes sur le pied de rebuter les femmes ; que c’était de quoi il demandait justice, et protestait en cas de déni de laisser toutes les femmes et les filles en garde à leur propre vertu, sans les tenter dorénavant par lui-même, et sans les faire tenter par d’autres, ni leur fournir les occasions d’être tentées.

9. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LV. Don Quichotte et Sancho vont à la caverne de Montésinos. Ce qu’ils y virent, et comment se fit le désenchantement de Dulcinée. »

Et vous esprits infernaux, continua-t-il, noirs habitants du séjour ténébreux, sortez du fond de vos abîmes, et venez y précipiter ce perfide, qui n’est hardi qu’à maltraiter une jeune princesse sans défense, redoublez ses chaînes dont il ne sorte jamais, et qu’il languisse éternellement sous leur poids. […] Ils n’y virent rien qui méritât leur attention, mais au-dessus d’une porte qui leur parut de jaspe, ils virent un écriteau de marbre noir sur lequel ces paroles étaient écrites en lettres d’or : Qui que vous soyez qui venez affronter Merlin dans son palais et lui enlever les princesses qu’il y tient enchantées, préparez-vous à de rudes combats dans lesquels si vous demeurez victorieux, outre l’honneur que vous en remporterez, vous trouverez aussi des richesses qui vous appartiendront ; mais sachez qu’il faut être d’un cœur pur et net, n’avoir rien à autrui sur sa conscience et n’avoir jamais menti, ou vous attendre avant que d’en sortir à en faire une rude pénitence ; il ne sera plus temps de reculer quand vous aurez une fois franchi cette porte.

10. (1721) Mémoires

Adam sentit l’effet de sa noire malice ; Son rude châtiment jusqu’à nous est passé. […] Le Noir se jeta à ses pieds, et après bien des excuses inutiles, il avoua qu’on lui avait donné deux mille écus pour faire ce coup de fripon. […] Le Noir fut condamné à faire amende honorable, et à être pendu. […] Etant dans sa chambre, l’humeur noire dont elle était saisie la porta à dire mille pauvretés à sa nourrice. […] Il s’approcha d’une troupe de gens fort bien mis en noir, et en perruques fort belles.

11. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur Dupuis, et de Madame de Londé. »

En un mot c’était la maîtresse d’un commandeur de l’Ordre, une grosse réjouie, brune, de gros yeux noirs, la gorge bien fournie et bien blanche, et fort aimable. […] La nuit était noire comme beau diable, et la quantité de vin que nous avions bu nous faisait trouver la rue trop étroite. […] Il le fit boire plus qu’à l’ordinaire, pour dissiper, disait-il, les humeurs noires qui affaiblissaient la vigueur de son corps ; et enfin il le quitta en bon état, après lui avoir cité ce que Monsieur de Montagne dit dans ses Essais sur un sujet pareil. […] C’était une très belle femme, dont les cheveux, pour peu qu’il en parût, étaient aussi noirs que sa robe. […] Elle n’avait qu’un simple petit manteau, et une jupe de crépon noir, avec du linge de veuve très propre.

12. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XLIII. De l’accident qui arriva au chevalier Sancho, en tirant une arme à feu. Remède pire que le mal. »

Outre sa brûlure il avait encore l’estomac tout noir de la contusion, joint à cela qu’il ne voyait goutte du tout ; mais son mal le plus sensible pour lui, était celui de la mâchoire, parce qu’il ne lui permettait pas d’ouvrir la bouche ni pour mâcher ni pour parler.

13. (1713) Les illustres Françaises « Préface. »

Il faut remarquer là-dessus, que Des Frans raconte son histoire en présence de Madame de Londé, et que Dupuis aurait eu mauvaise grâce de dire en la présence de cette dame, que le frère se serait servi des secrets de la magie la plus noire, pour triompher de Silvie.

14. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur Des Prez, et de Mademoiselle de l’Épine. »

Un soulier de maroquin noir, avec une tresse d’argent, et une boucle de diamants. Un bas de soie noire avec un fil d’argent sur les côtés et le derrière : fort bien coiffée en cheveux, de fort beau linge et un fort beau fil de perles : enfin elle était dans un état à charmer. […] J’avais vu de loin une femme vêtue de noir, qui passait par le même endroit : je la sacrifiai. Je demandai à ces laquais si ils avaient vu passer une femme vêtue de noir en deuil, ils me dirent que oui ; mais qu’elle était bien loin, parce qu’elle allait bien vite.

15. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur Des Ronais, et de Mademoiselle Dupuis. »

Elle a les yeux pleins, bien fendus, noirs et languissants, et vifs lorsqu’elle le veut, le front admirable, large et uni, le nez bien fait, la bouche petite et vermeille, et les dents comme de l’ivoire, la physionomie douce et d’une vierge. […] Depuis ce temps-là son cousin et d’autres ont voulu nous bien remettre ensemble ; mais comme la trahison est trop noire et trop visible, je n’ai point voulu entendre parler d’elle. […] À présent je ne sais ce qu’elle veut vous dire, mais je sais bien que je n’ai pas imposé d’un mot ; et je crois que vous ne feriez pas autre chose que ce que je fais, c’est-à-dire, de témoigner une très grande indifférence, qui n’est pourtant pas telle que je la voudrais ; car pour vous en parler sincèrement, j’ai toujours des retours de tendresse qui me rappellent vers elle ; mais il me semble que la perfidie est trop noire pour ne me pas abandonner tout à fait à mon dépit et à mon honneur.

16. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur Des Frans et de Silvie. »

Elle avait le front blanc et uni ; les yeux grands, noirs et languissants, à fleur de tête : ils étaient quelquefois si perçants, qu’on ne pouvait en soutenir l’éclat ; les sourcils comme les cheveux ; le nez un peu aquilin et serré, bien fait ; les joues toujours couvertes d’un vermillon naturel, qui sur un teint de neige, faisait un effet admirable. […] Il me disait toutes ces choses d’un air et d’un ton si naïf, et si plaisant, que je ne pouvais m’empêcher de rire, malgré l’indignation que me causait la présence d’un homme si méchant et si dangereux ; et la certitude que j’avais d’une fourbe si noire. […] Espérez-vous justifier la plus noire et la plus lâche trahison qui jamais ait été tramée. […] Ce fut ainsi que je la mis pour le corps, et pour la nourriture, je lui laissai du pain noir et de l’eau, et n’allai plus lui en porter que tous les trois jours.

17. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre LI. Le jaloux trompé »

Ils étaient le but de l’amitié et de l’admiration de tous ceux qui les connaissaient ; toutes les femmes enviaient le bonheur de l’épouse, et les hommes celui du mari ; en un mot on ne voyait chez eux régner que l’amour, la joie et la concorde ; lorsque tout d’un coup il prit au mari un chagrin noir et une taciturnité qui ne lui était nullement ordinaire, son esprit ayant toujours paru auparavant jovial et amusant.

18. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur de Jussy, et de Mademoiselle Fenouil. »

Mademoiselle Fenouil était grande et bien faite, la taille aisée, la peau délicate et fort blanche, aussi bien que le teint ; elle avait les yeux, les sourcils et les cheveux noirs : les yeux grands et bien fendus, naturellement vifs, mais le moindre chagrin les rendait languissants, pour lors ils semblaient demander le cœur de tous ceux qu’elle regardait.

19. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur de Terny, et de Mademoiselle de Bernay. »

L’habit modeste qu’elle avait me la fit paraître un ange en habit noir.

20. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur de Contamine, et d’Angélique. »

Il a les yeux noirs comme les sourcils, les cheveux et la barbe ; le visage blanc, plein uni et vermeil, le front large, la bouche belle pour un homme, les dents bien blanches et bien rangées, la voix forte, le son agréable et les mains potelées et charnues ; enfin, on peut dire qu’il est ce qu’on appelle un bel homme.

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