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2. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LVI. De ce qui suivit le désenchantement de Dulcinée. »

Ne dis point que cet argent était perdu pour lui, tu sais bien qu’il lui appartenait, et que de vils ouvriers avaient eu la modération de n’y point toucher ; joint à cela, quand cet argent aurait été perdu, quel droit y avais-tu ? […] Il est vrai qu’il a trouvé l’argent qu’on lui redemande, il est vrai aussi qu’il ne l’a point rendu, et il avoue même qu’il n’a pas eu l’intention de le rendre ; mais quel droit a Plutus de redemander cet argent ? […] C’est d’avoir voulu violer les droits de l’hospitalité en voulant d’un lieu d’honneur où il était bien reçu en faire le théâtre de ses débauches, dont il mérite des reproches et des châtiments ; c’est d’avoir eu plus d’indulgence pour soi-même que pour autrui, c’est d’avoir été hypocrite, d’avoir voulu priver les autres des plaisirs infâmes où il tâchait de se souiller lui-même, d’avoir voulu sous les dehors d’une vie honnête et d’un mépris affecté des femmes cacher le penchant vicieux qu’il a pour elles ; c’est là vouloir imposer à Dieu et aux hommes, avoir deux mesures, l’une pour soi, l’autre pour autrui, c’est cela encore un coup dont on devait l’accuser ; il devait se souvenir de son proverbe ordinaire, Médecin guéris-toi toi-même.

3. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur Des Ronais, et de Mademoiselle Dupuis. »

Votre retraite ou votre départ, ayant été longtemps le sujet de la conversation de vos amis et de leur tristesse, surtout de celle de Mademoiselle Grandet, qui croyait avoir de grands droits sur votre cœur, fit différents effets. […] Que quand une fois il se serait privé du droit de disposer de son bien à sa fantaisie, sa fille et son gendre croiraient que cet usufruit serait un vol qu’il leur ferait le reste de ses jours. […] une fille qui me doit tout, et à qui ma seule bonté y donne droit après ma mort. […] Elle se mit en possession de tout de plein droit, et lorsque tout fut net chez elle et en bon ordre, je l’y reconduisis si abattue, que je n’osai lui parler sitôt de notre mariage. […] Je sacrifiai une partie de mes droits pour terminer promptement, et enfin je fus de retour à Paris quinze jours avant qu’on m’y attendît.

4. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur Dupuis, et de Madame de Londé. »

Tenez-vous droit, lui dit-il froidement. […] Quand je vis que c’était tout de bon, et que le sacrement s’en mêlait, je me crus en droit de les traverser, et me fis un plaisir de les voir mariés inutilement. […] Je lui répondis qu’il devait être content de l’avantage qu’il avait sur moi par l’âge et par la fortune, sans pousser ses droits jusqu’à me prendre pour son jouet. […] Avez-vous oublié qu’un enfant n’attend que de vous, un droit que Dieu, la nature, et votre honneur vous défendent de lui refuser ?  […] Qu’en faisant semblant de se détourner, il lui avait poussé le bras droit dont elle tenait son aiguille, pour la faire piquer.

5. (1691) Journal d’un voyage fait aux Indes Orientales (tome 2)

Monicault, homme violent, savant, aimant la joie ; mais, vraiment chrétien, droit, de probité, & ennemi mortel des fourbes : en un mot, un génie gaulois de la vieille roche, actif & laborieux. […]   Il a voulu rentrer dans ses droits, & reprendre sur Remraja ce que Sévagi a usurpé sur lui. […] Qui a soufflé & fomenté ces révoltes, si ce ne sont eux, pour s’assurer par la force la possession de ce que le droit leur refusait ? […] Nos Languedociennes tiennent un peu de leur manière de porter leur corps droit, mais n’approchent point de leur agilité, ni de leur beauté. […] Ainsi, les pasteurs ont le droit d’instruire les peuples, & les peuples ont le mérite de la foi.

6. (1690) Journal d’un voyage fait aux Indes Orientales (tome 1)

Céberet, chez M. de Boisangis, fermier des droits du roi, où ils s’étaient donné rendez-vous. […] Rendons-leur justice : elles font des traités pour le bien de leurs affaires : elles y suivent le droit civil ; mais le plus fort les explique par le droit canon. […] À quel titre ces vastes pays appartenaient-ils au pape, pour les donner à des nations qui y avaient plus de droit que lui, puisqu’il était fondé sur la force : droit pourtant exécrable parmi les chrétiens ? […] Cicéron, quoique païen, avait sur le droit d’autrui la conscience bien plus timorée ; il voulait que nous eussions un droit acquis et légitime sur ce que nous donnons. […] Les boulets de canon ne sont point échappés, puisque le corps paraissait tout droit.

7. (1691) Journal du voyage des Indes orientales (à monsieur Raymond)

Et sur quelque bon droit qu ’un innocent se fonde Quand il est accusé, l’on n’en croit point de bien. […] Les inventaires à la mer ne se font pas avec tout le tracas de Paris et que la chicane a inventé ; mais en récompense, l’équité et le bon droit y sont observés avec une intégrité admirable. […] Je ne vous dit mot de ses richesses, le commissaire en a fait l’inventaire sauf le droit de présence. […] Mais les premiers se sont maintenus dans leur droit et ont fait faire une muraille tout autour qui enferme cette église, et ce n’est que par leur permission que les derniers y célèbrent la messe. […] Le Mogol sachant la mort de Sauvagy a voulu rentrer dans ses anciens droits et a envoyé dans le royaume de Visapour une nouvelle armée.

8. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LIX. De ce qui se passa chez le duc de Médoc après le départ de Dulcinée, et comment Sancho reçut sa femme que la duchesse fit venir au château. »

. — Tais-toi, sotte, lui dit la mère, ce n’est pas à toi à me montrer à marcher droit. […] Les ducs, les comtes et les dames arrivèrent en ce moment, et la duchesse d’Albuquerque remontrant à Sancho qu’il était indigne d’un chevalier de battre sa femme, que cela était infâme à un honnête homme, et qu’à peine le pardonnait-on à un crocheteur, et que Monsieur le duc était en droit de s’en offenser, cela s’étant passé dans son château et à ses yeux, celui-ci lui répondit qu’il n’avait fait que ce qui lui avait été commandé par les juges d’enfer, et par le sage Parafaragaramus, et de plus, qu’entre le bois et l’écorce il n’y faut pas mettre le doigt.

9. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur de Jussy, et de Mademoiselle Fenouil. »

Pour revenir à Mademoiselle Grandet, ce fut ainsi que je rompis avec elle, et je vous laisse à penser si elle n’est pas en droit de me regarder comme un fourbe et comme un scélérat. […] Le bruit de ma mort se répandit ; mes parents écrivirent tout droit à son Excellence pour en être plus assurés. […] J’attends à m’expliquer du reste avec elle, et je crois être en droit de vous dire que je la trouverai fidèle et constante.

10. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XLVIII. Du combat de Don Quichotte contre Sancho, et quelle en fut la fin. »

Leurs chevaux, qui n’étaient ni Rossinante ni Flanquine, étaient extrêmement vifs et forts, et avaient la bouche tendre ; et si les coups de poing qui portaient à faux faisaient faire des contorsions et des demi-tours à droit, leurs montures qui en sentaient le contrecoup par le mouvement de leurs corps qui entraînaient leur bride, leur faisaient faire des saccades de la manière du monde la plus plaisante et la plus risible.

11. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LVII. Du repas magnifique où se trouva Don Quichotte, et du beau et long discours qu’il y tint. »

L’intégrité de leurs jugements fut admirée ; la vénalité des charges, qui donnent à un homme le pouvoir de disposer de la vie et des biens de son prochain, fut détestée ; on y maudit le juge qui achetait en gros le droit de vendre à son choix l’injustice en détail ; le babil inutile des avocats, qui ne fait qu’obscurcir la vérité ; cette multiplication infinie de procédures et de chicanes, qui donne le tort dans les formes à un homme à qui le fond donne gain de cause ; tout cela fut blâmé ; on condamna les ambitieux ecclésiastiques qui recherchent et briguent les dignités de l’Eglise ; on se moqua de l’hypocrisie de ceux qui ne disent que des lèvres, Nolo episcopari l’avidité de ceux qui ont plusieurs bénéfices, dont un seul pourrait suffire aux besoins de la vie, et à faire leur salut, parut exécrable, aussi bien que le faste outré de ceux qui dissipent dans de vains plaisirs un bien qui n’a été destiné qu’aux pauvres, et dont ils ne sont que les économes et les dispensateurs, et non pas les propriétaires.

12. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XXXVI. Suite de l’histoire de Silvie et de Sainville. »

Il me semble que sur ce pied il doit être plus à moi, parce qu’outre le droit de tendresse que j’ai sur lui, j’ai encore celui de conquête. […] Il est certain que le bon droit était de leur côté, puisque la Justice a été pour elles ; mais il m’a mille fois dit qu’il n’y avait eu que la faveur qui leur avait fait gagner leur procès.

13. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XLVII. Suites agréables de la victoire remportée par le chevalier Sancho, et du projet que forma Don Quichotte pour le faire repentir de son indiscrétion. »

Et les contorsions qu’il faisait pour se tenir droit, faisaient mourir de rire les ducs et les autres qui le suivaient à pied.

14. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LVIII. Des tristes et agréables choses que Parafaragaramus apprit au chevalier de la Manche. »

C’en est trop, dit-il en rendant le livre ; oui, belle Princesse, continua-t-il, c’en est trop, vous êtes libre de vos actions, et je vous encourage moi-même à soutenir votre vœu ; je n’ai rien fait pour vous que ce que tout autre que moi aurait pu faire, et sans doute plus heureusement et plus promptement ; je ne prétends avoir acquis aucun droit sur vous, ou j’y renonce pour vous rendre toute à vous-même.

15. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LIII. Belle morale du seigneur Don Quichotte. »

N’est-ce pas vouloir par un orgueil damnable s’égaler à lui, que de prétendre attenter ainsi sur ses droits ?

16. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur Des Frans et de Silvie. »

Cela m’avait inspiré de l’aversion pour eux, tout jeune que j’étais : ainsi ayant sucé cette aversion avec le lait, je n’ai jamais pu m’assujettir à ce qu’ils ont voulu exiger de moi, et n’ai jamais eu pour eux ce respect et cette obéissance qu’un jeune homme doit avoir pour ceux à qui il est comptable de ses actions, et qui ont droit d’avoir l’œil sur sa conduite, et l’autorité de la réformer lorsqu’elle est vicieuse. […] Que j’avais trop de cœur et d’honneur pour prêter la main aux cruautés qu’on exerçait contre eux sous prétexte de lever les droits du Roi. […] Je repris donc les études de droit. […] Et pour vous Monsieur, continua-t-elle s’adressant à Monsieur le marquis d’Annemasse, vous seriez en droit de vous plaindre, si je vous oubliais lorsque je donne tout. […] Elle le suppliait, puisqu’il n’y avait que deux ou trois maisons qui les séparassent, qu’il gardât seulement un appartement garni, et qu’il vînt manger avec elle : qu’elle n’en ferait point un ordinaire plus fort : qu’elle avait du vin excellent et droit, et qu’il ne trouverait pas dans son auberge ; qu’elle l’en suppliait, et qu’il lui ferait plaisir et honneur.

17. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur Des Prez, et de Mademoiselle de l’Épine. »

Qu’elle ne demandait pas qu’il fît tort à ses droits en lui donnant mainlevée ; que cela ne lui ferait aucun préjudice, n’étant qu’une chicane de sa partie, qui avait été mendier cette saisie pour s’empêcher de payer. […] Il pourra s’en faire un droit de mépriser en même temps votre personne et le sacrement, dans quoi il serait peut-être soutenu par les lois humaines. […] Je veux seulement vous faire connaître, par ma propre aventure, que je suis en droit de pester contre les femmes, et de croire de la dissimulation dans toutes, ou du moins, si cela est trop général, que je puis dire que j’en ai été trop maltraité pour en parler affirmativement en bonne part.

18. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur de Terny, et de Mademoiselle de Bernay. »

Je ne vous demande rien pour sa dot, je serais en droit pourtant de vous demander tout au moins ce que vous vouliez donner au couvent ; mais ce sont des intérêts dont nous parlerons dans un autre temps.

19. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur de Contamine, et d’Angélique. »

Son prétexte était que ce chemin était plus court et plus droit : mais en effet c’était une entreprise de ce fermier, qui voulait chagriner ce gentilhomme, et augmenter d’autant le revenu de sa terre.

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