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2. (1691) Journal d’un voyage fait aux Indes Orientales (tome 2)

Leur religion est tellement confuse qu’ils ne peuvent ni la débrouiller, ni l’expliquer. […] Nous étions tellement acharnés que nous ne nous sommes aperçus de ce signal que lorsqu’il a été sous les voiles, & même assez éloigné. […] Qui que ce soit n’a paru ; mais la mer brise tellement, & le fond est si bas, que les chaloupes n’ont pu aller jusqu’à lui. […] Il y a quantité de paons, mais tellement sauvages qu’il est presque impossible d’en approcher. […] Il était encore tellement derrière nous hier au soir qu’à peine pouvions-nous l’apercevoir.

3. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur de Terny, et de Mademoiselle de Bernay. »

Elles sont toutes deux dans le couvent d’aussi bon cœur qu’un oiseau sauvage est en cage ; et quoiqu’elles ne veuillent pas être religieuses de leur bon gré, il faut qu’elles le soient par nécessité : car mon père et ma mère pour marier Madame d’Ornex, l’ont tellement avantagée par son contrat de mariage, qu’elle et moi, qui me suis fait faire justice presque le pistolet à la main, et par une force majeure, pour n’être pas sacrifié comme nos cadettes, emporterons tout le bien de la famille. […] Mon valet de chambre me peignit le visage avec une certaine composition, que les peintres nomment pastel ; et me changea tellement les traits et la couleur, que je ne me reconnus plus moi-même. […] Leurs amis communs firent cesser ce scandale public en les accommodant peu de temps après ; mais le beau-père avait pris l’affaire tellement à cœur, et s’était tellement fatigué à la poursuivre, qu’il en était tombé malade, autant de l’esprit que du corps. […] Le prêtre qui faisait la cérémonie était tellement étonné, qu’il ne pouvait pas dire un mot. […] Vous m’avez paru avoir jusques ici une si grande indifférence pour notre conversation, et vous avez été tellement occupés, Madame de Mongey et vous, à parler ensemble, que je suis surprise de vous voir parler à nous ; c’est sans doute une distraction que vous faites à quelque soin plus pressant.

4. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur Dupuis, et de Madame de Londé. »

Elle me sauta aux yeux, et m’égratigna tellement, que dans un moment j’eus le visage tout en sang. […] Elle nous trouva tellement émus l’un et l’autre, qu’elle en soupçonna la cause. […] Ces trois derniers enfants sont morts au berceau, et le secret fut tellement gardé qu’âme qui vive ne s’en est seulement douté. […] Je revins en tirant mon épée du fourreau : elle était plus morte que vive, et tellement transie de frayeur, qu’elle n’ouvrit pas la bouche. […] Je revins au logis au bout de ce temps-là, ou plutôt je m’y fis rapporter, tellement faible et tellement changé, qu’on ne me reconnaissait presque pas.

5. (1691) Journal du voyage des Indes orientales (à monsieur Raymond)

Nous avons roulé et nous roulons encore tellement, que je ne puis écrire que par intervalle. […] Le vent est en poupe et nous faisons plus de deux lieues par heure, mais nous roulons tellement que je ne puis presque écrire. […] Nous avons tellement roulé que notre marmite sur le feu a jeté la viande et le bouillon à tous les diables, ainsi très pauvre dîner. […] Ils brûlent aussi les corps morts, et leur religion est tellement confuse qu’ils ne peuvent pas la débrouiller eux-mêmes. […] On a vu terre dès midi, mais on n’en était pas sûr parce qu’elle était tellement confondue dans l’horizon qu’on ne pouvait pas bien la distinguer.

6. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur Des Ronais, et de Mademoiselle Dupuis. »

Comme son proche voisin, j’y allai souvent, et la douceur de sa conversation me plut tellement, que sans être son amant, je lui rendis beaucoup de soins, et devins un de ses intimes amis. […] Cela nous donnait à tous deux des pensées tellement confuses, que nous n’osions nous regarder. […] J’étais tellement content d’avoir une maîtresse si parfaite, que pour me justifier auprès de quelques dames de province, qui ne trouvaient pas bon que je fusse si indifférent dans leur pays, je leur montrai son portrait. […] Je le prenais d’un ton si haut, et j’étais tellement animé, que je ne sais si je ne lui aurais point dit d’injures ; mais elle ne m’en donna pas le temps. […] Je suis tellement changée depuis ce temps-là, reprit cette dame, que je ne m’étonne pas, Monsieur, que vous ne me remettiez point.

7. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur de Jussy, et de Mademoiselle Fenouil. »

Je m’y opposai de tout mon pouvoir, et tellement qu’elle me reprocha le peu d’amour que j’avais pour elle. […] Je regardais cette chienne, et j’étais tellement étonné de ce que je voyais, que je restai immobile ; mais lorsque je lui vis prendre ce gobelet, et le porter à sa bouche, tous mes sens me revinrent. […] Ils avaient tous deux les larmes aux yeux, et la joie les saisissait tellement, qu’ils n’avaient pas la force d’ouvrir la bouche ; en effet quel plaisir de se retrouver fidèles après tant de traverses, et une absence si longue !

8. (1690) Journal d’un voyage fait aux Indes Orientales (tome 1)

Ce système est tellement éloigné de la raison qu’il en est absurde. […] Tous ces gens-là n’aiment point à jeûner : tout au contraire, ils se fient tellement sur la Providence qu’ils mangeraient volontiers dans un repas ce qui servirait à d’autres pendant une semaine. […] Au contraire de la mer, qui étant un corps fluide et toujours en mouvement, n’en peut envoyer que de tellement subtiles qu’elles sont presque imperceptibles. […] Ils ont dit leur pensée : je dis la mienne ; et je ne m’en écarterai point qu’on ne me donne des raisons tellement solides que je n’y puisse répondre, et que la mienne en soit tout à fait convaincue. […] Il n’y a point de hauteur, le temps est tellement couvert, les nues sont si proches de nous, qu’il semble que la girouette du grand perroquet les touche.

9. (1721) Mémoires

Quebek et en général toute la Nouvelle France avait tellement été abandonnée de l’ancienne qu’on ne songeait presque plus à elle. […] Il était tellement ennuyé du combat que son plus grand soin était de s’informer si la musique continuerait encore longtemps, et la conscience de ses pénitents était ce qui l’occupait le moins. […] Cette vaisselle y était reçus, et on la payait en billets, sur lesquels le décri est tellement venu qu’on donnait pour cent françs comptant un billet de mille livres. […] Il devint fourbe, menteur et fripon, et tellement adonné aux publiques[sic] que les présents qu’elles lui ont fait l’ont conduit en terre. […] Il était tellement coupé par ce verre que peu s’en fallut qu’on ne lui coupât les jambes pour prévenir la gangrène.

10. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LVII. Du repas magnifique où se trouva Don Quichotte, et du beau et long discours qu’il y tint. »

Après quoi elles fatiguèrent tellement son écuyer à danser, qu’elles le firent tomber à terre de lassitude.

11. (1713) Les illustres Françaises « Préface. »

La corruption du siècle n’avait point été portée jusques à défigurer tellement les noms, qu’on ne sait à présent quel est le frère d’une fille, lorsqu’on parle d’elle.

12. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XLI. Don Quichotte et Sancho s’arment pour aller combattre les brigands. Ces deux chevaliers font des actions de valeur inouïes. »

Et qu’ils auraient exécuté leur résolution dès la veille, s’ils n’avaient pas appris par ceux qui avaient été aux provisions, que le duc d’Albuquerque y était resté avec son monde, joint à cela qu’ayant su, que vous, Monseigneur, y étiez arrivé dès avant-hier avec un gros cortège, ils n’avaient différé leur dessein que jusques à votre départ de l’un ou de l’autre : qu’au reste ils étaient encore vingt-huit hommes, tous gens de sac et de corde, bien résolus, et tellement fermes dans leur résolution, qu’ils avaient envoyé un des leurs vers le fameux Roque, pour lui demander sa jonction, et lui offrir de partager le butin avec lui et ses gens ; mais qu’heureusement celui qui y était allé, était revenu la nuit même leur dire, que Roque avait été vendu et livré à la sainte Hermandad, et tous ses gens dissipés.

13. (1713) Les illustres Françaises « Les Illustres Françaises. Histoires Véritables. »

J’ai voulu cent fois vous désabuser, poursuivit-il ; mais vous êtes tellement prévenu que vous n’avez jamais voulu m’écouter, non plus que d’autres que moi ; peut-être écouterez-vous mieux Monsieur Des Frans ; et la première fois que nous serons seuls, ou qu’il se donnera la peine d’aller voir ma cousine, comme elle m’a chargé de l’en prier, on le priera de tâcher de vous faire entendre raison.

14. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur de Contamine, et d’Angélique. »

Elle fut tellement surprise de ce transport, qu’elle ne dit pas un mot. […] Angélique qui ne s’attendait point à de si beaux présents, ni à un compliment si honnête et si généreux, en fut tellement pénétrée, qu’elle ne put ouvrir la bouche pour lui répondre. […] Elle en usa fort bien avec Madame de Contamine, et se fit surtout tellement aimer de cette dame, qu’elle ne supportait qu’impatiemment le retard de la cérémonie.

15. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LIII. Belle morale du seigneur Don Quichotte. »

C’était la veille du départ de toute la compagnie du château de la Ribeyra ; et comme le curé du village des chevriers où Valerio avait été porté, venait prendre congé de lui et de la comtesse Eugénie, et qu’il était présent à tout ce que Don Quichotte avait dit, il ne put s’empêcher de l’approuver, et convint que le péché devant Dieu était en effet plus grand pour les hommes que pour les femmes, et en donna une raison qui parut très juste, savoir que rarement les femmes font les premières démarches ou avances d’une aventure, et qu’il est bien plus difficile de se défendre que d’attaquer ; au lieu que les hommes, qui attaquent toujours et ne se rebutent point par les refus, marquent un esprit diabolique, non seulement en offensant Dieu dans le cœur par un dessein constant et persévérant de l’offenser, mais aussi en poussant et en obligeant les autres de l’offenser avec eux ; ce qui était un péché prémédité, un péché raisonné, un péché d’action et de volonté, et par conséquent tellement atroce qu’il n’y avait que la miséricorde de Dieu qui pût le pardonner.

16. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur Des Prez, et de Mademoiselle de l’Épine. »

Elle l’aima tellement dès ce moment-là, qu’il n’y a point de service qu’elle ne lui ait rendu : et la pauvre femme, à l’heure qu’il est, est presque ma seule consolation, tant la mort funeste de mon épouse l’a touchée ; et je répondrais bien que ses regrets sont aussi sincères que les miens. […] Tout l’hiver se passa de même ; mais la grossesse vint tellement à paraître, qu’il n’y eut plus d’apparence de la cacher davantage : il fallut songer à se découvrir à sa mère. […] Il en fut tellement étonné, qu’il ne put pas dire une seule parole.

17. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre LI. Le jaloux trompé »

Il lui dit que son cœur et sa possession faisait tout son bonheur, et qu’elle lui était tellement chère qu’il ne connaissait point d’homme plus heureux que lui, et que l’état où elle le voyait ne provenait que de la peur de la perdre, ou de la partager avec un autre aussi heureux et peut-être plus heureux que lui.

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