Je l’instruisais en peu de mots de ce que son frère et moi avions dit. Elle me donna la lettre qu’elle avait écrite, qui fut pour son frère un galimatias. […] Je n’avais jamais vu d’homme capable de se faire aimer que mon frère. […] Entretenez toujours l’amitié de mon frère ; elle ne nous sera pas inutile. […] Ne craignant donc plus d’être découvert, je pris le chemin du couvent, et je demandai Clémence de la part de son frère.
Je suis né à Paris d’une assez bonne famille dans la bourgeoisie ; mais la quantité de frères et de sœurs que nous étions, nous laissa après la mort de mon père et de ma mère hors d’état de pouvoir le porter sur un pied conforme à l’ambition ordinaire des jeunes gens. Mon père était de barreau, mes frères et moi embrassâmes le même train de vie, les uns par inclination, les autres, dont j’étais du nombre, plutôt par nécessité que par aucune autre raison. […] Je lui envoyai le paquet qui était pour mon frère, afin qu’elle en usât comme elle le jugerait à propos. […] Cet homme le prit, et le porta à mon frère, qui le questionna sur tout ce qui me regardait ; mais il n’eut rien à dire, sinon, que tous les Français qui étaient à Madrid, disaient qu’il était mort depuis peu un nommé Monsieur de Jussy, parisien. Mon frère prit le deuil, et fit prier Dieu pour mon âme.
Il faut remarquer là-dessus, que Des Frans raconte son histoire en présence de Madame de Londé, et que Dupuis aurait eu mauvaise grâce de dire en la présence de cette dame, que le frère se serait servi des secrets de la magie la plus noire, pour triompher de Silvie. Il fallait, dit-on, que cette veuve n’eût pas été présente au récit de Des Frans ; et Dupuis, qui n’aurait pas eu besoin de taire la vérité, aurait rendu justice à son frère. […] La corruption du siècle n’avait point été portée jusques à défigurer tellement les noms, qu’on ne sait à présent quel est le frère d’une fille, lorsqu’on parle d’elle.
Lorsqu’ils y arrivèrent ils le trouvèrent éveillé, fort en peine de son épouse qu’il avait envoyé chercher de tous côtés : comme elle s’en était doutée, elle avait concerté sur le chemin avec le duc d’Albuquerque et Dorothée ce qu’ils lui diraient pour ne point le chagriner en lui racontant la mauvaise action de son frère, ce qui aurait encore nui à sa santé, et c’était pour tenir ce petit conseil qu’elle avait empêché le duc d’offrir une place dans son carrosse à la demoiselle française qui lui avait demandé sa protection, comme la civilité semblait le demander ; ainsi étant prêts à répondre, ils lui dirent qu’ils s’étaient amusés à voir le chevalier Sancho en sentinelle, et prêt d’en venir aux coups avec le faux Parafaragaramus. […] Ce rapport donna occasion de parler des bandits, et Valerio qui ignorait la vie que ses frères avaient menée, regrettait sa santé qui ne lui permettait pas de nettoyer son voisinage de tant de brigands qui y faisaient de si grands désordres. […] Elle ignorait la part que le frère du comte avait dans ce qui était arrivé : c’est ce qui fit qu’elle s’emporta un peu contre la mauvaise police d’Espagne pour la sûreté publique ; à cela près elle plut à tout le monde ; on parla des gens avec qui elle était ; on la pria de dire par quelle aventure tant de Français se trouvaient en Espagne en même temps.
La duchesse de Médoc avait dit au duc son époux par un reproche fort obligeant pour la marquise, qu’il avait été sur ses brisées en écrivant au marquis de Pecaire, son frère à elle, en faveur du marquis, et avait ajouté qu’elle laissait à sa générosité et à son bon cœur le soin de lui procurer de l’appui au Conseil de Madrid ; mais qu’elle se chargeait de lui en procurer à Naples. Elle avait en effet écrit au vice-roi, dont elle était sœur ; et comme ils s’étaient toujours parfaitement aimés, elle ne doutait pas qu’il ne fît en sa faveur tout ce qu’il pourrait faire pour le marquis, puisque outre la tendresse de frère, il était de son intérêt de ménager une sœur qui était extrêmement riche, et qui n’avait point d’enfants ; aussi fit-il tout ce qui dépendait de lui, et à la réception de cette lettre le marquis eut tout lieu de se louer de sa générosité, et n’eut plus besoin du crédit du prince de Melphe. […] Elles étaient si pleines d’honnêtetés pour lui, et d’assu- j rance de service pour le marquis qu’il protégeait, que la marquise, à qui il les communiqua, n’eut plus d’inquiétude de ce qui pouvait arriver à son époux, et ne craignit plus que les mauvais traitements que le vice-roi de Naples pouvait lui faire ; mais elle en fut délivrée par des lettres qu’elle reçut de lui, et d’autres que la duchesse reçut de son frère, qui leur apprit que le marquis était libre sur sa parole, et s’embarquerait à la première occasion commode pour se rendre à Madrid, où les ordres du Conseil l’appelaient, et où il achèverait de se justifier de ce dont on l’accusait.
Celui qu’il y mit était un Parisien de mon âge, et de beaucoup d’esprit : ce fut Monsieur votre frère, Madame, dit-il à Madame de Mongey. […] Madame Des Frans et moi sommes enfants des deux frères. […] Je suis désabusée de tout ce que je croyais d’elle, mais en désabuserai-je les frères de son père à qui j’en ai parlé ? […] Il a paru que vous voulez faire croire que mon frère s’était servi auprès d’elle de quelque artifice dangereux et même magique, si j’ose me servir de ce terme. […] On ne dit pas un mot de Silvie, tant à cause de lui que de Madame de Londé, devant qui on ne voulait engager aucune conversation qui eût rapport à son frère.
Le duc de Médoc étant instruit de tout rêva quelque temps, après quoi prenant la parole il leur dit qu’on ne voyait pas qu’on dût faire aucun mystère de l’aventure à Valerio ; qu’il convenait que le comte étant honnête homme, l’infâme personnage que ses frères y avaient joué lui ferait beaucoup de peine ; mais aussi qu’il en serait bientôt consolé, surtout lorsqu’on lui ferait comprendre que c’était un bonheur pour lui que tous deux y fussent restés, et qu’ils eussent péri par la main de la justice divine qui laissait le champ libre à mettre leur réputation à couvert devant les hommes, que pour cela il fallait absolument nettoyer la forêt des bandits qui désolaient le pays, et les faire tous périr de quelque manière que ce fût, et que cet article regardant ses devoirs, il s’en chargeait ; ajoutant que si on pouvait en prendre quelqu’un en vie, il fallait les remettre entre les mains du lieutenant, qu’il les enverrait avec Pedraria sécher sur les grands chemins, et qu’il se chargeait encore de faire supprimer des informations tout ce qui chargeait Octavio et Don Pedre pour sauver leur mémoire d’infamie, et de faire substituer à la place de ce qui serait supprimé un aveu des criminels qui les auraient assassinés eux-mêmes sans les connaître, ce qui ne tournerait nullement à la honte de Valerio, qui jouirait tranquillement de leurs biens sans appréhender que le fisc y mît la main. […] Il l’obligea à regarder cet accident comme lui étant très favorable, et le fit même consentir qu’on allât enlever le corps de Don Pedre qui avait été tué par le valet de Deshayes, et qu’on le fît enterrer honorablement comme celui de son frère tué par des voleurs, ce qui fut fait le matin même, et Dorothée, Eugénie, le duc d’Albuquerque et Don Quichotte étant entrés dans la chambre en ce moment, n’eurent pas beaucoup de peine à le consoler, et ressortirent pour aller faire conduire les corps de Deshayes et de Don Pedre à leur dernière demeure.
Il avait fait dire à Gaston duc d’Orléans frère de Louis XIII que s’il voulait consentir à la dissolution de son mariage avec la fille du duc de Lorraine qu’il avait épousée malgré le Roi son frère, et accepter une épouse de sa main, la couronne lui serait immanquable. […] Elles couchent dans la même cabane que leurs pères et mères, et leurs frères et sœurs. […] Etes-vous pas mon frère, avez-vous peur de manquer de rien ? […] Son père à lui, Jean-Jacques de Mesmes, président à mortier, n’avait eu qu’un frère qui s’était jeté dans les armes, et qui fut tué à Rocroi sous le grand Condé. […] Il fut mis dans les études, après cela dans un séminaire, et enfin le président fit si bien son compte pour anéantir la race de son frère qu’il en fit un prêtre.
La duchesse à qui son frère avait écrit avait trouvé dans son paquet une lettre adressée à la marquise, qu’elle lui donna ; et celle-ci qui la reconnut pour être de son époux la lut avec empressement. Elle y trouva la confirmation de son départ pour l’Espagne avec bien des civilités et des remerciements pour la duchesse de Médoc des bons traitements qu’il avait reçus du vice-roi son frère, depuis qu’elle avait eu la bonté de lui écrire en sa faveur.
C’est M. de Saint-Paul de la Héronne, frère de M. de Saint-Paul, contrôleur général de la Monnaie à Paris. […] Au contraire, son frère dénaturé a vu son ample succession mangée & dissipée par sa faute & sa mauvaise conduite au jeu, & celle de sa femme. […] On leur passera volontiers que les Japonais disent que ce Jésus-Christ a un frère. On leur passera même, s’ils le veulent, que ce que ces Japonais croient & disent de ces deux frères, les aliène du christianisme. […] Il est très vrai que les jésuites n’ont pris aucune part aux tourments des autres chrétiens leurs frères.
Le Vasseur, notre sous-lieutenant, frère de M. […] On m’a dit que c’est où est mort Alphonse VI, roi de Portugal, frère aîné de dom Pierre, aujourd’hui roi, qui l’avait relégué dans cette île, comme hébété et impuissant, et s’était emparé du royaume et de sa femme, qu’il a épousée ; et le tout sans violence : il est vrai que dom Pedro n’a pris la qualité de roi qu’après la mort de son frère. […] Pendant cette funeste marche, chacun avait les larmes aux yeux, entre autres notre aumônier, qui certainement a bien fait d’envoyer quérir son frère pour faire l’office : il était trop plongé dans la faiblesse humaine pour avoir l’esprit tranquille. […] Il est provençal, de la maison de Glandêves de Porrières ; il a un frère capitaine de galère ; il est neveu de M. de Glandêves de Porrières, dernier grand-maître de Malte ; il est commandeur de l’Ordre, et en porte la croix. […] Dès le commencement du monde, ils n’étaient que deux frères, peut-être l’un teigneux et l’autre galeux : je ne crois pas qu’ils eussent d’autre peigne que leurs doigts.
Nous retournons à Groye, et si je puis trouver quelqu’occasion de vous envoyer de mes nouvelles vous en aurez, car mes lettres sont prêtes dès cette après-midi, tant pour vous que messieurs vos frères et ma mère, outre ce que vous trouverez dans la vôtre, que j’espère que vous ferez tenir à son adresse. […] Après cela l’aumônier du Florissant son frère, qui était venu à bord avec le commissaire et qui y était resté, a fait la sépulture. […] Son jeune frère nommé Remraja a pris tout le contre-pied et sans vouloir goûter les premiers plaisirs de la royauté, il s’est mis en état de faire tête à son ennemi et se montre digne fils de Sauvagy. Il a levé environ trente mille chevaux et s’est allé opposer à l’armée victorieuse du Mogol, qui ravageait le royaume de Visapour, que Sombagy son frère avait laissé prendre sans tirer l’épée. Le Mogol sachant la mort de Sombagy, a cru qu’il aurait aussi bon marché de Remraja qu’il avait eu de son frère, et pour le ruiner tout à fait il a envoyé dans ce pays-ci une armée de quarante mille chevaux et de cinquante mille hommes de pied avec l’attirail de canon nécessaire à une si grande armée pour faire une expédition considérable.
Quoique cette femme fût toute enterrée dans sa maison, ne voyant pas même ses parents les plus proches, c’est-à-dire son père et sa mère, et une sœur ( car ses frères étaient dans le service et aux études), son mari n’en eut pas l’esprit plus tranquille, et comme il n’y a que la première déclaration ou la première dureté qui coûte, il lui dit brutalement que ses domestiques étaient trop grands.
Elle me pria de lui permettre d’accepter les offres que sa mère lui faisait d’aller faire ses couches chez elle : qu’elle sentait bien qu’elle n’en aurait pas pour huit jours : que ses sœurs et son frère sachant qu’elle était mariée sans savoir à qui, bien loin d’en être scandalisés, avaient toutes les envies du monde de la voir, et que le secret serait également gardé ; puisqu’elle se servait de la même sage-femme dont sa mère s’était autrefois servie. […] Elle est belle, bien faite, très vertueuse, d’un âge qui vous convient, n’ayant au plus que vingt-cinq à vingt-six ans ; elle est riche, tant du côté de père et mère dont elle est unique à présent, que des bienfaits de son défunt mari, et par les successions de ses frères et sœurs, et d’un oncle et d’une tante, et de plus elle vous aime.
Il avait toujours été malheureux du côté de la fortune, rien ne lui avait réussi ; et c’est ce qui est cause, que, quoique sa fille soit unique, elle n’est pas si riche, à beaucoup près, que Dupuis et son frère, quoique les pères des uns et des autres aient également partagé la succession de leur aïeul, et que le bien de ceux-ci qui n’a point été augmenté, soit encore divisé entre eux.
Avec le bien qu’il avait de son côté, il lui en vint encore d’autre, par son mariage avec la fille d’un partisan puissamment riche, duquel elle est restée seule héritière ; ses frères et sœurs étant morts avant père et mère, et après le mariage avec le père de notre héros, c’est à présent la belle-mère d’Angélique.