Cela vint au sujet de la sœur aînée qui se mariait. […] La mère le remarqua, aussi bien que sa sœur et [m] on agent. […] Ah, ma sœur, reprit la première, que me dites-vous ? […] Ah, ma sœur ! […] En connaissez-vous d’autres, ma sœur ?
Madame votre mère, continua-t-elle, n’est pas plus exempte que ses sœurs de la satire de Sainville ; ses airs de dévotion ne sont, à ce qu’il dit, que des hypocrisies ; mais c’est vous, Mademoiselle, qu’il attaque le plus fortement ; il m’a dit que vous aviez fait auprès de lui les démarches les plus basses et les plus honteuses du monde, qu’il avait feint de vous aimer pour voir jusques où vous pourriez vous porter ; que sans doute vous iriez encore plus loin que vos tantes dans le pays des aventures, qu’il vous faisait croire que son but était le mariage, mais qu’il avait trop d’horreur pour votre famille pour s’y allier, et pour vous trop de mépris, pour vous confier son honneur. […] Je vous ai dit, Madame, poursuivit Silvie, que ma mère et mes tantes avaient concerté ensemble le jour précédent ce qu’elles avaient à faire : ainsi la matière étant disposée, ma mère qui se laissait gouverner par ses sœurs, fut la première à donner sa parole pour Deshayes ; mes tantes la secondèrent, et je n’osai ni ne voulus les en dédire. […] Silvie lui répondit qu’elle n’avait encore jeté les yeux sur aucun ; et pour lors la marquise lui offrit une retraite auprès d’une de ses sœurs abbesse d’un couvent fort éloigné de Paris. Silvie accepta son offre sur-le-champ, et la marquise lui ayant donné une lettre de recommandation pour cette sœur, à qui elle écrivit dans le moment, elles se séparèrent après s’être promis une correspondance secrète, et s’être fait l’une à l’autre mille amitiés. […] La marquise ne dit rien à Sainville de ce qu’elle voulait faire ; mais sitôt qu’elle fut à Paris, elle écrivit à sa sœur", et la pria d’avertir une dame qui lui rendrait une lettre de sa part, que l’asile qu’elle lui avait promis auprès d’elle, n’était pas sûr par les raisons qu’elle lui manda.
Avec le bien qu’il avait de son côté, il lui en vint encore d’autre, par son mariage avec la fille d’un partisan puissamment riche, duquel elle est restée seule héritière ; ses frères et sœurs étant morts avant père et mère, et après le mariage avec le père de notre héros, c’est à présent la belle-mère d’Angélique. […] Dans le temps qu’elle était sortie, Angélique entra chez ce même marchand avec les deux sœurs, chez lesquelles elle demeurait. […] Les deux sœurs qui étaient avec elle, étaient fort scandalisées du compliment bref de cette dame, qu’elles ne connaissaient point. […] Mademoiselle Dupuis et sa parente s’en retournèrent ensemble : Contamine et les deux sœurs restèrent. […] Elle passa le reste de la journée dans son lit ; et les deux sœurs qui pour lors savaient ses aventures, et qui avaient rendu témoignage de sa conduite, lui tinrent compagnie avec Contamine.
Elle avait en effet écrit au vice-roi, dont elle était sœur ; et comme ils s’étaient toujours parfaitement aimés, elle ne doutait pas qu’il ne fît en sa faveur tout ce qu’il pourrait faire pour le marquis, puisque outre la tendresse de frère, il était de son intérêt de ménager une sœur qui était extrêmement riche, et qui n’avait point d’enfants ; aussi fit-il tout ce qui dépendait de lui, et à la réception de cette lettre le marquis eut tout lieu de se louer de sa générosité, et n’eut plus besoin du crédit du prince de Melphe.
Une sœur grise, de celles qui ont soin des enfants trouvés, vint m’y prier d’en tenir un dans le moment qu’on allait baptiser, et qui avait été trouvé la nuit même. […] Cette sœur alla lui parler, il me parut qu’elle fit quelque difficulté, j’allai à elle, et la fis consentir. […] Comme cette libéralité me donnait une espèce de petit privilège, je demandai à cette sœur si elle ne pouvait pas nous faire déjeuner à l’hôpital. […] Je ne sais si cette sœur voulut bien en croire ma parole, ou si, comme elle le dit, j’avais quelque chose dans le visage qui témoignait de l’altération en dedans. […] Je logerai chez elle, où je paraîtrai pour lors, et traiterai la Morin de ma sœur, comme de raison.
Je mis un laquais en garde pour m’avertir les soirs lorsqu’elles seraient sur leur porte, non pas la mère que je ne cherchais pas, mais son aimable fille, avec ses sœurs. […] Malgré mes assiduités je n’avançais pas plus : ma maîtresse était tout le jour avec sa mère ou ses sœurs ; et le soir la compagnie lui donnait mille moyens de m’éviter, sans faire paraître aucun dessein. […] Je viendrai, me dit-elle, dimanche à l’église avec une de mes sœurs. […] Elle est belle, bien faite, très vertueuse, d’un âge qui vous convient, n’ayant au plus que vingt-cinq à vingt-six ans ; elle est riche, tant du côté de père et mère dont elle est unique à présent, que des bienfaits de son défunt mari, et par les successions de ses frères et sœurs, et d’un oncle et d’une tante, et de plus elle vous aime. […] Il est mort dans un habit de pénitence en odeur de sainteté, ne réveillons point ses cendres : cependant, malgré le respect que j’ai pour la présence de Madame de Londé sa sœur que voilà, et pour sa mémoire à lui, je ne puis m’empêcher de vous dire pour la justification de Silvie, qu’il y a dans votre histoire des endroits que vous n’entendez pas vous-même.
Il parla fort longtemps pour un homme aussi bas qu’il paraissait être ; il avoua toutes les fourberies qu’il avait faites à Silvie et à Sainville, et leur en demanda pardon, aussi bien qu’à la tante de Silvie, qu’il pria d’obtenir son pardon de ses deux autres soeurs, qu’il avait trompées les premières ; il confessa que la baronne n’avait rien dit contre elles en leur présence dont il ne fût l’inventeur, et non pas Sainville, qui n’avait jamais parlé qu’avec vénération de Silvie et de sa famille ; il avoua son commerce criminel avec cette femme, et fit entendre en termes obscurs qu’il l’avait empoisonnée.
J’ai vu quelques femmes qui se sont déchaînées contre ce que la veuve dit à sa sœur, dont Dupuis rapporte la conversation dans son histoire.
C’est, répondit Des Ronais, la sœur de défunt Gallouin, et la maîtresse de Monsieur Dupuis, qui la doit épouser, et avec qui il devrait être déjà marié.
Elles couchent dans la même cabane que leurs pères et mères, et leurs frères et sœurs. […] Il avait procuré à une de ses sœurs l’abbaye royale de Charron en Poitou, sur le bord de la mer. […] Il avait une sœur servante et cuisinière chez une demoiselle de moyenne vertu que M. de Pontchartrain entretenait. Bourvalais pria cette sœur de supplier sa maîtresse de lui procurer quelque emploi pour vivre. […] Il y alla par l’ordre de sa sœur et de la demoiselle.
Ici, ce sont les hommes qui font cet infâme commerce ; & il n’y en a aucun qui. pour une roupie, ne vende sa sœur, sa fille ou sa femme, qui de leur côté s’abandonnent volontiers aux Blancs ou Européens. […] Martin, trésorier de l’Ordinaire des Guerres, monsieur R***, receveur général des Finances, & M. de Quirckpatrik, premier commis de M. de Louvois, ont épousé les trois sœurs, & que par conséquent ils étaient tous beaux-frères. […] Il m’a dit encore que Sévagi, en se révoltant, n’avait point été poussé par un esprit d’ambition, mais oui bien de vengeance, en ce que Aureng-Zeb, au lieu de le récompenser d’une guerre heureuse qu’il avait faite pour lui, avait violé sa sœur & enlevé une jeune Circassienne qu il aimait & qu il voulait épouser ; qu’Aureng-Zeb avait forcé le palais où l’une & l’autre était renfermée ; & que Sévagi, pour se venger, avait fait le même outrage à la sœur du Mogol, & avait fait révolter contre lui les mêmes troupes qu’il avait commandées. […] Il la fit monter en carrosse à cinq heures du matin, sous prétexte d’aller dire adieu à une sœur qu’il avait, religieuse à dix lieues ; &, à deux lieues de Paris, il feignit d’avoir oublié dans son cabinet un petit paquet qu’il voulait, disait-il, donner à sa sœur en main propre. […] Il dîna avec elle, & lui dit qu’il avait changé de pensée ; qu’il ferait ses adieux à sa sœur aussi bien par écrit que de vive voix ; que même il s’exempterait par là d’entendre mille pauvretés qu’elle pourrait lui dire ; qu’ainsi, il était résolu de retourner à Paris.
Quoique cette femme fût toute enterrée dans sa maison, ne voyant pas même ses parents les plus proches, c’est-à-dire son père et sa mère, et une sœur ( car ses frères étaient dans le service et aux études), son mari n’en eut pas l’esprit plus tranquille, et comme il n’y a que la première déclaration ou la première dureté qui coûte, il lui dit brutalement que ses domestiques étaient trop grands.
Je suis né à Paris d’une assez bonne famille dans la bourgeoisie ; mais la quantité de frères et de sœurs que nous étions, nous laissa après la mort de mon père et de ma mère hors d’état de pouvoir le porter sur un pied conforme à l’ambition ordinaire des jeunes gens.
Par toute l’Europe, ce sont les femmes qui sont marchandes en gros de filles faciles ; ici ce sont les hommes qui font cet infâme commerce, et il n’y a aucun d’eux qui pour une roupie ne prostitue sa fille, sa femme ou sa sœur, qui de leur côté se donnent très volontiers aux blancs ou Européens. […] Les peuples ne souffrent point que le fils succède au père, à moins que ce ne soit d’une reine qu’il l’ait eu, et la couronne n’y est jamais possédée par deux hommes de suite ; ils sont si jaloux du sang auquel ils obéissent qu’afin d’être sûrs qu’ils ne s’abusent point ils n’ont recours qu’à celui des femmes, c’est-à-dire qu’une reine d’Achem ayant du mari qu’elle aura épousé un garçon et une fille, ce garçon lui succède, mais non pas ses enfants à lui, et ce sont ceux de sa sœur, et toujours ainsi.
Avertissement L’ouvrage dont on fait part au public dans ces trois volume a été trouvé en manuscrit dans le cabinet de son auteur, après sa mort ; et, comme il est tout rempli de vérités extrêmement intéressantes pour certaines gens au ressentiment desquels on ne s’expose pas d’ordinaire impunément, il y a tout lieu de croire qu’il n’aurait jamais vu le jour si un des intimes amis de l’auteur ne s’en était adroitement emparé à l’insu de sa famille, et n’avait pris soin d’en procurer l’impression. On y verra un journal fort exact et très circonstancié d’un voyage fait aux Indes orientales, pour le compte et par ordre de la Compagnie des Indes orientales de France, et sous la conduite de M. du Quesne, chef d’une escadre de six vaisseaux, depuis le 24 février 1690 jusqu’au 20 août 1691. L’auteur ne se renferme pas tellement dans le simple détail de ce qui regarde son escadre en général, et son vaisseau en particulier, qu’il ne s’égaie de temps en temps sur divers sujets, tantôt de théologie, tantôt de philosophie, tantôt d’histoire, et même assez souvent de galanterie et de chronique médisante. Il aurait sans doute été plus à propos de faire main basse sur quelques-uns de ces derniers endroits que de les publier, parce que la pudeur n’y est pas toujours assez ménagée : mais, on n’en a point été le maître ; et la personne de qui l’on tenait le manuscrit n’a jamais voulu consentir qu’on en retranchât aucune des choses auxquelles l’auteur avait trouvé à propos d’y donner place. Il les a toujours traitées d’une manière également agréable et intéressante ; et, chemin faisant, il débite sur tous ces sujets ses propres opinions, qui sont quelquefois assez singulières, et assez dignes de la curiosité des lecteurs.