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2. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XLVII. Suites agréables de la victoire remportée par le chevalier Sancho, et du projet que forma Don Quichotte pour le faire repentir de son indiscrétion. »

Il pourrait bien être, reprit Sancho, que tout ce que vous avez dit fût vrai, mais à chaque jour suffit son saint, et puis ce qui est différé n’est pas perdu. […] Que maudit soit de Dieu et de ses saints, ajouta-t-il, celui qui a inventé cette arme d’enfer. —  Ce n’est pas d’aujourd’hui, reprit Don Quichotte, que cette sorte d’arme a paru sur terre ; et il me souvient d’avoir entendu dire, qu’un malheureux magicien ou enchanteur du genre humain, ayant apporté des enfers les premières qu’on ait jamais vues, le brave chevalier Roland les jeta dans la mer, d’où elles ont été depuis retirées par un moine allemand. […] Je le vis une fois un soir dans notre jardin… patience… je n’en dirai pas davantage ; mais si je n’avais pas eu peur de la sainte Inquisition, je l’aurais bien vite envoyé dire ses compliments ailleurs que chez moi.

3. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LIII. Belle morale du seigneur Don Quichotte. »

L’Ecriture Sainte même élève l’homme au-dessus de la femme, lorsqu’elle dit qu’il en est le chef, et qu’elle ordonne aux femmes d’être sujettes à leurs maris. — Tout beau, Monsieur, répliqua notre chevalier, laissez-moi vous répondre. […] Elle ne fait pas la sainte sucrée ? […] — Vous faites là une mauvaise application de l’Ecriture Sainte, lui dit encore le curé. — Oh pardi, lui dit le chevalier en se levant, c’est dommage que vous ne soyez pas femme, vous contestez toujours sans pouvoir vous taire ; et en même temps il sortit de la salle avec un air de dépit et de colère, qui fit rire tout le monde autant et plus que ce qu’il avait dit.

4. (1721) Mémoires

à l’honneur de quel saint retenez-vous le bien de ces gens-là ? […] Cependant, je le répète encore, cette cérémonie, toute sainte qu’elle est, ne me plairait point sur le point d’un combat. […] Il en est de même des Jésuites dans les pays étrangers ; suivant leurs relations ce sont tous des saints, même des saints à miracles. Mais le diable est qu’ils ne sont saints qu’en écriture ou tout au plus dans l’impression ; et que ces bons saints (de nouvelle impression redeviennent des démons en Europe, et tels qu’ils ont été et sont encore en effet dans les Indes ou ailleurs. […] En effet, c’est une impiété et même un sacrilège de mettre de la pourriture, et le rebut de la nature, dans le même lieu où repose et où nous adorons le Saint des Saints.

5. (1690) Journal d’un voyage fait aux Indes Orientales (tome 1)

C’est profaner l’Écriture sainte que de l’employer ici ; mais je n’y entends aucun mal : s’il faut jeûner, nous jeûnerons ; c’est tout. […] Ce qui pouvait convenir à un homme du siècle ne convient nullement à un homme de sa robe, et d’un ministère aussi saint que le sien. […] Le saint homme Idiota le dit nettement dans ses Contemplations, chap. 34, Contra amorem perversum Mulierum. […] Les matelots la nomment baptême ; j’avoue avec M. l’abbé de Choisy que c’est profaner un nom si saint. […] Aussi sont-ce des saints indignes de mes bougies.

6. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LIV. Départ de la compagnie. Comment Sancho fit taire le curé. Aventures diverses arrivées à cet infortuné chevalier. »

Il invoquait les saints les meilleurs et les plus fréquentés de son pays. […] Ceci fut encore une nouvelle matière de sermon, que le triste et fustigé Sancho écoutait avec plus de docilité qu’il n’avait fait de sa vie ; mais enfin son maître ayant cessé de parler, parce qu’il n’en pouvait plus de la gorge, Sancho reprit la parole et avoua qu’il avait tort d’avoir tenté Altisidore, qu’il savait bien qu’il suffisait pour perdre une fille de lui dire une fois qu’on l’aime, parce qu’après cela le diable le lui répète sans cesse ; et ma foi, Monsieur, poursuivit-il, toutes les filles et les femmes en sont là logées ; elles font toutes là-dessus les saintes mitouches ; mais les brebis du bon Dieu ont beau être gardées et comptées, le diable trouve toujours le secret d’en tondre quelqu’une s’il ne l’emporte pas tout à fait ; en un mot une étincelle fait un grand brasier, et fille qui jase avec un amant enfile la mère Gaudichon, comme un aveugle son oraison ; mais le jeu n’en vaut pas la chandelle, et s’il ne faut qu’un petit caillou pour faire verser une charrette, un fromage n’est pas longtemps entier quand on le laisse guigner au chat, et de nuit tous chats sont gris. — Tu seras toujours farci de proverbes, lui dit son maître. — Oh bien, reprit Sancho, je consens d’aller rôtir des châtaignes en enfer si j’ai jamais rien de commun avec aucune fille ni femme que la mienne, et je recevrai Altisidore en fille de bonne maison, si elle me vient davantage rompre la tête.

7. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur Dupuis, et de Madame de Londé. »

On l’aurait pris pour un petit saint, quoiqu’il fût aussi malin qu’un diable. […] Je ne vous impose pas d’une syllabe, Madame, répondis-je, et tout au moins vous avouerez que ce n’est pas avec d’autres gens que des gens d’Église, et même des plus saints et des plus éclairés, qu’on peut apprendre ce que je viens de vous dire. […] Il a vécu comme un saint pendant le reste de sa vie, qui se termina, comme on lui avait prédit ; mais il n’est pas encore temps d’en parler. […] La menace est d’esprit, dit-elle ; mais sa malice ne cadre point avec les airs de dévotion que je vous ai vus autrefois, et qui vous faisaient regarder, il y a environ cinq ans, comme un petit saint, ou du moins comme un homme prêt à s’aller rendre capucin. […] Il avait été le samedi saint dans un endroit où sa charité et son zèle l’avaient conduit.

8. (1691) Journal du voyage des Indes orientales (à monsieur Raymond)

J’en suis revenu, le Vendredi saint est passé. […] Le maître et les pilotes sont au désespoir de n’avoir pas pris garde de plus près à leur almanach pour savoir le saint d’aujourd’hui. […] Il me paraît que leurs idoles sont parmi eux ce que les saints sont parmi nous. En effet ne reconnaissons-nous pas pour sanctifiés les martyrs et les autres grands personnages chrétiens dont la vie nous paraît avoir été toute sainte ? […] Du vendredi saint 13e.

9. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XLIII. De l’accident qui arriva au chevalier Sancho, en tirant une arme à feu. Remède pire que le mal. »

Que maudit sois-tu de Dieu et de ses saints, malheureux instrument, dit-il en le cassant sur une roche de toute sa force, arme de l’invention du démon et de ses mauvais anges.

10. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XLI. Don Quichotte et Sancho s’arment pour aller combattre les brigands. Ces deux chevaliers font des actions de valeur inouïes. »

Et qu’ils auraient exécuté leur résolution dès la veille, s’ils n’avaient pas appris par ceux qui avaient été aux provisions, que le duc d’Albuquerque y était resté avec son monde, joint à cela qu’ayant su, que vous, Monseigneur, y étiez arrivé dès avant-hier avec un gros cortège, ils n’avaient différé leur dessein que jusques à votre départ de l’un ou de l’autre : qu’au reste ils étaient encore vingt-huit hommes, tous gens de sac et de corde, bien résolus, et tellement fermes dans leur résolution, qu’ils avaient envoyé un des leurs vers le fameux Roque, pour lui demander sa jonction, et lui offrir de partager le butin avec lui et ses gens ; mais qu’heureusement celui qui y était allé, était revenu la nuit même leur dire, que Roque avait été vendu et livré à la sainte Hermandad, et tous ses gens dissipés.

11. (1713) Les illustres Françaises « Les Illustres Françaises. Histoires Véritables. »

Oui, répondit le conseiller, il est mort comme un saint, et d’un genre de mort qui vous étonnera, quand vous le saurez ; il y avait quatre ans qu’il était capucin.

12. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « ChapitreLII. Le mari prudent »

Comme elle était véritablement changée, elle fut ravie de demeurer dans un endroit qui pût lui servir auprès son époux de caution de sa conduite ; elle n’avait pas plus de dix-neuf ans lorsque cette réconciliation se fit ; ainsi on ne peut pas dire que ce fût l’âge qui l’eût retirée ; on ne peut pas dire non plus que ce fût le regret de la mort de son amant, puisqu’il ne fut tué à l’armée que dix ans après, et depuis ce temps-là, c’est-à-dire depuis plus de vingt-cinq ans, elle a vécu et vit encore d’une manière toute sainte ; en sorte qu’on la regarde comme un modèle de perfection ; tous les gens qui la connaissent la regardent avec admiration.

13. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LIX. De ce qui se passa chez le duc de Médoc après le départ de Dulcinée, et comment Sancho reçut sa femme que la duchesse fit venir au château. »

— Oh Madame, répondit Thérèse, nous avons toujours bien vécu quoique avec beaucoup de peine, car on ne gagne guère ; nous n’avons pourtant pas demandé l’aumône, mais vingt-quatre heures font un jour, trente jours font un mois, et douze mois font un an ; et depuis que nous sommes mariés, chaque saint a amené sa fête, c’est-à-dire que nous avons trouvé de quoi nous nourrir jour par jour, et que nous ne sommes morts ni de faim ni de soif.

14. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur de Jussy, et de Mademoiselle Fenouil. »

Je vous ai déjà dit, Madame, répondit-il, que je vous regarde toutes comme des saintes à miracles dans le siècle où nous vivons.

15. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur de Contamine, et d’Angélique. »

Mademoiselle de Vougy a ordre de vous en assurer, et de vous répéter ce que cette princesse a fait pour vous, qui est assurément l’action d’une sainte, et qui mérite l’admiration de toute la terre.

16. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur Des Frans et de Silvie. »

On ne perd jamais l’amour de la patrie, et le bien que j’y ai trouvé m’inspire le dessein de m’y établir tout à fait ; quoique pourtant encore vivement pénétré d’une véritable douleur de la mort de Silvie, qui est morte comme une sainte, et qui s’est souvenue de moi jusqu’à son dernier soupir ; et que je regretterai peut-être toute ma vie avec trop de tendresse, toute infidèle qu’elle était.

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