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2. (1713) Les illustres Françaises « Préface. »

Mon roman et mes histoires, comme on voudra les appeler, tendent à une morale plus naturelle, et plus chrétienne, puisque par des faits certains, on y voit établie une partie du commerce de la vie. […] Celle de Dupuis fait voir qu’un libertin se retire de son libertinage, lorsqu’il s’attache à une femme de vertu : on y voit tout l’excès d’un amour au désespoir, tant par ce qu’il dit de Gallouin en justifiant Silvie ; et ce qu’il dit de Gallouin montre, que si un homme est capable de tout pour ses plaisirs, lorsqu’il se livre à des réflexions chrétiennes, il n’en fait que de bonnes et de profitables.

3. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « ChapitreLII. Le mari prudent »

Vous m’avouerez, s’il vous plaît, Messieurs les Espagnols, que cette modération de Justin est bien plus chrétienne et bien plus à louer que cet usage du poignard et du poison, si familier en Italie et parmi vous. Puisque Madame et ces Messieurs, reprit le duc de Médoc après que la marquise eut cessé de parler, nous ont avoué avec sincérité le génie de leur nation, il est juste de leur rendre le change, et d’avouer qu’il est bien plus chrétien de pardonner que de se venger, et qu’ainsi leurs maximes sont préférables aux nôtres ; cependant nous ne sommes pas les seuls qui nous servions du poignard lorsque nous surprenons nos femmes en flagrant délit, les Français aussi bien que nous s’en servent assez souvent, et quoique cela soit absolument condamnable, il semble qu’il soit permis de le faire, parce qu’on suppose qu’un homme n’a pas pu résister aux mouvements impétueux de la nature, ni à la rage qu’un pareil objet lui a inspiré.

4. (1690) Journal d’un voyage fait aux Indes Orientales (tome 1)

Voilà parler en chrétien ; et les chrétiens agissent en païens : supposé, cependant, que ces païens fussent abîmés dans toutes sortes de crimes, comme le croit le vulgaire, instruit par des gens qui avaient intérêt de les décrier. […] Il cherchait les chrétiens pour les livrer à leurs tyrans et leurs bourreaux. […] Un chrétien qui présentement raisonnerait de même passerait pour un athée. […] Qui de vous n’a pas été édifié de son application et de son zèle à remplir ses devoirs de chrétien ? […] La maxime est très chrétienne ; mais, on ne doit la pratiquer qu’à l’égard de gens d’un esprit assez bien fait pour n’en pas abuser.

5. (1721) Mémoires

Cette réponse est assurément hardie, mais elle est sans contredit plus humaine et plus chrétienne que ce que les Jésuites et d’autres lui faisaient entendre. […] Les exemptions attachées à ces charges qui vont contre les lois de Dieu, la charité chrétienne et le sang sont celles qui regardent les orphelins et les mineurs. […] A l’égard de M[onsieulr et de Madame d’Orléans, ils lui en voulaient dès longtemps, et leur haine était bien fondée, si parmi des chrétiens il était permis d’en avoir. […] M.d’Orléans son frère entreprit de lui représenter la misère du peuple, et en eut cette réponse digne plutôt d’un tigre, s’il pouvait parler, que d’un roi chrétien. […] Leurs richesses par tout le monde chrétien en est une preuve, et la France ne périra jamais que parce que les gens de couvent en posséderont toutes les richesses et les fonds.

6. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XXXVIII. De l’arrivée du duc de Médoc, et de la mort touchante de Deshayes. »

Il alla le voir aussi bien que les autres, et fut aussi témoin des pardons qu’il demanda derechef à Sainville et à son épouse, de l’ordre qu’il leur donna de s’épouser, et du don de son bien qu’il leur réitéra ; après quoi ayant prié sa femme qu’elle l’embrassât pour la dernière fois, il mourut entre ses bras avec toutes les dispositions d’un bon chrétien, et un repentir sincère.

7. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LXI. Comment Don Quichotte et Sancho sortirent du château pour s’en retourner chez eux ; de ce qui leur arriva sur la route. Mort de Don Quichotte ; et ce qui s’ensuivit. »

A l’égard de Sancho, son instinct le porta d’abord à demander du vin, et il ne voulut jamais souffrir qu’on le saignât ; il but en arrivant deux ou trois pintes de vin presque tout d’une haleine, il se coucha et s’endormit, il continua le même remède, et se trouva parfaitement guéri au bout de trois jours, au lieu que Don Quichotte en suivant fort religieusement tous les avis du barbier, après huit saignées et grand nombre de bouteilles de tisanes, mourut entre les bras de son curé avec tous les sentiments d’un bon chrétien.

8. (1691) Journal du voyage des Indes orientales (à monsieur Raymond)

J’ai voulu voir si je me souviendrais à la mer de faire des vers ; cette pensée-là m’a paru si belle et si chrétienne que j’étais presque fâché qu’elle se trouvât dans un poète païen. […] Il n’y a rien de si chrétien que l’un et l’autre. […] A l’égard des pagodes, les idolâtres ne souffrent point qu’on y entre que le moins qu’ils peuvent ; encore dit-on qu’il y faut entrer nu-pieds, et c’est dit-on ce qu’un chrétien ne doit pas faire. […] En effet ne reconnaissons-nous pas pour sanctifiés les martyrs et les autres grands personnages chrétiens dont la vie nous paraît avoir été toute sainte ? […] Je me suis fait expliquer pourquoi : ces misérables nous tiennent impurs, et se laisseraient plutôt mourir de faim que de manger de ce que des chrétiens auraient touché et ne vivent que de légumes et jamais de viandes.

9. (1713) Les illustres Françaises « Les Illustres Françaises. Histoires Véritables. »

Vous le saurez, reprit Dupuis, lorsque je vous raconterai ce qui m’est arrivé en mon particulier : cependant ne vous chagrinez point de cette lettre : elle est toute chrétienne, et d’une véritable religieuse qui ne songe qu’à son salut, et à celui de son prochain : je vous en ferai voir une copie que Gallouin m’a permis de faire.

10. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur Des Ronais, et de Mademoiselle Dupuis. »

Il dit qu’autrefois l’Église était plus rigide qu’à présent ; mais que la corruption des mœurs des chrétiens l’avait forcée d’avoir de la condescendance ; qu’autrefois on ne permettait pas que des gens qui avaient tenu un enfant ensemble, s’épousassent. […] Enfin cet ecclésiastique lui dit tout ce qu’une rhétorique charitable et chrétienne pouvait lui mettre à la bouche, et ne réussit pas. […] Il s’y prépara en bon chrétien, et comme cette fois-là il vit bien qu’il n’en pouvait revenir, il voulut se réconcilier avec moi, et me faire lire jusques au fond de son cœur.

11. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LIII. Belle morale du seigneur Don Quichotte. »

Les Espagnols ses auditeurs ne lui repartirent rien crainte de dispute ; et les Français et les dames qui avaient fort goûté et approuvé ce qu’il avait dit, se regardaient l’un l’autre, et ne savaient que penser d’un homme, qui ne passant dans leur esprit que pour un fou, parlait néanmoins si à propos, et mêlait dans ses discours une morale si pure et si chrétienne parmi tant d’impertinences.

12. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LIV. Départ de la compagnie. Comment Sancho fit taire le curé. Aventures diverses arrivées à cet infortuné chevalier. »

Il en est de cela comme des autres vertus chrétiennes ; les gens d’Eglise les prêchent, et en laissent la pratique aux autres ; témoin la charité, au diable le liard qu’ils donnent aux pauvres ; témoin la paix et l’union, on ne voit qu’eux plaider ; et pour les jeûnes, ne trouvent-ils pas toujours des prétextes pour s’en dispenser ?

13. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur de Contamine, et d’Angélique. »

Il n’est pourtant rien de plus vrai, reprit-il ; c’est vous qui avez tout fait, et sans vous, ni elle ni son parent n’auraient jamais rien obtenu, ni de ma mère ni de moi, et il est aussi certain que je vous aime plus qu’on n’a jamais aimé, qu’il est certain que je suis chrétien. […] Tout le monde connaît Madame la princesse de Cologny pour un exemple de toutes les vertus chrétiennes, et je ne crois pas qu’on puisse voir une plus belle action que celle-là, eu égard à sa qualité, envers une servante telle qu’Angélique lui avait toujours paru : car elle ne savait point encore qu’elle fût née demoiselle.

14. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur Des Frans et de Silvie. »

Je lui épargnai la peine de me résoudre, mais je le priai de m’y disposer en bon chrétien, et de ne me plus quitter. […] Ce que vous dites là, est d’un parfaitement honnête homme, et d’un vrai chrétien, dit Des Ronais : mais vous me permettrez de vous dire, que je ne conçois pas comment vous avez eu la dureté ou la constance de ne pas la reprendre, après toutes les peines que vous vous faisiez à vous-même, en ne la reprenant pas ; surtout après avoir eu la modération de ne pas la punir sur le champ !

15. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur Des Prez, et de Mademoiselle de l’Épine. »

Ces gens-là travaillent, dit-il, ils gagnent leur vie, et ne sont point à charge au public ; et si, poursuivit-il, la sotte dévotion des chrétiens n’entretenait point tant de bouches inutiles, on ne verrait point en France tant de fainéants ni de vagabonds.

16. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur Dupuis, et de Madame de Londé. »

Il s’y soumit avec une humilité toute chrétienne ; et avant que de prendre l’habit, il alla à pied à votre terre, sans que qui que ce soit le sût.

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