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2. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LIX. De ce qui se passa chez le duc de Médoc après le départ de Dulcinée, et comment Sancho reçut sa femme que la duchesse fit venir au château. »

Nous n’avons pas mangé de bons morceaux, mais un morceau de pain bis nourrit aussi bien que du pain blanc, et on dort aussi bien sur une gerbe de paille quand on a sommeil que dans un bon lit. — Cela est bien, lui dit la duchesse, mais votre mari est-il honnête homme, et vous traite-t-il bien ? […] répondit Thérèse, il est bon comme le pain, il n’a ni os ni arête. — On dit pourtant que vous querellez souvent ensemble, et que vous êtes un peu têtue. — Eh mais, dit Thérèse embarrassée, pardi si on ne querellait quelquefois on n’aurait rien à se dire et le ménage serait trop uni, et puis au fond chacun a sa tête aussi bien comme une épingle en a une. — N’est-il pas un peu ivrogne, demanda la duchesse, et vous, ne buvez-vous pas un peu ? […] Pour moi je m’en vais ; on cuit de bon pain partout, et l’herbe sera bien courte si je ne trouve à paître.

3. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LVII. Du repas magnifique où se trouva Don Quichotte, et du beau et long discours qu’il y tint. »

Les arts étaient en vogue et en honneur ; l’ouvrier s’occupait et vivait du travail de ses mains, et on n’était point obligé d’acheter à prix d’argent la liberté de gagner sa vie ; les meilleurs ouvriers travaillaient le plus, parce qu’ils étaient les plus recherchés ; mais les autres n’étaient point obligés de travailler en cachette, ou de mendier leur pain. […] Le laboureur travaillait tranquillement, et nourrissait en même temps les peuples de son pays et les étrangers, en mangeant avec eux le pain qu’il recueillait ; le vigneron buvait une partie du vin dont il avait façonné la vigne, et du reste qu’il communiquait aux autres, en retirait sa subsistance ; le commerce fleurissait et rapportait des pays éloignés de quoi enrichir un peuple, qui ayant dans le sien surabondamment de tout ce qui est nécessaire à la vie, en faisait part à ces mêmes pays en échange de leurs trésors ; l’artisan y avait part en y envoyant les ouvrages qu’il avait travaillés de ses mains, et chacun vivait dans l’opulence, parce que chacun vivait dans l’innocence.

4. (1691) Journal du voyage des Indes orientales (à monsieur Raymond)

Le gain fait sur eux ce que fait un morceau de pain sur un chien affamé. […] Notre pain gâté me désole ; encore sommes-nous bien heureux de passer ces mers-ci vent arrière. […] Les autres sont ouvriers qui nous serviront, et gagneront leur pain. […] Nous avons aussi trouvé du pain gâté dans une soute toute mouillée. […] Madame, lui disait-elle, ce malheureux heume le pain comme le vent.

5. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XLI. Don Quichotte et Sancho s’arment pour aller combattre les brigands. Ces deux chevaliers font des actions de valeur inouïes. »

On mit encore avec les armes un bon pâté, deux grosses bouteilles de cuir pleines de vin, un pain, et un gobelet d’argent ciselé sans aucune armoirie. […] Pendant cette manière de conseil de guerre, Sancho avait plié bagage, et avait mis le pâté et le pain d’un côté à l’arçon de la selle de son cheval, et la bouteille de l’autre.

6. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LVIII. Des tristes et agréables choses que Parafaragaramus apprit au chevalier de la Manche. »

cria-t-il en courant ouvrir les rideaux du lit à Don Quichotte, vivat, le diable n’est pas toujours à la porte d’un pauvre homme ; je ne me changerais pas pour l’archidiacre de Tolède ; j’ai mon pain gagné, au pis aller je n’aurai qu’à me faire moi-même, la pitance est assurée. […] Bref, tant y a que je veux m’en aller, car on pétrit de bon pain partout.

7. (1691) Journal d’un voyage fait aux Indes Orientales (tome 2)

Il est fort élevé, bâti en rond, & finit en pointe par le haut, comme un pain de sucre. […] J’ai aussi trouvé dans une autre soute du pain gâté & moisi. […] Madame, lui disait-elle, le malheureux heume le pain comme le vent : il ne fait d’un gros morceau qu’une becquée. […] J’avais eu la précaution de porter du poivre, & Landais portait du pain & du vin. […] Leur blé n’est pas si nourrissant que le nôtre, mais il est plus léger : le pain en est assez bon, du moins sans dégoût.

8. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LV. Don Quichotte et Sancho vont à la caverne de Montésinos. Ce qu’ils y virent, et comment se fit le désenchantement de Dulcinée. »

A ce mot de manger Durandar, Balerme, Montésinos et leur suite, se mirent à faire un bruit de diable, et à crier : Du pain, du pain, à la famine.

9. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XLII. Comment Don Quichotte sauva la vie à la duchesse de Médoc. Nouveaux exploits des deux chevaliers. »

voilà un voleur qui emporte le pain et le vin, et j’ai une soif enragée ; courons vite après.

10. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XLVIII. Du combat de Don Quichotte contre Sancho, et quelle en fut la fin. »

Sancho suivit sans répondre le satyre Rebarbaran, qui le mena dans un coin du bois où il vit sur une table les apprêts d’un déjeuner, cette fois-là bien frugal, n’y ayant que du pain et de l’eau, sans assiette ni serviette, et personne pour le servir.

11. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur Des Frans et de Silvie. »

Qu’il avait poursuivi son chemin pour postuler auprès du fils de celui à qui il s’était autrefois donné, une pension pour pouvoir subsister le reste de ses jours, ou quelque emploi qui lui donnât du pain. […] L’injure m’était trop sensible, et ayant épargné sa vie dans le moment, je me résolus à la lui faire consumer dans un cachot au pain et à l’eau entre quatre murailles, et de lui faire goûter un supplice d’autant plus cruel qu’il serait long. […] Ce fut ainsi que je la mis pour le corps, et pour la nourriture, je lui laissai du pain noir et de l’eau, et n’allai plus lui en porter que tous les trois jours. […] Je lui rendis cette fille et son laquais à qui je dis, lorsqu’ils revinrent, que leur maîtresse était de retour ; je la fis traiter, non plus avec du pain et de l’eau, mais avec tout ce que la province, la basse-cour et la chasse pouvaient fournir de meilleur et de plus délicat. […] Mettez-moi dans un cachot au pain et à l’eau, faites-moi tout ce que votre amour outragé et converti en fureur peut vous conseiller de plus cruel ; pourvu que je vous sache auprès de moi, mon supplice ne me jettera pas dans le désespoir où votre éloignement me va jeter, et j’en serai moins punie.

12. (1721) Mémoires

Il me semble qu’un homme qui travaille depuis le matin jusques au soir doit être nourri. — Cela est juste, dit le magistrat. — Je ne sais, reprit le menuisier, sur quelle herbe ma femme avait marché mardi dernier, mais quand je revins pour dîner, je ne trouvai rien que du pain, et elle grondait. — Donne-moi à dîner, femme, lui dis-je. — Prends-en, me dit-elle en faisant la moue.— Il n’y a que du pain. — Qu’est-ce que tu veux que je te donne, des ortolans ? — Non, lui répondis-je, mais un morceau de gras-double, ou du fromage m’aurait fait plaisir, car je ne peux pas manger du pain sec. — Eh bien, dit-elle, mange de la merde. […] Le pain seul valait plus que ce qu’un ouvrier pouvait gagner, et presque tous les ouvriers mouraient de faim, parce que chacun se retranchait à son seul nécessaire, encore très petitement. […] On a vu des hommes bien faits, forts et robustes s’engager avec des capitaines pour un écu, porter ce même écu chez un boulanger, y prendre du pain, et mourir un moment après. […] Ce sont une infinité de gens malhureux en France auxquels il met le pain à la main.

13. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre troisième) « Chapitre XLIX. Repas magique. Apparition d’un nouvel enchanteur. Défi fait à Don Quichotte, et ce qui s’ensuivit. »

. —  Mardi, Mademoiselle, lui répondit Sancho, vous parlez comme on dit que parlent les gens de votre pays, sans savoir ce qu’ils veulent dire ; si vous aviez été ici il y a un quart d’heure, vous auriez vu si je n’ai pas bien gagné le pain et l’eau que Monseigneur Parafaragaramus me fait donner. —  Quoi !

14. (1715) Continuation de l’histoire de l’admirable Don Quichotte de La Manche (livre quatrième) « Chapitre LIV. Départ de la compagnie. Comment Sancho fit taire le curé. Aventures diverses arrivées à cet infortuné chevalier. »

Pour moi, si je fais quelquefois bonne chère, il ne faut pas me le reprocher, cela ne m’est pas aussi ordinaire qu’aux gens d’Eglise, qui se nourrissent comme des poulets de grain, moi, qui le plus souvent couche et dors à la belle étoile, le ventre creux comme un tambour, après avoir mangé un morceau de pain bien dur, et bu de l’eau telle que je l’ai trouvée.

15. (1713) Les illustres Françaises « Histoire de Monsieur Dupuis, et de Madame de Londé. »

Je le trouvai auprès de sa belle, mangeant son pain à la fumée, pendant qu’elle, plus fine que lui, tirait à l’essentiel. […] La Delorme nous amena une femme mariée qu’elle avait été quérir, que je connaissais, comme on dit, comme pain.

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