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1 (1690) Journal d’un voyage fait aux Indes Orientales (tome 1)
cachet volant, il vous sera facile de savoir de quoi il s’agit. M.de Bouchetière , notre lieutenant, dont j’ai fait le portrait, pa
par le vent qu’il fait, le trajet ne sera pas long. Je m’aperçois que Bouchetière ne vient pas de bon cœur ; tant pis pour lui : il
posé pour fondement certain, comme il l’est en effet, le chevalier de Bouchetière jugea à propos de se servir du temps de mon absen
et moi avons tout lieu de nous louer. Sur la réponse du maître valet, Bouchetière s’adressa à mon valet, nommé Landais, il y a dix
e, quand il les aurait, il ne les donnerait pas. Cela acheva d’animer Bouchetière  : il leva la canne, et vint à Landais ; mais celu
i, avions pour lui, bien loin de fuir, prit une barre de capestan, et Bouchetière ne l’aurait assurément pas frappé avec impunité.
matin, après avoir achevé ce qui regarde les tierçons d’eau-de-vie de Bouchetière . Je dirai, en attendant, que je suis revenu à bor
e ; j’en dormirai mieux cette nuit. Pour la journée, je la sacrifie à Bouchetière , qui fit encore hier au soir une autre sottise :
que M. Hurtain serait des leurs ; mais ils ne comptaient pas sur MM. Bouchetière , de La Chassée, ni moi. Ç a été moi qui ai commen
es jeux d’enfants ; je n’en voudrais pas avoir autant sur mon compte. Bouchetière , pendant ce temps-là, était plus mort que vif, ta
nt sur le derrière du vaisseau, et hors de vue. Ah ! monsieur, reprit Bouchetière , je puis jurer qu’on n’a touché à rien. Les matel
s. Nous nous mîmes donc à table et soupâmes tous de bon cœur, excepté Bouchetière , qui ne nous parut pas faire de bon sang, et qui
é. À l’issue du souper, ces messieurs nous ont dit de sortir à MM. de Bouchetière , de La Chassée et moi ; et un quart d’heure après
t aussi avoir percé les liqueurs ; et que c’est le sieur chevalier de Bouchetière qui, suivant qu’il en convient, a tait ouvrir de
-vie est cause de tout, le Conseil en ôte la propriété audit sieur de Bouchetière , et en fait un don irrévocable à l’équipage du va
qu’à charge de remplacement, et sans qu’il soit permis audit sieur de Bouchetière d’y prétendre d’autre droit que celui de la voir
, vous êtes bien heureux, a-t-il ajouté d’un air sévère s’adressant à Bouchetière , qu’il ne vous en coûte que votre eau-de-vie. Je
le chemin de l’Orient, où nous trouvâmes M. Céberet. Le chevalier de Bouchetière ne peut pas dire qu’il fût prévenu, puisque nous
ordinaire, mais il ne le garda pas longtemps. Il traita le pauvre de Bouchetière d’une hauteur qui me faisait pitié à moi-même. Il
on qu’il méritait. À peine M. de La Chassée m’eut fait ce rapport que Bouchetière sortit avec M. de Quistillic : il me convia d’all
jour d’hier, a donné lieu à ce qui m’arriva hier au soir avec le même Bouchetière . Voici ce que c’est. Comme j’écrivais hier dans m
il était couché, il n’y avait pas plus de demi-heure ; et le sieur de Bouchetière , qui était venu avec la chaloupe pour faire embar
s souper avec nous. C’est là qu’ils ont appris le compliment du civil Bouchetière , et mon honnête réplique. C’est l’apothicaresse q
e M. de La Chassée ; mais elle n’est séparée de celle du chevalier de Bouchetière que par une simple cloison de planches fort mince
é, m’a-t-il dit : vous allez faire crever de soif le pauvre diable de Bouchetière . Les Espagnols sont sobres, lui ai-je répondu ; c
on, et nous sommes quittés tous quatre, fort résolus de faire enrager Bouchetière . qui vit seul comme une bête fauve, sans société
ut temps ? N’y en a-t-il pas dans les Pyrénées, a interrompu le civil Bouchetière  ; puisque cela est en Europe, pourquoi cela ne se
re à découvert. Notre conversation se faisait à table après le dîner. Bouchetière et les autres nous écoutaient et ne comprenaient
ous a bien fait rire, MM. de La Chassée, Hurtain et moi. Entre autres Bouchetière , que par un effort d’estime et de considération n
ans, est fort bien fait, et porte une barbe devant laquelle celle de Bouchetière doit mettre pavillon bas. J’ai été tenté cinq ou
pondu, en chantant en chœur bene, bene, respondere ; et le malheureux Bouchetière a donné encore matière à rire à ses dépens en se
ore coûté douze bouteilles de vin : nous ne les regrettons point ; et Bouchetière enrage de son eau-de-vie. Du mardi 4 avril 169
prêcher la diète ; en quoi ils sont secondés par le savant et sublime Bouchetière , qui y vient mêler sa barbe et sa mâchoire d’âne.
au osât entreprendre sur mes fonctions : mais je n’avais pas consulté Bouchetière . Tout cela s’était fait vers les deux heures et d
avait déjà jeté de l’eau bénite sur le corps, lorsque le seigneur de Bouchetière , réveillé par le pilote pour venir à son poste, a
fait signer par ceux qui y étaient présents, sans faire la civilité à Bouchetière de le lui présenter ; ce qui l’a encore plus choq
s étant en haie, on a enlevé le corps de la dunette, porté par MM. de Bouchetière , Le Vasseur, de La Chassée et moi ; l’épée et le
au dernier des onze coups de canon, on a laissé tomber le corps. M.de Bouchetière , comme lieutenant, a eu pour lui l’épée, qui vaut
dire qu’on avait servi. Il ne s’est jamais fait de repas plus triste. Bouchetière se donne déjà des airs de commandant, qui nous ef
n’auront pas manqué de rapporter à leurs bords le ridicule orgueil de Bouchetière , qui semble n’être venu au monde que pour y donne
y est venu deux heures après ; et comme le quart était changé, et que Bouchetière dormait, nous avons fait venir sans bruit M. Le V
résultat du nôtre est que nous nous sommes juré l’un à l’autre que si Bouchetière reste en place, ou que ce nouveau capitaine soit
reçu général ; et le tout a été signé par les officiers. L’orgueil de Bouchetière a triomphé de la préférence ; et, pendant que le
nsi cousin germain de Mme la maréchale de Lorges. Ayant appris ce que Bouchetière avait fait la veille, et sa sottise d’entreprendr
emploi par son ridicule scellé, il s’est résolu de l’humilier ; dont Bouchetière lui a fourni deux sujets fort à propos. Il était
civilités respectives, qui avait son mérite entre des honnêtes gens. Bouchetière n’en a pas perdu un coup de dent : au contraire,
même temps notre union, qui n’est dérangée que par les brutalités de Bouchetière  : lequel n’avait trouvé au Conseil ni ami, ni pro
ent être préférés, et plus sur l’Ecueil que sur tout autre, parce que Bouchetière était haï de l’équipage, qui n’obéit jamais bien
par un nouveau spectacle. Je ne sais si sa vue a rappelé la fureur de Bouchetière  ; mais en sa présence il a frappé un matelot d’un
e temps, s’est rembarqué dans le même canot qui l’a apporté ce matin. Bouchetière a voulu lui parler : il lui a tourné le dos sans
t barbouillés et fait des barbes à faire peur : la digne moustache de Bouchetière avait été dessinée avec le noir du cul de la poêl
unette ; tout le reste a été à la baille et a été assis sur la barre. Bouchetière voulait être baptisé sur la dunette, mais il y av
c générosité, ils nous ont reconduits, ce qu’ils n’avaient pas fait à Bouchetière , qui ne leur a donné qu’un écu, de fort mauvaise
et cette baie est à l’entrée du fleuve de Saint-Laurent. Aujourd’hui, Bouchetière a été nommé l’île aux Rats : cette île est dans l
is-je certain que qui que ce soit des officiers ne s’en est mêlé ; et Bouchetière en accuse tout le monde. Le matelot est malin ; e
a qu’un seul malade ; et tout le monde est content, à l’exception de Bouchetière , qui a toujours l’île aux Rats dans la tête. Hors
e par un temps de pluie, on a fait un bordage d’artimon aux dépens de Bouchetière  ; puisque c’est son eau-de-vie qui court les cham
ré, bien sec, et d’une bonne odeur. J’ai fait la guerre aux dépens de Bouchetière , étant de son eau-de-vie que j’ai donné quatre ch
degrés trente minutes Sud. Du lundi 8 mai 1690 Le chevalier de Bouchetière , ou du diable, car son ordre est inconnu, me donn
heures, et c’était la bande de bâbord qui était de quart ; et ainsi, Bouchetière devait être dans sa chambre, ou à dormir, ou bâti
, en vérité, pas dit un mot. Chaviteau, second pilote, s’est jeté sur Bouchetière  ; et, étant extrêmement fort et robuste, il l’a r
nté avec une fureur épouvantable et ç’a été un très grand bonheur que Bouchetière fût dans sa chambre et qu’on ait empêché l’autre
st découvert n’est que peu offensé. Le commandeur a envoyé demander à Bouchetière son épée, celle de feu M. Hurtain, sa canne, et l
e, et d’en envoyer copie au commissaire. Voilà une belle affaire pour Bouchetière  ! On a pris hauteur ; nous étions à midi à dix-se
a Pentecôte, ils viendront tous dîner ici : C’est là que l’affaire de Bouchetière sera décidée. M.de La Chassée en est dans une imp
us ne l’aurions fait uniquement que pour triompher de la confusion de Bouchetière , et que tant de curiosité ne ferait pas notre cou
s a fait retirer tout le monde, et M. de La Chassée comme les autres. Bouchetière avait pu tout entendre ; mais il n’a pas entendu
it qu’il y avait eu des voix suivant ses conclusions pour transporter Bouchetière sur l’Amiral et l’y retenir prisonnier ; pour lui
le était de sa protection ; que si le soldat mourait, on reconduirait Bouchetière en France, toujours aux arrêts, et qu’on le mettr
ont on envoierait copie en cour ; et que si ce soldat ne mourait pas, Bouchetière était assez puni par ce qui venait de se passer.
ce qui venait de se passer. À l’issue du Conseil, ils ont fait venir Bouchetière , à qui le commissaire a lu le procès-verbal. Il n
des yeux. Il s’est fait apporter l’épée de M. Hurtain et la canne de Bouchetière . Il a envoyé l’épée au blessé, pour le dédommager
est le maître des hautes œuvres. Tout cela s’est fait en présence de Bouchetière , qui, après une sévère réprimande, a encore eu la
est vengé, et nous ne voyons plus ce qu’il faudra faire pour retenir Bouchetière , si ceci ne le rend pas sage. Tous ces messieurs
avons ce soir chanté le Te Deum. Le soldat blessé par le chevalier de Bouchetière le huit du courant étant hors de danger, il a été
Si ce vent-ci continue, nous y serons dans huit jours. Il semble que Bouchetière veut en effet changer : il a fait aujourd’hui civ
oué qu’il avait tort. Du vendredi 2 juin 1690 Les honnêtetés de Bouchetière continuent. Il a apporté ce matin, avant la prièr
vin, y a fait plusieurs bons repas : le commissaire, le chevalier de Bouchetière , et presque tous les autres officiers des vaissea
monde. J’ai assez parlé de fois en termes méprisants du chevalier de Bouchetière  ; et c’est avec bien du plaisir pour moi que je t
pporté aux officiers, en présence des pilotes, ce que le chevalier de Bouchetière venait de lui dire. Cela a été trouvé de très bon
lus de mille coups de canon ; et je ne sais si l’avis du chevalier de Bouchetière donne lieu à l’opinion qu’on a : mais on tient po
passant proche de nous, a demandé des nouvelles de M. le chevalier de Bouchetière , et ordonné qu’on lui fit ses compliments. M.de L
à M. du Quesne, qui s’est encore informé de la santé du chevalier de Bouchetière , qui ne s’en sent pas de joie. Du mercredi 19
arrêté la chaloupe ni le canot de la flûte, ni été jusqu’à elle. M.de Bouchetière était trop incommodé de la jambe ; et, quoiqu’il
poche est entrée, avec eux, sans lui. dans la chambre du chevalier de Bouchetière , où je crois qu’elle est bien restée. Y aurait-il
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était une preuve, en ce que je n’aurais jamais réduit le chevalier de Bouchetière à la raison si je ne lui avais pas montré les gro
e La Chassée, où j’avais bu un coup d’eau-de-vie avec le chevalier de Bouchetière , car nous sommes à présent les meilleurs amis du
à découvert, & par conséquent chaleur excessive. Le chevalier de Bouchetière n’est point heureux. Il était de quart ce matin,
oujours de même, & chaleur augmentée. La blessure du chevalier de Bouchetière ne sera rien, ce n’est qu’une contusion, mais il
chelingue l’état par numéro des ballots dont elle était chargée. M.de Bouchetière , ou M. de La Chassée, & toujours Landais qui
quante-quatre heures, pour les bien comprendre. MM. le commandeur, de Bouchetière , de La Chassée & tous les autres, oui l’ont a
ce. Ils étaient venus ensemble dans ma chambre, & le chevalier de Bouchetière y est entré. Nous y avons bu deux bouteilles de v
andais profitassent de la succession de Le Vasseur, en nous prenant ? Bouchetière disait à La Chassée qu’il se trompait, que la pru
tre sorti de l’île sonnante ! Qu’entendez-vous par là ? lui a demandé Bouchetière . Je veux dire, a repris La Chassée, que tous les
que c’est que l’évêque du Balai, non plus que l’abbé Tiretaine, a dit Bouchetière  : je ne m’amuse point à lire ; mais, je sais bien
ose ; et en même temps changea de discours. Il rentra en effet, &  Bouchetière , continuant la conversation qui avait été commenc
re. La conversation est insensiblement retombée sur les moines, &  Bouchetière a demandé à La Chassée par quel endroit les moine
; nous allons bien encore. Le procès s’est mû en dînant, entre MM. de Bouchetière , de La Chassée, procureur général, & moi, dem
s pour ses œufs de Pâques, & tous les acteurs étaient concertés ; Bouchetière , La Chassée & moi, lui avons rendu vuides les
e. J’acquiesce aux conclusions prises par l’écrivain du roi, a repris Bouchetière , & demande à la cour d’être reçu partie inter
tre si je n’avais pas été retenu par M. Blondel. Tant mieux, a repris Bouchetière , puisqu’il n’y a point eu là-dessus de tricherie 
ns, & qui en ont fait veiller bien d’autres. MM. de Porrières, de Bouchetière , de La Chassée, de La Touche, l’aumônier & mo
, bon petit frais, & meilleur que Nord-Ouest, qui soufflait hier. Bouchetière & moi espérons gagner notre journée, & la
le ventre, & qu’il ne me fît pas désespérer avec ses railleries. Bouchetière voudrait qu’il lui en eût coûté quatre pistoles,
3 (1691) Journal du voyage des Indes orientales (à monsieur Raymond)
ffres et armoires, la fenêtre et la porte de sa chambre, et Monsr. de Bouchetière lieutenant les a contrescellés. Nous avons fait c
que le coquin demandait : il s’y accorda. Un moment après, Monsr. de Bouchetière notre lieutenant allait s’embarquer. Il tomba dan
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