Les▶ Illustres Françaises.
Histoires Véritables.
Que j’ai ◀de▶ joie ◀de▶ vous voir et ◀de▶ vous embrasser, mon cher Monsieur Des Ronais, dit-il, en entrant dans ce carrosse ! Et moi, répondit ◀le▶ conseiller, car c’en était un effectivement, je reçois aujourd’hui en vous embrassant, ◀la▶ joie ◀la▶ plus sensible que j’aie eue depuis longtemps. Vous vous rendez donc, poursuivit-il, à vos amis, après ◀les▶ avoir attristés par votre absence ? Oui, reprit Des Frans, je me rends à mes amis, à mes parents, et à moi-même, en me rendant à ma patrie, dont mes malheurs m’ont si longtemps banni ; et c’est un heureux augure pour moi, ◀d’▶avoir trouvé en arrivant, ◀le▶ plus cher et ◀le▶ plus sincère ◀de▶ mes anciens camarades. Je ne vous questionnerai point, ajouta-t-il, sur votre santé, je m’aperçois qu’elle est bonne ; mais vous voulez bien que je vous demande des nouvelles ◀de▶ ma famille. Madame votre mère est morte, dit ◀le▶ conseiller. Je ◀le▶ sais depuis longtemps, reprit Des Frans, en soupirant ; mais mes oncles, n’avez-vous rien à m’en dire ? Non, répondit ◀le▶ conseiller, si ce n’est qu’ils ne sont point à Paris ni l’un ni l’autre. Tant pis, reprit Des Frans, car je ne sais présentement où aller loger. Vous ne vous souvenez plus que nous sommes bons amis, reprit en riant ◀le▶ conseiller, ma maison est assez grande pour vous et pour moi ? Et à présent que je sais que vous n’avez point ◀de▶ retraite fixe, vous me feriez injure, si vous preniez un logement ailleurs que chez moi, où j’espère que vous serez logé avec assez ◀de▶ commodité, parce que comme j’ai cru me marier il n’y a pas longtemps, j’ai meublé une maison très vaste, et je suis seul qui ◀l’▶occupe. Je ne refuse point vos offres, reprit Des Frans : ce qui m’y aurait pu obliger eût été ◀la▶ crainte ◀de▶ vous incommoder ; mais puisque vous m’assurez qu’il n’en sera rien, je reprends volontiers ◀les▶ anciens errements ◀de▶ notre amitié, et j’agirai avec vous sans façon. C’est m’obliger, reprit Des Ronais, et vous ne me feriez pas plaisir ◀d’▶en user autrement.
Comme ils en étaient là, ◀le▶ carrosse arriva au logis, où ils mirent pied à terre. Des Ronais ◀le▶ conduisit dans une chambre, et ordonna qu’on servît promptement. Voulez-vous que nous vivions sans façon, lui dit Des Frans ? C’est ainsi que je ◀l’▶entends, reprit Des Ronais. Cela étant, ajouta Des Frans, ne trouvez pas mauvais que je ne sois point aujourd’hui des vôtres à dîner, ni peut-être encore à souper. Je suis engagé ailleurs, où il faut que je me rende incessamment. Ce n’est qu’à cette condition-là qu’on m’a laissé venir ; et je ne veux rester ici qu’autant ◀de▶ temps qu’il m’en faut pour changer ◀de▶ linge et ◀d’▶habit, et faire prendre ma mesure ; c’est pourquoi je vous supplie ◀d’▶envoyer chercher votre tailleur. Quoi ! dit ◀le▶ conseiller, vous ne dînerez point avec moi ? Non, répondit Des Frans, je vous supplie ◀de▶ m’en dispenser ; et croyez qu’il faut que des affaires ◀d’▶honneur et ◀de▶ conséquence m’appellent ailleurs, puisque je romps si promptement visière à ◀la▶ civilité, en ne vous tenant pas compagnie. Vous être ◀le▶ maître, dit Des Ronais, mais tout au moins, en attendant votre tailleur, vous boirez bien un coup à ma santé ; quatre si vous voulez, reprit Des Frans en riant, mais laissez-moi m’habiller ; car dans ◀l’▶état où je suis, crotté et vilain, je me fais peur à moi-même.
Des Ronais ◀le▶ laissa seul avec son valet, qui avait apporté une valise. Il changea ◀d’▶habit et vint rejoindre son ami dans une salle où il ◀l’▶attendait. Il s’informa ◀de▶ ses anciennes connaissances, et surtout ◀de▶ Dupuis et ◀de▶ Gallouin. Il apprit que Dupuis était toujours ◀de▶ ses amis, et que Gallouin était mort. Il est mort, interrompit-il avec précipitation ! Oui, répondit ◀le▶ conseiller, il est mort comme un saint, et ◀d’▶un genre ◀de▶ mort qui vous étonnera, quand vous ◀le▶ saurez ; il y avait quatre ans qu’il était capucin. Comment, reprit encore Des Frans avec précipitation, Gallouin est mort capucin… Il voulait poursuivre lorsque ◀le▶ tailleur entra. Il se fit prendre ◀la▶ mesure, et lui laissa ◀de▶ ◀l’▶argent pour lui faire un habit à ◀la▶ mode et riche pour ◀le▶ lendemain, et un autre à son valet, après quoi il sortit en disant au conseiller qu’il était au désespoir ◀de▶ ◀le▶ quitter si tôt ; car, ajouta-t-il, outre ◀le▶ plaisir que j’ai ◀d’▶être avec vous, ce que vous m’avez dit ◀de▶ Gallouin me donne une envie ◀de▶ m’instruire ◀de▶ tout ce qui ◀le▶ regarde, que vous ne pouvez pas comprendre, parce que vous en ignorez ◀le▶ sujet, que je vous apprendrai moi-même. Si vous voyez Monsieur Dupuis avant moi, je vous conjure ◀de▶ me recommander à lui, et ◀de▶ ◀l’▶assurer que je suis revenu son ami autant et plus que je n’étais parti. Des Ronais lui demanda quand il reviendrait ; il répondit que ce serait ◀le▶ plus tôt qu’il pourrait, et sortit.
Cependant Des Ronais qui était ◀le▶ plus intime ami ◀de▶ Dupuis, quoiqu’il fût brouillé avec sa cousine, ◀le▶ fit avertir ◀de▶ ◀l’▶arrivée ◀de▶ Des Frans. Il vint à cette nouvelle, et ne ◀le▶ trouva pas, non plus que trois autres fois qu’il revint, parce que celui-ci ne retourna que le troisième jour. ◀D’▶où revenez-vous donc depuis si longtemps, lui demanda Des Ronais, en ◀l’▶embrassant sitôt qu’il ◀le▶ vit ? Je viens, répondit Des Frans, ◀de▶ voir une femme fidèle, et ◀d’▶assister à son mariage, qui s’est fait ◀la▶ nuit même ◀de▶ mon arrivée. Comment donc, dit Des Ronais en riant, vous avez déjà trouvé des aventures, et il n’y a que deux jours que vous êtes ici ? Oui, reprit Des Frans en riant, et même ◀de▶ fort surprenantes. Je n’y ai pris au commencement que ◀le▶ seul intérêt ◀de▶ ◀la▶ curiosité, et ensuite un dessein effectif ◀de▶ rendre service à un fort honnête homme, si ◀l’▶occasion s’en fût présentée. Je vous dirai une autre fois ce que c’est ; pour ◀le▶ présent, poursuivit-il, parlons d’autres affaires. Commencez par me dire comment vous avez passé ◀le▶ temps ◀de▶ mon absence, et apprenez-moi tout ce que vous savez ◀de▶ Gallouin. Je ne sais rien que ◀le▶ public ne sache, dit Des Ronais ; mais Dupuis qui doit venir ici vous en dira ◀de▶ nouvelles certaines, car ils n’ont jamais rien eu ◀de▶ secret l’un pour l’autre, et leur confidence a duré jusqu’à sa mort, qui est encore toute récente. Il est venu ici quatre fois pour vous voir ; je viens de ◀l’▶envoyer avertir que vous êtes ici, et je ne doute pas qu’il ne vienne. J’aurais dû ◀le▶ prévenir, dit Des Frans ; mais cela étant, je ◀l’▶attendrai, et j’apprendrai par lui ce que je veux savoir : mais je voudrais bien apprendre ◀de▶ vous-même, ce qui vous est arrivé en particulier. Vous m’avez dit que vous avez été sur le point de vous marier, et que cela n’a point réussi. Je voudrais bien en savoir ◀la▶ cause ; et si c’était un mariage ◀d’▶amour, ou mariage ◀d’▶intérêt, que vous avez manqué ? Vous ◀le▶ saurez quand il vous plaira, répondit ◀le▶ conseiller. Ce sera donc tout à ◀l’▶heure, reprit Des Frans. Je n’aurais pas ◀le▶ temps ◀de▶ vous en instruire, dit Des Ronais, parce que Dupuis arrivera bientôt, et je ne veux pas parler devant lui ◀de▶ ma rupture avec sa cousine. Est-ce ma belle commère demanda Des Frans ? Oui, c’est elle, reprit-il, Dupuis n’en a point ◀d’▶autre : c’est ◀la▶ plus infidèle fille qui soit au monde. Vous me surprenez, dit Des Frans, ◀de▶ ◀l’▶accuser ◀d’▶infidélité, elle dont on vantait tant autrefois ◀la▶ sincérité et ◀la▶ candeur. Elle a bien changé, reprit Des Ronais en soupirant, elle a soutenu son caractère ◀de▶ franchise si longtemps, que j’ai pensé en être ◀la▶ dupe ; mais enfin j’en ai été détrompé, dans ◀le▶ temps même que nous devions conclure ensemble, et c’est ce que je vous apprendrai sitôt que nous en aurons ◀le▶ loisir. ◀Le▶ tailleur qu’on avait envoyé quérir, et qui arriva dans ◀le▶ moment, ◀les▶ empêcha ◀de▶ poursuivre. Il habilla Des Frans ◀d’▶un air ◀de▶ propreté, qui ◀le▶ remit dans sa bonne mine ordinaire.
Dupuis entra un moment après. Ils se firent l’un à l’autre toutes ◀les▶ caresses que deux parfaits amis peuvent se faire, après avoir été longtemps sans se voir. Ce n’était point ◀de▶ ces caresses feintes et étudiées que ◀la▶ corruption du siècle a introduites ; c’était un sincère et véritable épanchement ◀de▶ cœur. Des Ronais fit ◀les▶ honneurs ◀de▶ chez lui, ils se mirent à table, et s’entretinrent ◀de▶ leurs anciennes connaissances, et se rendirent compte en gros ◀de▶ tout ce qui leur était arrivé depuis leur séparation, attendant qu’un plus long loisir leur permît ◀d’▶entrer dans un plus ample détail. Voilà, poursuivit Dupuis, ◀l’▶état où nous en sommes, fort affligés ◀de▶ ◀la▶ mort funeste du pauvre religieux. Elle me touche, dit Des Frans, je n’étais pas son ennemi jusques au point ◀de▶ lui souhaiter un pareil malheur. Vous auriez eu tort ◀de▶ ◀l’▶être, reprit Dupuis, il avait pour vous une véritable estime, et une sincère amitié ; ◀l’▶injure qu’il vous a faite a été cause ◀de▶ sa retraite. Il ne m’avait point offensé, reprit Des Frans, fort embarrassé. Il connut pourtant bien ce qui en était, continua Dupuis : je suis plus informé ◀de▶ vos affaires que vous ne pensez, mais ne craignez rien, votre secret n’est su que ◀de▶ moi, et ne ◀le▶ sera jamais ◀d’▶autre sans votre aveu. Je vous dirai ce qui en est, reprit Des Frans, lorsqu’il vous plaira ◀de▶ m’entendre. Je n’ai plus ◀d’▶intérêt à rien cacher, et j’ai même promis à Monsieur Des Ronais ◀de▶ ◀l’▶instruire ◀de▶ tout ; ainsi vous pouvez tout dire. Cela étant, reprit Dupuis, je m’expliquerai plus intelligiblement devant lui que je n’aurais fait. Je lui demande pardon ◀d’▶avoir eu quelque chose ◀de▶ secret pour lui, mais lorsqu’il saura quel est ce secret, je suis sûr, qu’honnête homme comme il est, il conviendra que le vôtre était ◀d’▶une nature à n’être jamais révélé sans votre consentement ; et ne voulant plus, dites-vous, ◀le▶ cacher à Monsieur Des Ronais, je vous assurerai devant lui, que Gallouin n’a pas cru vous offenser, puisqu’il ne savait point que ◀le▶ sacrement vous eût joints vous et Silvie ; et qu’elle ne vous a point fait ◀d’▶injure volontaire, puisqu’elle a été forcée à ce qu’elle a fait par une puissance plus forte que ◀la▶ nature. Je ne m’étonne pas ◀de▶ ne vous voir pas demander ◀de▶ ses nouvelles, vous en savez de plus certaines que nous : cependant vous ne nous avez point empêchés ◀de▶ porter nos conjectures jusqu’à ◀la▶ vérité, par une lettre qu’elle lui écrivit environ six mois après son départ et le vôtre. Silvie a écrit à Gallouin, reprit Des Frans tout surpris ! Et vous dites que ◀l’▶injure qu’elle m’a faite n’était pas volontaire ? Oui répondit Dupuis, elle lui a écrit ; mais que cette lettre ne vous fasse aucune peine, Gallouin s’est rendu capucin, et outre cela il est mort. Il ne peut plus vous donner ◀d’▶ombrage, et ◀la▶ lettre dont je vous parle, est ce qui ◀l’▶a tout à fait déterminé à ◀la▶ retraite. Silvie ◀la▶ lui écrivait ◀de▶ son convent, et lui mandait qu’elle avait pris ce parti, sans ◀l’▶instruire du lieu. Quoi, interrompit encore Des Frans, joignant ◀les▶ deux mains, Silvie a encore été assez perfide pour écrire à Gallouin qu’elle était religieuse ! Il a été assez simple pour ◀la▶ croire, et pour ◀l’▶imiter ! Il n’est rien de plus certain, dit Dupuis. Mais interrompit Des Ronais, parlant à Des Frans, quelle part avez-vous là-dedans, que vous me paraissez si ému ? Tout, répondit-il. C’est un mystère qui n’est point connu ◀de▶ vous, Monsieur, ajouta Dupuis. Mais vous, interrompit Des Frans, en s’adressant à lui-même, comment ◀l’▶avez-vous approfondi ce mystère que je croyais ignoré ◀de▶ toute ◀la▶ terre ? Vous ◀le▶ saurez, reprit Dupuis, lorsque je vous raconterai ce qui m’est arrivé en mon particulier : cependant ne vous chagrinez point ◀de▶ cette lettre : elle est toute chrétienne, et ◀d’▶une véritable religieuse qui ne songe qu’à son salut, et à celui ◀de▶ son prochain : je vous en ferai voir une copie que Gallouin m’a permis ◀de▶ faire. Mais dites-moi, en attendant, ce qu’elle est devenue, et où elle est. Elle est morte, répondit Des Frans. Ils sont donc morts tous deux, reprit tristement Dupuis, et peut-être tous deux ◀de▶ mort violente. Non, répondit Des Frans, ◀la▶ mort ◀de▶ Silvie a été naturelle. J’avoue, poursuivit-il, que ses austérités peuvent avoir usé sa vie ; mais du moins ◀la▶ fin n’en a point été avancée par aucun secours étranger. Vous avez raison, interrompit Des Ronais tout étonné, ◀de▶ dire que ◀le▶ mystère dont vous me parlez me passe. Je n’aurais jamais soupçonné que vous eussiez rien eu ◀de▶ commun avec Gallouin et Silvie ; ni que c’eût été pour elle, que vous vous fussiez battu avec lui. Ce sont eux pourtant, reprit Des Frans en soupirant, qui ont donné ◀le▶ mouvement à toutes ◀les▶ actions ◀de▶ ma vie, et qui m’ont fait regarder ma patrie comme mon enfer ? Je vous en informerai, lorsque ◀le▶ repos m’aura rendu une partie ◀de▶ ◀la▶ tranquillité qui m’est nécessaire. Je prendrai encore pour témoin Monsieur de Jussy, dont vous avez tant entendu parler. Est-il à Paris, demandèrent à la fois Des Ronais et Dupuis ? Oui, répondit Des Frans ; nous arrivâmes avant-hier ensemble. Il y a deux ans que nous ne nous sommes point quittés, et j’ai été à sa noce jusqu’à ce matin. Il a enfin épousé sa maîtresse ◀la▶ belle Babet Fenouil : il m’a conté une partie ◀de▶ son histoire, et j’ai vu ◀le▶ reste. Cela doit être curieux, reprit Dupuis. Cela ◀l’▶est aussi, répondit Des Frans. Autre incident, dit Des Ronais en riant ; dès ◀le▶ même jour que vous arrivez, vous assistez à un mariage, et ce mariage se contracte par un homme qui est banni depuis plus ◀de▶ six ans, à cause de sa maîtresse ; par un homme que tout Paris croit mort depuis quatre ans, et qui retrouve sa maîtresse fidèle. Elle a dû ◀l’▶être pour son honneur, reprit Dupuis. Je suis charmé ◀de▶ sa constance, ajoute Des Frans. Il est rare, reprit Des Ronais, ◀d’▶en trouver parmi ◀les▶ femmes dans ◀le▶ siècle où nous vivons. Vous n’avez pas tant de sujet ◀de▶ vous plaindre ◀de▶ sa mauvaise foi que vous voulez ◀le▶ faire croire, lui répondit Dupuis. J’ai voulu cent fois vous désabuser, poursuivit-il ; mais vous êtes tellement prévenu que vous n’avez jamais voulu m’écouter, non plus que d’autres que moi ; peut-être écouterez-vous mieux Monsieur Des Frans ; et la première fois que nous serons seuls, ou qu’il se donnera ◀la▶ peine ◀d’▶aller voir ma cousine, comme elle m’a chargé ◀de▶ ◀l’▶en prier, on ◀le▶ priera ◀de▶ tâcher ◀de▶ vous faire entendre raison. Qu’y a-t-il donc, interrompit Des Frans, où je puisse rendre service à ma belle commère ? Il y a, reprit Dupuis, que Monsieur Des Ronais veut être brouillé avec elle sur ◀l’▶équivoque ◀d’▶une lettre. Ma cousine a fait honnêtement tout ce qu’elle a pu, et plus même qu’elle ne devait, pour ◀le▶ désabuser, plusieurs amis communs s’en sont mêlés ; mais tout aussi inutilement que moi : il veut être en colère malgré ◀les▶ gens, et ne veut croire que sa prévention. Ma cousine à qui j’ai dit que vous êtes arrivé, et que vous logez chez lui, vous supplie ◀d’▶aller chez elle, elle croit que vous ne donnerez pas assez à ◀la▶ colère ◀de▶ son amant, pour lui refuser une visite. Non assurément, répondit Des Frans. Je sais mon devoir, et vous me faites tort ◀de▶ croire qu’il faille m’en avertir, j’irai dès demain. Vous apprendrez tout ◀d’▶elle, poursuivit Dupuis : si je pouvais rester, je vous en instruirais en présence même ◀de▶ Mr. Des Ronais ; mais il faut que j’aille trouver Madame de Londé. Quelle est cette dame, demanda Des Frans ? C’est, répondit Des Ronais, ◀la▶ sœur ◀de▶ défunt Gallouin, et ◀la▶ maîtresse de Monsieur Dupuis, qui ◀la▶ doit épouser, et avec qui il devrait être déjà marié. C’est elle qu’on appelait Mademoiselle Nanette, et qui est à présent veuve ◀de▶ Monsieur de Londé, l’un des plus agréables et des plus honnêtes hommes qui aient jamais été au monde. Je ◀la▶ connais, reprit Des Frans ; allez, Monsieur, poursuivit-il, en s’adressant à Dupuis, ◀la▶ compagnie ◀d’▶une maîtresse est toujours plus agréable que celle ◀de▶ ses amis. Je ne puis me dispenser ◀de▶ me rendre aujourd’hui près ◀d’▶elle, dit Dupuis ; mais je vous promets ◀de▶ me rendre auprès de vous demain matin, et ◀de▶ ne vous point quitter ; pour à présent je vous prie ◀d’▶excuser. Après ce compliment il sortit, et Des Frans et Des Ronais étant restés seuls, le premier pria son ami ◀de▶ lui tenir parole, et ◀de▶ lui raconter ce qui s’était passé entre sa maîtresse et lui. Il ◀le fit en ces termes.