Chapitre XLV.
Pourquoi la▶ maîtresse ◀d’▶une hôtellerie voisine du château venait souvent demander des nouvelles ◀de▶ Sainville et ◀de▶ Silvie.
◀La▶ maîtresse ◀de▶ ◀l’▶hôtellerie voisine du château ◀de▶ ◀la▶ Ribeyra, où Sainville et Silvie avaient été premièrement portés, ne manquait pas ◀de▶ venir ◀les▶ voir tous ◀les▶ jours, et ◀de▶ s’informer ◀de▶ leur santé, surtout ◀de▶ celle ◀de▶ Silvie et ◀de▶ Sainville, mais avec tant ◀d’▶empressement et ◀d’▶assiduité, qu’on en soupçonna une autre cause que ◀la▶ civilité ; aussi y en avait-il une. Nous avons dit que ◀le▶ valet ◀de▶ Deshayes y était resté blessé ; que ce valet était un officier déguisé qui s’était mis à sa suite pour sauver ◀la▶ vie ◀de▶ Silvie et ◀la▶ faire perdre à Sainville. Ainsi il est juste ◀de▶ dire ce qu’il devint.
◀L’▶intérêt qu’il prenait dans ◀la▶ santé ◀de▶ Silvie ne lui permettait pas ◀de▶ demeurer longtemps sans en apprendre des nouvelles, et c’était lui qui envoyait ◀l’▶hôtesse s’en informer régulièrement deux fois par jour. Il avait appris sans chagrin ◀la▶ mort ◀de▶ Deshayes ; mais il n’avait pas pu apprendre sans douleur ◀la▶ confession qu’il avait faite avant sa mort, et ◀l’▶ordre qu’il avait donné à sa veuve ◀d’▶épouser Sainville. Il s’était flatté que ce rival pourrait succomber à ses blessures, et apprit contre son espérance, que non seulement il était en sûreté ◀de▶ sa vie, mais encore qu’en peu de temps il serait parfaitement guéri. Sa santé à lui en était diminuée, et à ses blessures s’était jointe une fièvre très forte. Il s’était déclaré à ◀l’▶hôtesse, à qui il avait donné ◀de▶ ◀l’▶argent, non pas en valet, mais en homme ◀de▶ qualité très riche. Celle-ci s’était offerte à rendre tous ◀les▶ services qu’il pouvait prétendre ◀d’▶elle, et cela avec tant de zèle, qu’il avait cru s’y devoir confier. Il lui avait dit sa qualité et son nom, et par hasard il se trouva que cette femme avait été élevée dans ◀la▶ maison ◀de▶ son père, où elle avait servi, et où elle demeurait encore lorsqu’elle s’était mariée en premières noces à un Flamand qui ◀l’▶avait emmenée à Valenciennes, où en secondes noces elle avait épousé ◀l’▶Espagnol avec qui elle était venue en Castille, et où elle tenait hôtellerie.
Cette Parisienne espagnolisée conservait toujours beaucoup ◀d’▶amitié pour ◀les▶ Français, et surtout pour ◀le▶ sang ◀de▶ son maître. Elle avait ◀de▶ lui tout ◀le▶ soin possible, et voyant que sa santé bien loin de se rétablir s’affaiblissait ◀de▶ jour en jour, elle craignit que ce ne fût ◀la▶ faute du chirurgien qui ◀le▶ pansait, ce qui ◀l’▶obligea ◀de▶ prier celui qui avait soin ◀de▶ Valerio et ◀de▶ Sainville ◀de▶ venir ◀le▶ voir, et ◀de▶ vouloir bien en entreprendre ◀la▶ cure. Celui-ci ◀le▶ fit, et trouva tant ◀d’▶esprit et ◀d’▶honnêteté dans ce Français, qu’il conçut pour lui une très grande affection, et croyant lui rendre service en ◀le▶ remettant à celui ◀de▶ Sainville, dont ◀le▶ valet de chambre avait été tué par ◀les▶ bandits, il avait parlé ◀de▶ lui à celui-ci avec tous ◀les▶ éloges possibles. Sainville accepta avec plaisir ◀la▶ conjoncture, ◀d’▶autant plus que ne pouvant pas se passer ◀de▶ valet de chambre, et que celui-là lui paraissait lui être propre, il crut que c’était une affaire faite. ◀Le▶ chirurgien avait avancé ◀les▶ choses sans en parler ni à ◀l’▶hôtesse ni à ce prétendu valet de chambre, dans ◀la▶ prévention où il était, que n’ayant plus ◀de▶ maître, il ne ferait aucune difficulté ◀d’▶en prendre un ◀de▶ sa nation, que son bonheur semblait lui présenter dans un pays où vraisemblablement il ne devait pas espérer ◀d’▶en trouver.
Sainville attendait donc ◀la▶ guérison ◀de▶ ce valet de chambre, et pour qu’il fût mieux soigné qu’il n’était, il pria Valerio ◀de▶ souffrir qu’on ◀l’▶apportât aussi au château. Cet officier bien persuadé que Sainville ne ◀le▶ connaissait en aucune manière, accepta volontiers ◀le▶ parti qui lui était proposé, ne demandant qu’à s’approcher ◀de▶ Silvie, dont il espérait ◀de▶ se faire reconnaître, et s’expliquer avec elle par ◀les▶ occasions que ◀le▶ hasard pourrait lui fournir. Il avait, comme j’ai dit, envoyé deux fois par jour savoir ◀de▶ ses nouvelles, et ◀l’▶assiduité ◀de▶ ◀l’▶hôtesse avait comme j’ai encore dit, donné du soupçon.
Mademoiselle de la Bastide qui avait la première fait connaissance avec ◀l’▶hôtesse, était curieuse, comme ◀le▶ sont ordinairement ◀les▶ filles, ◀de▶ savoir quel était ◀le▶ sujet ◀de▶ ces visites si ponctuelles ; c’est pourquoi elle ◀la▶ sonda sur cet article, et n’eut pas beaucoup de peine à lui faire tout avouer. ◀L’▶hôtesse qui était charmée ◀de▶ cet officier, lui en fit un portrait tout à fait avantageux, qui pourtant n’était point flatté, parce que véritablement c’était un des hommes ◀de▶ France ◀le▶ mieux fait, ◀le▶ plus beau et ◀le▶ plus spirituel ; en un mot, un jeune homme tout aimable. ◀La▶ belle ◀La▶ Bastide commençant, sans savoir pourquoi, à s’intéresser pour ce Français, eut envie ◀de▶ ◀le▶ voir, et ◀le▶ plaignit dans son cœur ◀de▶ s’être adressé à une femme préoccupée pour un autre ; elle en parla à Silvie, qui tout ◀d’▶un coup devina que c’était ◀le▶ comte du Chirou, et ne se trompa pas. Elle ne savait quel parti prendre pour se défaire ◀de▶ lui, et ne point donner sujet ◀de▶ jalousie à Sainville, et elle était encore incertaine ◀de▶ ce qu’elle devait faire lorsqu’elle apprit que ce prétendu valet de chambre était aussi bien qu’elle dans ◀le▶ château ◀de▶ Valerio, où il venait ◀d’▶être apporté ◀de▶ ◀l’▶hôtellerie ; elle apprit aussi que sa santé se rétablissait ◀d’▶heure en heure, et qu’avant deux ou trois jours il serait en état ◀de▶ se rendre à ses devoirs auprès de Sainville.
Elle demanda conseil à ◀l’▶aimable Provençale sur ce qu’elle avait à faire en cette occasion. Cette spirituelle fille lui répondit qu’avant de ◀la▶ conseiller il fallait savoir en quels termes ils en étaient. ◀La▶ belle veuve lui dit qu’ils ne s’étaient jamais parlé, et que tout ce qu’elle en pouvait savoir elle-même, n’était fondé que sur des conjectures ◀de▶ ◀l’▶assiduité et ◀de▶ ◀l’▶attachement qu’il avait eu ◀de▶ ◀la▶ suivre partout où elle allait, et ◀de▶ se trouver partout où ses affaires ◀la▶ conduisaient ; qu’en un mot ç’avait été son ombre pendant tout le dernier mois qu’elle était restée à Paris ; mais que ses chagrins et ses affaires ◀l’▶éloignant ◀de▶ toutes sortes ◀de▶ compagnies, elle n’avait jamais fait semblant ◀de▶ s’apercevoir ◀de▶ ses assiduités ; qu’il était pourtant vrai qu’elle ◀l’▶avait remarqué et distingué comme ◀l’▶homme ◀le▶ mieux fait qu’elle eût jamais vu, et qu’elle n’avait pu s’empêcher ◀de▶ demander qui il était, et qu’ainsi n’ayant jamais vu autre que lui s’obstiner à ◀la▶ suivre, elle ne doutait pas que ce ne fût lui qui eût accompagné Deshayes.
Cela étant, ◀la▶ belle ◀La▶ Bastide, lui dit ◀l’▶hôtesse, ce n’est point à vous à révéler ce mystère à Sainville, et vous ne devez traiter ◀le▶ comte du Chirou que comme un simple valet de chambre tant qu’il voudra ne paraître à vos yeux que sur ce pied-là ; mais s’il veut se déclarer, il sera temps alors ◀de▶ ◀le▶ traiter ◀d’▶une autre manière, et cependant faire en sorte que Sainville s’en dégoûte peu à peu, et ◀l’▶obliger à ◀le▶ congédier avant qu’il ait eu ◀le▶ temps ◀de▶ s’expliquer. Ce conseil étant ◀le▶ seul à prendre et ◀le▶ meilleur à suivre, Silvie s’y arrêta, mais elle n’eut pas longtemps à garder ◀le▶ secret.
A peine ce prétendu valet de chambre put marcher qu’il vint se rendre auprès de Sainville. ◀Le▶ comte Valerio était dans sa chambre auprès de lui, et sitôt qu’il eut jeté ◀les▶ yeux sur ce nouveau domestique qu’il reconnut malgré son changement ◀d’▶habit et ◀de▶ teint : Quoi ! Monsieur, lui dit-il en ◀l’▶embrassant, vous me savez ici, et vous vous cachez ◀de▶ moi ! Où est cette amitié que vous m’avez jurée ? Sainville fut étonné ◀de▶ cette action, et ◀le▶ prétendu valet de chambre en fut tout décontenancé. Valerio qui était honnête homme fut fâché ◀de▶ ◀l’▶avoir imprudemment fait connaître sans doute malgré lui ; il ◀l’▶emmena dans son appartement, où après avoir renouvelé une amitié qu’ils avaient contractée ensemble la dernière campagne, il lui demanda par quelle aventure il était ainsi venu en Espagne en habit ◀d’▶inconnu. ◀Le▶ comte du Chirou qui ne crut pas que ◀les▶ intérêts ◀de▶ Sainville fussent plus chers à Valerio que les siens, ne lui en fit aucun mystère. Valerio lui dit ◀les▶ termes où Sainville et Silvie en étaient ensemble, et ne lui conseilla pas ◀de▶ s’y obstiner, parce qu’outre ◀le▶ chagrin qu’il en aurait, il ne prendrait que des peines fort inutiles. Du Chirou, après quelque temps ◀d’▶incertitude, se mit à ◀la▶ raison, et se résolut à partir pour ◀la▶ France sitôt que ses forces seraient revenues. Ensuite Valerio lui demanda pourquoi il s’était caché ◀de▶ lui. Du Chirou lui répondit qu’il n’avait point su que ce fût dans son château qu’on eût apporté Deshayes et ◀les▶ autres, et qu’il n’avait pas même entendu prononcer son nom. ◀Le▶ comte en convint, parce qu’en effet du Chirou ne ◀le▶ connaissait que sous ◀le▶ nom ◀de▶ Valerio Portocarrero, et qu’on ne ◀le▶ nommait en Espagne que ◀le▶ comte de Ribeyra.
Valerio lui donna une chambre à côté de celle ◀de▶ Sainville, à qui on donna des défaites en paiement ; et comme Silvie venait ◀le▶ voir fort souvent, et que tous ◀les▶ Espagnols et Français mangeaient ensemble, du Chirou eut tout ◀le▶ loisir ◀de▶ voir cette belle veuve ; mais il ne lui parla pas plus ◀de▶ son amour qu’il lui en avait parlé à Paris. Ce n’était cependant pas ◀la▶ discrétion qui ◀l’▶en empêchait, mais bien ◀la▶ vue ◀de▶ ◀l’▶aimable Provençale qu’il n’avait pu s’empêcher ◀d’▶aimer avec toute ◀l’▶ardeur et ◀la▶ sincérité possible. Il ne faisait aucun mystère ◀de▶ sa naissance ni ◀de▶ sa qualité, quoique sa maison fût trop considérable en France pour n’être pas connue ◀de▶ Sainville, ◀de▶ ◀la▶ marquise et ◀de▶ Silvie. ◀L’▶agréable ◀La▶ Bastide ne leur cacha pas ◀l’▶amour que du Chirou lui avait témoigné, et tous ◀l’▶en félicitèrent, parce que ◀le▶ parti lui était très avantageux. Elle leur avoua qu’il ne lui était point indifférent ; mais elle ne lui fit pas connaître sitôt ◀le▶ progrès qu’il avait fait sur son cœur, parce que sa facilité ◀de▶ changer Silvie à elle, lui ayant fait appréhender un pareil changement ◀d’▶elle à une autre, elle voulut s’assurer ◀de▶ sa constance avant que de se résoudre à ◀l’▶aimer tout ◀de▶ bon. Elle lui fit connaître ces soupçons fort spirituellement et comme par plaisanterie ; mais il lui répondit fort sérieusement et fort galamment, qu’il ne connaissait et n’avait regardé Silvie que sur ◀le▶ pied ◀d’▶une femme séparée d’avec son mari, et ◀d’▶une femme qui avait un amant favorisé ; que sur ce fondement il avouait que ◀les▶ vues qu’il avait eues pour elle n’étaient pas fort à ◀l’▶avantage ◀de▶ sa vertu, et qu’il n’avait commencé ◀de▶ ◀la▶ regarder sur ◀le▶ pied qu’elle méritait ◀de▶ ◀l’▶être, que depuis qu’il savait son histoire ; qu’ainsi son amour n’était pas extrêmement violent, mais qu’il n’en était pas de même ◀de▶ celui qu’il avait pour elle, puisqu’il était accompagné ◀de▶ vénération, ◀d’▶estime et ◀de▶ respect.
◀L’▶agréable Provençale trouva ses raisons assez bonnes pour s’y rendre, et lui assura sincèrement qu’il ne lui serait pas indifférent pourvu qu’il persévérât. Il ◀le▶ lui promit ; et afin qu’elle n’eût plus aucun soupçon sur Silvie, il ◀la▶ lui sacrifia en présence de tout le monde ; mais il ◀le▶ fit ◀d’▶une manière que cette belle veuve aurait eu tort ◀de▶ s’en scandaliser, puisqu’en même temps qu’il ◀la▶ sacrifiait, et lui disait qu’il ne ◀l’▶aimait plus, il lui faisait réparation des sentiments injurieux qu’il avait eu ◀de▶ sa vertu. Il pria ◀la▶ marquise ◀de▶ souffrir qu’il ◀l’▶accompagnât à Madrid, et sollicita sa belle maîtresse ◀de▶ se joindre à lui pour lui faire obtenir cette grâce. ◀La▶ marquise qui vit bien que sa parente ne demandait pas mieux, y consentit ◀de▶ ◀la▶ meilleure grâce du monde, bien persuadée que ◀la▶ vertu et ◀la▶ sagesse ◀de▶ cette aimable Provençale était un garant certain ◀de▶ sa conduite et du respect ◀de▶ du Chirou. Comme Silvie et elle ne se quittaient point, Sainville et ◀le▶ comte du Chirou qui étaient toujours avec elles, et qui avaient l’un pour l’autre une estime toute particulière, devinrent bientôt parfaitement bons amis.
◀Le▶ comte Valerio fut prié ◀de▶ dire par quelle aventure il connaissait ces deux Français, et il ◀le▶ fit en disant qu’en passant une fois ◀de▶ Barcelone à Naples sur une galère ◀d’▶Espagne, il avait été attaqué et pris par une galère française commandée par Sainville, ◀de▶ qui il avait reçu un traitement si honnête et si généreux, qu’il s’en ressentirait toute sa vie. Que pour ◀le▶ comte du Chirou, ils n’avaient pas toujours été si bons amis qu’ils étaient parce qu’ils avaient aimé ◀la▶ même maîtresse à Gironne, que pourtant malgré sa concurrence, du Chirou n’avait jamais voulu ◀le▶ faire arrêter comme il ◀le▶ pouvait lorsqu’il allait dans cette place dont ◀les▶ Français étaient maîtres, pour voir incognito leur commune maîtresse ; mais qu’enfin tous deux ayant reconnu que non contente ◀de▶ ◀les▶ sacrifier l’un à l’autre, elle ◀les▶ sacrifiait encore tous ◀les▶ deux à un troisième, ils s’étaient joints ◀d’▶intérêt pour avérer sa perfidie, et ◀la▶ prendre sur ◀le▶ fait ; qu’ils y avaient réussi, et que cette conformité ◀d’▶aventures ◀les▶ ayant rendus fort bons amis, qu’ils s’étaient promis amitié et secours partout où ils se trouveraient, sauf ◀le▶ service ◀de▶ leur souverain et ◀l’▶intérêt ◀de▶ leur honneur ; que même sitôt que ◀la▶ paix avait été faite entre ◀la▶ France et ◀l’▶Espagne, du Chirou ◀l’▶était venu voir à Barcelone, où il s’était fait porter blessé, et lui avait offert sa bourse, et tout ce qui pouvait dépendre ◀de▶ lui, pour lui rendre tous ◀les▶ services qui auraient pu lui être nécessaires dans ◀l’▶état où il se trouvait.
◀Les▶ dames espagnoles avaient contracté cependant une étroite amitié avec ◀les▶ Françaises, et s’étaient mutuellement fait confidence ◀de▶ leurs affaires. ◀La▶ duchesse de Médoc avait dit au duc son époux par un reproche fort obligeant pour ◀la▶ marquise, qu’il avait été sur ses brisées en écrivant au marquis de Pecaire, son frère à elle, en faveur du marquis, et avait ajouté qu’elle laissait à sa générosité et à son bon cœur ◀le▶ soin ◀de▶ lui procurer ◀de▶ ◀l’▶appui au Conseil ◀de▶ Madrid ; mais qu’elle se chargeait ◀de▶ lui en procurer à Naples. Elle avait en effet écrit au vice-roi, dont elle était sœur ; et comme ils s’étaient toujours parfaitement aimés, elle ne doutait pas qu’il ne fît en sa faveur tout ce qu’il pourrait faire pour ◀le▶ marquis, puisque outre ◀la▶ tendresse ◀de▶ frère, il était ◀de▶ son intérêt ◀de▶ ménager une sœur qui était extrêmement riche, et qui n’avait point ◀d’▶enfants ; aussi fit-il tout ce qui dépendait ◀de▶ lui, et à ◀la▶ réception ◀de▶ cette lettre ◀le▶ marquis eut tout lieu ◀de▶ se louer ◀de▶ sa générosité, et n’eut plus besoin du crédit du prince de Melphe. Il ◀le▶ manda à ◀la▶ marquise son épouse, mais elle ne reçut pas sa lettre sitôt que ◀le▶ duc de Médoc reçut des nouvelles ◀de▶ ceux du Conseil ◀de▶ Madrid, auxquels il avait écrit. Elles étaient si pleines ◀d’▶honnêtetés pour lui, et ◀d’▶assu- j rance ◀de▶ service pour ◀le▶ marquis qu’il protégeait, que ◀la▶ marquise, à qui il ◀les▶ communiqua, n’eut plus ◀d’▶inquiétude ◀de▶ ce qui pouvait arriver à son époux, et ne craignit plus que ◀les▶ mauvais traitements que ◀le▶ vice-roi ◀de▶ Naples pouvait lui faire ; mais elle en fut délivrée par des lettres qu’elle reçut ◀de▶ lui, et d’autres que ◀la▶ duchesse reçut ◀de▶ son frère, qui leur apprit que ◀le▶ marquis était libre sur sa parole, et s’embarquerait à la première occasion commode pour se rendre à Madrid, où ◀les▶ ordres du Conseil ◀l’▶appelaient, et où il achèverait ◀de▶ se justifier ◀de▶ ce dont on ◀l’▶accusait.
◀La▶ marquise ayant par là ◀l’▶esprit en repos, ◀les▶ ducs et ◀les▶ deux épouses n’ayant eu aucun sujet ◀de▶ chagrin que par rapport à leurs amis, ◀le▶ comte Valerio et son épouse étant contents, Sainville et sa veuve étant dans ◀la▶ meilleure intelligence du monde, aussi bien que ◀le▶ comte du Chirou avec ◀la▶ belle Provençale, Valerio et Sainville reprenant peu à peu leurs forces, Don Quichotte se portant bien, et Sancho en parfaite santé, à quelques brûlures près ; en un mot tout le monde ayant ◀l’▶esprit porté à ◀la▶ joie et au plaisir on se disposa en attendant ◀le▶ départ, qui n’était retardé que par Valerio, Sainville et du Chirou, à prendre ◀de▶ nos aventuriers tout ◀le▶ divertissement qu’on pouvait en prendre sans s’en railler ouvertement, surtout ◀de▶ notre héros, dont ◀le▶ comte du Chirou admirait ◀la▶ valeur, et à qui il devait ◀la▶ vie, aussi bien que ◀la▶ duchesse et Eugénie, qui outre cela lui devait encore celle ◀de▶ son époux, et peut-être son honneur. ◀Les▶ Espagnols et ◀les▶ Français avaient tenu conseil, où chacun avait inventé quelque tour. On avait résolu ◀de▶ faire arriver chez ◀le▶ duc ◀les▶ aventures ◀les▶ plus surprenantes, et ◀d’▶y faire désenchanter Dulcinée, et cependant on s’était diverti ◀de▶ Sancho, comme je vais dire dans ◀le chapitre suivant.