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2. (1915) Guerre « Guerre »

Guerre    Rameau central de combat          Contact par l’écoute On fore dans la direction « des bruits entendus »         Les jeunes de la classe 1915 Et ces fils de fer électrisés Ne pleurez donc pas sur les horreurs de la guerre Avant elle nous n’avions que la surface De la terre et des mers après elle nous les abîmes Le sous-sol et l’espace aviatique   Maîtres du timon Après, après Nous prendrons toutes les joies Des vainqueurs qui se délassent Femmes Jeux Usines Commerce Industrie Agriculture Métal Feu Cristal Vitesse Voix Regard Tact à part Et ensemble dans le tact venu de loin et plus encore au delà de cette terre

3. (1915) Guerre « Guerre »

Guerre      Rameau central de combat                   Contact par l’écoute On fore dans la direction « des bruits entendus »           Les jeunes de la classe 1915 Et ces fils de fer électrisés Ne pleurez donc pas sur les horreurs de la guerre Avant elle nous n’avions que la surface De la terre et des mers après elle nous aurons les abîmes Le sous-sol et l’espace aviatique    Maîtres du timon Après, après Nous prendrons toutes les joies Des vainqueurs qui se délassent Femmes Jeux Usines Commerce Industrie Agriculture Métal Feu Cristal Vitesse Voix Regard Tact à part Et ensemble dans le tact venu de loin et plus encore au delà de cette terre

4. (1916) Guerre « Guerre »

Ne pleurez donc pas sur les horreurs de la guerre !

5. (1917) Dans l'abri caverne « Dans l’abri caverne »

Dans ce grand vide de mon âme il manque un soleil il manque ce qui éclaire C’est aujourd’hui c’est ce soir et non toujours Heureusement que ce n’est que ce soir Les autres jours je me rattache à toi Les autres jours je me console de la solitude et de toutes les horreurs En imaginant ta beauté Pour l’élever au-dessus de l’univers extasié Puis je pense que je l’imagine en vain Je ne la connais par aucun sens Ni même par les mots Et mon goût de la beauté est-il donc aussi vain Existes-tu mon amour Où n’es-tu qu’une entité que j’ai créée sans le vouloir Pour peupler la solitude Es-tu une de ces déesses comme celles que les Grecs avaient douées pour moins s’ennuyer Je t’adore ô ma déesse exquise même si tu n’es que dans mon imagination Décembre 1915

6. (1915) Le Servant des Dakar [Le Servant de Dakar] « Le Servant des Dakar [Le Servant de Dakar] »

Le Servant des Dakar [Le Servant de Dakar]       C’est dans la cagnat en rondins voilés d’osier Auprès des canons gris voilés tournés vers le nord Que je songe au village africain   Où l’on dansait où l’on chantait       Où l’on faisait l’amour           Et de longs discours              Nobles et joyeux Je revois mon père qui se battit  Contre les Achantis au service des Anglais    Caresser les seins durs comme des obus        De ma sœur au rire en folie             Et je revois    Ma mère la sorcière qui seule du village         Méprisait le sel    Piler le millet dans un mortier    En regardant mon frère bercer         Sa superbe virilité    Qui semblait un petit enfant Je me souviens du si délicat si inquiétant    Fétiche dans l’arbre Et du double fétiche de la fécondité    Plus tard une tête coupée    Au bord d’un marécage    O pâleur de mon ennemi    C’était une tête d’argent      Et dans le marais    C’était la lune qui luisait    C’était donc une tête d’argent    Là-haut c’était la lune qui dansait      C’était donc une tête d’argent    Et moi dans l’ombre j’étais invisible      C’était donc une tête de nègre dans la nuit profonde    Similitudes pâleurs Et ma sœur plus tard    Suivit un tirailleur         Mort à Arras    Si je voulais savoir mon âge Il faudrait le demander à l’évêque    Si doux si doux avec ma mère    De beurre de beurre avec ma sœur      C’était dans une petite cabane          Moins sauvage que notre Cagnat de Canonniers servants          J’ai connu l’affût au bord des marécages          Où la girafe boit les jambes écartées             J’ai connu l’horreur de l’ennemi qui dévaste             Le Village                     Viole les femmes                              Emmène les filles Et les garçons dont la croupe dure sursaute        J’ai porté l’administrateur des semaines      De village en village                      En chantonnant Et je fus domestique à Paris    Je ne sais pas mon âge       Mais au recrutement       On m’a donné vingt ans    Je suis soldat français on m’a blanchi du coup Secteur 59 je ne peux pas dire où   Pourquoi donc être blanc est-ce mieux qu’être noir     Pourquoi ne pas danser et discourir         Manger et puis dormir Et nous tirons sur les ravitaillements boches Ou sur les fils de fer devant les bobosses     Sous la tempête de feux métalliques           Je me souviens d’un lac affreux               Une nuit folle           Une nuit de sorcellerie Et de couples enchaînés par un atroce amour

7. (1915) Le Servant des Dakar [Le Servant de Dakar] « Le Servant des Dakar [Le Servant de Dakar] »

Le Servant des Dakar [Le Servant de Dakar]       C’est dans la cagnat en rondins voilés d’osier Auprès des canons gris voilés tournés vers le nord Que je songe au village africain   Où l’on dansait où l’on chantait       Où l’on faisait l’amour           Et de longs discours              Nobles et joyeux Je revois mon père qui se battit  Contre les Achantis au service des Anglais    Caresser les seins durs comme des obus        De ma sœur au rire en folie             Et je revois    Ma mère la sorcière qui seule du village         Méprisait le sel    Piler le millet dans un mortier    En regardant mon frère bercer         Sa superbe virilité    Qui semblait un petit enfant Je me souviens du si délicat si inquiétant    Fétiche dans l’arbre Et du double fétiche de la fécondité    Plus tard une tête coupée    Au bord d’un marécage    O pâleur de mon ennemi    C’était une tête d’argent      Et dans le marais    C’était la lune qui luisait    C’était donc une tête d’argent    Là-haut c’était la lune qui dansait      C’était donc une tête d’argent    Et moi dans l’ombre j’étais invisible      C’était donc une tête de nègre dans la nuit profonde    Similitudes pâleurs Et ma sœur plus tard    Suivit un tirailleur         Mort à Arras    Si je voulais savoir mon âge Il faudrait le demander à l’évêque    Si doux si doux avec ma mère    De beurre de beurre avec ma sœur      C’était dans une petite cabane          Moins sauvage que notre Cagnat de Canonniers servants          J’ai connu l’affût au bord des marécages          Où la girafe boit les jambes écartées             J’ai connu l’horreur de l’ennemi qui dévaste             Le Village                     Viole les femmes                              Emmène les filles Et les garçons dont la croupe dure sursaute        J’ai porté l’administrateur des semaines      De village en village                      En chantonnant Et je fus domestique à Paris    Je ne sais pas mon âge       Mais au recrutement       On m’a donné vingt ans    Je suis soldat français on m’a blanchi du coup Secteur 59 je ne peux pas dire où   Pourquoi donc être blanc est-ce mieux qu’être noir     Pourquoi ne pas danser et discourir         Manger et puis dormir Et nous tirons sur les ravitaillements boches Ou sur les fils de fer devant les bobosses     Sous la tempête de feux métalliques           Je me souviens d’un lac affreux               Une nuit folle           Une nuit de sorcellerie Et de couples enchaînés par un atroce amour

8. (1912) Merlin et la vieille femme « Merlin et la vieille femme »

qu’il fait doux danser quand pour vous se déclare « Un mirage, incertain et que les vents d’horreur « Feignent d’être le rire de la lune hilare « Et d’effrayer les fantômes avant-coureurs.

9. (1902) L'Ermite « L’Ermite »

Entendez-vous, Seigneur, quand d’horreur je l’écrase, Craquer comme une noix le crâne féminin ?

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