Tourbillon de mouches Un cavalier va dans la plaine La jeune fille pense à lui Et cette flotte à Mytilène Le fil de fer est là qui luit Comme ils cueillaient la rose ardente Leurs yeux tout à coup ont fleuri Et quel soleil la bouche errante A qui la bouche avait souri
[Calligramme (oiseau)] [oiseau] Retenez son nom elle porte en elle des millions d’oiseaux qui donnent une couleur inconnue au ciel de la région où vivent ses personnages familiers, une mouche sur un morceau de sucre, un bouledogue blanc, un oiseau dans une cage une écuyère dans un cirque ouvert à tous les vents, une amazone, un concombre des grappes de raisin, un profil d’homme à la tête bandée une femme nue qui rêve des chevaux à l’écurie et des cavaliers à la guerre
j’aperçois trois chiures Mais presque toutes les mouches sont mortes de froid Car c’est l’hiver oui mon vieux ça va bien ça va même très bien Ces pâtres sachant qu’un enfant venait de naître Près de là Sur le coup de minuit d’un jour alcyonien Se mirent tous en route au son de leurs musettes
Le Vigneron champenois Le régiment arrive Le village est presque endormi dans la lumière parfumée Un prêtre a le casque en tête La bouteille champenoise est-elle ou non une artillerie Les ceps de vigne comme l’hermine sur un écu Bonjour soldats Je les ai vus passer et repasser en courant Bonjour soldats bouteilles champenoises où le sang fermente Vous resterez quelques jours et puis remonterez en ligne Echelonnés ainsi que sont les ceps de vigne J’envoie mes bouteilles partout comme les obus d’une charmante artillerie La nuit est blonde ô vin blond Un vigneron chantait courbé dans sa vigne Un vigneron sans bouche au fond de l’horizon Un vigneron qui était lui-même la bouteille vivante Un vigneron qui sait ce qu’est la guerre Un vigneron champenois qui est un artilleur C’est maintenant le soir et l’on joue à la mouche Puis les soldats s’en iront là-haut Où l’Artillerie débouche ses bouteilles crèmantes Allons Adieu messieurs tâchez de revenir Mais nul ne sait ce qui peut advenir GUILLAUME APOLLINAIRE
Luitpold, le vieux prince régent, Tuteur de deux royautés folles, Sanglote-t-il en y songeant Quand vacillent les lucioles, Mouches dorées de la Saint-Jean ?
Rois de phosphore sous les arbres les bottines entre des plumes bleues La danse des dix mouches lui fait face quand il songe à toi Le cadre bleu tandis que l’air agile s’ouvrait aussi Au milieu des regrets dans une vaste grotte.
Le Musicien de Saint-Merry J’ai enfin le droit de saluer des êtres que je ne connais pas Ils passent devant moi et s’accumulent au loin Tandis que tout ce que j’en vois m’est inconnu Et leur espoir n’est pas moins fort que le mien Je ne chante pas ce monde ni les autres astres Je chante toutes les possibilités de moi-même hors de ce monde et des astres Je chante la joie d’errer et le plaisir d’en mourir Le 21 du mois de mai 1913 Passeur des morts et les mordonnantes mériennes Des millions de mouches éventaient une splendeur Quand un homme sans yeux sans nez et sans oreilles Quittant le Sébasto entra dans la rue Aubry-le-Boucher Jeune l’homme était brun et ce couleur de fraise sur les joues Homme Ah!