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2. (1914) La Farce du Miroir « La Farce du Miroir »

La Farce du Miroir J’étais indigne un jour dans la chambre au lit blanc Où Linda dans la glace admirait sa figure Et j’emportai grâce au miroir en m’en allant La première raison de devenir parjure Linda fut nonpareille avant mais aujourd’hui Je sais bien qu’elle est double au moins grâce à la glace Mon cœur par la raison où son amour l’induit Est parjure à présent pour la seconde face Or depuis ce jour-là j’ai souvent comparé Dans la chambre où la glace accepte un pur mirage La grâce de Linda le visage miré Mais mon cœur pour élire a manqué de courage Si parjure toujours pour choisir j’ai douté Ce n’est pas qu’au miroir la dame soit plus belle Mais parce qu’elle est rare et j’aime ô rareté Cette fille qui meurt quand veut sa sœur formelle J’adore de Linda ce mobile reflet Qui la simule toute et presque fabuleuse Mais vivante vraiment moderne comme elle est La dame du miroir est si miraculeuse Je meurs pour ce fantôme au magique visage Et la glace où se fige un réel mouvement Achève froidement son détestable ouvrage La farce du miroir trompa plus d’un amant Qui crut aimer sa belle et n’aima qu’un mirage.

3. (1905) Dans le palais de Rosemonde « Dans le Palais de Rosemonde »

Elles ont envie des cyprès, grandes quenouilles, Et, le soleil, miroir des roses, s’est brisé..

4. (1903) Avenir « Avenir »

Il y aura du sang et sur les rouges mares Penchés, nous mirerons nos faces calmement Et nous regarderons aux tragiques miroirs La chute des maisons et la mort des amants.

5. (1911) Dans le palais de Rosemonde « Dans le palais de Rosemonde »

Dans le palais de Rosemonde Vers le palais de Rosemonde au fond du Rêve Mes rêveuses pensées pieds nus vont en soirée Le palais don du roi comme un roi nu s’élève Des chairs fouettées des roses de la roseraie On voit venir au fond du jardin mes pensées Qui sourient du concert joué par les grenouilles Elles ont envie des cyprès grandes quenouilles Et le soleil miroir des roses s’est brisé Le stigmate sanglant des mains contre les vitres Quel archer mal blessé du couchant le troua La résine qui rend amer le vin de Chypre Ma bouche aux agapes d’agneau blanc l’éprouva Sur les genoux pointus du monarque adultère Sur le mai de son âge et sur son trente et un Madame Rosemonde roule avec mystère Ses petits yeux tout ronds pareils aux yeux des Huns Dame de mes pensées au cul de perle fine Dont ni perle ni cul n’égale l’Orient Qui donc attendez-vous Mes plus belles voisines De rêveuses pensées en marche à l’Orient Toc toc Entrez dans l’antichambre Le jour baisse La veilleuse dans l’ombre est un bijou d’or cuit Pendez vos têtes aux patères par les tresses Le ciel presque nocturne a des lueurs d’aiguilles On entra dans la salle à manger les narines Reniflaient une odeur de graisse et de graillon On eut vingt potages dont trois couleur d’urine Et le roi prit deux œufs pochés dans du bouillon Puis les marmitons apportèrent les viandes Des rôtis de pensées mortes dans mon cerveau Mes beaux rêves mort-nés en tranches bien saignantes Et mes souvenirs faisandés en godiveaux Or ces pensées mortes depuis des millénaires Avaient le fade goût des grands mammouths gelés Les os ou songe-creux venaient des ossuaires En danse macabre aux plis de mon cervelet Et tous ces mets criaient des choses non pareilles                               Mais nom de Dieu                         Ventre affamé n’a pas d’oreilles Et les convives mastiquaient à qui mieux mieux Ah nom de Dieu qu’ont donc crié ces entrecôtes Ces grands pâtés os à la moelle et mirotons Langues de feu où sont-elles mes pentecôtes Pour mes pensées de tous pays de tous les temps

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