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2. (1917) Un poème « Un poème »

Un poème Il est entré Il s’est assis Il ne regarde pas le pyrogène à cheveux rouges L’allumette flambe Il est parti Guillaume APOLLINAIRE.

3. (1916) Poème (incipit : « Deux lacs nègres ») - section I

Poème (incipit : « Deux lacs nègres ») I                 Deux lacs nègres                     Entre une forêt                        Et une chemise qui sèche

4. (1916) Poème (incipit : « Deux lignes nègres ») - section I

Poème (incipit : « Deux lignes nègres ») I Deux lignes nègres Entre deux forêts Et une chemise qui sèche

5. (1916) Poème (incipit : « Deux lacs nègres ») - section V

Poème (incipit : « Deux lacs nègres ») V Toi qui te tournes vers le roi Est-ce que Dieu voudrait mourir encore GUILLAUME APOLLINAIRE

6. (1916) Poème (incipit : « Deux lacs nègres ») - section II

Poème (incipit : « Deux lacs nègres ») II Bouche ouverte sur une harmonium C’était une voix faite d’yeux Tandis qu’il traîne de petites gens

7. (1916) Poème (incipit : « Deux lignes nègres ») - section II

Poème (incipit : « Deux lignes nègres ») II Bouche ouverte sur un harmonium C’était une voix faite d’yeux Tandis qu’il est de petites gens

8. (1916) Poème (incipit : « Deux lacs nègres ») - section III

Poème (incipit : « Deux lacs nègres ») III Une petite vieille au nez pointu J’admire la bouillotte d’émail bleu Mais le rat pénètre dans le cadavre et y demeure

9. (1916) Poème (incipit : « Deux lignes nègres ») - section III

Poème (incipit : « Deux lignes nègres ») III Une petite vieille au nez pointu J’admire une bouillotte d’émail bleu Mais le rat rentre dans le cadavre et y demeure

10. (1913) Poème sans titre (incipit : « Au nord au sud ») « Poème sans titre (incipit : « Au nord au sud ») »

Poème sans titre (incipit : « Au nord au sud ») Au nord au sud Zénith nadir Et les grands cris de l’est L’Océan à l’ouest se goufle La tour à la roue S’adresse Guillaume Apollinaire

11. (1913) Poème sans titre (incipit : « Ermenonville, arbres tremblants ») « Poème sans titre (incipit : « Ermenonville, arbres tremblants ») »

Poème sans titre (incipit : « Ermenonville, arbres tremblants ») Ermenonville, arbres tremblants, Temple de la philosophie Que Rousseau gagnait à pas lents, Bien fol, bien fol est qui s’y fie.

12. (1913) Poème sans titre (incipit : « O Bateaux Souvenirs et vous Nuages Flottes ») « Poème sans titre (incipit : « O Bateaux Souvenirs et vous Nuages Flottes ») »

Poème sans titre (incipit : « O Bateaux Souvenirs et vous Nuages Flottes ») O Bateaux Souvenirs et vous Nuages Flottes Qui fuyez la Sirène et les feux d’un cargo Je suis à Villequier au milieu des pilotes C’est ici que mourut la fille de Hugo Guillaume Apollinaire.

13. (1916) Refus de la colombe « Refus de la colombe »

Refus de la colombe Mensonge de l’annonciade La Noël fut la Passion Et qu’elle était charmante et sade Cette renonciation Si la colombe poignardée Saigne encore de son refus J’en plume les ailes l’idée Et le poème que tu fus

14. (1916) Poème (incipit : « Deux lacs nègres ») - section IV

Poème (incipit : « Deux lacs nègres ») IV Un monsieur en bras de chemise Se rase près de la fenêtre En chantant un petit air qu’il ne sait pas très bien Ça fait tout un opéra.

15. (1916) Poème (incipit : « Deux lignes nègres ») - section IV

Poème (incipit : « Deux lignes nègres ») IV Un monsieur en bras de chemise Se rase près de la fenêtre En chantant un petit air qu’il ne sait pas très bien Et ça fait tout un opéra.

16. (1917) Poème sans titre (incipit : « Il y aura l’âge des choses ») « [Page 2]. Poème sans titre (incipit : « Il y aura l’âge des choses ») »

[Page 2] Poème sans titre (incipit : « Il y aura l’âge des choses ») Il y aura l’âge des choses légères, On dépensera des millions pour des choses qui serviront durant une minute et qui s’ évanouiront, et des chefs-d’œuvre seront aussi aériens que les aviateurs.

17. (1913) Poème sans titre (incipit : « Le vent souffle dans l’île. Il a plu, l’herbe humide ») « Poème sans titre (incipit : « Le vent souffle dans l’île. Il a plu, l’herbe humide ») »

Poème sans titre (incipit : « Le vent souffle dans l’île.

18. (1915) Poème sans titre (« Cher Y… je suis brigadier ») « Poème sans titre (« Cher Y… je suis brigadier ») »

Poème sans titre (« Cher Y… je suis brigadier ») Cher Y… je suis brigadier Faut pas croire qu’ici l’on vole Ses galons.

19. (1918) Poème sans titre (incipit : « Vous me parlez d’un ministère ») « Poème sans titre (incipit : « Vous me parlez d’un ministère ») »

Poème sans titre (incipit : « Vous me parlez d’un ministère ») Vous me parlez d’un ministère Et des Lettres et des Beaux-Arts Je vous réponds que c’est la guerre La guerre avec tous ses hasards Que pensez-vous donc cher confrère De celui-ci qu’il faudrait faire Et qui serait le ministère Des Embusqués et des Froussards Signé : Guillaume Apollinaire

20. (1917) Poèmepréfaceprophétie - 2

Poèmepréfaceprophétie 2           Il m’a demandé une préface           C’est-à-dire une prophétie Cependant je n’ai pas le front de prophétiser                 Voici donc un poème Puisque j’aime et que nous aimons les poètes Mais si vous saviez comme j’aime les prophètes Et cependant comme j’aime avant tout la réalité                 L’avenir m’importe peu        Mais lui Pierre Albert-Birot il est                            Avec vous                            Avec moi      Le présent

21. (1914) Poème sans titre (incipit : « Gentil Rousseau, tu nous entends ») « Poème sans titre (incipit : « Gentil Rousseau, tu nous entends ») »

Poème sans titre (incipit : « Gentil Rousseau, tu nous entends »)                                                     Gentil Rousseau, tu nous entends.

22. (1908) Poème (incipit : « Le chemin qui mène aux étoiles ») « Poème (incipit : « Le chemin qui mène aux étoiles ») »

Poème (incipit : « Le chemin qui mène aux étoiles ») Le chemin qui mène aux étoiles Est pur, sans ombre et sans clarté.

23. (1915) Poème sans titre (« J’ai tant aimé les arts que je suis artilleur ») « Poème sans titre (« J’ai tant aimé les arts que je suis artilleur ») »

Poème sans titre (« J’ai tant aimé les arts que je suis artilleur ») J’ai tant aimé les arts que je suis artilleur.

24. (1917) Ombre « Ombre »

Ombre Vous voilà de nouveau près de moi Souvenirs de mes compagnons morts à la guerre L’olive du temps Souvenirs qui n’en faites plus qu’un Comme cent fourrures ne font qu’un manteau Comme ces milliers de blessures ne font qu’un article de journal Apparence impalpable et sombre qui avez pris La forme changeante de mon ombre Un indien à l’affût pendant l’éternité Ombre vous rampez près de moi Mais vous ne m’entendez plus Vous ne connaîtrez plus les poèmes divins que je chante Tandis que moi je vous entends je vous vois encore Destinées Ombre multiple que le soleil vous garde Vous qui m’aimez assez pour ne jamais me quitter Et qui dansez au soleil sans faire de poussière Ombre encre du soleil Ecriture de ma lumière Caisson de regrets Un dieu qui s’humilie GUILLAUME APOLLINAIRE

25. (1907) [Poème sans titre (incipit : « Trente ans debout à la frontière »)] « Poème sans titre (incipit : « Trente ans debout à la frontière ») »

Poème sans titre (incipit : « Trente ans debout à la frontière ») Trente ans debout à la frontière, J’arrêtai le contrebandier.

26. (1912) Per te præsentit aruspex « Per te præsentit aruspex »

Per te præsentit aruspex O mon très cher amour, toi, mon œuvre et que j’aime, A jamais j’allumai le feu de ton regard, Je t’aime comme j’aime une belle œuvre d’art, Une noble statue, un magique poème.

27. (1912) Immortalité « Immortalité »

Immortalité O mon très cher amour, toi, mon œuvre, et que j’aime, A jamais j’allumai le feu de ton regard, Je t’aime comme j’aime une belle œuvre d’art, Une noble statue, un magique poème.

28. (1917) à Luigi Amaro « A Luigi Amaro »

A Luigi Amaro Poème liminaire de son « Ode à Gallieni »                                                                                                                    C’est Deux drapeaux tricolores                                                                             le                                                                                                                    lundi Amaro vous savez que je vous aime bien                                                     de                                                                                                                  Pâques Comment réussissent-ils à avoir du crin gris perle Je me souviens de l’émotion sublime qui nous gagna tous A la lecture de la proclamation du général Galliéni                     Aux Parisiens Vous chantez Galliéni                     Avec cette simplicité              Qu’il faut mettre en toutes choses L’Italie est venue avec nous                            Agitant auprès du ciel de notre drapeau    AMARO      LE VERT QUI EST LA VÉGÉTATION                                               L ’ ESP É RANCE ECOUTEZ      QUI EST LA HAINE AUSSI                         ET L’ENNEMI LUI-MÊME                                    Amaro écoutez           Le fracas éternel de nos artilleries                     Erige un tombeau de rumeurs Tresse les couronnes faites en fleurs d’éclatements                                    Amaro écoutez            La Russie chante la Marseillaise                     L’Amérique au nom de toutes démocraties                     Proclame que tous les Français sont illustres                                    Et vous Amaro honorez Tous les soldats français en chantant ce grand pacificateur                      France ô Pacifique                      ô douce ô belle France Amaro vous savez que je vous aime bien Et nous aimons tous deux la France et l’Italie GUILLAUME APOLLINAIRE

29. (1913) Les Fenêtres « Les Fenêtres »

Les Fenêtres Du rouge au vert tout le jaune se meurt Quand chantent les aras dans les forêts natales Abatis de pihis Il y a un poème à faire sur l’oiseau qui n’a qu’une aile Nous l’enverrons en message téléphonique Traumatisme géant Il fait couler les yeux Voilà une jolie jeune feuille parmi les jeunes Turinaises Le pauvre jeune homme se mouchait dans sa cravate blanche Tu soulèveras le rideau Et maintenant voilà que s’ouvre la fenêtre Araignées quand les mains tissaient la lumière Beauté, pâleur, insondables violets Nous tenterons en vain de prendre du repos On commencera à minuit Quand on a le temps on a la liberté Bigorneaux bottes multiples soleils et l’oursin du couchant, Une vieille paire de chaussures jaunes devant la fenêtre Tours Les Tours ce sont les rues Puits Puits ce sont les places Puits Arbres creux qui abritent les Câpresses vagabondes Les Chabins chantent des airs à mourir Aux Chabines marronnes Et l’oie Oua-oua trompette au Nord Où les chasseurs de ratons Raclent les pelleteries Étincelant diamant Vancouver Où le train blanc de neige et de feux nocturnes fuit l’hiver O Paris Du rouge au vert tout le jaune se meurt Paris, Vancouver, Hyère, Maintenon, New-York et les Antilles La fenêtre s’ouvre comme une orange Le beau fruit de la lumière

30. (1913) Les Fenêtres « Les Fenêtres »

Les Fenêtres A Robert Delaunay Du rouge au vert tout le jaune se meurt Quand chantent les aras dans les forêts natales Abatis de pi-his Il y a un poème à faire sur l’oiseau qui n’a qu’une aile Nous l’enverrons en message téléphonique Traumatisme géant Il fait couler les yeux Voilà une jolie jeune fille parmi les jeunes Turinaises Le pauvre jeune homme se mouchait dans sa cravate blanche Tu soulèveras le rideau Et maintenant voilà que s’ouvre la fenêtre Araignées quand les mains tissaient la lumière Beauté Pâleur d’insondables violets Nous tenterons en vain de prendre du repos On commencera à minuit Quand on a le temps on a la liberté Bigorneaux Lottes Multiples Soleils et l’Oursin du Couchant Une vieille paire de chaussures jaunes devant la fenêtre Tours Les tours ce sont les rues Puits Puits Ce sont les places Puits Arbres creux qui enlacent les Capresses vagabondes Les Chabins chantent des airs à mourir Aux Chabines marronnes Et l’oie Oua-Oua trompette au nord Où les chasseurs de ratons Raclent les pelleteries Étincelant diamant Vancouver Où le train blanc de neige et de feux nocturnes fuit l’hiver O Paris Du rouge au vert tout le jaune se meurt Paris Vancouver Lyon Maintenon New-York et les Antilles La fenêtre s’ouvre comme une orange Le beau fruit de la lumière Guillaume APOLLINAIRE

31. (1914) Poème sans titre (incipit : « Tu te souviens, Rousseau, du paysage astèque ») « Poème sans titre (incipit : « Tu te souviens, Rousseau, du paysage astèque ») »

Poème sans titre (incipit : « Tu te souviens, Rousseau, du paysage astèque ») Tu te souviens, Rousseau, du paysage astèque, Des forêts où poussaient la mangue et l’ananas, Des singes répandant tout le sang des pastèques Et du blond empereur qu’on fusilla là-bas.

32. (1917) [Page 1] « [Page 1] »

J’ai senti, pour ma part, un tel accord entre les détails proches et lointains, les précisions anciennes ou futures que l’avenir trouvera dans mes poèmes et la lyrique transfiguration urbaine que l’on trouve dans les tableaux de Survage que j’ai regardé ces ouvrages avec une tendresse fraternelle.

33. (1917) Arbre « Arbre »

Arbre Poème inédit par GUILLAUME APPOLLINAIRE PARIS Tu chantes avec les autres tandis que les phonographes galopent Où sont les aveugles où s’en sont-ils allés La seule feuille que j’aie cueillie s’est changée en plusieurs mirages Ne m’abandonnez pas parmi cette foule de femmes au marché Ispahan s’est fait au ciel de carreaux émaillés de bleu Et je remont avec vous une route aux environs de Lyon Je n’ai pas oublié le son d’une clochette d’un marchant de coco Autrefois J’entends déjà le son aigre de cette voix à venir Du camarade qui se promène avec toi en Europe tout en restant En Amérique Un enfant Un veau dépouillé pendu à l’étal Un enfant Et cette banlieue de sable autour d’une petite ville Au fond de l’Est Un douanier se tenait là comme un ange a la porte d’un misérable paradis Et le voyageur épileptique écumait dans la salle d’attente des premiéres Engoulevent Grondin Blaireau Et la taupe Ariane Nous avons loué deux coupés dans le Transsibérien Tour à tour nous dormions le voyageur en bijouterie et moi Mais celui qui veillait ne cachait point un réwolver armé Tu t’es promené à Leipzig avec une femme mince déguisée en homme Intélligence car voilà ce qui est qu’une femme intelligente Et il ne faudrait pas oublier les légendes Dame il bonde dans une tramway la nuit au fond d’un quartier désert Je voyais une chasse tandis que je montais Et l’ascenseur s’arretait à chaque étage Entre les pierres Entre les vétements multicolors de la vitrine Entre les charbons ardents du marchant de marrons Entre deux vaisseaux norvégiens amarrés à Rouen Il y a ton image Elle pousse entre les tombaux de la Finlande Le beau nègre en acier La plus grande tristesse C’est quand tu reçue une carte postale de la Corogne Le vent vient du couchant Le métal des caronhers Tout est plus triste qu’autrefois Tous les dieux terrestres vieillissent L’Univers se plaint part ta voix Et des êtres nouveaux surgissent Trois par trois GUILLAUME APPOLLINAIRE.

34. (1911) Poème lu au mariage d’André Salmon « Poème lu au mariage d’André Salmon »

Poème lu au mariage d’André Salmon le 13 juillet 1909 En voyant des drapeaux, ce matin, je ne me suis pas dit : Voilà les riches vêtements des pauvres ; Ni : la pudeur démocratique veut me voiler sa douleur ; Ni : la liberté en honneur fait qu’on imite maintenant Les feuilles, ô liberté végétale, ô seule liberté terrestre !

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