Tu foules les dieux sous tes pas Au vert bâton que tu coupas Un dieu meurt — tu ne le sais pas ! […] marche l’homme sans déesses Ni tutélaires ni traîtresses, Marche et tue les dieux quand ils naissent. Tue les dieux nés de nos clairs yeux Et dans nos âmes ; le sang pieux De tes pieds console les dieux. […] Tout rouges de ton sang et froids, Les dieux narquois partout se meurent Et s’émeuvent les enchanteurs, Les fleurs se fanent, les fées pleurent.
L’Ignorance Icare Soleil je suis jeune et c’est à cause de toi Mon ombre pour être fauste je l’ai jetée Pardon je ne fais pas plus d’ombre qu’une étoile Je suis le seul qui pense dans l’immensité Mon père m’apprit les détours du labyrinthe Et la science de la terre et puis mourut Et depuis j’ai scruté longtemps la vieille crainte Du ciel mobile et me suis nourri d’herbes crues Les oracles c’est vrai désapprouvaient ce zèle Mais nul dieu pour tout dire n’est intervenu Et pieux j’ai peiné pour achever les ailes Qu’un peu de cire fixe à mes épaules nues Et j’ai pris mon essor vers ta face splendide Les horizons terrestres se sont étalés Des déserts de Lybie aux palus méotides Et des sources du Nil aux brumes de Thulé Soleil je viens caresser ta face splendide Et veux fixer ta flamme unique aveuglément Icare étant céleste est plus divin qu’Alcide Et son bûcher sera ton éblouissement Pâtres Je vois un dieu oblong flotter sous le soleil Puisse le premier dieu visible s’en aller Et si c’était un dieu mourant cette merveille Prions qu’il tombe ailleurs que dans notre vallée Icare Pour éviter la Nuit ta mère incestueuse Dieu circulaire et bon je flotte entre les nues Loin de la terre où luit ta fille ténébreuse La Nuit cette inconnue parmi les inconnus Et je vivrai par ta chaleur et d’espérance Mais ton amour soleil brûle divinement Mon corps qu’être divin voulut mon ignorance Et ciel Humains je tourne en l’éblouissement Bateliers Un dieu choît dans la mer un dieu nu les mains vides Au semblant des noyés il ira sur une île Pourrir face tournée vers le soleil splendide Deux ailes feuillolent sous le ciel d’Ionie.
à Jean Thillois Vous fûtes le mari sublime ingénieux Qui faisant des enfants nous suscite des dieux Mieux armés plus unis plus savants plus dociles Plus forts et plus hardis que nous n’avons été La Victoire sourit à leurs destins habiles Et célébrant dans l’ordre et la prospérité Votre civique sens votre fécondité Ils seront tous un jour l’orgueil de la Cité.
[« Beaucoup de ces dieux ont péri »] Beaucoup de ces dieux ont péri ; C’est sur eux que pleurent les saules. […] Malheur, dieu pâle aux yeux d’ivoire, Tes prêtres fous t’ont-ils paré ? […] Malheur, dieu qu’il ne faut pas croire ! Et toi, qui me suis en rampant, Dieu de mes dieux morts en automne, Tu mesures combien d’empans J’ai droit que la terre me donne, O mon ombre, ô mon vieux serpent !
Mars et Vénus sont revenus ; Ils s’embrassent à bouches folles Devant des sites ingénus Où sous les roses qui feuillolent De beaux dieux roses dansent nus.
1904 A Strasbourg en 1904 J’arrivai pour le lundi gras A l’hôtel m’assis devant l’âtre Près d’un chanteur de l’Opéra Qui ne parlait que de théâtre La Kellnerine rousse avait Mis sur sa tête un chapeau rose Comme Hébé que les dieux servait N’en eut jamais ô belles choses Carnaval chapeau rose Ave !
Le Pont Deux dames le long le long du fleuve Elles se parlent par-dessus l’eau Et sur le pont de leurs paroles La foule passe et repasse en dansant un dieu tu reviendras Hi !
Ombre Vous voilà de nouveau près de moi Souvenirs de mes compagnons morts à la guerre L’olive du temps Souvenirs qui n’en faites plus qu’un Comme cent fourrures ne font qu’un manteau Comme ces milliers de blessures ne font qu’un article de journal Apparence impalpable et sombre qui avez pris La forme changeante de mon ombre Un indien à l’affût pendant l’éternité Ombre vous rampez près de moi Mais vous ne m’entendez plus Vous ne connaîtrez plus les poèmes divins que je chante Tandis que moi je vous entends je vous vois encore Destinées Ombre multiple que le soleil vous garde Vous qui m’aimez assez pour ne jamais me quitter Et qui dansez au soleil sans faire de poussière Ombre encre du soleil Ecriture de ma lumière Caisson de regrets Un dieu qui s’humilie GUILLAUME APOLLINAIRE
Chant d’amour Voici de quoi est fait le chant symphonique de l’amour Il y a le chant de l’amour de jadis Le bruit des baisers éperdus des amants illustres Les cris d’amour des mortelles violées par les dieux Les virilités des héros fabuleux érigées comme des pièces contre avions le hurlement précieux de Jason Le chant mortel du cygne Et l’hymne victorieux que les premiers rayons du soleil ont fait chanter à Memnon l’immobile Il y a le cri des Sabines au moment de l’enlèvement Il y a aussi les cris d’amour des félins dans les jongles La rumeur sourde des sèves montant dans les plantes tropicales Le tonnerre des artilleries qui accomplissent le terrible amour des peuples Les vagues de la mer où naît la vie et la beauté Il y a là le chant de tout l’amour du monde GUILLAUME APOLLINAIRE
Comme un astre éperdu qui cherche ses saisons Cœur obus éclaté tu sifflais ta romance Et tes mille soleils ont vidé les caissons Que les dieux de mes yeux remplissent en silence Nous vous aimons O Vie et nous vous agaçons Les obus miaulaient un amour à mourir Un amour qui se meurt est plus doux que les autres Mon souffle nage au fleuve où le sang va tarir Les obus miaulaient.
* * * Comme un astre éperdu qui cherche ses saisons Cœur obus éclaté tu sifflais ta romance Et tes mille soleils ont vidé les caissons Que les dieux de mes yeux remplissent en silence Nous vous aimons O Vie et nous vous agaçons * * * Les obus miaulaient un amour à mourir Un amour qui se meurt est plus doux que les autres Mon souffle nage au fleuve où le sang va tarir Les obus miaulaient.
La Nuit d’Avril 1915 A L de S S Le ciel est étoilé par les obus des Boches La forêt merveilleuse où je vis donne un bal La mitrailleuse joue un air à triples croches Mais avez-vous le mot eh oui le mot fatal Aux créneaux aux créneaux laissez-là les pioches * * * Comme un astre éperdu qui cherche ses saisons Cœur obus éclaté tu sifflais ta romance Et tes mille soleils ont vidé les caissons Que les dieux de mes yeux remplissent en silence Nous nous aimons ô Vie et nous nous agaçons * * * Les obus miaulaient un amour à mourir Un amour qui se meurt est plus doux que les autres Mon souffle nage au fleuve où le sang va tarir Les obus miaulaient entends chanter les nôtres Pourpre Amour salué par ceux qui vont périr * * * Le printemps tout mouillé la veilleuse l’attaque Il pleut mon âme il pleut mais il pleut des yeux morts — Ulysse que de jours pour rentrer dans Ithaque — Couche-toi sur la paille et songe un beau remords Qui par effet de l’art soit aphrodisiaque * * * Mais O rgues aux fétus de la paille où tu dors L’hymne de l’avenir est paradisiaque
La seconde, nommée Noubosse, Est un bel arc-en-ciel joyeux ; Les dieux s’en servent à leurs noces ; Elle a tué trente Bé-Rieux Et fut douée par Carabosse.
La Victoire Un coq chante je rêve et les feuillards agitent Leurs feuilles qui ressemblent à de pauvres marins Ailés et tournoyants comme Icare le faux Des aveugles gesticulant comme des fourmis Se miraient sous la pluie aux reflets du trottoir Leurs rires amassés en grappes de raisin Ne sors plus de chez moi diamant qui parlais Dors doucement tu es chez toi tout t’appartient Mon lit ma lampe et mon casque troué Regards précieux saphirs taillés aux environs de Saint-Claude Tes joues étaient une pure émeraude Je me souviens de toi ville des météores Ils fleurissaient en l’air pendant ces nuits où rien ne dort Jardins de la lumière où j’ai cueilli des bouquets Tu dois en avoir assez de faire peur à ce ciel Qu’il garde son hoquet On imagine difficilement A quel point le succès rend les gens stupides et tranquilles A l’Institut des jeunes aveugles on a demandé N’avez-vous point ici de jeune aveugle ailé O Bouches l’homme est à la recherche d’un nouveau langage Auquel le grammairien d’aucune langue n’aura rien à dire Et ces vieilles langues sont tellement près de mourir Que c’est vraiment par habitude et manque d’audace Qu’on les fait encore servir à la poésie Mais entêtons-nous à parler Remuons la langue Lançons des postillons On veut de nouveaux sons de nouveaux sons de nouveaux sons On veut des consonnes sans voyelles Des consonnes qui pètent sourdement Imitez le son de la toupie Laissez petiller un son nasal et continu Faites claquer votre langue Servez-vous du bruit sourd de celui qui mange sans civilité Le raclement aspiré du crachement ferait aussi une belle consonne Les divers pets labiaux rendraient aussi vos discours claironnants Habituez-vous à roter à volonté Et quelle lettre grave comme un son de cloche A travers nos mémoires Nous n’aimons pas assez la joie De voir de belles choses neuves O mon amie hâte-toi, Crains qu’un jour un train ne t’émeuve Plus Regarde-le vite pour toi Ces chemins de fer qui circulent Sortiront bientôt de la vie Ils seront beaux et ridicules Deux lampes brûlent devant moi Comme deux femmes qui rient Je courbe tristement la tête Devant l’ardente moquerie Ce rire se répand Partout Parlez avec les mains faites claquer vos doigts Tapez-vous sur la joue comme sur un tambour O paroles Elles suivent dans la myrtaie L’Eros et l’Antéros en larmes Je suis le ciel de la cité Ecoutez la mer La mer peiner au loin et crier toute seule Ma voix fidèle comme l’ombre Veut être enfin l’ombre de la vie Veut être ô mer vivante infidèle comme toi La mer qui a trahi des matelots sans nombre Engloutit mes grands cris comme des dieux noyés Et la mer au soleil ne supporte que l’ombre Que jettent des oiseaux les ailes éployées La parole est soudaine et c’est un dieu qui tremble Avance et soutiens-moi je regrette les mains De ceux qui les tendaient et m’adoraient ensemble Quelle oasis de bras m’accueillera demain Connais-tu cette joie de voir des choses neuves O Voix, je parle le langage de la mer Et dans le port la nuit les dernières tavernes Moi qui suis plus têtu que non l’hydre de Lerne La rue où nagent mes deux mains Aux doigts subtils fouillant la ville S’en va Mais qui sait si demain La rue devenait immobile Qui sait où serait mon chemin Songe que les chemins de fer Seront démodés et abandonnés dans peu de temps Regarde La victoire avant tout sera De bien voir au loin Et de tout voir De près Et que tout Ait un nom nouveau Guillaume APOLLINAIRE.
Prophéties J’ai connu quelques prophétesses Madame Salmajour avait appris en Océanie à tirer les cartes C’est là-bas qu’elle avait eu encore l’occasion de participer A une scène savoureuse d’anthropophagie Elle n’en parlait pas à tout le monde En ce qui concerne l’avenir elle ne se trompait jamais Une cartomancienne céretane Marguerite je ne sais plus quoi Est également habile Mais Madame Deroy est la mieux inspirée La plus précise Tout ce qu’elle m’a dit du passé était vrai et tout ce qu’elle M’a annoncé s’est vérifié dans le temps qu’elle indiquait J’ai connu un sciomancien mais je n’ai pas voulu qu’il Interrogeât mon ombre Je connais un sourcier c’est le peintre norvégien Diriks Miroir brisé sel renversé ou pain qui tombe Puissent ces dieux sans figure m’épargner toujours Au demeurant je ne crois pas mais je regarde et j’écoute et notez Que je lis assez bien dans la main Car je ne crois pas mais je regarde et quand c’est possible j’écoute Tout le monde est prophète mon cher André Billy Mais il y a si longtemps qu’on fait croire aux gens Qu’ils n’ont aucun avenir qu’ils sont ignorants à jamais Et idiots de naissance Qu’on en a pris son parti et que nul n’a même l’idée De se demander s’il connaît l’avenir ou non Il n’y a pas d’esprit religieux dans tout cela Ni dans les superstitions ni dans les prophéties Ni dans tout ce que l’on nomme occultisme Il y a avant tout une façon d’observer la nature Et d’interpréter la nature Qui est très légitime
Arbre Tu chantes avec les autres tandis que les phonographes galopent Où sont les aveugles où s’en sont-ils allés La seule feuille que j’aie cueillie s’est changée en plusieurs mirages Ne m’abandonnez pas parmi cette foule de femmes au marché Ispahan s’est fait un ciel de carreaux émaillés de bleu Et je remonte avec vous une route aux environs de Lyon Je n’ai pas oublié le son de la clochette d’un marchand de coco d’autrefois J’entends déjà le son aigre de cette voix à venir Du camarade qui se promènera avec toi en Europe tout en restant En Amérique Un enfant Un veau dépouillé pendu à l’étal Un enfant Et cette banlieue de sable autour d’une pauvre ville au fond de l’Est Un douanier se tenait là comme un ange A la porte d’un misérable paradis Et ce voyageur épileptique écumait dans la salle d’attente des premières Engoulevent Grondin Blaireau Et la Taupe-Ariane Nous avions loué deux coupés dans le transsibérien Tour à tour nous dormions le voyageur en bijouterie et moi Mais celui qui veillait ne cachait point un revolver aimé Tu t’es promené à Leipzig avec une femme mince déguisée en homme Intelligence car voilà ce que c’est qu’une femme intelligente Et il ne faudrait pas oublier les légendes Dame-Aboude dans un tramway la nuit au fond d’un quartier désert Je voyais une chasse tandis que je montais Et l’ascenseur s’arrêtait à chaque étage Entre les pierres Entre les vêtements multicolores de la vitrine Entre les charbons ardents du marchand de marrons Entre deux vaisseaux norvégiens amarrés à Rouen Il y a ton image Elle pousse entre les bouleaux de la Finlande Ce beau nègre en acier La plus grande tristesse C’est quand tu reçus une carte postale de La Corogne Le vent vient du couchant Le métal des caroubiers Tout est plus triste qu’autrefois Tous les dieux terrestres vieillissent L’univers se plaint par ta voix Et des êtres nouveaux surgissent Trois par trois GUILLAUME APOLLINAIRE.
Arbre Tu chantes avec les autres tandis que les phonographes galopent Où sont les aveugles où s’en sont-ils allés La seule feuille que j’aie cueillie s’est changée en plusieurs mirages Ne m’abandonnez pas parmi cette foule de femmes au marché Ispahan s’est fait un ciel de carreaux émaillés de bleu Et je remonte avec vous une route aux environs de Lyon Je n’ai pas oublié le son d’une clochette d’un marchand de coco autrefois J’entends déjà le son aigre de cette voix à venir Du camarade qui se promènera avec toi en Europe tout en restant En Amérique Un enfant Un veau dépouillé pendu à l’étal Un enfant Et cette banlieue de sable autour d’une pauvre ville au fond de l’Est Un douanier se tenait là comme un ange A la porte d’un misérable paradis Et ce voyageur épileptique écumait dans la salle d’attente des premières Engoulevent Grondin Blaireau Et la Taupe-Ariane Nous avions loué deux coupés dans le transsibérien Tour à tour nous dormions le voyageur en bijouterie et moi Mais celui qui veillait ne cachait point un revolver aimé Tu t’es promené à Leipzig avec une femme mince déguisée en homme Intelligence car voilà ce que c’est qu’une femme intelligente Et il ne faudrait pas oublier les légendes Dame-Aboude dans un tramway ln nuit au fond d’un quartier désert Je voyais une chasse tandis que je montais Et l’ascenseur s’arrêtait à chaque étage Entre les pierres Entre les vêtements multicolores de la vitrine Entre les charbons ardents du marchand de marrons Entre deux vaisseaux norvégiens amarrés à Rouen Il y a ton image Elle pousse entre les bouleaux de la Finlande Ce beau nègre en acier La plus grande tristesse C’est quand tu reçus une carte postale de La Corogne Le vent vient du couchant Le métal des caroubiers Tout est plus triste qu’autrefois Tous les dieux terrestres vieillissent L’univers se plaint par ta voix Et des êtres nouveaux surgissent Trois par trois GUILLAUME APOLLINAIRE
Arbre Poème inédit par GUILLAUME APPOLLINAIRE PARIS Tu chantes avec les autres tandis que les phonographes galopent Où sont les aveugles où s’en sont-ils allés La seule feuille que j’aie cueillie s’est changée en plusieurs mirages Ne m’abandonnez pas parmi cette foule de femmes au marché Ispahan s’est fait au ciel de carreaux émaillés de bleu Et je remont avec vous une route aux environs de Lyon Je n’ai pas oublié le son d’une clochette d’un marchant de coco Autrefois J’entends déjà le son aigre de cette voix à venir Du camarade qui se promène avec toi en Europe tout en restant En Amérique Un enfant Un veau dépouillé pendu à l’étal Un enfant Et cette banlieue de sable autour d’une petite ville Au fond de l’Est Un douanier se tenait là comme un ange a la porte d’un misérable paradis Et le voyageur épileptique écumait dans la salle d’attente des premiéres Engoulevent Grondin Blaireau Et la taupe Ariane Nous avons loué deux coupés dans le Transsibérien Tour à tour nous dormions le voyageur en bijouterie et moi Mais celui qui veillait ne cachait point un réwolver armé Tu t’es promené à Leipzig avec une femme mince déguisée en homme Intélligence car voilà ce qui est qu’une femme intelligente Et il ne faudrait pas oublier les légendes Dame il bonde dans une tramway la nuit au fond d’un quartier désert Je voyais une chasse tandis que je montais Et l’ascenseur s’arretait à chaque étage Entre les pierres Entre les vétements multicolors de la vitrine Entre les charbons ardents du marchant de marrons Entre deux vaisseaux norvégiens amarrés à Rouen Il y a ton image Elle pousse entre les tombaux de la Finlande Le beau nègre en acier La plus grande tristesse C’est quand tu reçue une carte postale de la Corogne Le vent vient du couchant Le métal des caronhers Tout est plus triste qu’autrefois Tous les dieux terrestres vieillissent L’Univers se plaint part ta voix Et des êtres nouveaux surgissent Trois par trois GUILLAUME APPOLLINAIRE.
fais onduler les remords Nouveau monde très matinal montant de l’énorme mer L’aventure de ce vieux cheval en Amérique Au soir de la pêche merveilleuse l’œil du masque Air de petits violons au fond des anges rangés Dans le couchant puis au bout de l’an des dieux Regarde la tête géante et immense la main verte L’argent sera vite remplacé par tout notre or Morte pendue à l’hameçon… c’est la danse bleue L’humide voix des acrobates des maisons Grimace parmi les assauts du vent qui s’assoupit Ouis les vagues et le fracas d’une femme bleue Enfin la grotte à l’atmosphère dorée par la vertu Ce saphir veiné il faut rire !
Temps passés, trépassés, les dieux qui me formâtes Je ne vis que passant ainsi que vous passâtes Et détournant mes yeux de ce vide avenir En moi-même je vois tout le Passé grandir.