Aubade chantée à Lætare un an passé C’est le printemps, viens-t’en, Pâquette, Te promener au bois joli.
mon Dieu m’ tchiot’ fille Cantato L’Hommé qu’ j’ai C’est un’ mouq’ dans d’ l’huile Tout à fouait Funambule des lianes du printemps Tu assassines les arbres qui sont tes G.V.C.
mon Dieu m’ tchiot’ fille Cantato L’Hommé qu’ j’ai C’est un’ mouq’ dans d’ l’huile Tout à fouait Funambule des lianes du printemps Tu assassines les arbres qui sont tes G.V.C.
» Son geste fit crouler l’orgueil des cataclysmes, Le soleil en dansant remuait son nombril Et soudain le printemps d’amour et d’héroïsme Amena par la main un jeune jour d’avril. […] « Je n’ai jamais cueilli que la fleur d’aubépine, « Aux printemps finissants qui voulaient défleurir, « Quand les oiseaux de proie proclamaient leurs rapines « D’agneaux mort nés et d’enfants-dieux qui vont mourir. […] « La dame qui m’attend se nomme Viviane « Et vienne le printemps des nouvelles douleurs.
O douce Vie, ô doux Amour que je rebute Tendresse du Printemps qui me fait défaillir, Un vol d’oiseaux divins monte comme un soupir Dans le firmament clair de mes pures disputes.
Entends chanter les nôtres Pourpre amour salué par ceux qui vont périr Le printemps tout mouillé la veilleuse l’attaque Il pleut mon âme il pleut mais il pleut des yeux morts — Ulysse !
Entends chanter les nôtres Pourpre amour salué par ceux qui vont périr * * * Le printemps tout mouillé la veilleuse l’attaque Il pleut mon âme il pleut mais il pleut des yeux morts — Ulysse !
La Nuit d’Avril 1915 A L de S S Le ciel est étoilé par les obus des Boches La forêt merveilleuse où je vis donne un bal La mitrailleuse joue un air à triples croches Mais avez-vous le mot eh oui le mot fatal Aux créneaux aux créneaux laissez-là les pioches * * * Comme un astre éperdu qui cherche ses saisons Cœur obus éclaté tu sifflais ta romance Et tes mille soleils ont vidé les caissons Que les dieux de mes yeux remplissent en silence Nous nous aimons ô Vie et nous nous agaçons * * * Les obus miaulaient un amour à mourir Un amour qui se meurt est plus doux que les autres Mon souffle nage au fleuve où le sang va tarir Les obus miaulaient entends chanter les nôtres Pourpre Amour salué par ceux qui vont périr * * * Le printemps tout mouillé la veilleuse l’attaque Il pleut mon âme il pleut mais il pleut des yeux morts — Ulysse que de jours pour rentrer dans Ithaque — Couche-toi sur la paille et songe un beau remords Qui par effet de l’art soit aphrodisiaque * * * Mais O rgues aux fétus de la paille où tu dors L’hymne de l’avenir est paradisiaque
Le printemps tout mouillé, la veilleuse l’attaque.
Le Dépôt Je me suis engagé sous le plus beau des cieux Dans Nice la Marine au nom victorieux Perdu parmi 900 conducteurs anonymes Je suis un charretier du neuf charroi de Nîmes L’Amour dit Reste ici mais là-bas les obus Epousent ardemment et sans cesse les buts J’attends que le printemps commande que s’en aille Vers le nord glorieux l’intrépide bleusaille Les 3 servants assis dodelinent leurs fronts Où brillent leurs yeux clairs comme mes éperons Un bel après-midi de garde à l’écurie J’entends sonner les trompettes d’artillerie J’admire la gaîté de ce détachement Qui va rejoindre au front notre beau régiment Le territorial se mange une salade A l’anchois en parlant de sa femme malade 4 pointeurs fixaient les bulles des niveaux Qui remuaient ainsi que les yeux des chevaux Le bon chanteur Girault nous chante après 9 heures Un grand air d’opéra toi l’écoutant tu pleures Je flatte de la main le petit canon gris Gris comme l’eau de Seine et je songe à Paris Mais ce pâle blessé m’a dit à la cantine Des obus dans la nuit la splendeur argentine Je mâche lentement ma portion de bœuf Je me promène seul le soir de 5 à 9 Je selle mon cheval nous battons la campagne Je te salue au loin belle rose ô tour Magne Décembre 1914
Chevaux de frise Pendant le blanc et nocturne novembre Alors que les arbres déchiquetés par l’artillerie Vieillissaient encore sous la neige Et semblaient à peine des chevaux de frise Entourés de vagues de fils de fer Mon cœur renaissait comme un arbre au printemps Un arbre fruitier sur lequel s’épanouissent Les fleurs de l’amour Pendant le blanc et nocturne novembre Tandis que chantaient épouvantablement les obus Et que les fleurs mortes de la terre exhalaient Leurs mortelles odeurs Moi je décrivais tous les jours mon amour à Madeleine La neige met de pâles fleurs sur les arbres Et toisonne d’hermine les chevaux de frise Que l’on voit partout Abandonnés et sinistres Chevaux muets Non chevaux barbes mais barbelés Et je les anime tout soudain En troupeau de jolis chevaux pies Qui vont vers toi comme de blanches vagues Sur la Méditerranée Et t’apportent mon amour Rose lys ô panthère ô colombes étoile bleue ô Madeleine Je t’aime avec délices Si je songe à tes yeux je songe aux sources fraîches Si je pense à ta bouche les roses m’apparaissent Si je songe à tes seins le Paraclet descend O double colombe de ta poitrine Et vient délier ma langue de poète Pour te redire je t’aime Ton visage est un bouquet de fleurs Aujourd’hui je te vois non Panthère mais Toutefleur Et je te respire ô ma Toutefleur Tous les lys montent en toi comme des cantiques d’amour et d’allégresse Et ces chants qui s’envolent vers toi M’emportent à ton côté Dans ton bel Orient où les lys Se changent en palmiers qui de leurs belles mains Me font signe de venir La fusée s’épanouit fleur nocturne Quand il fait noir Et elle retombe comme une pluie de larmes amoureuses De larmes heureuses que la joie fait couler Et je t’aime comme tu m’aimes Madeleine Novembre 1915
Dans les jardins et les vergers Les oiseaux chantent sur les branches, Le printemps clair, l’avril léger. […] La neige aux boucliers d’argent Fuit les dendrophores livides Du printemps cher aux pauvres gens Qui resourient les yeux humides.
Nous chanterons le feu, la noblesse des forges, La force des grands gars, les gestes des larrons, Et la mort des héros et la gloire des torches Qui font une auréole autour de chaque front, La beauté des printemps et les amours fécondes, La douceur des yeux bleus que le sang assouvit, Et l’aube qui va poindre et la fraîcheur des ondes, Le bonheur des enfants et l’éternelle vie.
Près d’un château sans châtelaine, La barque aux barcarols chantants, Sur un lac blanc et sous l’haleine Des vents qui tremblent au printemps Voguait, cygne mourant, sirène.
La Jolie Rousse Me voici devant tous un homme plein de sens Connaissant de la vie et de la mort ce qu’un vivant peut connaître Ayant éprouvé les douleurs et les joies de l’amour Ayant su quelquefois imposer ses idées Connaissant plusieurs langages Ayant pas mal voyagé Ayant vu la guerre dans l’Artillerie et l’Infanterie Blessé à la tête trépané sous le chloroforme Ayant perdu ses meilleurs amis dans l’effroyable lutte Je sais d’ancien et de nouveau autant qu’un homme seul pourrait des deux savoir Et sans m’inquiéter aujourd’hui de cette guerre Entre nous et pour vous amis Je juge cette longue querelle de la tradition et de l’invention De l’Ordre et de l’Aventure Vous dont la bouche est faite à l’image de celle de Dieu Bouche qui est l’ordre même Soyez indulgents quand vous nous comparez A ceux qui furent la perfection de l’ordre Nous qui quêtons partout l’aventure Nous ne sommes pas vos ennemis Nous voulons vous donner de vastes et d’étranges domaines Où le mystère en fleur s’offre à qui veut le cueillir Il y a là des feux nouveaux des couleurs jamais vues Mille phantasmes impondérables Auxquels il faut donner de la réalité Nous voulons explorer la Bonté contrée énorme où tout se tait Il y a aussi le temps qu’on peut chasser ou faire revenir Pitié pour nous qui combattons toujours aux frontières De l’illimité et de l’avenir Pitié pour nos erreurs pitié pour nos péchés Voici que vient l’été la saison violente Et ma jeunesse est morte ainsi que le printemps O Soleil c’est le temps de la Raison ardente Et j’attends Pour la suivre toujours la forme noble et douce Qu’elle prend afin que je l’aime seulement Elle vient et m’attire ainsi qu’un fer l’aimant Elle a l’aspect charmant D’une adorable rousse Ses cheveux sont d’or on dirait Un bel éclair qui durerait Ou ces flammes qui se pavanent Dans les roses-thé qui se fanent Mais riez riez de moi Hommes de partout et surtout gens d’ici Car il y a tant de choses que je n’ose vous dire Tant de choses que vous ne me laisseriez pas dire Ayez pitié de moi Guillaume Apollinaire
Fiançailles [« Le printemps laisse errer les fiancés parjures »] Le printemps laisse errer les fiancés parjures, Et laisse feuilloler longtemps les plumes bleues, Que secoue le cyprès où niche l’oiseau bleu.
Doux Seigneur, pardonnez au printemps qui viédaze.