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2. (1917) [Calligramme (sphère)] « [Calligramme (sphère)] »

Le regret confine au Dédain Il y a des chiens singuliers qui ont l’air de savoir faire un chapeau ce n’est pas un métier moderne il faut que les galettes mêmes deviennent modernes

3. (1916) Tristesse d'une étoile « Il pleut »

Il pleut Il pleut des voix de femmes comme si elles étaient mortes même dans le souvenir c’est vous aussi qu’il pleur merveilleuses rencontres de ma vie ô gouttelettes et ces nuages cabrés se prennent à hennir tout comme un univers de villes auriculaires écoute s’il pleut tandis que le regret et le dédain pleurent une ancienne musique écoute tomber les liens qui te retiennent en haut et en bas GUILLAUME APOLLINAIRE

4. (1918) Vers le Sud « Vers le Sud »

Vers le Sud Zénith          Tous ces regrets                                Ces jardins sans limite Où le crapaud module un tendre cri d’azur La biche du silence éperdu passe vite Un rossignol meurtri par l’amour chante sur Le rosier de ton corps dont j’ai cueilli les roses Nos cœurs pendent ensemble au même grenadier Et les fleurs de grenade en nos regards écloses En tombant tour à tour ont jonché le sentier 3 Avril 1915 GUILLAUME APOLLINAIRE

5. (1917) Fusée-signal « Fusée-signal »

Fusée-signal Des villages flambaient dans la nuit intérieure Une fermière conduit son auto sur une route vers Galveston Qui a lancé cette fusée-signal Néanmoins tu feras bien de tenir la porte ouverte Et puis le vent scieur de long Suscitera en toi la terreur des fantômes              Ta langue Le poisson rouge dans le bocal              De ta voix Mais ce regret A peine une infirmière plus blanche que l’hiver Eblouissant tandis qu’à l’horizon décroît Un régiment de jours plus bleus que les collines lointaines et plus doux que ne sont les coussins de l’auto GUILLAUME APOLLINAIRE.

6. (1913) Liens « Liens »

Liens Cordes faites de cris Sons de cloches à travers l’Europe Siècles pendus Rails qui ligotez les nations Nous ne sommes que deux ou trois hommes libres de tous liens Donnons-nous la main Violente pluie qui peigne les fumées Cordes Cordes tissées Câbles sous-marins Tours de Babel changées en ponts Araignées Pontifes Tous les amoureux qu’un seul lien a liés D’autres liens plus ténus Blancs rayons de lumière Cordes et Concorde J’écris seulement pour vous exalter O sens ô sens chéris Ennemis du souvenir Ennemis du désir Ennemis du regret Ennemis des larmes Ennemis de tout ce que j’aime encore.

7. (1917) Ombre « Ombre »

Ombre Vous voilà de nouveau près de moi Souvenirs de mes compagnons morts à la guerre L’olive du temps Souvenirs qui n’en faites plus qu’un Comme cent fourrures ne font qu’un manteau Comme ces milliers de blessures ne font qu’un article de journal Apparence impalpable et sombre qui avez pris La forme changeante de mon ombre Un indien à l’affût pendant l’éternité Ombre vous rampez près de moi Mais vous ne m’entendez plus Vous ne connaîtrez plus les poèmes divins que je chante Tandis que moi je vous entends je vous vois encore Destinées Ombre multiple que le soleil vous garde Vous qui m’aimez assez pour ne jamais me quitter Et qui dansez au soleil sans faire de poussière Ombre encre du soleil Ecriture de ma lumière Caisson de regrets Un dieu qui s’humilie GUILLAUME APOLLINAIRE

8. (1914) Tour de Pise « Tour de Pise »

Tour de Pise Les dames pisanes sont descendues rêver Dans leurs vergers où palpitent des lucioles Et derrière les murs des flûtes des violes Disent l’amour perdu que l’on veut retrouver Puis quand les inconnus ont évoqué leur peine Ou qu’ils s’en vont à l’heure où doit passer le guet Avec ses vingt lueurs et son cri fatigué Elles ont peur de l’ombre et de l’heure prochaine De l’ombre où jusqu’au jour les lucioles sont Les larmes d’un regret ardent comme une flamme Tandis que vous sentez dans la nuit de votre âme Des violes d’amour vibrer le dernier son Et l’heure va venir ô belles délicates Ne sera-ce pas l’heure enfin d’avoir sommeil Quand passera le guet avec son cri pareil Aux plaintes de l’amour qui vous rendit ingrates Alors sur les perrons en écoutant mourir La source qui languit les Pisanes penchées Comme leur Tour et par la mort effarouchées Attendent cependant l’amour qui va venir.

9. (1917) Pablo Picasso « Pablo Picasso »

Rois de phosphore   sous les arbres les bottines entre des plumes bleues La danse des   dix mouches   lui fait face quand il songe à toi Le cadre bleu   tandis que   l’air agile s’ouvrait aussi   Au milieu des   regrets dans une vaste grotte.   Prends les araignées roses   à la nage   Regrets d’invisibles pièges   l’air Paisible se souleva mais sur le clavier   musiques Guitare-tempête   ô gai trémolo O gai trémolo   ô gai trémolo Il ne rit pas   l’artiste-peintre Ton pauvre   étincellement pâle L’ombre agile   d’un soir d’été qui meurt Immense désir   et l’aube émerge des eaux si lumineuses Je vis nos yeux   diamants enfermer le reflet du ciel vert et J’entendis sa voix   qui dorait les forêts tandis que vous pleuriez L’acrobate à cheval le poète à moustaches un oiseau mort et tant d’enfants sans larmes Choses cassées des livres déchirés des couches de poussière et des aurores déferlant !

10. (1914) Mille regrets « Mille regrets »

Mille regrets Un soir rhénan transparent pour ma nostalgie, Dans l’auberge survint deux par deux une noce Nostalgie cigares pipes courbées en crosses Ci-gît m’amour mal culotté ô tabagie.

11. (1914) Souvenir du Douanier « Souvenir du Douanier »

Souvenir du Douanier                     Un tout petit oiseau                     Sur l’épaule d’un ange                     Ils chantent la louange                     Du gentil Rousseau                     Les mouvements du monde                     Les souvenirs s’en vont                     Comme un bateau sur l’onde                     Et les regrets au fond                           Gentil Rousseau                           Tu es cet ange                           Et cet oiseau                           De ta louange Ils se donnaient la main et s’attristaient ensemble Sur leurs tombeaux ce sont les mêmes fleurs qui tremblent Tu as raison elle est belle Mais je n’ai pas le droit de l’aimer Il faut que je reste ici Où l’on fait de si jolies couronnes mortuaires en perles Il faudra que je te montra ça                    La belle Américaine                    Qui rend les hommes fous                    Dans deux ou trois semaines                    Partira pour Corfou                          Je tourne vire                          Phare affolé                          Mon beau navire                          S’est en allé Des plaies sur les jambes Tu m’as montré ces trous sanglants Quand nous prenions un quinquina Au bar des Iles Marquises rue de la Gaîté Un matin doux de verduresse                    Les matelots l’attendent                    Et fixent l’horizon                    Où mi-corps hors de l’onde                    Bayent tous les poissons                          Je tourne vire                          Phare affolé                          Mon beau navire                          S’est en allé Les tessons de ta voix que l’amour a brisée Nègres mélodieux Et je t’avais grisée                    La belle Américaine                    Qui rend les hommes fous                    Dans deux ou trois semaines                    Partira pour Corfou Tu traverses Paris à pied très lentement La brise au voile mauve Etes-vous la maman                          Je tourne vire                          Phare affolé                          Mon beau navire                          S’est en allé                    On dit qu’elle était belle                    Près du Mississipi                    Mais que la rend plus belle                    La mode de Paris                          Je tourne vire                          Phare affolé                          Mon beau navire                          S’est en allé Il grava sur un banc près la porte Dauphine Les deux noms adorés Clémence et Joséphine Et deux rosiers grimpaient le long de son âme Un merveilleux trio Il sourit sur le Pavé des Gardes à la jument pisseuse Il dirige un orchestre d’enfants Mademoiselle Madeleine Ah !

12. (1914) Le los du Douanier « Le los du Douanier »

Le los du Douanier              Un tout petit oiseau              Sur l’épaule d’un ange              Ils chantent la louange              Du gentil Rousseau              Les mouvements du monde              Les souvenirs s’en vont              Comme un bateau sur l’onde              Et les regrets au fond                       Gentil Rousseau                       Tu es cet ange                       Et cet oiseau                       De ta louange Ils se donnaient la main et s’attristaient ensemble Sur leurs tombeaux ce sont les mêmes fleurs qui tremblent Tu as raison elle est belle Mais je n’ai pas le droit de l’aimer Il faut que je reste ici Où l’on fait de si jolies couronnes mortuaires en perles Il faudra que je te montra ça              La belle Américaine              Qui rend les hommes fous              Dans deux ou trois semaines              Partira pour Corfou                       Je tourne vire                       Phare affolé                       Mon beau navire                       S’est en allé Des plaies sur les jambes Tu m’as montré ces trous sanglants Quand nous prenions un quinquina Au bar des Iles Marquises rue de la Gaîté Un matin doux de verduresse              Les matelots l’attendent              Et fixent l’horizon              Où mi-corps hors de l’onde              Bayent tous les poissons                       Je tourne vire                       Phare affolé                       Mon beau navire                       S’est en allé Les tessons de ta voix que l’amour a brisée Nègres mélodieux Et je t’avais grisée              La belle Américaine              Qui rend les hommes fous              Dans deux ou trois semaines              Partira pour Corfou Tu traverses Paris à pied très lentement La brise au voile mauve Etes-vous la maman                       Je tourne vire                       Phare affolé                       Mon beau navire                       S’est en allé              On dit qu’elle était belle              Près du Mississipi              Mais que la rend plus belle              La mode de Paris                       Je tourne vire                       Phare affolé                       Mon beau navire                       S’est en allé Il grava sur un banc près la porte Dauphine Les deux noms adorés Clémence et Joséphine Et deux rosiers grimpaient le long de son âme Un merveilleux trio Il sourit sur le pavé des gardes à la jument pisseuse Il dirige un orchestre d’enfants Mademoiselle Madeleine Ah !

13. (1909) [« Un soir de demi-brume, à Londres »] « [« Un soir de demi-brume, à Londres »] »

Regrets sur quoi l’enfer se fonde, Qu’un ciel d’oubli s’ouvre à mes vœux !

14. (1912) Le Voyageur « Le Voyageur »

Tu regardais le banc des nuages descendre Avec le paquebot orphelin vers les fièvres futures, Et de tous ces regrets, de tous ces repentirs                      Te souviens-tu ?

15. (1909) [« Beaucoup de ces dieux ont péri »] « [« Beaucoup de ces dieux ont péri »] »

Regret des jeux de la putain Et belle comme une panthère !

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