La Grenouillère Au bord de l’île on voit Les canots vides qui s’entre-cognent Et maintenant Ni le dimanche ni les jours de la semaine Ni les peintres ni Maupassant ne se promènent Bras nus sur leurs canots avec des femmes à grosse poitrine Et bêtes comme chou Petits bateaux vous me faites bien de la peine Au bord de l’île
Inscription pour le tombeau du peintre Henri Rousseau douanier Gentil Rousseau tu nous entends Nous te saluons Delaunay sa femme Monsieur Queval et moi Laisse passer nos bagages en franchise à la porte du ciel Nous t’apporterons des pinceaux des couleurs des toiles Afin que tes loisirs sacrés dans la lumière réelle Tu les consacres à peindre comme tu tiras mon portrait La face des étoiles.
Pour leur art, je laissai la douane Et gardant ce surnom : le douanier, Je ne suis pas, des peintres, le dernier.
Les trois dames et l’enfant vivaient à Cologne, Le haricot poussait dans un jardin rhénan Et le peintre ayant vu de hauts vols de cigognes Peignit les séraphins qui chantent maintenant.
Rotsoge Au peintre Chagall Ton visage écarlate ton biplan transformable en hydroplan Ta maison ronde où il nage un hareng saur Il me faut la clef des paupières Heureusement que nous avons vu M.
» O peintre glorieux de l’alme République, Ton nom est le drapeau des fiers Indépendants Et dans le marbre blanc, issu du Pentélique, On sculptera ta face, orgueil de notre temps.
Prophéties J’ai connu quelques prophétesses Madame Salmajour avait appris en Océanie à tirer les cartes C’est là-bas qu’elle avait eu encore l’occasion de participer A une scène savoureuse d’anthropophagie Elle n’en parlait pas à tout le monde En ce qui concerne l’avenir elle ne se trompait jamais Une cartomancienne céretane Marguerite je ne sais plus quoi Est également habile Mais Madame Deroy est la mieux inspirée La plus précise Tout ce qu’elle m’a dit du passé était vrai et tout ce qu’elle M’a annoncé s’est vérifié dans le temps qu’elle indiquait J’ai connu un sciomancien mais je n’ai pas voulu qu’il Interrogeât mon ombre Je connais un sourcier c’est le peintre norvégien Diriks Miroir brisé sel renversé ou pain qui tombe Puissent ces dieux sans figure m’épargner toujours Au demeurant je ne crois pas mais je regarde et j’écoute et notez Que je lis assez bien dans la main Car je ne crois pas mais je regarde et quand c’est possible j’écoute Tout le monde est prophète mon cher André Billy Mais il y a si longtemps qu’on fait croire aux gens Qu’ils n’ont aucun avenir qu’ils sont ignorants à jamais Et idiots de naissance Qu’on en a pris son parti et que nul n’a même l’idée De se demander s’il connaît l’avenir ou non Il n’y a pas d’esprit religieux dans tout cela Ni dans les superstitions ni dans les prophéties Ni dans tout ce que l’on nomme occultisme Il y a avant tout une façon d’observer la nature Et d’interpréter la nature Qui est très légitime
Ne voulant pas qu’il fût peintre, il exigeait que son fils devint un industriel.
Pablo Picasso Voyez ce peintre il prend les choses avec leur ombre aussi et d’un coup d’œil sublimatoire Il se déchire en accords profonds et agréables à respirer tel l’orgue que j’aime entendre Des Arlequines jouent dans le rose et bleus d’un beau-ciel Ce souvenir revit les rêves et les actives mains Orient plein de glaciers L’hiver est rigoureux Lustres or toile irisée or loi des stries de feu fond en murmurant.