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2. (1913) La Grenouillère « La Grenouillère »

La Grenouillère Au bord de l’île on voit Les canots vides qui s’entre-cognent Et maintenant Ni le dimanche ni les jours de la semaine Ni les peintres ni Maupassant ne se promènent Bras nus sur leurs canots avec des femmes à grosse poitrine                  Et bêtes comme chou Petits bateaux vous me faites bien de la peine Au bord de l’île

3. (1914) Un soir d'Eté « Un soir d’Eté »

Un soir d’Eté Le Rhin Qui coule Un train Qui roule Des nixes blanches Sont en prière Dans la bruyère Toutes les filles A la fontaine J’ai tant de peine J’ai tant d’amour Dit la plus belle Qu’il soit fidèle Et moi je l’aime Dit sa marraine J’ai la migraine A la fontaine J’ai tant de haine.

4. (1917) Fusée-signal « Fusée-signal »

Fusée-signal Des villages flambaient dans la nuit intérieure Une fermière conduit son auto sur une route vers Galveston Qui a lancé cette fusée-signal Néanmoins tu feras bien de tenir la porte ouverte Et puis le vent scieur de long Suscitera en toi la terreur des fantômes              Ta langue Le poisson rouge dans le bocal              De ta voix Mais ce regret A peine une infirmière plus blanche que l’hiver Eblouissant tandis qu’à l’horizon décroît Un régiment de jours plus bleus que les collines lointaines et plus doux que ne sont les coussins de l’auto GUILLAUME APOLLINAIRE.

5. (1911) Marie « Marie »

Marie                    Vous y dansiez petite fille                    Y danserez-vous mère grand                    C’est la Marlotte qui sautille                    Toutes les cloches sonneront                    Quand donc reviendrez-vous Marie                    Les masques sont silencieux                    Et la musique est si lointaine                    Qu’elle semble venir des cieux Oui je veux vous aimer mais vous aimer à peine                    Et mon mal est délicieux                    Les brebis s’en vont dans la neige                    Flocons de laine et ceux d’argent                    Des soldats passent et que n’ai-je                    Un cœur à moi ce cœur changeant                    Changeant et puis encor que sais-je                    Sais-je où s’en iront tes cheveux                    Crêpus comme mer qui moutonne                    Sais-je où s’en iront tes cheveux                    Et tes mains feuilles de l’automne                    Que jonchent aussi nos aveux                    Je passais au bord de la Seine                    Un livre ancien sous le bras                    Le fleuve est pareil à ma peine                    Il s’écoule et ne tarit pas                    Quand donc finira la semaine

6. (1912) Le pont Mirabeau « Le Pont Mirabeau »

La joie venait toujours après la peine.

7. (1912) Marie « Marie »

              Le fleuve est pareil à ma peine,               Il s’écoule et ne tarit pas               Quand donc finira la semaine !

8. (1914) Tour de Pise « Tour de Pise »

Tour de Pise Les dames pisanes sont descendues rêver Dans leurs vergers où palpitent des lucioles Et derrière les murs des flûtes des violes Disent l’amour perdu que l’on veut retrouver Puis quand les inconnus ont évoqué leur peine Ou qu’ils s’en vont à l’heure où doit passer le guet Avec ses vingt lueurs et son cri fatigué Elles ont peur de l’ombre et de l’heure prochaine De l’ombre où jusqu’au jour les lucioles sont Les larmes d’un regret ardent comme une flamme Tandis que vous sentez dans la nuit de votre âme Des violes d’amour vibrer le dernier son Et l’heure va venir ô belles délicates Ne sera-ce pas l’heure enfin d’avoir sommeil Quand passera le guet avec son cri pareil Aux plaintes de l’amour qui vous rendit ingrates Alors sur les perrons en écoutant mourir La source qui languit les Pisanes penchées Comme leur Tour et par la mort effarouchées Attendent cependant l’amour qui va venir.

9. (1905) Le Mendiant « Le Mendiant »

Tu méprises ma peine et la tienne peut-être ; Ta douleur de toujours, mon malheur de jamais.

10. (1909) [« Beaucoup de ces dieux ont péri »] « [« Beaucoup de ces dieux ont péri »] »

O mon amour, je t’aimais trop, Et maintenant j’ai trop de peine.

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