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1 (1917) Chef de section « Chef de section »
Chef de section Ma bouche aura des ardeurs de géhenne
Chef de section Ma bouche aura des ardeurs de géhenne Ma bouche te sera un enfer de douceur et
n Ma bouche aura des ardeurs de géhenne Ma bouche te sera un enfer de douceur et de séduction Les anges de ma bouche tr
aura des ardeurs de géhenne Ma bouche te sera un enfer de douceur et de séduction Les anges de ma bouche trôneront dans t
henne Ma bouche te sera un enfer de douceur et de séduction Les anges de ma bouche trôneront dans ton cœur Les soldats de
séduction Les anges de ma bouche trôneront dans ton cœur Les soldats de ma bouche te prendront d’assaut Les prêtres de ma
bouche trôneront dans ton cœur Les soldats de ma bouche te prendront d’ assaut Les prêtres de ma bouche encenseront ta bea
s ton cœur Les soldats de ma bouche te prendront d’assaut Les prêtres de ma bouche encenseront ta beauté Ton âme s’agitera
t ta beauté Ton âme s’agitera comme une région pendant un tremblement de terre Tes yeux seront alors chargés de tout l’amo
région pendant un tremblement de terre Tes yeux seront alors chargés de tout l’amour qui s’est amassé dans les regards de
eront alors chargés de tout l’amour qui s’est amassé dans les regards de l’humanité depuis qu’elle existe Ma bouche sera u
s qu’elle existe Ma bouche sera une armée contre toi une armée pleine de disparates Variée comme un enchanteur qui sait va
nchanteur qui sait varier ses métamorphoses L’orchestre et les chœurs de ma bouche te diront mon amour Elle te le murmure
tre et les chœurs de ma bouche te diront mon amour Elle te le murmure de loin Tandis que les yeux fixés sur la montre j’at
2 (1915) 14 juin 1915 « 14 Juin 1915 »
14 Juin 1915 A maman On ne peut dire    Rien           Rien      de ce qui se passe    Mais on change de secteur    A
dire    Rien           Rien     de ce qui se passe    Mais on change de secteur    Ah  ! voyageur égaré        Pas de let
passe    Mais on change de secteur    Ah  ! voyageur égaré        Pas de lettres           Mais l’espoir           Mais un
l’espoir           Mais un journal        Le glaive antique            de la Marseillaise                 de Rude S’est cha
       Le glaive antique           de la Marseillaise                  de Rude S’est changé en constellation Il combat pour
pour nous au ciel    Mais cela signifie surtout      Qu’il faut être de ce temps        Pas de Glaive antique           P
ais cela signifie surtout      Qu’il faut être de ce temps        Pas de Glaive antique           Pas de Glaise           
u’il faut être de ce temps        Pas de Glaive antique           Pas de Glaise             Mais l’Espoir
3 (1915) 14 juin 1915 « 14 Juin 1915 »
5 A maman On ne peut dire       Rien                  Rien       de ce qui se passe    Mais on change de secteur    A
 Rien                  Rien      de ce qui se passe    Mais on change de secteur    Ah  ! voyageur égaré            Pas de
e    Mais on change de secteur    Ah  ! voyageur égaré            Pas de lettres                 Mais l’espoir            
         Mais un journal            Le glaive antique                  de la Marseillaise                          de Rude
e antique                 de la Marseillaise                           de Rude S’est changé en constellation Il combat pour
our nous au ciel    Mais cela signifie surtout        Qu’il faut être de ce temps           Pas de Glaive antique         
ela signifie surtout        Qu’il faut être de ce temps           Pas de Glaive antique                Pas de Glaise      
t être de ce temps           Pas de Glaive antique                Pas de Glaise                    Mais l’Espoir
4 (1917) [Calligramme (cheval)] « [Irène Lagut. Introduction] »
[Irène Lagut. Introduction] Irène Lagut, dont nous eûmes l’occasion de goûter les premières tentatives artistiques duran
goûter les premières tentatives artistiques durant les premiers mois de 1914, dans un atelier retiré de la rue Maison-Die
artistiques durant les premiers mois de 1914, dans un atelier retiré de la rue Maison-Dieu, est une de ces singulières Sa
s mois de 1914, dans un atelier retiré de la rue Maison-Dieu, est une de ces singulières Satanes de l’Art qu’a fait jailli
gulières Satanes de l’Art qu’a fait jaillir la magnifique incertitude de notre âge. Elle a un des dons les plus rares en p
e de notre âge. Elle a un des dons les plus rares en peinture : celui de la grande mesure. En elle, se mêlent de la plus b
lus rares en peinture : celui de la grande mesure. En elle, se mêlent de la plus bizarre façon le talent, le mépris, la sû
e, se mêlent de la plus bizarre façon le talent, le mépris, la sûreté d’ elle-même et le manque d’intérêt pour les dons qui
izarre façon le talent, le mépris, la sûreté d’elle-même et le manque d’ intérêt pour les dons qui lui ont été départis, la
sme, la grâce, le goût, la modestie, l’infernale discrétion, le désir de calme et le féerique esprit de révolte.
stie, l’infernale discrétion, le désir de calme et le féerique esprit de révolte.
5 (1909) [« Un soir de demi-brume, à Londres »] « [« Un soir de demi-brume, à Londres »] »
[« Un soir de demi-brume, à Londres »] Un soir de demi-brume
[« Un soir de demi-brume, à Londres »] Un soir de demi-brume, à Londres, Un voyou, qui ressemblait
nt à ma rencontre, Et le regard qu’il me jeta Me fit baisser les yeux de honte. Je suivis ce mauvais garçon Qui sifflota
ins dans les poches ; Nous semblions, entre les maisons, Onde ouverte de la mer rouge, Lui, les Hébreux, moi, Pharaon. Q
a mer rouge, Lui, les Hébreux, moi, Pharaon. Que tombent ces vagues de briques Si tu ne fus pas bien aimée ! Je suis le
vagues de briques Si tu ne fus pas bien aimée ! Je suis le souverain d’ Egypte, Sa sœur-épouse, son armée, Si tu n’es pas
sœur-épouse, son armée, Si tu n’es pas l’amour unique ! Au tournant d’ une rue brûlant De tous les feux de ses façades, P
rmée, Si tu n’es pas l’amour unique ! Au tournant d’une rue brûlant De tous les feux de ses façades, Plaies du brouillar
pas l’amour unique ! Au tournant d’une rue brûlant De tous les feux de ses façades, Plaies du brouillard sanguinolent Où
ntaient les façades, Une femme lui ressemblant — C’était son regard d’ inhumaine, La cicatrice à son cou nu, — Sortit sao
it son regard d’inhumaine, La cicatrice à son cou nu, — Sortit saoule d’ une taverne Au moment où je reconnus La fausseté d
u, — Sortit saoule d’une taverne Au moment où je reconnus La fausseté de l’amour même… Lorsqu’il fut de retour enfin Dan
Au moment où je reconnus La fausseté de l’amour même… Lorsqu’il fut de retour enfin Dans sa patrie, le sage Ulysse, Son
l fut de retour enfin Dans sa patrie, le sage Ulysse, Son vieux chien de lui se souvint ; Près d’un tapis de haute lisse S
s sa patrie, le sage Ulysse, Son vieux chien de lui se souvint ; Près d’ un tapis de haute lisse Sa femme attendait qu’il r
, le sage Ulysse, Son vieux chien de lui se souvint ; Près d’un tapis de haute lisse Sa femme attendait qu’il revînt. L’
tapis de haute lisse Sa femme attendait qu’il revînt. L’époux royal de Sacontale, Las de vaincre, se réjouit Lorsqu’il l
se Sa femme attendait qu’il revînt. L’époux royal de Sacontale, Las de vaincre, se réjouit Lorsqu’il la retrouva plus pâ
acontale, Las de vaincre, se réjouit Lorsqu’il la retrouva plus pâle, D’ attente et d’amour yeux pâlis, Caressant sa gazell
de vaincre, se réjouit Lorsqu’il la retrouva plus pâle, D’attente et d’ amour yeux pâlis, Caressant sa gazelle mâle. J’a
dirent si malheureux. Regrets sur quoi l’enfer se fonde, Qu’un ciel d’ oubli s’ouvre à mes vœux ! Pour son baiser les roi
t vendu leur ombre. J’ai hiverné dans mon passé. Revienne le soleil de Pâques Pour chauffer un cœur plus glacé Que les q
le soleil de Pâques Pour chauffer un cœur plus glacé Que les quarante de Sébaste Moins que ma vie, martyrisés… Mon beau
sez navigué Dans une onde mauvaise à boire ? Avons-nous assez divagué De la belle aube au triste soir ?… Adieu, faux amo
reverrai plus ! Voie lactée, ô sœur lumineuse, Des blancs ruisseaux de Chanaan Et des corps blancs des amoureuses, Nageu
naan Et des corps blancs des amoureuses, Nageurs morts, suivrons-nous d’ ahan Ton cours vers d’autres nébuleuses ? Je me
ons-nous d’ahan Ton cours vers d’autres nébuleuses ? Je me souviens d’ une autre année, C’était l’aube d’un jour d’avril.
utres nébuleuses ? Je me souviens d’une autre année, C’était l’aube d’ un jour d’avril. J’ai chanté ma joie bien-aimée, C
leuses ? Je me souviens d’une autre année, C’était l’aube d’un jour d’ avril. J’ai chanté ma joie bien-aimée, Chanté l’am
’ai chanté ma joie bien-aimée, Chanté l’amour à voix virile Au moment d’ amour de l’année :
té ma joie bien-aimée, Chanté l’amour à voix virile Au moment d’amour de l’année :
6 (1915) S-P « S-P- »
maréchal des logis André Berthier Qu’est-ce qu’on y met dans la case d’ armons espèce de poilu de mon Cœur   Pan pan pan p
is André Berthier Qu’est-ce qu’on y met dans la case d’armons espèce de poilu de mon Cœur   Pan pan pan perruque perruque
Berthier Qu’est-ce qu’on y met dans la case d’armons espèce de poilu de mon Cœur   Pan pan pan perruque perruque Pan pan
utter contre les vapeurs les lunettes pour protéger les yeux au moyen d’ un masque nocivité gaz un tissu trempé mouchoir de
sque nocivité gaz un tissu trempé mouchoir des NEZ   dans la solution de bicarbonate de sodium   les masques seront simple
az un tissu trempé mouchoir des NEZ   dans la solution de bicarbonate de sodium   les masques seront simplement mouillés d
rbonate de sodium   les masques seront simplement mouillés des larmes de rire de rire   [signal optique d’artillerie] 6
de sodium   les masques seront simplement mouillés des larmes de rire de rire   [signal optique d’artillerie] 6
ront simplement mouillés des larmes de rire de rire   [signal optique d’ artillerie] 6
7 (1918) La Jolie Rousse « La Jolie Rousse »
La Jolie Rousse Me voici devant tous un homme plein de sens Connaissant de la vie et de la mort ce qu’un
lie Rousse Me voici devant tous un homme plein de sens Connaissant de la vie et de la mort ce qu’un vivant peut connaît
Me voici devant tous un homme plein de sens Connaissant de la vie et de la mort ce qu’un vivant peut connaître Ayant épro
e qu’un vivant peut connaître Ayant éprouvé les douleurs et les joies de l’amour Ayant su quelquefois imposer ses idées Co
oforme Ayant perdu ses meilleurs amis dans l’effroyable lutte Je sais d’ ancien et de nouveau autant qu’un homme seul pourr
perdu ses meilleurs amis dans l’effroyable lutte Je sais d’ancien et de nouveau autant qu’un homme seul pourrait des deux
n homme seul pourrait des deux savoir Et sans m’inquiéter aujourd’hui de cette guerre Entre nous et pour vous amis Je juge
tte guerre Entre nous et pour vous amis Je juge cette longue querelle de la tradition et de l’invention                   
us et pour vous amis Je juge cette longue querelle de la tradition et de l’invention                     De l’Ordre et de
longue querelle de la tradition et de l’invention                      De l’Ordre et de l’Aventure Vous dont la bouche es
e de la tradition et de l’invention                     De l’Ordre et de l’Aventure Vous dont la bouche est faite à l’im
De l’Ordre et de l’Aventure Vous dont la bouche est faite à l’image de celle de Dieu Bouche qui est l’ordre même Soyez i
e et de l’Aventure Vous dont la bouche est faite à l’image de celle de Dieu Bouche qui est l’ordre même Soyez indulgents
z indulgents quand vous nous comparez A ceux qui furent la perfection de l’ordre Nous qui quêtons partout l’aventure Nou
l’aventure Nous ne sommes pas vos ennemis Nous voulons vous donner de vastes et d’étranges domaines Où le mystère en fl
Nous ne sommes pas vos ennemis Nous voulons vous donner de vastes et d’ étranges domaines Où le mystère en fleur s’offre à
rs jamais vues Mille phantasmes impondérables Auxquels il faut donner de la réalité Nous voulons explorer la Bonté contrée
faire revenir Pitié pour nous qui combattons toujours aux frontières De l’illimité et de l’avenir Pitié pour nos erreurs
tié pour nous qui combattons toujours aux frontières De l’illimité et de l’avenir Pitié pour nos erreurs pitié pour nos pé
ma jeunesse est morte ainsi que le printemps O Soleil c’est le temps de la Raison ardente                      Et j’atten
aimant                    Elle a l’aspect charmant                     D’ une adorable rousse Ses cheveux sont d’or on dir
charmant                    D’une adorable rousse Ses cheveux sont d’ or on dirait Un bel éclair qui durerait Ou ces fla
mes qui se pavanent Dans les roses-thé qui se fanent Mais riez riez de moi Hommes de partout et surtout gens d’ici Car i
anent Dans les roses-thé qui se fanent Mais riez riez de moi Hommes de partout et surtout gens d’ici Car il y a tant de
ous dire Tant de choses que vous ne me laisseriez pas dire Ayez pitié de moi Guillaume Apollinaire
8 (1917) Chevaux de frise « Chevaux de frise »
Chevaux de frise Pendant le blanc et nocturne novembre Al
Vieillissaient encore sous la neige Et semblaient à peine des chevaux de frise Entourés de vagues de fils de fer Mon cœur
ore sous la neige Et semblaient à peine des chevaux de frise Entourés de vagues de fils de fer Mon cœur renaissait comme u
a neige Et semblaient à peine des chevaux de frise Entourés de vagues de fils de fer Mon cœur renaissait comme un arbre au
Et semblaient à peine des chevaux de frise Entourés de vagues de fils de fer Mon cœur renaissait comme un arbre au printem
fruitier sur lequel s’épanouissent                         Les fleurs de l’amour Pendant le blanc et nocturne novembre T
dis que chantaient épouvantablement les obus Et que les fleurs mortes de la terre exhalaient                         Leurs
Moi je décrivais tous les jours mon amour à Madeleine La neige met de pâles fleurs sur les arbres            Et toisonn
La neige met de pâles fleurs sur les arbres            Et toisonne d’ hermine les chevaux de frise                  Que
es fleurs sur les arbres            Et toisonne d’hermine les chevaux de frise                  Que l’on voit partout     
                 Et je les anime tout soudain            En troupeau de jolis chevaux pies Qui vont vers toi comme de bla
           En troupeau de jolis chevaux pies Qui vont vers toi comme de blanches vagues                         Sur la Mé
nge à tes seins le Paraclet descend                  O double colombe de ta poitrine Et vient délier ma langue de poète   
            O double colombe de ta poitrine Et vient délier ma langue de poète                  Pour te redire je t’aime T
e                  Pour te redire je t’aime Ton visage est un bouquet de fleurs            Aujourd’hui je te vois non Pant
spire ô ma Toutefleur Tous les lys montent en toi comme des cantiques d’ amour et d’allégresse Et ces chants qui s’envole
Toutefleur Tous les lys montent en toi comme des cantiques d’amour et d’ allégresse Et ces chants qui s’envolent vers toi
           Dans ton bel Orient où les lys Se changent en palmiers qui de leurs belles mains Me font signe de venir La fusé
s lys Se changent en palmiers qui de leurs belles mains Me font signe de venir La fusée s’épanouit fleur nocturne         
                   Quand il fait noir Et elle retombe comme une pluie de larmes amoureuses De larmes heureuses que la joie
and il fait noir Et elle retombe comme une pluie de larmes amoureuses De larmes heureuses que la joie fait couler         
9 (1917) à Louise Marion « à Louise Marion »
à Louise Marion Louise-Marion vous fûtes admirable Gonflant d’ esprit tout neuf vos multiples tétons La féconde
d’esprit tout neuf vos multiples tétons La féconde raison a jailli de ma fable Plus de femme stérile et non plus d’avor
uf vos multiples tétons La féconde raison a jailli de ma fable Plus de femme stérile et non plus d’avortons Votre voix a
féconde raison a jailli de ma fable Plus de femme stérile et non plus d’ avortons Votre voix a changé l’avenir de la France
de femme stérile et non plus d’avortons Votre voix a changé l’avenir de la France Et les ventres partout tressaillent d’e
ix a changé l’avenir de la France Et les ventres partout tressaillent d’ espérance.
10 (1918) L'enfant d'or « L’enfant d’or »
L’enfant d’ or C’est la barque où fuyait près d’une ombr
L’enfant d’or C’est la barque où fuyait près d’ une ombre la reine Quand les morts se levaient et
La chanson des rameurs sur les vagues se traîne La reine et l’enfant d’ or agitaient les grelots Dont la fente évoquait la
qu’égrène Aux échos des récifs le chœur des matelots Belles chairs de cristal, les joyaux les squelettes Cherront au fo
es squelettes Cherront au fond des mers où surnagèrent tant De fleurs de cheveux roux et de rames flottant Parmi les tro
ont au fond des mers où surnagèrent tant De fleurs de cheveux roux et de rames flottant Parmi les troupes de méduses vio
nt De fleurs de cheveux roux et de rames flottant Parmi les troupes de méduses violettes Cortège de ta fuite ou floraiso
et de rames flottant Parmi les troupes de méduses violettes Cortège de ta fuite ou floraison d’effroi Lorsque cet enfant
rmi les troupes de méduses violettes Cortège de ta fuite ou floraison d’ effroi Lorsque cet enfant d’or souriait au vieux r
iolettes Cortège de ta fuite ou floraison d’effroi Lorsque cet enfant d’ or souriait au vieux roi Guillaume APOLLINAIRE.
11 (1915) S-P « S-P- »
maréchal des logis André Berthier Qu’est-ce qu’on y met dans la case d’ armons espèce de poilu de mon Cœur   Pan pan pan p
is André Berthier Qu’est-ce qu’on y met dans la case d’armons espèce de poilu de mon Cœur   Pan pan pan perruque perruque
Berthier Qu’est-ce qu’on y met dans la case d’armons espèce de poilu de mon Cœur   Pan pan pan perruque perruque Pan pan
utter contre les vapeurs les lunettes pour protéger les yeux au moyen d’ un masque nocivité gaz un tissu trempé mouchoir de
ocivité gaz un tissu trempé mouchoir des NEZ asphy   dans la solution de bicarbonate de sodium   les masques seront simple
tissu trempé mouchoir des NEZ asphy   dans la solution de bicarbonate de sodium   les masques seront simplement mouillés d
rbonate de sodium   les masques seront simplement mouillés des larmes de rire de rire   [signal optique d’artillerie] 6
de sodium   les masques seront simplement mouillés des larmes de rire de rire   [signal optique d’artillerie] 6
ront simplement mouillés des larmes de rire de rire   [signal optique d’ artillerie] 6
12 (1911) Dans le palais de Rosemonde « Dans le palais de Rosemonde »
Dans le palais de Rosemonde Vers le palais de Rosemonde au fond
Dans le palais de Rosemonde Vers le palais de Rosemonde au fond du Rêve Mes rêveuses pensées pi
ais don du roi comme un roi nu s’élève Des chairs fouettées des roses de la roseraie On voit venir au fond du jardin mes
archer mal blessé du couchant le troua La résine qui rend amer le vin de Chypre Ma bouche aux agapes d’agneau blanc l’épro
e troua La résine qui rend amer le vin de Chypre Ma bouche aux agapes d’ agneau blanc l’éprouva Sur les genoux pointus du
nc l’éprouva Sur les genoux pointus du monarque adultère Sur le mai de son âge et sur son trente et un Madame Rosemonde
c mystère Ses petits yeux tout ronds pareils aux yeux des Huns Dame de mes pensées au cul de perle fine Dont ni perle ni
eux tout ronds pareils aux yeux des Huns Dame de mes pensées au cul de perle fine Dont ni perle ni cul n’égale l’Orient
cul n’égale l’Orient Qui donc attendez-vous Mes plus belles voisines De rêveuses pensées en marche à l’Orient Toc toc E
s l’antichambre Le jour baisse La veilleuse dans l’ombre est un bijou d’ or cuit Pendez vos têtes aux patères par les tress
tes aux patères par les tresses Le ciel presque nocturne a des lueurs d’ aiguilles On entra dans la salle à manger les na
s On entra dans la salle à manger les narines Reniflaient une odeur de graisse et de graillon On eut vingt potages dont
ans la salle à manger les narines Reniflaient une odeur de graisse et de graillon On eut vingt potages dont trois couleur
eur de graisse et de graillon On eut vingt potages dont trois couleur d’ urine Et le roi prit deux œufs pochés dans du boui
ns du bouillon Puis les marmitons apportèrent les viandes Des rôtis de pensées mortes dans mon cerveau Mes beaux rêves m
es os ou songe-creux venaient des ossuaires En danse macabre aux plis de mon cervelet Et tous ces mets criaient des chos
aient des choses non pareilles                               Mais nom de Dieu                         Ventre affamé n’a pa
       Mais nom de Dieu                         Ventre affamé n’a pas d’ oreilles Et les convives mastiquaient à qui mieux
as d’oreilles Et les convives mastiquaient à qui mieux mieux Ah nom de Dieu qu’ont donc crié ces entrecôtes Ces grands p
ié ces entrecôtes Ces grands pâtés os à la moelle et mirotons Langues de feu où sont-elles mes pentecôtes Pour mes pensées
mirotons Langues de feu où sont-elles mes pentecôtes Pour mes pensées de tous pays de tous les temps
ues de feu où sont-elles mes pentecôtes Pour mes pensées de tous pays de tous les temps
13 (1917) [Calligramme (jet d'eau)] « [Calligramme (jet d’eau)] »
[Calligramme (jet d’ eau)] [jet d’eau] la lune ardente et toujour
[Calligramme (jet d’eau)] [jet d’ eau] la lune ardente et toujours neuve un bouton d
d’eau)] [jet d’eau] la lune ardente et toujours neuve un bouton de rose doux comme un papillon comme une fleur moura
e rose doux comme un papillon comme une fleur mourant entre les mains d’ un soldat blessé un jet d’eau la queue d’un paon u
lon comme une fleur mourant entre les mains d’un soldat blessé un jet d’ eau la queue d’un paon un soir de neige ciel const
leur mourant entre les mains d’un soldat blessé un jet d’eau la queue d’ un paon un soir de neige ciel constellé un bombard
les mains d’un soldat blessé un jet d’eau la queue d’un paon un soir de neige ciel constellé un bombardement un matin à N
14 (1917) Le palais du tonnerre « Le palais du tonnerre »
rat y recule en hâte et j’avance en hâte Et le boyau s’en va couronné de craie semée de branches Comme un fantôme creux qu
hâte et j’avance en hâte Et le boyau s’en va couronné de craie semée de branches Comme un fantôme creux qui met du vide o
c’est le palais bien nouveau et qui paraît ancien Le plafond est fait de traverses de chemin de fer Entre lesquelles il y
is bien nouveau et qui paraît ancien Le plafond est fait de traverses de chemin de fer Entre lesquelles il y a des morceau
it de traverses de chemin de fer Entre lesquelles il y a des morceaux de craie et des touffes d’aiguilles de sapin Et de t
n de fer Entre lesquelles il y a des morceaux de craie et des touffes d’ aiguilles de sapin Et de temps en temps des débris
re lesquelles il y a des morceaux de craie et des touffes d’aiguilles de sapin Et de temps en temps des débris de craie to
e et des touffes d’aiguilles de sapin Et de temps en temps des débris de craie tombent comme des morceaux de vieillesse A
n Et de temps en temps des débris de craie tombent comme des morceaux de vieillesse A côté de l’issue que ferme un tissu l
s des débris de craie tombent comme des morceaux de vieillesse A côté de l’issue que ferme un tissu lâche qui sert général
su lâche qui sert généralement aux emballages Il y a un trou qui sert d’ âtre et ce qui y brûle est un feu semblable à l’âm
feu semblable à l’âme Tant il tourbillonne et tant il est inséparable de ce qu’il dévore et fugitif Les fils de fer se ten
nne et tant il est inséparable de ce qu’il dévore et fugitif Les fils de fer se tendent partout servant de sommier support
ce qu’il dévore et fugitif Les fils de fer se tendent partout servant de sommier supportant des planches Ils forment aussi
ciel tissus des souvenirs les plus purs Et il flotte parfois en l’air de vagues nuages de craie Sur la planche brillent
ouvenirs les plus purs Et il flotte parfois en l’air de vagues nuages de craie Sur la planche brillent des fusées détona
teurs joyaux dorés à tête émaillée Funambules qui attendent leur tour de passer sur les trajectoires Et font un ornement m
t font un ornement mince et élégant à cette demeure souterraine Ornée de six lits placés en fer à cheval Six lits couverts
outerraine Ornée de six lits placés en fer à cheval Six lits couverts de riches manteaux bleus Sur le palais il y a un h
verts de riches manteaux bleus Sur le palais il y a un haut tumulus de craie Et des plaques de tôle ondulée Fleuve figé
bleus Sur le palais il y a un haut tumulus de craie Et des plaques de tôle ondulée Fleuve figé de ce domaine idéal Mais
a un haut tumulus de craie Et des plaques de tôle ondulée Fleuve figé de ce domaine idéal Mais privé d’eau car ici il ne r
es plaques de tôle ondulée Fleuve figé de ce domaine idéal Mais privé d’ eau car ici il ne roule que le feu jailli de la mé
domaine idéal Mais privé d’eau car ici il ne roule que le feu jailli de la mélinite Le parc aux fleurs de fulminate jaill
r ici il ne roule que le feu jailli de la mélinite Le parc aux fleurs de fulminate jaillit des trous penchés Tas de cloche
élinite Le parc aux fleurs de fulminate jaillit des trous penchés Tas de cloches aux doux sons des douilles rutilantes Sap
ts et petits comme en un paysage japonais Le palais s’éclaire parfois d’ une bougie à la flamme aussi petite qu’une souris
e souris O palais minuscule comme si on te regardait par le gros bout d’ une lunette Petit palais où tout s’assourdit Petit
it palais où tout s’assourdit Petit palais où tout est neuf rien rien d’ ancien Et où tout est précieux où tout le monde es
aît vieux dans cette neuve demeure Si bien qu’on comprend que l’amour de l’antique Le goût de l’anticaille Soit venu aux h
neuve demeure Si bien qu’on comprend que l’amour de l’antique Le goût de l’anticaille Soit venu aux hommes dès le temps de
près de ce que l’on appelle la beauté antique Et ce qui est surchargé d’ ornements Ce qui a des ornements qui ne sont pas n
ornements Ce qui a des ornements qui ne sont pas nécessaires A besoin de vieillir pour avoir la beauté qu’on appelle antiq
ppelle antique Et qui est la noblesse la force l’ardeur l’âme l’usure De ce qui est neuf et qui sert Surtout si cela est s
15 (1909) [« Voie lactée, ô sœur lumineuse »] « [« Voie lactée, ô sœur lumineuse »] »
ur lumineuse »] Voie lactée, ô sœur lumineuse Des blancs ruisseaux de Chanaan Et des corps blancs des amoureuses, Nageu
naan Et des corps blancs des amoureuses, Nageurs morts, suivrons-nous d’ ahan Ton cours vers d’autres nébuleuses ? Les dé
mpénétrables, Rois secoués par la folie… Et ces grelottantes étoiles… De fausses femmes dans vos lits Aux déserts que l’hi
ts que l’histoire accable. Luitpold, le vieux prince régent, Tuteur de deux royautés folles, Sanglote-t-il en y songeant
glote-t-il en y songeant Quand vacillent les lucioles, Mouches dorées de la Saint-Jean ? Près d’un château sans châtelai
uand vacillent les lucioles, Mouches dorées de la Saint-Jean ? Près d’ un château sans châtelaine, La barque aux barcarol
intemps Voguait, cygne mourant, sirène. Un jour, le roi, dans l’eau d’ argent, Se noya, puis, la bouche ouverte, Il s’en
silencieux délire, J’erre à travers mon beau Paris Sans avoir le cœur d’ y mourir. Les dimanches s’y éternisent Et les or
voir le cœur d’y mourir. Les dimanches s’y éternisent Et les orgues de Barbarie Y sanglotent dans les cours grises ; Les
Barbarie Y sanglotent dans les cours grises ; Les fleurs, aux balcons de Paris, Penchent comme la tour de Pise. Soirs de
urs grises ; Les fleurs, aux balcons de Paris, Penchent comme la tour de Pise. Soirs de Paris, ivres du gin Flambant de
fleurs, aux balcons de Paris, Penchent comme la tour de Pise. Soirs de Paris, ivres du gin Flambant de l’électricité. Le
nchent comme la tour de Pise. Soirs de Paris, ivres du gin Flambant de l’électricité. Les tramways, feux verts sur l’éch
Les tramways, feux verts sur l’échine, Musiquent, au long des portées De rails, leur folie de machines. Les cafés gonflé
rts sur l’échine, Musiquent, au long des portées De rails, leur folie de machines. Les cafés gonflés de fumée Crient tou
ong des portées De rails, leur folie de machines. Les cafés gonflés de fumée Crient tout l’amour de leurs tziganes, De t
r folie de machines. Les cafés gonflés de fumée Crient tout l’amour de leurs tziganes, De tous leurs siphons enrhumés, D
. Les cafés gonflés de fumée Crient tout l’amour de leurs tziganes, De tous leurs siphons enrhumés, De leurs garçons vêt
rient tout l’amour de leurs tziganes, De tous leurs siphons enrhumés, De leurs garçons vêtus d’un pagne, Vers toi, toi que
eurs tziganes, De tous leurs siphons enrhumés, De leurs garçons vêtus d’ un pagne, Vers toi, toi que j’ai tant aimée, Moi
tant aimée, Moi, qui sais des lais pour les reines, Les complaintes de mes années, Des hymnes d’esclave aux murènes, La
s des lais pour les reines, Les complaintes de mes années, Des hymnes d’ esclave aux murènes, La romance du mal-aimé. Et de
16 (1912) Merlin et la vieille femme « Merlin et la vieille femme »
val ! « O mon être glacé dont le destin m’accable, « Dont ce soleil de chair grelotte, veux-tu voir, « Ma mémoire venir
mes, Le soleil en dansant remuait son nombril Et soudain le printemps d’ amour et d’héroïsme Amena par la main un jeune jou
eil en dansant remuait son nombril Et soudain le printemps d’amour et d’ héroïsme Amena par la main un jeune jour d’avril.
in le printemps d’amour et d’héroïsme Amena par la main un jeune jour d’ avril. Les voies qui viennent de l’ouest étaient
e jour d’avril. Les voies qui viennent de l’ouest étaient couvertes D’ ossements, d’herbes drues, de destinées et de fleu
l. Les voies qui viennent de l’ouest étaient couvertes D’ossements, d’ herbes drues, de destinées et de fleurs, De monume
ui viennent de l’ouest étaient couvertes D’ossements, d’herbes drues, de destinées et de fleurs, De monuments tremblants,
’ouest étaient couvertes D’ossements, d’herbes drues, de destinées et de fleurs, De monuments tremblants, et de charognes
ent couvertes D’ossements, d’herbes drues, de destinées et de fleurs, De monuments tremblants, et de charognes vertes, Qua
’herbes drues, de destinées et de fleurs, De monuments tremblants, et de charognes vertes, Quand les vents apportaient des
urs. Puis les pâles amants joignant leurs mains démentes L’entrelaces de leurs doigts fut leur seul laps d’amour. Elle b
leurs mains démentes L’entrelaces de leurs doigts fut leur seul laps d’ amour. Elle balla, mimant un rythme d’existence,
urs doigts fut leur seul laps d’amour. Elle balla, mimant un rythme d’ existence, Criant : « Depuis cent ans j’espérais t
stence, Criant : « Depuis cent ans j’espérais ton appel. « Les astres de ta vie influaient sur ma danse ; « Morgane regard
er quand pour vous se déclare « Un mirage, incertain et que les vents d’ horreur « Feignent d’être le rire de la lune hilar
déclare « Un mirage, incertain et que les vents d’horreur « Feignent d’ être le rire de la lune hilare « Et d’effrayer les
irage, incertain et que les vents d’horreur « Feignent d’être le rire de la lune hilare « Et d’effrayer les fantômes avant
les vents d’horreur « Feignent d’être le rire de la lune hilare « Et d’ effrayer les fantômes avant-coureurs. « J’ai fai
exprimaient les béatitudes « Qui toutes ne sont rien qu’un pur effet de l’Art. « Je n’ai jamais cueilli que la fleur d’
ien qu’un pur effet de l’Art. « Je n’ai jamais cueilli que la fleur d’ aubépine, « Aux printemps finissants qui voulaient
Aux printemps finissants qui voulaient défleurir, « Quand les oiseaux de proie proclamaient leurs rapines « D’agneaux mort
défleurir, « Quand les oiseaux de proie proclamaient leurs rapines «  D’ agneaux mort nés et d’enfants-dieux qui vont mouri
s oiseaux de proie proclamaient leurs rapines « D’agneaux mort nés et d’ enfants-dieux qui vont mourir. « Et j’ai vieilli
e et l’aubépine en fleur « Cet avril aurait eu la pauvre confidence «  D’ un corps de vieille morte en mimant la douleur. »
pine en fleur « Cet avril aurait eu la pauvre confidence « D’un corps de vieille morte en mimant la douleur. » ……………………………
» ………………………………………………………………. Et leurs mains s’élevaient comme un vol de colombes, Clarté sur qui la nuit fondit comme un
. Puis, Merlin s’en alla vers l’est, disant : « Qu’il monte « Le fils de la Mémoire, égale de l’amour. « Qu’il monte de
lla vers l’est, disant : « Qu’il monte « Le fils de la Mémoire, égale de l’amour. « Qu’il monte de la fange ou soit une
u’il monte « Le fils de la Mémoire, égale de l’amour. « Qu’il monte de la fange ou soit une ombre d’homme « Il sera bien
oire, égale de l’amour. « Qu’il monte de la fange ou soit une ombre d’ homme « Il sera bien mon fils, mon ouvrage immorte
’homme « Il sera bien mon fils, mon ouvrage immortel « Le front nimbé de feu, sur le chemin de Rome « Il marchera tout seu
mon fils, mon ouvrage immortel « Le front nimbé de feu, sur le chemin de Rome « Il marchera tout seul en regardant le ciel
temps des nouvelles douleurs. « Couché parmi la marjolaine et les pas d’ ânes, « Je m’éterniserai sous l’aubépine en fleurs
17 (1915) Acousmate (incipit : « Paix sur terre aux hommes de bonne volonté ») « Acousmate (incipit : « Paix sur terre aux hommes de bonne volonté ») »
Acousmate (incipit : « Paix sur terre aux hommes de bonne volonté ») Paix sur terre aux hommes de
sur terre aux hommes de bonne volonté ») Paix sur terre aux hommes de bonne volonté Les maris voudraient agir l’outil n
aux hommes de bonne volonté Les maris voudraient agir l’outil n’a pas de manche Sur les doigts de cet homme on voit des tâ
té Les maris voudraient agir l’outil n’a pas de manche Sur les doigts de cet homme on voit des tâches d’encre Les hommes e
util n’a pas de manche Sur les doigts de cet homme on voit des tâches d’ encre Les hommes et les FEMMES sont tous inserment
aient ce que disaient les anges Leurs âmes s’apaisaient comme un midi d’ été Les bergers comprenaient ce qu’ils croyaient e
j’aperçois trois chiures Mais presque toutes les mouches sont mortes de froid Car c’est l’hiver oui mon vieux ça va bien
nt qu’un enfant venait de naître               Près de là Sur le coup de minuit d’un jour alcyonien Se mirent tous en rout
nfant venait de naître               Près de là Sur le coup de minuit d’ un jour alcyonien Se mirent tous en route au son d
le coup de minuit d’un jour alcyonien Se mirent tous en route au son de leurs musettes
18 (1917) Chant d'amour « Chant d’amour »
Chant d’ amour Voici de quoi est fait le chant symphoniq
Chant d’amour Voici de quoi est fait le chant symphonique de l’amour Il
Chant d’amour Voici de quoi est fait le chant symphonique de l’amour Il y a le chant de l’amour de jadis Le br
oici de quoi est fait le chant symphonique de l’amour Il y a le chant de l’amour de jadis Le bruit des baisers éperdus des
i est fait le chant symphonique de l’amour Il y a le chant de l’amour de jadis Le bruit des baisers éperdus des amants ill
r de jadis Le bruit des baisers éperdus des amants illustres Les cris d’ amour des mortelles violées par les dieux Les viri
igées comme des            pièces contre avions le hurlement précieux de Jason Le chant mortel du cygne Et l’hymne victori
a le cri des Sabines au moment de l’enlèvement Il y a aussi les cris d’ amour des félins dans                   les jongle
qui accomplissent le terrible amour            des peuples Les vagues de la mer où naît la vie et la beauté Il y a là le c
s Les vagues de la mer où naît la vie et la beauté Il y a là le chant de tout l’amour du monde GUILLAUME APOLLINAIRE
19 (1915) [Page de titre] « [Page de titre] »
[Page de titre] Guillaume Apollinaire Case d’Armons
[Page de titre] Guillaume Apollinaire Case d’ Armons Aux Armées de la République [signaux optiqu
[Page de titre] Guillaume Apollinaire Case d’Armons Aux Armées de la République [signaux optiques d’artillerie] 191
ollinaire Case d’Armons Aux Armées de la République [signaux optiques d’ artillerie] 1915
20 (1915) [Page de titre] « [Page de titre] »
[Page de titre]   Guillaume Apollinaire Case d’Armon
[Page de titre]   Guillaume Apollinaire Case d’ Armons Aux Armées de la République [signaux optiqu
Page de titre]   Guillaume Apollinaire Case d’Armons Aux Armées de la République [signaux optiques d’artillerie] 191
ollinaire Case d’Armons Aux Armées de la République [signaux optiques d’ artillerie] 1915
21 (1913) Arbre « Arbre »
st changée en plusieurs mirages Ne m’abandonnez pas parmi cette foule de femmes au marché Ispahan s’est fait un ciel de ca
pas parmi cette foule de femmes au marché Ispahan s’est fait un ciel de carreaux émaillés de bleu Et je remonte avec vous
e de femmes au marché Ispahan s’est fait un ciel de carreaux émaillés de bleu Et je remonte avec vous une route aux enviro
reaux émaillés de bleu Et je remonte avec vous une route aux environs de Lyon Je n’ai pas oublié le son de la clochette
avec vous une route aux environs de Lyon Je n’ai pas oublié le son de la clochette d’un marchand de coco d’autrefois J’
oute aux environs de Lyon Je n’ai pas oublié le son de la clochette d’ un marchand de coco d’autrefois J’entends déjà le
ons de Lyon Je n’ai pas oublié le son de la clochette d’un marchand de coco d’autrefois J’entends déjà le son aigre de c
yon Je n’ai pas oublié le son de la clochette d’un marchand de coco d’ autrefois J’entends déjà le son aigre de cette voi
ochette d’un marchand de coco d’autrefois J’entends déjà le son aigre de cette voix à venir Du camarade qui se promènera a
n enfant Un veau dépouillé pendu à l’étal Un enfant Et cette banlieue de sable autour d’une pauvre ville au fond de l’Est
dépouillé pendu à l’étal Un enfant Et cette banlieue de sable autour d’ une pauvre ville au fond de l’Est Un douanier se
n enfant Et cette banlieue de sable autour d’une pauvre ville au fond de l’Est Un douanier se tenait là comme un ange A
au fond de l’Est Un douanier se tenait là comme un ange A la porte d’ un misérable paradis Et ce voyageur épileptique éc
un misérable paradis Et ce voyageur épileptique écumait dans la salle d’ attente des premières Engoulevent Grondin Blaire
pas oublier les légendes Dame-Aboude dans un tramway la nuit au fond d’ un quartier désert Je voyais une chasse tandis que
t à chaque étage Entre les pierres Entre les vêtements multicolores de la vitrine Entre les charbons ardents du marchand
nts multicolores de la vitrine Entre les charbons ardents du marchand de marrons Entre deux vaisseaux norvégiens amarrés à
ens amarrés à Rouen Il y a ton image Elle pousse entre les bouleaux de la Finlande Ce beau nègre en acier La plus gr
ier La plus grande tristesse C’est quand tu reçus une carte postale de La Corogne Le vent vient du couchant Le métal d
22 (1917) [Calligramme (jambe d'Arlequin)] « [Calligramme (jambe d’Arlequin)] »
[Calligramme (jambe d’ Arlequin)] [jambe d’Arlequin] et laissez le
[Calligramme (jambe d’Arlequin)] [jambe d’ Arlequin] et laissez le mystère de cette jambe d’A
me (jambe d’Arlequin)] [jambe d’Arlequin] et laissez le mystère de cette jambe d’Arlequin vous torturer le cœur
equin)] [jambe d’Arlequin] et laissez le mystère de cette jambe d’ Arlequin vous torturer le cœur
23 (1914) 1890 « 1890 »
1890 l’X Toutes les femmes de 45 à 50 ans se souviennent d’avoir été amoureuses
1890 l’X Toutes les femmes de 45 à 50 ans se souviennent d’ avoir été amoureuses de Capoul M. CAPUS Et de bien
outes les femmes de 45 à 50 ans se souviennent d’avoir été amoureuses de Capoul M. CAPUS Et de bien d’autres
à 50 ans se souviennent d’avoir été amoureuses de Capoul M. CAPUS Et de bien d’autres
24 (1911) Le Larron « Le Larron »
Mais ce n’est pas l’exil que je viens simuler Et sachez que j’attends de moyennes tortures Injustes si je rends tout ce qu
e moyennes tortures Injustes si je rends tout ce que j’ai volé Issu de l’écume des mers comme Aphrodite Sois docile puis
naufragé Vois les sages te font des gestes socratiques Vous parlerez d’ amour quand il aura mangé Maraudeur étranger mal
abile et malade Ton père fut un sphinx et ta mère une nuit Qui charma de lueurs Zacinthe et les Cyclades As-tu feint d’avo
re une nuit Qui charma de lueurs Zacinthe et les Cyclades As-tu feint d’ avoir faim quand tu volas les fruits Possesseurs
ades As-tu feint d’avoir faim quand tu volas les fruits Possesseurs de fruits mûrs que dirai-je aux insultes Ouïr ta voi
gure en nénie ô maman Puisqu’ils n’eurent enfin la pubère et l’adulte De prétexte sinon que s’aimer nuitamment Il y avai
ment Il y avait des fruits tout ronds comme des âmes Et des amandes de pomme de pin jonchaient Votre jardin marin où j’a
y avait des fruits tout ronds comme des âmes Et des amandes de pomme de pin jonchaient Votre jardin marin où j’ai laissé
jardin marin où j’ai laissé mes rames Et mon couteau punique au pied de ce pêcher Les citrons couleur d’huile et à save
mes Et mon couteau punique au pied de ce pêcher Les citrons couleur d’ huile et à saveur d’eau froide Pendaient parmi les
unique au pied de ce pêcher Les citrons couleur d’huile et à saveur d’ eau froide Pendaient parmi les fleurs des citronni
froide Pendaient parmi les fleurs des citronniers tordus Les oiseaux de leur bec ont blessé vos grenades Et presque toute
son des cinyres des Lydiennes nues Or les hommes ayant des masques de théâtre Et les femmes ayant des colliers où penda
e Et les femmes ayant des colliers où pendait La pierre prise au foie d’ un vieux coq de Tanagre Parlaient entre eux le lan
ayant des colliers où pendait La pierre prise au foie d’un vieux coq de Tanagre Parlaient entre eux le langage de la Chal
rise au foie d’un vieux coq de Tanagre Parlaient entre eux le langage de la Chaldée Les autans langoureux dehors feignai
ux dehors feignaient l’automne Les convives c’étaient tant de couples d’ amants Qui dirent tour à tour Voleur je te pardonn
tour à tour Voleur je te pardonne Reçois d’abord le sel puis le pain de froment Le brouet qui froidit sera fade à tes l
t Le brouet qui froidit sera fade à tes lèvres Mais l’outre en peau de bouc maintient frais le vin blanc Par ironie veux
c maintient frais le vin blanc Par ironie veux-tu qu’on serve un plat de fèves Ou des beignets de fleurs trempés dans du m
blanc Par ironie veux-tu qu’on serve un plat de fèves Ou des beignets de fleurs trempés dans du miel blond Une femme lui
nnais-tu mieux les lois malgré les hommes Veux-tu le talisman heureux de mon collier Larron des fruits tourne vers moi t
llier Larron des fruits tourne vers moi tes yeux lyriques Emplissez de noix la besace du héros Il est plus noble que le
nt qui fuyaient aux éclairs Un homme bègue ayant au front deux jets de flammes Passa menant un peuple infime pour l’orgu
ont deux jets de flammes Passa menant un peuple infime pour l’orgueil De manger chaque jour les cailles et la manne Et d’a
nfime pour l’orgueil De manger chaque jour les cailles et la manne Et d’ avoir vu la mer ouverte comme un œil Les puiseur
et la manne Et d’avoir vu la mer ouverte comme un œil Les puiseurs d’ eau barbus coiffés de bandelettes Noires et blanch
ir vu la mer ouverte comme un œil Les puiseurs d’eau barbus coiffés de bandelettes Noires et blanches contre les maux et
andelettes Noires et blanches contre les maux et les sorts Revenaient de l’Euphrate et les yeux des chouettes Attiraient q
hrate et les yeux des chouettes Attiraient quelquefois les chercheurs de trésors Cet insecte jaseur ô poète barbare Rega
s Cet insecte jaseur ô poète barbare Regagnait chastement à l’heure d’ y mourir La forêt précieuse aux oiseaux gemmipares
sources mûrirent Un triomphe passait gémir sous l’arc-en-ciel Avec de blêmes laurés debout dans les chars Les statues s
Les chevaucheurs nous jetèrent dans l’avenir Les alcancies pleines de cendre ou bien de fleurs Nous aurons des baisers
s nous jetèrent dans l’avenir Les alcancies pleines de cendre ou bien de fleurs Nous aurons des baisers florentins sans le
le dire Mais au jardin ce soir tu vins sage et voleur * *   * Ceux de ta secte adorent-ils un signe obscène Belphégor l
masques Va-t’en va-t’en contre le feu l’ombre prévaut Ah Ah le larron de gauche dans la bourrasque Rira de toi comme henni
feu l’ombre prévaut Ah Ah le larron de gauche dans la bourrasque Rira de toi comme hennissent les chevaux Larron des fru
evaux Larron des fruits tourne vers moi tes yeux lyriques Emplissez de noix la besace du héros Il est plus noble que le
’absolu choit la chute est une preuve Qui double devient triple avant d’ avoir été Nous avouons que les grossesses nous éme
Les ventres pourront seuls nier l’aséité Vois les vases sont pleins d’ humides fleurs morales Va-t’en mais dénudé puisque
tuer l’unicorne ou le gnou L’ombre équivoque et tendre est le deuil de ta chair Et sombre elle est humaine et puis la nô
nôtre aussi Va-t’en le crépuscule a des lueurs légères Et puis aucun de nous ne croirait tes récits Il brillait et atti
ait et attirait comme la pantaure Que n’avait-il la voix et les jupes d’ Orphée Et les femmes la nuit feignant d’être des t
avait-il la voix et les jupes d’Orphée Et les femmes la nuit feignant d’ être des taures L’eussent aimé comme on l’aima pui
il était beau comme un roi ladre Que n’avait-il la voix et les jupes d’ Orphée La pierre prise au foie d’un vieux coq de T
Que n’avait-il la voix et les jupes d’Orphée La pierre prise au foie d’ un vieux coq de Tanagre Au lieu du roseau triste e
la voix et les jupes d’Orphée La pierre prise au foie d’un vieux coq de Tanagre Au lieu du roseau triste et du funèbre fa
vierge et froid Le tact est relatif mais la vue est oblongue Tu n’as de signe que le signe de la croix Vouons le vol à
e vol à Sparte et l’inceste à Ninive Nous rentrerons demain à l’école d’ Elée Qu’on souffle les flambeaux à cause des convi
fle les flambeaux à cause des convives Qui se fiant au Bègue ont peur d’ être brûlés
25 (1917) Dans l'abri caverne « Dans l’abri caverne »
rs toi et il me semble aussi que tu te jettes vers moi Une force part de nous qui est un feu solide qui nous soude Et puis
qui fait que nous ne pouvons nous apercevoir En face de moi la paroi de craie s’effrite Il y a des cassures De longues tr
cevoir En face de moi la paroi de craie s’effrite Il y a des cassures De longues traces d’outils traces lisses et qui semb
moi la paroi de craie s’effrite Il y a des cassures De longues traces d’ outils traces lisses et qui semblent être faites d
ongues traces d’outils traces lisses et qui semblent être faites dans de la stéarine Des coins de cassures sont arrachés p
aces lisses et qui semblent être faites dans de la stéarine Des coins de cassures sont arrachés par le passage des types d
stéarine Des coins de cassures sont arrachés par le passage des types de ma pièce Moi j’ai ce soir une âme qui s’est creus
eusée qui est vide On dirait qu’on y tombe sans cesse et sans trouver de fond Et qu’il n’y a rien pour se raccrocher Ce qu
a rien pour se raccrocher Ce qui y tombe et qui y vit c’est une sorte d’ êtres laids qui me font mal et qui viennent de je
qui viennent de je ne sais où Oui je crois qu’ils viennent de la vie d’ une sorte de vie qui est dans l’avenir dans l’aven
t de je ne sais où Oui je crois qu’ils viennent de la vie d’une sorte de vie qui est dans l’avenir dans l’avenir brut qu’o
’on n’a pu encore cultiver où élever ou humaniser. Dans ce grand vide de mon âme il manque un soleil il manque ce qui écla
Les autres jours je me rattache à toi Les autres jours je me console de la solitude et de toutes les horreurs En imaginan
je me rattache à toi Les autres jours je me console de la solitude et de toutes les horreurs En imaginant ta beauté Pour l
de toutes les horreurs En imaginant ta beauté Pour l’élever au-dessus de l’univers extasié Puis je pense que je l’imagine
vain Je ne la connais par aucun sens Ni même par les mots Et mon goût de la beauté est-il donc aussi vain Existes-tu mon a
ité que j’ai créée sans le vouloir Pour peupler la solitude Es-tu une de ces déesses comme celles que les Grecs avaient do
26 (1917) De la batterie de tir « De la batterie de tir »
De la batterie de tir Au maréchal des logis F. Bod
De la batterie de tir Au maréchal des logis F. Bodard.        No
bien des Négrities        Des Eldorados ou bien des Cimméries Rivière d’ hommes forts et d’obus dont l’orient chatoie      
       Des Eldorados ou bien des Cimméries Rivière d’hommes forts et d’ obus dont l’orient chatoie        Diamants qui écl
la nuit                      O Roses O France        Nous nous pâmons de volupté        A ton cou penché vers l’Est       
s l’Arc-en-terre        Signe plus pur que l’Arc-en-Ciel        Signe de nos origines profondes                 Etincelles
27 (1914) Un fantôme de nuées « Un fantôme de nuées »
Un fantôme de nuées   Comme c’était la veille du quatorze
  Comme c’était la veille du quatorze Juillet Vers les quatre heures de l’après-midi Je descendis dans la rue pour aller
sur une petite place située entre Saint-Germain-des-Prés et la statue de Danton Je rencontrai les saltimbanques La foule
s une place dans ce cercle afin de tout voir Poids formidables Villes de Belgique soulevées à bras tendus par un ouvrier r
ables Villes de Belgique soulevées à bras tendus par un ouvrier russe de Longwy Haltères noirs et creuses qui ont pour tig
e figé Doigts roulants une cigarette amère et délicieuse comme ta vie De nombreux tapis usés couvraient le sol Tapis qui o
s plis qu’on ne défera pas Tapis qui sont presque entièrement couleur de la poussière Et où quelques taches jaunes ou vert
ière Et où quelques taches jaunes ou vertes ont persisté Comme un air de musique qui vous poursuit Vois-tu le personnage m
e qui vous poursuit Vois-tu le personnage maigre et sauvage La cendre de ses frères lui sortait en barbe grisonnante Il po
isage Il semblait rêver à l’avenir En tournant machinalement un orgue de Barbarie Dont la lente voix se lamentait merveill
Les saltimbanques ne bougeaient pas Le plus vieux avait un maillot de ce rose violâtre qu’ont aux joues certaines jeune
entourent souvent leur bouche Ou près des narines C’est un rose plein de traitrise Cet homme portait-il ainsi sur le dos L
de traitrise Cet homme portait-il ainsi sur le dos La teinte ignoble de ses poumons Les bras, les bras partout montaient
as partout montaient la garde Le second saltimbanque N’était vêtu que de son ombre Je le regardai longtemps Son visage m’é
happe entièrement C’est un homme sans tête Un autre enfin avait l’air d’ un voyou D’un apache bon et crapule à la fois  
rement C’est un homme sans tête Un autre enfin avait l’air d’un voyou D’ un apache bon et crapule à la fois     Avec s
n bouffant et les accroche-chaussettes N’aurait-il pas eu l’apparence d’ un maquereau à sa toilette La musique se tut et
s pourparlers avec le public Qui sou à sou jeta sur le tapis la somme de deux francs cinquante Au lieu des trois francs qu
personne ne donnerait plus rien On se décida à commencer la séance De dessous de l’orgue sortit un tout petit saltimban
e donnerait plus rien On se décida à commencer la séance De dessous de l’orgue sortit un tout petit saltimbanque habillé
nce De dessous de l’orgue sortit un tout petit saltimbanque habillé de rose pulmonaire Avec de la fourrure aux poignets
gue sortit un tout petit saltimbanque habillé de rose pulmonaire Avec de la fourrure aux poignets et aux chevilles Il pous
une humanité Pensa chacun Et cette musique des formes Détruisit celle de l’orgue mécanique Que moulait l’homme au visage c
isit celle de l’orgue mécanique Que moulait l’homme au visage couvert d’ ancêtres Le petit saltimbanque fit la roue Avec
sage couvert d’ancêtres Le petit saltimbanque fit la roue Avec tant d’ audacieuse harmonie Que l’orgue cessa de jouer Et
mbanque fit la roue Avec tant d’audacieuse harmonie Que l’orgue cessa de jouer Et que l’organiste se cacha le visage dans
cacha le visage dans les mains Aux doigts semblables aux descendants de son destin Fœtus minuscules qui lui sortaient de
bles aux descendants de son destin Fœtus minuscules qui lui sortaient de la barbe Nouveau cri de Peau-Rouge Musique angé
n destin Fœtus minuscules qui lui sortaient de la barbe Nouveau cri de Peau-Rouge Musique angélique des arbres Dispariti
Nouveau cri de Peau-Rouge Musique angélique des arbres Disparition de l’enfant Les saltimbanques soulevèrent les grosse
28 (1917) La Victoire « La Victoire »
te je rêve et les feuillards agitent Leurs feuilles qui ressemblent à de pauvres marins Ailés et tournoyants comme Icare
ous la pluie aux reflets du trottoir Leurs rires amassés en grappes de raisin Ne sors plus de chez moi diamant qui par
du trottoir Leurs rires amassés en grappes de raisin Ne sors plus de chez moi diamant qui parlais Dors doucement tu es
e et mon casque troué Regards précieux saphirs taillés aux environs de Saint-Claude               Tes joues étaient une
de               Tes joues étaient une pure émeraude Je me souviens de toi ville des météores Ils fleurissaient en l’air
Ils fleurissaient en l’air pendant ces nuits où rien ne dort Jardins de la lumière où j’ai cueilli des bouquets Tu dois
s de la lumière où j’ai cueilli des bouquets Tu dois en avoir assez de faire peur à ce ciel                             
  A l’Institut des jeunes aveugles on a demandé N’avez-vous point ici de jeune aveugle ailé O Bouches l’homme est à la r
oint ici de jeune aveugle ailé O Bouches l’homme est à la recherche d’ un nouveau langage Auquel le grammairien d’aucune
l’homme est à la recherche d’un nouveau langage Auquel le grammairien d’ aucune langue n’aura rien à dire Et ces vieilles
nt tellement près de mourir Que c’est vraiment par habitude et manque d’ audace Qu’on les fait encore servir à la poésie
langue                              Lançons des postillons On veut de nouveaux sons                        de nouveaux
çons des postillons On veut de nouveaux sons                         de nouveaux sons                              de nou
                       de nouveaux sons                               de nouveaux sons On veut des consonnes sans voyelles
s Des consonnes qui pètent sourdement                   Imitez le son de la toupie         Laissez petiller un son nasal e
continu       Faites claquer votre langue Servez-vous du bruit sourd de celui qui mange sans civilité Le raclement aspi
s Habituez-vous à roter à volonté Et quelle lettre grave comme un son de cloche                      A travers nos mémoire
             A travers nos mémoires Nous n’aimons pas assez la joie De voir de belles choses neuves           O mon amie
     A travers nos mémoires Nous n’aimons pas assez la joie De voir de belles choses neuves           O mon amie hâte-to
le vite pour toi Ces chemins de fer qui circulent Sortiront bientôt de la vie Ils seront beaux et ridicules Deux lampe
ns la myrtaie           L’Eros et l’Antéros en larmes Je suis le ciel de la cité                       Ecoutez la mer La
    Ma voix fidèle comme l’ombre              Veut être enfin l’ombre de la vie Veut être ô mer vivante infidèle comme toi
’est un dieu qui tremble Avance et soutiens-moi je regrette les mains De ceux qui les tendaient et m’adoraient ensemble Qu
mains De ceux qui les tendaient et m’adoraient ensemble Quelle oasis de bras m’accueillera demain Connais-tu cette joie d
emble Quelle oasis de bras m’accueillera demain Connais-tu cette joie de voir des choses neuves                O Voix, j
e voir des choses neuves                O Voix, je parle le langage de la mer Et dans le port la nuit les dernières tave
nuit les dernières tavernes Moi qui suis plus têtu que non l’hydre de Lerne                La rue où nagent mes deux ma
     Regarde                La victoire avant tout sera                De bien voir au loin                Et de tout voir
avant tout sera               De bien voir au loin                Et de tout voir                De près               Et
   De bien voir au loin                Et de tout voir                 De près               Et que tout               Ait
29 (1916) Arbre « Arbre »
st changée en plusieurs mirages Ne m’abandonnez pas parmi cette foule de femmes au marché Ispahan s’est fait un ciel de ca
pas parmi cette foule de femmes au marché Ispahan s’est fait un ciel de carreaux émaillés de bleu Et je remonte avec vous
e de femmes au marché Ispahan s’est fait un ciel de carreaux émaillés de bleu Et je remonte avec vous une route aux enviro
reaux émaillés de bleu Et je remonte avec vous une route aux environs de Lyon Je n’ai pas oublié le son d’une clochette
avec vous une route aux environs de Lyon Je n’ai pas oublié le son d’ une clochette d’un marchand de coco autrefois J’en
oute aux environs de Lyon Je n’ai pas oublié le son d’une clochette d’ un marchand de coco autrefois J’entends déjà le so
ons de Lyon Je n’ai pas oublié le son d’une clochette d’un marchand de coco autrefois J’entends déjà le son aigre de cet
clochette d’un marchand de coco autrefois J’entends déjà le son aigre de cette voix à venir Du camarade qui se promènera a
n enfant Un veau dépouillé pendu à l’étal Un enfant Et cette banlieue de sable autour d’une pauvre ville au fond de l’Est
dépouillé pendu à l’étal Un enfant Et cette banlieue de sable autour d’ une pauvre ville au fond de l’Est Un douanier se
n enfant Et cette banlieue de sable autour d’une pauvre ville au fond de l’Est Un douanier se tenait là comme un ange A
au fond de l’Est Un douanier se tenait là comme un ange A la porte d’ un misérable paradis Et ce voyageur épileptique éc
un misérable paradis Et ce voyageur épileptique écumait dans la salle d’ attente des premières Engoulevent Grondin Blaire
pas oublier les légendes Dame-Aboude dans un tramway ln nuit au fond d’ un quartier désert Je voyais une chasse tandis que
ait à chaque étage Entre les pierres Entre les vêtements multicolores de la vitrine Entre les charbons ardents du marchand
nts multicolores de la vitrine Entre les charbons ardents du marchand de marrons Entre deux vaisseaux norvégiens amarrés à
ens amarrés à Rouen Il y a ton image Elle pousse entre les bouleaux de la Finlande Ce beau nègre en acier La plus gr
ier La plus grande tristesse C’est quand tu reçus une carte postale de La Corogne Le vent vient du couchant Le métal d
30 (1917) Arbre « Arbre »
st changée en plusieurs mirages Ne m’abandonnez pas parmi cette foule de femmes au marché Ispahan s’est fait au ciel de ca
pas parmi cette foule de femmes au marché Ispahan s’est fait au ciel de carreaux émaillés de bleu Et je remont avec vous
e de femmes au marché Ispahan s’est fait au ciel de carreaux émaillés de bleu Et je remont avec vous une route aux environ
rreaux émaillés de bleu Et je remont avec vous une route aux environs de Lyon Je n’ai pas oublié le son d’une clochette
avec vous une route aux environs de Lyon Je n’ai pas oublié le son d’ une clochette d’un marchant de coco Autrefois J’en
oute aux environs de Lyon Je n’ai pas oublié le son d’une clochette d’ un marchant de coco Autrefois J’entends déjà le so
ons de Lyon Je n’ai pas oublié le son d’une clochette d’un marchant de coco Autrefois J’entends déjà le son aigre de cet
clochette d’un marchant de coco Autrefois J’entends déjà le son aigre de cette voix à venir Du camarade qui se promène ave
n enfant Un veau dépouillé pendu à l’étal Un enfant Et cette banlieue de sable autour d’une petite ville Au fond de l’Est
dépouillé pendu à l’étal Un enfant Et cette banlieue de sable autour d’ une petite ville Au fond de l’Est Un douanier se t
n enfant Et cette banlieue de sable autour d’une petite ville Au fond de l’Est Un douanier se tenait là comme un ange a la
le Au fond de l’Est Un douanier se tenait là comme un ange a la porte d’ un misérable paradis Et le voyageur épileptique éc
un misérable paradis Et le voyageur épileptique écumait dans la salle d’ attente des premiéres Engoulevent Grondin Blaire
s oublier les légendes Dame il bonde dans une tramway la nuit au fond d’ un quartier désert Je voyais une chasse tandis que
tait à chaque étage Entre les pierres Entre les vétements multicolors de la vitrine Entre les charbons ardents du marchant
ents multicolors de la vitrine Entre les charbons ardents du marchant de marrons Entre deux vaisseaux norvégiens amarrés à
iens amarrés à Rouen Il y a ton image Elle pousse entre les tombaux de la Finlande Le beau nègre en acier La plus gr
ier La plus grande tristesse C’est quand tu reçue une carte postale de la Corogne Le vent vient du couchant Le métal d
31 (1904) Schinderhannes « Schinderhannes »
nde Chante Schinderhannes armé. Le brigand près de sa brigande Hennit d’ amour au joli mai. Benzel accroupi lit la bible
Benzel accroupi lit la bible Sans voir que son chapeau pointu A plume d’ aigle est une cible. Pour Jacob Born, le mal foutu
r Jacob Born, le mal foutu. Juliette Blæsius qui rote Fait semblant d’ avoir le hoquet. Hannes pousse une fausse note Qua
rtant un baquet. Hannes crie en versant des larmes : « Baquet plein de vin parfumé ! Viennent aujourd’hui les gendarmes,
n parfumé ! Viennent aujourd’hui les gendarmes, Nous aurons bu le vin de mai ! Mes compagnons, ma chère troupe D’ivrogne
mes, Nous aurons bu le vin de mai ! Mes compagnons, ma chère troupe D’ ivrognes rauques, mes bandits Voici notre divine s
udits. Et toi, Julia, la mamselle, Bois avec nous ce clair bouillon D’ herbes et de vin de Moselle… Prosit, bandit en cot
toi, Julia, la mamselle, Bois avec nous ce clair bouillon D’herbes et de vin de Moselle… Prosit, bandit en cotillon !… »
lia, la mamselle, Bois avec nous ce clair bouillon D’herbes et de vin de Moselle… Prosit, bandit en cotillon !… » Juliet
Juliette bientôt est saoule Et veut Hannes qui ne veut pas : « Pas d’ amour maintenant, ma poule ; Sers nous un bon peti
que j’assassine Ce riche juif, au bord du Rhin, Au clair des torches de résine… La fleur de mai, c’est le florin. » On
riche juif, au bord du Rhin, Au clair des torches de résine… La fleur de mai, c’est le florin. » On mange alors, toute l
de Pète et rit pendant le dîner, Puis s’attendrit à l’allemande Avant d’ aller assassiner. Guillaume Apollinaire
32 (1915) Fête (incipit : « Feu d’artifice en acier ») « Fête (incipit : « Feu d’artifice en acier ») »
Fête (incipit : « Feu d’ artifice en acier ») À André Rouveyre.  Feu
(incipit : « Feu d’artifice en acier ») À André Rouveyre.  Feu d’ artifice en acier Qu’il est charmant cet éclairage
 Feu d’artifice en acier Qu’il est charmant cet éclairage   Artifice d’ artificier Mêler quelque grâce au Courage — Deux
Un poète dans la forêt Regarde avec indifférence Son révolver au cran d’ arrêt Des roses mourir d’espérance — Il songe au
garde avec indifférence Son révolver au cran d’arrêt Des roses mourir d’ espérance — Il songe aux roses de Saadi Et souda
r au cran d’arrêt Des roses mourir d’espérance — Il songe aux roses de Saadi Et soudain sa tête se penche   Car une rose
Et soudain sa tête se penche   Car une rose lui redit La molle courbe d’ une hanche L’air est plein d’un terrible alcool
Car une rose lui redit La molle courbe d’une hanche L’air est plein d’ un terrible alcool Filtré des étoiles mi-closes Le
33 (1915) Fête (incipit : « Feu d’artifice en acier ») « Fête (incipit : « Feu d’artifice en acier ») »
Fête (incipit : « Feu d’ artifice en acier ») À André Rouveyre.   Feu
(incipit : « Feu d’artifice en acier ») À André Rouveyre.   Feu d’ artifice en acier Qu’il est charmant cet éclairage
Feu d’artifice en acier Qu’il est charmant cet éclairage     Artifice d’ artificier Mêler quelque grâce au Courage — Deux
Un poète dans la forêt Regarde avec indifférence Son révolver au cran d’ arrêt Des roses mourir d’espérance — Il songe au
garde avec indifférence Son révolver au cran d’arrêt Des roses mourir d’ espérance — Il songe aux roses de Saadi Et souda
r au cran d’arrêt Des roses mourir d’espérance — Il songe aux roses de Saadi Et soudain sa tête se penche    Car une ros
t soudain sa tête se penche    Car une rose lui redit La molle courbe d’ une hanche L’air est plein d’un terrible alcool F
 Car une rose lui redit La molle courbe d’une hanche L’air est plein d’ un terrible alcool Filtré des étoiles mi-closes Le
34 (1917) Le Voyage du Kabyle « Le Voyage du Kabyle »
age du Kabyle Belle couleur du Pobiron [à droite, verticalement de gauche à droite] il n’écoute pas il marche vite
à sa manière lorsque la journée est belle [à droite, verticalement de droite à gauche] Ordres de Bourse              
urnée est belle [à droite, verticalement de droite à gauche] Ordres de Bourse                Dans l’Ombre ou bien dans
umière                Jusqu’au faux pas pis qu’au trépas Des doigts d’ ivoire mourir sur des tombes jaunies            
e                      il est des jours où je désaime Dans la fumée d’ un cigare j’ai vu des mondes des moustres des spir
mée d’un cigare j’ai vu des mondes des moustres des spirales La boite d’ allumettes                                 Et vo
                     Demain douteux demain [à gauche, verticalement de droite à gauche] quelques oranges [à droite, vert
alement de droite à gauche] quelques oranges [à droite, verticalement de droite à gauche] DANS LE JARDIN          Et nou
S LE JARDIN          Et nous n’avons rien dit                extase d’ anges                claquants des dents          
           extase d’anges                claquants des dents           De loin un doigt levé                        Jamais
35 (1912) La Maison des morts « La Maison des Morts »
tière, La Maison des Morts l’encadrait comme un cloître A l’intérieur de ses vitrines Pareilles à celles des boutiques de
loître A l’intérieur de ses vitrines Pareilles à celles des boutiques de modes, Au lieu de sourire debout, Les mannequins
épulture, Soudain, Rapide comme ma mémoire. Les yeux se rallumèrent De cellule vitrée en cellule vitrée, Le ciel se peup
se rallumèrent De cellule vitrée en cellule vitrée, Le ciel se peupla d’ une apocalypse Vivace Et la terre, plate à l’infin
Vivace Et la terre, plate à l’infini Comme avant Galilée, Se couvrit de mille mythologies immobiles. Un ange en diamant b
t brisa toutes les vitrines Et les morts m’accostèrent Avec des mines de l’autre monde. Mais leur visage et leurs attitu
e perdirent Leur aspect fantasmagorique. Les morts se réjouissaient De voir leurs corps trépassés entre eux et la lumièr
nt De voir leurs corps trépassés entre eux et la lumière. Ils riaient de leur ombre et l’observaient Comme si véritablemen
ient quarante-neuf hommes. Femmes et enfants Qui embellissaient à vue d’ œil Et me regardaient maintenant Avec tant de cord
n amitié Tout à coup, Je les invitai à une promenade Loin des arcades de leur Maison. Et tous bras dessus, bras dessous,
u-légers nous rejoignirent. On leur fit fête. Ils coupèrent du bois de viorne Et de sureau Dont ils firent des sifflets
rejoignirent. On leur fit fête. Ils coupèrent du bois de viorne Et de sureau Dont ils firent des sifflets Qu’ils distri
t pas oublié la danse, Ces morts et ces mortes : On buvait aussi, Et, de temps à autre, une cloche Annonçait qu’un nouveau
nneau Allait être mis en perce. Une morte, assise sur un banc, Près d’ un buisson d’épine-vinette, Laissait un étudiant A
être mis en perce. Une morte, assise sur un banc, Près d’un buisson d’ épine-vinette, Laissait un étudiant Agenouillé à s
pine-vinette, Laissait un étudiant Agenouillé à ses pieds, Lui parler de fiançailles : ‒ Je vous attendrai Dix ans, vingt
‒ Je vous attendrai Toute votre vie… Répondait la morte. Des enfants De ce monde ou bien de l’autre Chantaient de ces ron
Toute votre vie… Répondait la morte. Des enfants De ce monde ou bien de l’autre Chantaient de ces rondes Aux paroles absu
ndait la morte. Des enfants De ce monde ou bien de l’autre Chantaient de ces rondes Aux paroles absurdes et lyriques Qui,
Qui, sans doute, sont les restes Des plus anciens monuments Poétiques De l’humanité. L’étudiant passa une bague A l’annu
s Poétiques De l’humanité. L’étudiant passa une bague A l’annulaire de la jeune morte : Voici le gage de mon amour, De n
diant passa une bague A l’annulaire de la jeune morte : Voici le gage de mon amour, De nos fiançailles. Ni le temps, ni l’
e bague A l’annulaire de la jeune morte : Voici le gage de mon amour, De nos fiançailles. Ni le temps, ni l’absence Ne nou
er nos promesses. Et un jour, nous aurons une belle noce, Des touffes de myrte A nos vêtements et dans vos cheveux. Un bea
myrte A nos vêtements et dans vos cheveux. Un beau sermon à l’église, De longs discours après le banquet Et de la musique,
eux. Un beau sermon à l’église, De longs discours après le banquet Et de la musique, De la musique. ‒ Nos enfants, dit l
rmon à l’église, De longs discours après le banquet Et de la musique, De la musique. ‒ Nos enfants, dit la fiancée, Sero
, plus beaux encore, Hélas ! la bague était brisée, Que s’ils étaient d’ argent ou d’or, D’émeraude ou de diamant, Seront p
encore, Hélas ! la bague était brisée, Que s’ils étaient d’argent ou d’ or, D’émeraude ou de diamant, Seront plus clairs,
e, Hélas ! la bague était brisée, Que s’ils étaient d’argent ou d’or, D’ émeraude ou de diamant, Seront plus clairs, plus c
bague était brisée, Que s’ils étaient d’argent ou d’or, D’émeraude ou de diamant, Seront plus clairs, plus clairs encore,
airs, plus clairs encore, Que les astres du firmament, Que la lumière de l’aurore, Que vos regards mon fiancé, Auront meil
e odeur encore, Hélas ! la bague était brisée, Que le lilas qui vient d’ éclore, Que le thym, la rose ou qu’un brin De lava
, Que le lilas qui vient d’éclore, Que le thym, la rose ou qu’un brin De lavande ou de romarin. Les musiciens s’en étant
qui vient d’éclore, Que le thym, la rose ou qu’un brin De lavande ou de romarin. Les musiciens s’en étant allés, Nous c
te la troupe se fût embarquée, Et quelques morts ramaient Avec autant de vigueur que les vivants, A l’avant du bateau qu
bateau que je gouvernais, Un mort parlait avec une jeune femme Vêtue d’ une robe jaune, D’un corsage noir Avec des rubans
vernais, Un mort parlait avec une jeune femme Vêtue d’une robe jaune, D’ un corsage noir Avec des rubans bleus et d’un chap
me Vêtue d’une robe jaune, D’un corsage noir Avec des rubans bleus et d’ un chapeau gris Orné d’une seule plume défrisée.
ne, D’un corsage noir Avec des rubans bleus et d’un chapeau gris Orné d’ une seule plume défrisée. ‒ Je vous aime, disait
ivées A un endroit où les chevau-légers Savaient qu’un écho répondait de la rive. On ne se lassait point de l’interroger.
gers Savaient qu’un écho répondait de la rive. On ne se lassait point de l’interroger. Il y eut des questions si extravaga
eut des questions si extravagantes Et des réponses tellement pleines d’ à-propos Que c’était à mourir de rire, Et le mort
tes Et des réponses tellement pleines d’à-propos Que c’était à mourir de rire, Et le mort disait à la vivante : ‒ Nous ser
s l’eau se refermera, Mais vous pleurez et vos mains tremblent, Aucun de nous ne reviendra. On reprit terre et ce fut le
s, Et les vivants, Des mortes. Un genévrier, parfois, Faisait l’effet d’ un fantôme. Les enfants déchiraient l’air En souff
échiraient l’air En soufflant, les joues creuses, Dans leurs sifflets de viorne, Ou de sureau, Tandis que les militaires C
ir En soufflant, les joues creuses, Dans leurs sifflets de viorne, Ou de sureau, Tandis que les militaires Chantaient des
tendant la sépulture derrière les vitrines. Ils ne se doutaient pas De ce qui s’était passé, Mais les vivants en gardaie
C’était un bonheur inespéré Et si certain Qu’ils ne craignaient point de le perdre. Ils vivaient si noblement Que ceux,
eille encore, Les regardaient comme leurs égaux Ou même quelque chose de moins, Admiraient maintenant Leur puissance, leur
eur richesse et leur génie. Car, y a-t-il rien qui vous élève Comme d’ avoir aimé un mort ou une morte ? On devient si pu
rt ou une morte ? On devient si pur qu’on en arrive Dans les glaciers de la mémoire A se confondre avec le souvenir. On es
avec le souvenir. On est fortifié pour la vie Et l’on n’a plus besoin de personne.
36 (1916) Voyage (incipit : « Du joli bateau de Port-Vendres ») « Voyage (incipit : « Du joli bateau de Port-Vendres ») »
Voyage (incipit : « Du joli bateau de Port-Vendres ») A M. P. Du joli bateau de Port
cipit : « Du joli bateau de Port-Vendres ») A M. P. Du joli bateau de Port-Vendres Tes yeux étaient les matelots Et com
ient les matelots Et comme les flots étaient tendres Dans les parages de Palos Que de sous-marins dans mon âme Naviguent
ts Et comme les flots étaient tendres Dans les parages de Palos Que de sous-marins dans mon âme Naviguent et vont l’atte
âme Naviguent et vont l’attendant Le superbe navire où clame Le chœur de ton regard ardent Guillaume Apollinaire
37 (1909) L'Obituaire « L’Obituaire »
du cimetière, L’obituaire l’encadrait comme un cloître. A l’intérieur de ses vitrines Pareilles à celles des boutiques de
oître. A l’intérieur de ses vitrines Pareilles à celles des boutiques de modes, Au lieu de sourire debout, Les mannequins
épulture. Soudain, Rapide comme ma mémoire, Les yeux se rallumèrent De cellule vitrée en cellule vitrée, Le ciel se peup
se rallumèrent De cellule vitrée en cellule vitrée, Le ciel se peupla d’ une apocalypse Vivace Et la terre, plate à l’infin
Vivace Et la terre, plate à l’infini Comme avant Galilée, Se couvrit de mille mythologies immobiles. Un ange en diamant b
t brisa toutes les vitrines Et les morts m’accostèrent Avec des mines de l’autre monde. Mais leur visage et leurs attitude
e perdirent Leur aspect fantasmagorique. Les morts se réjouissaient De voir leurs corps trépassés entre eux et la lumièr
nt De voir leurs corps trépassés entre eux et la lumière. Ils riaient de leur ombre et l’observaient Comme si véritablemen
ient quarante-neuf hommes, Femmes et enfants Qui embellissaient à vue d’ œil Et me regardaient maintenant Avec tant de cord
vau-légers nous rejoignirent. On leur fit fête. Ils coupèrent du bois de viorne Et de sureau Dont ils firent des sifflets
us rejoignirent. On leur fit fête. Ils coupèrent du bois de viorne Et de sureau Dont ils firent des sifflets Qu’ils distri
t pas oublié la danse, Ces morts et ces mortes ! On buvait aussi, Et, de temps à autre, une cloche Annonçait qu’un nouveau
nneau Allait être mis en perce. Une morte, assise sur un banc, Près d’ un buisson d’épine-vinette, Laissait un étudiant,
être mis en perce. Une morte, assise sur un banc, Près d’un buisson d’ épine-vinette, Laissait un étudiant, Agenouillé à
ine-vinette, Laissait un étudiant, Agenouillé à ses pieds, Lui parler de fiançailles : — Je vous attendrai Dix ans, vingt
— Je vous attendrai Toute votre vie… Répondait la morte. Des enfants De ce monde ou bien de l’autre Chantaient de ces ron
Toute votre vie… Répondait la morte. Des enfants De ce monde ou bien de l’autre Chantaient de ces rondes Aux paroles absu
ndait la morte. Des enfants De ce monde ou bien de l’autre Chantaient de ces rondes Aux paroles absurdes et lyriques Qui,
Qui, sans doute, sont les restes Des plus anciens monuments Poétiques De l’humanité. L’étudiant passa une bague A l’annu
s Poétiques De l’humanité. L’étudiant passa une bague A l’annulaire de la jeune morte : — Voici le gage de mon amour, De
ant passa une bague A l’annulaire de la jeune morte : — Voici le gage de mon amour, De nos fiançailles. Ni le temps, ni l’
bague A l’annulaire de la jeune morte : — Voici le gage de mon amour, De nos fiançailles. Ni le temps, ni l’absence Ne nou
er nos promesses. Et un jour, nous aurons une belle noce, Des touffes de myrte A nos vêtements et dans vos cheveux, Un bea
myrte A nos vêtements et dans vos cheveux, Un beau sermon à l’église, De longs discours après le banquet Et de la musique,
eux, Un beau sermon à l’église, De longs discours après le banquet Et de la musique, De la musique. — — Nos enfants, dit l
rmon à l’église, De longs discours après le banquet Et de la musique, De la musique. — — Nos enfants, dit la fiancée, Sero
, plus beaux encore, Hélas ! la bague était brisée, Que s’ils étaient d’ argent ou d’or, D’émeraude ou de diamant, Seront p
encore, Hélas ! la bague était brisée, Que s’ils étaient d’argent ou d’ or, D’émeraude ou de diamant, Seront plus clairs,
e, Hélas ! la bague était brisée, Que s’ils étaient d’argent ou d’or, D’ émeraude ou de diamant, Seront plus clairs, plus c
bague était brisée, Que s’ils étaient d’argent ou d’or, D’émeraude ou de diamant, Seront plus clairs, plus clairs encore,
airs, plus clairs encore, Que les astres du firmament, Que la lumière de l’aurore, Que vos regards mon fiancé, Auront meil
e odeur encore, Hélas ! la bague était brisée, Que le lilas qui vient d’ éclore, Que le thym, la rose ou qu’un brin De lava
, Que le lilas qui vient d’éclore, Que le thym, la rose ou qu’un brin De lavande ou de romarin. Les musiciens s’en étant
qui vient d’éclore, Que le thym, la rose ou qu’un brin De lavande ou de romarin. Les musiciens s’en étant allés, Nous c
te la troupe se fût embarquée, Et quelques morts ramaient Avec autant de vigueur que les vivants. A l’avant du bateau qu
bateau que je gouvernais, Un mort parlait avec une jeune femme Vêtue d’ une robe jaune, D’un corsage noir Avec des rubans
vernais, Un mort parlait avec une jeune femme Vêtue d’une robe jaune, D’ un corsage noir Avec des rubans bleus et d’un chap
me Vêtue d’une robe jaune, D’un corsage noir Avec des rubans bleus et d’ un chapeau gris Orné d’une seule petite plume défr
ne, D’un corsage noir Avec des rubans bleus et d’un chapeau gris Orné d’ une seule petite plume défrisée. — Je vous aime, d
ivées A un endroit où les chevau-légers Savaient qu’un écho répondait de la rive. On ne se lassait point de l’interroger.
gers Savaient qu’un écho répondait de la rive. On ne se lassait point de l’interroger. Il y eut des questions si extravaga
eut des questions si extravagantes Et des réponses tellement pleines d’ à-propos Que c’était à mourir de rire, Et le mort
tes Et des réponses tellement pleines d’à-propos Que c’était à mourir de rire, Et le mort disait à la vivante : — Nous s
s l’eau se refermera, Mais vous pleurez et vos mains tremblent, Aucun de nous ne reviendra. — On reprit terre et ce fut le
s, Et les vivants, Des mortes. Un genévrier, parfois, Faisait l’effet d’ un fantôme. Les enfants déchiraient l’air En souff
échiraient l’air En soufflant, les joues creuses, Dans leurs sifflets de viorne, Ou de sureau, Tandis que les militaires C
ir En soufflant, les joues creuses, Dans leurs sifflets de viorne, Ou de sureau, Tandis que les militaires Chantaient des
tendant la sépulture derrière les vitrines. Ils ne se doutaient pas De ce qui s’était passé, Mais les vivants en gardaie
C’était un bonheur inespéré Et si certain Qu’ils ne craignaient point de le perdre. Ils vivaient si noblement Que ceux,
eille encore, Les regardaient comme leurs égaux Ou même quelque chose de moins, Admiraient maintenant Leur puissance, leur
eur richesse et leur génie. Car, y a-t-il rien qui vous élève Comme d’ avoir aimé un mort ou une morte ? On devient si pu
rt ou une morte ? On devient si pur qu’on en arrive Dans les glaciers de la mémoire A se confondre avec le souvenir. On es
avec le souvenir. On est fortifié pour la vie Et l’on n’a plus besoin de personne. GUILLAUME APOLLINAIRE
38 (1909) Le Départ « Le Départ ») »
yant renoncé A n’être qu’une amante aime la chaste Gloire ; Le surnom de sa Vie sera le Désespoir Et le rire de tous l’éch
e la chaste Gloire ; Le surnom de sa Vie sera le Désespoir Et le rire de tous l’écho de sa Pensée. O douce Vie, ô doux A
ire ; Le surnom de sa Vie sera le Désespoir Et le rire de tous l’écho de sa Pensée. O douce Vie, ô doux Amour que je reb
ur que je rebute Tendresse du Printemps qui me fait défaillir, Un vol d’ oiseaux divins monte comme un soupir Dans le firma
Un vol d’oiseaux divins monte comme un soupir Dans le firmament clair de mes pures disputes. Adieu, adieu ! vous qui m’a
seule, triste et noire, dans la gare Attendre, les yeux secs, l’heure de mon départ, Puisque, vous le savez, je ne vous ai
de mon départ, Puisque, vous le savez, je ne vous aime pas. Rayons d’ un regard d’homme, ô cordes de ma lyre, C’est vous
rt, Puisque, vous le savez, je ne vous aime pas. Rayons d’un regard d’ homme, ô cordes de ma lyre, C’est vous qui résonne
le savez, je ne vous aime pas. Rayons d’un regard d’homme, ô cordes de ma lyre, C’est vous qui résonnez quand je chante 
lyre, C’est vous qui résonnez quand je chante ; c’est vous, La cause de l’impossible amour que j’avoue Et qui m’avez donn
cause de l’impossible amour que j’avoue Et qui m’avez donné la force de le dire. Et cette lyre accorde et mon cœur et s
39 (1903) Le Larron « Le Larron »
Mais ce n’est pas l’exil que je viens simuler Et sachez que j’attends de moyennes tortures, Injustes si je rends tout ce q
es tortures, Injustes si je rends tout ce que j’ai volé. » — « Issu de l’écume des mers comme Aphrodite, Sois docile, pu
fragé ! Vois, les sages te font des gestes socratiques. Vous parlerez d’ amour quand il aura mangé. Maraudeur étranger, m
bile et malade, Ton père fut un sphinx et ta mère une nuit Qui charma de lueurs Zacinthe et les Cyclades, As-tu feint d’av
e une nuit Qui charma de lueurs Zacinthe et les Cyclades, As-tu feint d’ avoir faim quand tu volas les fruits ? » — « Pos
tu feint d’avoir faim quand tu volas les fruits ? » — « Possesseurs de fruits mûrs, que dirai-je aux insultes ? Ouir ta
en nénie, ô maman ! Puisqu’ils n’eurent enfin, la pubère et l’adulte, De prétexte sinon de s’aimer nuitamment. Il y avai
! Puisqu’ils n’eurent enfin, la pubère et l’adulte, De prétexte sinon de s’aimer nuitamment. Il y avait des fruits tout
ent. Il y avait des fruits tout ronds comme des âmes Et des amandes de pomme de pin jonchaient Votre jardin marin où j’a
y avait des fruits tout ronds comme des âmes Et des amandes de pomme de pin jonchaient Votre jardin marin où j’ai laissé
jardin marin où j’ai laissé mes rames Et mon couteau punique au pied de ce pêcher. Les citrons couleur d’huile et à sav
es Et mon couteau punique au pied de ce pêcher. Les citrons couleur d’ huile et à saveur d’eau froide Pendaient parmi les
nique au pied de ce pêcher. Les citrons couleur d’huile et à saveur d’ eau froide Pendaient parmi les fleurs des citronni
froide Pendaient parmi les fleurs des citronniers tordus, Les oiseaux de leur bec ont blessé vos grenades Et presque toute
des cinyres des Lydiennes nues. » Or, les hommes ayant des masques de théâtre Et les femmes ayant des colliers où penda
e Et les femmes ayant des colliers où pendait La pierre prise au foie d’ un vieux coq de Tanagre Parlaient entre eux le lan
ayant des colliers où pendait La pierre prise au foie d’un vieux coq de Tanagre Parlaient entre eux le langage de la Chal
rise au foie d’un vieux coq de Tanagre Parlaient entre eux le langage de la Chaldée. Les autans langoureux dehors feigna
x dehors feignaient l’automne, Les convives c’étaient tant de couples d’ amants Qui dirent tour à tour : « Voleur, je te pa
à tour : « Voleur, je te pardonne. Reçois d’abord le sel puis le pain de froment. Le brouet qui froidit sera fade à tes
Le brouet qui froidit sera fade à tes lèvres, Mais l’outre en peau de bouc maintient frais le vin blanc. Par ironie, ve
maintient frais le vin blanc. Par ironie, veux-tu qu’on serve un plat de fèves Ou des beignets de fleurs trempés dans du m
anc. Par ironie, veux-tu qu’on serve un plat de fèves Ou des beignets de fleurs trempés dans du miel blond ? » Une femme
ais-tu mieux les lois malgré les hommes ? Veux-tu le talisman heureux de mon collier ? Larron des fruits tourne vers moi
er ? Larron des fruits tourne vers moi tes yeux lyriques. Emplissez de noix la besace du héros. Il est plus noble que le
t qui fuyaient aux éclairs. Un homme bègue ayant au front deux jets de flammes Passa, menant un peuple infime pour l’org
nt deux jets de flammes Passa, menant un peuple infime pour l’orgueil De manger chaque jour les cailles et la manne Et d’a
nfime pour l’orgueil De manger chaque jour les cailles et la manne Et d’ avoir vu la mer ouverte comme un œil. Les puiseu
et la manne Et d’avoir vu la mer ouverte comme un œil. Les puiseurs d’ eau barbus, coiffés de bandelettes Noires et blanc
vu la mer ouverte comme un œil. Les puiseurs d’eau barbus, coiffés de bandelettes Noires et blanches contre les maux et
andelettes Noires et blanches contre les maux et les sorts Revenaient de l’Euphrate et les yeux des chouettes Attiraient q
hrate et les yeux des chouettes Attiraient quelquefois les chercheurs de trésors. Effrayants et fardés, les poètes barba
our eux mûrirent. Un triomphe passait gémir sous l’arc-en-ciel Avec de blêmes laurés debout dans les chars, Les statues
Les chevaucheurs nous jetèrent dans l’avenir Les alcancies pleines de cendre ou bien de fleurs, Nous aurons des baisers
s nous jetèrent dans l’avenir Les alcancies pleines de cendre ou bien de fleurs, Nous aurons des baisers florentins sans l
re, Mais au jardin, ce soir, tu vins, sage et voleur. * *    * Ceux de ta secte adorent-ils la vie obscène : Belphégor,
 : Belphégor, le soleil, le silence ou le chien, Parce qu’il est bien d’ êre obscènes quand on s’aime ? » Et le larron des
Va-t’en, va-t’en, contre le feu l’ombre prévaut. Ah ! Ah ! le larron de gauche dans la bourrasque Rira de toi comme henni
’ombre prévaut. Ah ! Ah ! le larron de gauche dans la bourrasque Rira de toi comme hennissent les chevaux. » — « Larron
— « Larron des fruits tourne vers moi tes yeux lyriques. Emplissez de noix la besace du héros, Il est plus noble que le
absolu choit, la chûte est une preuve Qui double devient triple avant d’ avoir été. Nous avouons que les grossesses nous ém
s ventres pourront seuls nier l’aséité. Vois, les vases sont pleins d’ humides fleurs morales. Va-t’en mais dénudé, puisq
uer l’unicorne ou le gnou. L’ombre équivoque et tendre est le deuil de ta chair, Et sombre, elle est humaine et puis la
ôtre aussi. Va-t’en, le crépuscule a des lueurs légères Et puis aucun de nous ne croirait tes récits. Il brillait et att
it et attirait comme la pantaure. Que n’avait-il la voix et les jupes d’ Orphée Et les femmes, la nuit, feignant d’être des
ait-il la voix et les jupes d’Orphée Et les femmes, la nuit, feignant d’ être des taures L’eussent aimé comme on l’aima, pu
il était beau comme un roi ladre. Que n’avait-il la voix et les jupes d’ Orphée, La pierre prise au foie d’un vieux coq de
Que n’avait-il la voix et les jupes d’Orphée, La pierre prise au foie d’ un vieux coq de Tanagre Au lieu du roseau triste e
la voix et les jupes d’Orphée, La pierre prise au foie d’un vieux coq de Tanagre Au lieu du roseau triste et du funèbre fa
ierge et froid. Le tact est relatif mais la vue est oblongue. Tu n’as de signe que le signe de la croix. Vouons le vol à
vol à Sparte et l’inceste à Ninive. Nous rentrerons demain à l’école d’ Elée. Qu’on souffle les flambeaux à cause des conv
fle les flambeaux à cause des convives Qui se fiant au Bègue ont peur d’ être brûlés. » Guillaume Apollinaire.
40 (1912) Zône « Zône »
Zône A la fin tu es las de ce monde ancien Bergère ô tour Eiffel le troupe
re ô tour Eiffel le troupeau des ponts bêle ce matin Tu en as assez de vivre dans l’antiquité grecque et romaine Ici m
s l’antiquité grecque et romaine Ici même les automobiles ont l’air d’ être anciennes La Religion seule est restée toute
st restée toute neuve la Religion Est restée simple comme les hangars de Port Aviation Seul en Europe tu n’es pas antique
toi pape Pie X Et toi que les fenêtres observent la honte te retient D’ entrer dans une église et de t’y confesser ce mati
es fenêtres observent la honte te retient D’entrer dans une église et de t’y confesser ce matin Tu lis les prospectus le
prose il y a les journaux Il y a les livraisons à 25 centimes pleines d’ aventures policières O portraits des grands hommes
plaques les avis à la façon des perroquets criaillent J’aime la grâce de cette rue industrielle Située à Paris entre la ru
une rue et tu n’es encore qu’un petit enfant Ta mère ne t’habille que de bleu et de blanc Tu es très pieux et avec le plus
tu n’es encore qu’un petit enfant Ta mère ne t’habille que de bleu et de blanc Tu es très pieux et avec le plus ancien de
bille que de bleu et de blanc Tu es très pieux et avec le plus ancien de tes camarades René Dalize Vous n’aimez rien tant
en de tes camarades René Dalize Vous n’aimez rien tant que les pompes de l’Église Il est neuf heures le gaz est baissé tou
x cheveux roux que n’éteint pas le vent C’est le fils pâle et vermeil de la douloureuse mère C’est l’arbre toujours touffu
pâle et vermeil de la douloureuse mère C’est l’arbre toujours touffu de toutes les prières C’est la double potence de l’h
l’arbre toujours touffu de toutes les prières C’est la double potence de l’honneur et de l’éternité c’est l’étoile à six b
touffu de toutes les prières C’est la double potence de l’honneur et de l’éternité c’est l’étoile à six branches C’est Di
iateurs Il détient le record du monde pour la hauteur Pupille Christ de l’œil Vingtième pupille des siècles il sait y fai
L’avion se pose enfin sans refermer les ailes Le ciel s’emplit alors de millions d’hirondelles A tire d’aile viennent les
pose enfin sans refermer les ailes Le ciel s’emplit alors de millions d’ hirondelles A tire d’aile viennent les corbeaux le
mer les ailes Le ciel s’emplit alors de millions d’hirondelles A tire d’ aile viennent les corbeaux les faucons les hiboux
irondelles A tire d’aile viennent les corbeaux les faucons les hiboux D’ Afrique arrivent les ibis les flamants les marabou
par les conteurs et les poètes Plane tenant dans les serres le crâne d’ Adam la première tête L’aigle fond de l’horizon en
tenant dans les serres le crâne d’Adam la première tête L’aigle fond de l’horizon en poussant un grand cri Et d’Amérique
a première tête L’aigle fond de l’horizon en poussant un grand cri Et d’ Amérique vient le petit colibri De Chine sont venu
horizon en poussant un grand cri Et d’Amérique vient le petit colibri De Chine sont venus les pi-his longs et souples Qui
llé Le phénix ce bûcher qui soi-même s’engendre Un instant voile tout de son ardente cendre Les sirènes laissant les péril
ent en chantant bellement toutes trois Et tous aigle phénix et pi-his de la Chine Fraternisent avec la volante machine M
intenant tu marches dans Paris tout seul parmi la foule Des troupeaux d’ autobus mugissants près de toi roulent L’angoisse
ule Des troupeaux d’autobus mugissants près de toi roulent L’angoisse de l’amour te serre le gosier Comme si tu ne devais
s avez honte quand vous vous surprenez à dire une prière Tu te moques de toi et comme le feu de l’enfer ton rire pétille L
vous surprenez à dire une prière Tu te moques de toi et comme le feu de l’enfer ton rire pétille Les étincelles de ton ri
ues de toi et comme le feu de l’enfer ton rire pétille Les étincelles de ton rire dorent le fond de ta vie C’est un tablea
de l’enfer ton rire pétille Les étincelles de ton rire dorent le fond de ta vie C’est un tableau pendu dans un sombre musé
tableau pendu dans un sombre musée Et quelquefois tu vas le regarder de près Aujourd’hui tu marches dans Paris les femm
lantées C’était et je voudrais ne pas m’en souvenir c’était au déclin de la beauté Entourée de flammes ferventes Notre-D
udrais ne pas m’en souvenir c’était au déclin de la beauté Entourée de flammes ferventes Notre-Dame m’a regardé à Chartr
tourée de flammes ferventes Notre-Dame m’a regardé à Chartres Le sang de votre Sacré-Cœur m’a inondé à Montmartre Je suis
es Le sang de votre Sacré-Cœur m’a inondé à Montmartre Je suis malade d’ ouïr les paroles bienheureuses L’amour dont je sou
s algues nagent les poissons images du Sauveur Tu es dans le jardin d’ une auberge aux environs de Prague Tu te sens tout
s images du Sauveur Tu es dans le jardin d’une auberge aux environs de Prague Tu te sens tout heureux une rose est sur l
au lieu d’écrire ton conte en prose La cétoine qui dort dans le cœur de la rose Epouvanté tu te vois dessiné dans les a
ans le cœur de la rose Epouvanté tu te vois dessiné dans les agates de Saint-Vit Tu étais triste à mourir le jour où tu
t’y vis Tu ressembles au Lazare affolé par le jour Les aiguilles de l’horloge du quartier juif vont à rebours Et tu r
u trouves belle et qui est laide Elle doit se marier avec un étudiant de Leyde On y loue des chambres en latin Cubicula lo
Paris chez le juge d’instruction Comme un criminel on te met en état d’ arrestation Tu as fait de douloureux et de joyeu
uction Comme un criminel on te met en état d’arrestation Tu as fait de douloureux et de joyeux voyages Avant de t’aperce
riminel on te met en état d’arrestation Tu as fait de douloureux et de joyeux voyages Avant de t’apercevoir du Mensonge
douloureux et de joyeux voyages Avant de t’apercevoir du Mensonge et de l’Age Tu as souffert de l’amour à vingt et à tren
voyages Avant de t’apercevoir du Mensonge et de l’Age Tu as souffert de l’amour à vingt et à trente ans J’ai vécu comme u
ue j’aime sur tout ce qui m’a épouvanté Tu regardes les yeux pleins de larmes ces pauvres émigrants Ils croient en Dieu
nt en Dieu ils prient les femmes allaitent des enfants Ils emplissent de leur odeur le hall de la gare Saint-Lazare Ils on
les femmes allaitent des enfants Ils emplissent de leur odeur le hall de la gare Saint-Lazare Ils ont foi dans leur étoile
Ils ont foi dans leur étoile comme les rois mages Ils espèrent gagner de l’argent dans l’Argentine Et revenir dans leur pa
assises exsangues au fond des boutiques Tu es debout devant le zinc d’ un bar crapuleux Tu prends un café à deux sous par
utes même la plus laide a fait souffrir son amant Elle est la fille d’ un sergent de ville de Jersey Ses mains que je n’a
plus laide a fait souffrir son amant Elle est la fille d’un sergent de ville de Jersey Ses mains que je n’avais pas vues
e a fait souffrir son amant Elle est la fille d’un sergent de ville de Jersey Ses mains que je n’avais pas vues sont dur
s vues sont dures et gercées J’ai une pitié immense pour les coutures de son ventre J’humilie maintenant à une pauvre fi
vers Auteuil tu veux aller chez toi à pied Dormir parmi tes fétiches d’ Océanie et de Guinée Ils sont des Christ d’une aut
tu veux aller chez toi à pied Dormir parmi tes fétiches d’Océanie et de Guinée Ils sont des Christ d’une autre forme et d
Dormir parmi tes fétiches d’Océanie et de Guinée Ils sont des Christ d’ une autre forme et d’une autre croyance Ce sont le
iches d’Océanie et de Guinée Ils sont des Christ d’une autre forme et d’ une autre croyance Ce sont les Christ inférieurs d
41 (1913) Zône « Zône »
Zône A la fin tu es las de ce monde ancien Bergère ô tour Eiffel le troupe
re ô tour Eiffel le troupeau des ponts bêle ce matin Tu en as assez de vivre dans l’antiquité grecque et romaine Ici mêm
ans l’antiquité grecque et romaine Ici même les automobiles ont l’air d’ être anciennes La Religion seule est restée toute
st restée toute neuve la Religion Est restée simple comme les hangars de Port Aviation Seul en Europe tu n’es pas antique
toi pape Pie X Et toi que les fenêtres observent la honte te retient D’ entrer dans une église et de t’y confesser ce mati
es fenêtres observent la honte te retient D’entrer dans une église et de t’y confesser ce matin Tu lis les prospectus le
prose il y a les journaux Il y a les livraisons à 25 centimes pleines d’ aventures policières O portraits des grands hommes
plaques les avis à la façon des perroquets criaillent J’aime la grâce de cette rue industrielle Située à Paris entre la ru
une rue et tu n’es encore qu’un petit enfant Ta mère ne t’habille que de bleu et de blanc Tu es très pieux et avec le plus
tu n’es encore qu’un petit enfant Ta mère ne t’habille que de bleu et de blanc Tu es très pieux et avec le plus ancien de
bille que de bleu et de blanc Tu es très pieux et avec le plus ancien de tes camarades René Dalize Vous n’aimez rien tant
en de tes camarades René Dalize Vous n’aimez rien tant que les pompes de l’Eglise Il est neuf heures le gaz est baissé tou
x cheveux roux que n’éteint pas le vent C’est le fils pâle et vermeil de la douloureuse mère C’est larbre toujours touffu
s pâle et vermeil de la douloureuse mère C’est larbre toujours touffu de toutes les prières C’est la double potence de l’h
larbre toujours touffu de toutes les prières C’est la double potence de l’honneur et de l’éternité c’est l’étoile à six b
touffu de toutes les prières C’est la double potence de l’honneur et de l’éternité c’est l’étoile à six branches C’est Di
ateurs Il détient le record du monde pour la hauteur Pupille Christ de l’œil Vingtième pupille des siècles il sait y fai
L’avion se pose enfin sans refermer les ailes Le ciel s’emplit alors de millions d’hirondelles A tire d’aile viennent les
pose enfin sans refermer les ailes Le ciel s’emplit alors de millions d’ hirondelles A tire d’aile viennent les corbeaux le
mer les ailes Le ciel s’emplit alors de millions d’hirondelles A tire d’ aile viennent les corbeaux les faucons les hiboux
irondelles A tire d’aile viennent les corbeaux les faucons les hiboux D’ Afrique arrivent les ibis les flamants les marabou
par les conteurs et les poètes Plane tenant dans les serres le crâne d’ Adam la première tête L’aigle fond de l’horizon en
tenant dans les serres le crâne d’Adam la première tête L’aigle fond de l’horizon en poussant un grand cri Et d’Amérique
a première tête L’aigle fond de l’horizon en poussant un grand cri Et d’ Amérique vient le petit colibri De Chine sont venu
horizon en poussant un grand cri Et d’Amérique vient le petit colibri De Chine sont venus les pi-his longs et souples Qui
llé Le phénix ce bûcher qui soi-même s’engendre Un instant voile tout de son ardente cendre Les sirènes laissant les péril
nt en chantant bellement toutes trois Et tous aigles phénix et pi-his de la Chine Fraternisent avec la volante machine M
intenant tu marches dans Paris tout seul parmi la foule Des troupeaux d’ autobus mugissants près de toi roulent L’angoisse
ule Des troupeaux d’autobus mugissants près de toi roulent L’angoisse de l’amour te serre le gosier Comme si tu ne devais
s avez honte quand vous vous surprenez à dire une prière Tu te moques de toi et comme le feu de l’enfer ton rire pétille L
vous surprenez à dire une prière Tu te moques de toi et comme le feu de l’enfer ton rire pétille Les étincelles de ton ri
ues de toi et comme le feu de l’enfer ton rire pétille Les étincelles de ton rire dorent le fond de ta vie C’est un tablea
de l’enfer ton rire pétille Les étincelles de ton rire dorent le fond de ta vie C’est un tableau pendu dans un sombre musé
tableau pendu dans un sombre musée Et quelquefois tu vas le regarder de près Aujourd’hui tu marches dans Paris les femm
ntées C’était et je voudrais ne pas m’en souvenir c’était au déclin de la beauté Entourée de flammes ferventes Notre-Da
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tourée de flammes ferventes Notre-Dame m’a regardé à Chartres Le sang de votre Sacré-Cœur m’a inondé à Montmartre Je sui
Le sang de votre Sacré-Cœur m’a inondé à Montmartre Je suis malade d’ ouïr les paroles bienheureuses L’amour dont je sou
s algues nagent les poissons images du Sauveur Tu es dans le jardin d’ une auberge aux environs de Prague Tu te sens tout
s images du Sauveur Tu es dans le jardin d’une auberge aux environs de Prague Tu te sens tout heureux une rose est sur l
au lieu d’écrire ton conte en prose La cétoine qui dort dans le cœur de la rose Epouvanté tu te vois dessiné dans les a
ans le cœur de la rose Epouvanté tu te vois dessiné dans les agates de Saint-Vit Tu étais triste à mourir le jour où tu
t’y vis Tu ressembles au Lazare affolé par le jour Les aiguilles de l’horloge du quartier juif vont à rebours Et tu r
u trouves belle et qui est laide Elle doit se marier avec un étudiant de Leyde On y loue des chambres en latin Cubicula lo
Paris chez le juge d’instruction Comme un criminel on te met en état d’ arrestation Tu as fait de douloureux et de joyeu
uction Comme un criminel on te met en état d’arrestation Tu as fait de douloureux et de joyeux voyages Avant de t’aperce
riminel on te met en état d’arrestation Tu as fait de douloureux et de joyeux voyages Avant de t’apercevoir du Mensonge
douloureux et de joyeux voyages Avant de t’apercevoir du Mensonge et de l’Age Tu as souffert de l’amour à vingt et à tren
voyages Avant de t’apercevoir du Mensonge et de l’Age Tu as souffert de l’amour à vingt et à trente ans J’ai vécu comme u
ue j’aime sur tout ce qui m’a épouvanté Tu regardes les yeux pleins de larmes ces pauvres émigrants Ils croient en Dieu
nt en Dieu ils prient les femmes allaitent des enfants Ils emplissent de leur odeur le hall de la gare Saint-Lazare Ils on
les femmes allaitent des enfants Ils emplissent de leur odeur le hall de la gare Saint-Lazare Ils ont foi dans leur étoile
Ils ont foi dans leur étoile comme les rois mages Ils espèrent gagner de l’argent dans l’Argentine Et revenir dans leur pa
t assises exsangues au fond des boutiques Tu es debout devant le zinc d’ un bar crapuleux Tu prends un café à deux sous par
utes même la plus laide a fait souffrir son amant Elle est la fille d’ un sergent de ville de Jersey Ses mains que je n’a
plus laide a fait souffrir son amant Elle est la fille d’un sergent de ville de Jersey Ses mains que je n’avais pas vues
e a fait souffrir son amant Elle est la fille d’un sergent de ville de Jersey Ses mains que je n’avais pas vues sont dur
s vues sont dures et gercées J’ai une pitié immense pour les coutures de son ventre J’humilie maintenant à une pauvre fi
vers Auteuil tu veux aller chez toi à pied Dormir parmi tes fétiches d’ Océanie et de Guinée Ils sont des Christ d’une aut
tu veux aller chez toi à pied Dormir parmi tes fétiches d’Océanie et de Guinée Ils sont des Christ d’une autre forme et d
Dormir parmi tes fétiches d’Océanie et de Guinée Ils sont des Christ d’ une autre forme et d’une autre croyance Ce sont le
iches d’Océanie et de Guinée Ils sont des Christ d’une autre forme et d’ une autre croyance Ce sont les Christ inférieurs d
42 (1915) Le Servant des Dakar [Le Servant de Dakar] « Le Servant des Dakar [Le Servant de Dakar] »
rvant de Dakar]       C’est dans la cagnat en rondins voilés d’ osier Auprès des canons gris voilés tournés vers l
n dansait où l’on chantait       Où l’on faisait l’amour           Et de longs discours              Nobles et joyeux Je
service des Anglais    Caresser les seins durs comme des obus         De ma sœur au rire en folie             Et je revois
si délicat si inquiétant    Fétiche dans l’arbre Et du double fétiche de la fécondité    Plus tard une tête coupée    Au
é    Plus tard une tête coupée    Au bord d’un marécage    O pâleur de mon ennemi    C’était une tête d’argent      Et d
  Au bord d’un marécage    O pâleur de mon ennemi    C’était une tête d’ argent      Et dans le marais    C’était la lune q
ans le marais    C’était la lune qui luisait    C’était donc une tête d’ argent    Là-haut c’était la lune qui dansait     
ent    Là-haut c’était la lune qui dansait      C’était donc une tête d’ argent    Et moi dans l’ombre j’étais invisible   
t    Et moi dans l’ombre j’étais invisible      C’était donc une tête de nègre dans la nuit profonde    Similitudes pâleur
Il faudrait le demander à l’évêque    Si doux si doux avec ma mère     De beurre de beurre avec ma sœur      C’était dans u
t le demander à l’évêque    Si doux si doux avec ma mère    De beurre de beurre avec ma sœur      C’était dans une petite
ù la girafe boit les jambes écartées             J’ai connu l’horreur de l’ennemi qui dévaste             Le Village      
pe dure sursaute        J’ai porté l’administrateur des semaines       De village en village                      En chanto
ormir Et nous tirons sur les ravitaillements boches Ou sur les fils de fer devant les bobosses     Sous la tempête de fe
boches Ou sur les fils de fer devant les bobosses     Sous la tempête de feux métalliques           Je me souviens d’un
es     Sous la tempête de feux métalliques           Je me souviens d’ un lac affreux               Une nuit folle       
iens d’un lac affreux               Une nuit folle           Une nuit de sorcellerie Et de couples enchaînés par un atroce
eux               Une nuit folle           Une nuit de sorcellerie Et de couples enchaînés par un atroce amour
43 (1915) Le Servant des Dakar [Le Servant de Dakar] « Le Servant des Dakar [Le Servant de Dakar] »
rvant de Dakar]       C’est dans la cagnat en rondins voilés d’ osier Auprès des canons gris voilés tournés vers l
n dansait où l’on chantait       Où l’on faisait l’amour           Et de longs discours              Nobles et joyeux Je
service des Anglais    Caresser les seins durs comme des obus         De ma sœur au rire en folie             Et je revois
si délicat si inquiétant    Fétiche dans l’arbre Et du double fétiche de la fécondité    Plus tard une tête coupée    Au
é    Plus tard une tête coupée    Au bord d’un marécage    O pâleur de mon ennemi    C’était une tête d’argent      Et d
  Au bord d’un marécage    O pâleur de mon ennemi    C’était une tête d’ argent      Et dans le marais    C’était la lune q
ans le marais    C’était la lune qui luisait    C’était donc une tête d’ argent    Là-haut c’était la lune qui dansait     
ent    Là-haut c’était la lune qui dansait      C’était donc une tête d’ argent    Et moi dans l’ombre j’étais invisible   
t    Et moi dans l’ombre j’étais invisible      C’était donc une tête de nègre dans la nuit profonde    Similitudes pâleur
Il faudrait le demander à l’évêque    Si doux si doux avec ma mère     De beurre de beurre avec ma sœur      C’était dans u
t le demander à l’évêque    Si doux si doux avec ma mère    De beurre de beurre avec ma sœur      C’était dans une petite
ù la girafe boit les jambes écartées             J’ai connu l’horreur de l’ennemi qui dévaste             Le Village      
pe dure sursaute        J’ai porté l’administrateur des semaines       De village en village                      En chanto
ormir Et nous tirons sur les ravitaillements boches Ou sur les fils de fer devant les bobosses     Sous la tempête de fe
boches Ou sur les fils de fer devant les bobosses     Sous la tempête de feux métalliques           Je me souviens d’un l
ses     Sous la tempête de feux métalliques           Je me souviens d’ un lac affreux               Une nuit folle       
iens d’un lac affreux               Une nuit folle           Une nuit de sorcellerie Et de couples enchaînés par un atroce
eux               Une nuit folle           Une nuit de sorcellerie Et de couples enchaînés par un atroce amour
44 (1917) Sanglots « Sanglots »
es étoiles                         Or nous savons qu’en nous beaucoup d’ hommes respirent                         Qui vinre
ans la main droite                         Souviens-t’en cher orgueil de tous ces souvenirs                         Des ma
hantaient comme des conquérants                          Des gouffres de Thulé des tendres cieux d’ Ophir                 
ants                          Des gouffres de Thulé des tendres cieux d’ Ophir                         Des malades maudits
es tendres cieux d’ Ophir                         Des malades maudits de ceux qui fuient leur ombre                       
bre                         Et du retour joyeux des heureux émigrants De ce cœur il coulait du sang Et le rêveur allait pe
lessure délicate                         Tu ne briseras pas la chaîne de ces causes Et douloureuse et nous disait         
effets d’autres causes Mon pauvre cœur mon cœur brisé Pareil au cœur de tous les hommes                         Voici voi
               Voici voici nos mains que la vie fit esclaves Est mort d’ amour ou c’est tout comme Est mort d’amour et le v
que la vie fit esclaves Est mort d’amour ou c’est tout comme Est mort d’ amour et le voici                 Ainsi vont toute
45 (1902) La Fuite « La Fuite »
traîne, La reine et son amant l’écoutent les yeux clos, Sans crainte d’ un récif ni d’un chant de sirène Qui s’incantent p
ine et son amant l’écoutent les yeux clos, Sans crainte d’un récif ni d’ un chant de sirène Qui s’incantent peut-être au ch
amant l’écoutent les yeux clos, Sans crainte d’un récif ni d’un chant de sirène Qui s’incantent peut-être au chœur des mat
Qui s’incantent peut-être au chœur des matelots. Horreur ! Horreur de nous des joyaux, des squelettes Coulés au fond de
des squelettes Coulés au fond des mers où surnagèrent tant De fleurs, de cheveux roux et de rames flottant Parmi les tro
és au fond des mers où surnagèrent tant De fleurs, de cheveux roux et de rames flottant Parmi les troupes de méduses vio
t De fleurs, de cheveux roux et de rames flottant Parmi les troupes de méduses violettes. L’heur des fuites est sombre e
troupes de méduses violettes. L’heur des fuites est sombre et violet d’ effroi. Tant de gemmes tombaient du manteau du vie
46 (1915) De la Batterie de Tir « De la Batterie de Tir »
De la Batterie de Tir Au marl. logis F. Bodard
De la Batterie de Tir Au marl. logis F. Bodard Nous sommes to
ou bien des Négrities Des Eldorados ou bien des Cimmeries     Rivière d’ hommes forts et d’obus dont l’orient chatoie Diama
ies Des Eldorados ou bien des Cimmeries     Rivière d’hommes forts et d’ obus dont l’orient chatoie Diamants qui éclosent l
hatoie Diamants qui éclosent la nuit         O Roses Nous nous pâmons de volupté A ton cou penché vers l’Est Nous sommes l
t Nous sommes l’Arc-en-terre Signe plus pur que l’Arc-en-Ciel   Signe de nos origines profondes       Etincelles O nous le
47 (1915) De la Batterie de Tir « De la Batterie de Tir »
De la Batterie de Tir Au marl. logis F. Bodard
De la Batterie de Tir Au marl. logis F. Bodard Nous sommes to
bien des Négrities Des Eldorados ou bien des Cimmeries        Rivière d’ hommes forts et d’obus dont l’orient chatoie Diama
Des Eldorados ou bien des Cimmeries        Rivière d’hommes forts et d’ obus dont l’orient chatoie Diamants qui éclosent l
Diamants qui éclosent la nuit               O Roses Nous nous pâmons de volupté A ton cou penché vers l’Est Nous sommes l
Nous sommes l’Arc-en-terre Signe plus pur que l’Arc-en-Ciel     Signe de nos origines profondes            Etincelles O no
48 (1905) Dans le palais de Rosemonde « Dans le Palais de Rosemonde »
Dans le Palais de Rosemonde On voit venir, au fond du jardin, me
antichambre. Le jour baisse… « La veilleuse dans l’ombre est un bijou d’ or cuit. « Pendez vos têtes aux patères par les tr
aux patères par les tresses. « Le ciel presque nocturne a des lueurs d’ aiguilles. » Sur les genoux pointus du monarque
iguilles. » Sur les genoux pointus du monarque adultère, Sur le mai de son âge et sur son trente et un. Madame Rosemonde
On entra dans la salle à manger, les narines Reniflaient une odeur de graisse et de graillon. On eut vingt potages, don
ns la salle à manger, les narines Reniflaient une odeur de graisse et de graillon. On eut vingt potages, dont trois couleu
de graisse et de graillon. On eut vingt potages, dont trois couleurs d’ urine, Et, le roi prit deux œufs pochés dans du bo
u bouillon. Puis, les marmitons apportèrent les viandes : Des rôtis de pensées mortes dans mon cerveau, Mes beaux rêves
es os ou songe-creux venaient des ossuaires En danse macabre aux plis de mon cervelet. Et, tous ces mets criaient des ch
ient des choses nonpareilles,                               Mais, nom de Dieu !                       Ventre affamé n’a pa
      Mais, nom de Dieu !                       Ventre affamé n’a pas d’ oreilles, Et, les convives mastiquaient à qui mieu
’oreilles, Et, les convives mastiquaient à qui mieux mieux. Ah, nom de Dieu ! qu’ont donc crié ces entrecôtes, Ces grand
es entrecôtes, Ces grands pâtés, os à la moelle et mirotons ? Langues de feu, où sont-elles, mes pentecôtes, Pour mes pens
ons ? Langues de feu, où sont-elles, mes pentecôtes, Pour mes pensées de tous pays, de tous les temps ? Guillaume Apolli
de feu, où sont-elles, mes pentecôtes, Pour mes pensées de tous pays, de tous les temps ? Guillaume Apollinaire.
49 (1913) Un fantôme de nuées « Un fantôme de nuées »
Un fantôme de nuées Comme c’était la veille du quatorze juil
Comme c’était la veille du quatorze juillet, Vers les quatre heures de l’après-midi, Je descendis dans la rue pour aller
sur une petite place située entre Saint-Germain-des-Prés et la statue de Danton Je rencontrai les saltimbanques. La foul
une place dans ce cercle afin de tout voir. Poids formidables, Villes de Belgique soulevées à bras tendu par un ouvrier ru
ables, Villes de Belgique soulevées à bras tendu par un ouvrier russe de Longwy, Haltères noirs et creux qui ont pour tige
igé, Doigts roulant une cigarette amère et délicieuse comme la vie. De nombreux tapis noirs couvraient le sol, Tapis qui
plis qu’on ne défera pas, Tapis qui sont presque entièrement couleur de la poussière Et où quelques taches jaunes ou vert
ière Et où quelques taches jaunes ou vertes ont persisté Comme un air de musique qui vous poursuit. Vois-tu le personnag
vous poursuit. Vois-tu le personnage maigre et sauvage ? La cendre de ses pères lui sortait en barbe grisonnante. Il po
sage. Il semblait rêver à l’avenir En tournant machinalement un orgue de Barbarie Dont la lente voix se lamentait merveill
ltimbanques ne bougeaient pas. Le plus vieux avait un maillot couleur de ce rose violâtre qu’ont aux joues certaines jeune
urent souvent leur bouche, Ou près des narines. C’est un rose plein de traîtrise. Cet homme portait-il ainsi sur le dos
de traîtrise. Cet homme portait-il ainsi sur le dos La teinte ignoble de ses poumons. Les bras, les bras, partout montai
partout montaient la garde. Le second saltimbanque N’était vêtu que de son ombre. Je le regardai longtemps. Son visage m
e entièrement, C’est un homme sans tête. Un autre enfin avait l’air d’ un voyou, D’un apache bon et crapule à la fois. Av
t, C’est un homme sans tête. Un autre enfin avait l’air d’un voyou, D’ un apache bon et crapule à la fois. Avec son panta
bouffant et les accroche-chaussettes, N’aurait-il pas eu l’apparence d’ un maquereau à la Villette ? La musique se tut e
pourparlers avec le public, Qui sou à sou jeta sur le tapis la somme de deux francs cinquante Au lieu des trois francs qu
personne ne donnerait plus rien, On se décida à commencer la séance. De dessous l’orgue sortit un tout petit saltimbanque
séance. De dessous l’orgue sortit un tout petit saltimbanque habillé de rose pulmonaire, Avec de la fourrure aux poignets
ue sortit un tout petit saltimbanque habillé de rose pulmonaire, Avec de la fourrure aux poignets et aux chevilles. Il pou
e humanité, Pensa chacun. Et cette musique des formes Détruisit celle de l’orgue mécanique Que moulait l’homme au visage c
isit celle de l’orgue mécanique Que moulait l’homme au visage couvert d’ ancêtres. Le petit saltimbanque fit la roue Avec
age couvert d’ancêtres. Le petit saltimbanque fit la roue Avec tant d’ audacieuse harmonie Que l’orgue cessa de jouer Et
mbanque fit la roue Avec tant d’audacieuse harmonie Que l’orgue cessa de jouer Et que l’organiste se cacha le visage dans
cacha le visage dans les mains Aux doigts semblables aux descendants de son destin, Fœtus minuscules qui lui sortaient de
les aux descendants de son destin, Fœtus minuscules qui lui sortaient de la barbe, Nouveaux cris de Peau Rouge. Musique an
destin, Fœtus minuscules qui lui sortaient de la barbe, Nouveaux cris de Peau Rouge. Musique angélique des arbres. Dispari
ouveaux cris de Peau Rouge. Musique angélique des arbres. Disparition de l’enfant. Les saltimbanques soulevèrent les gro
50 (1914) Tour de Pise « Tour de Pise »
Tour de Pise Les dames pisanes sont descendues rêver D
asser le guet Avec ses vingt lueurs et son cri fatigué Elles ont peur de l’ombre et de l’heure prochaine De l’ombre où j
Avec ses vingt lueurs et son cri fatigué Elles ont peur de l’ombre et de l’heure prochaine De l’ombre où jusqu’au jour l
t son cri fatigué Elles ont peur de l’ombre et de l’heure prochaine De l’ombre où jusqu’au jour les lucioles sont Les la
prochaine De l’ombre où jusqu’au jour les lucioles sont Les larmes d’ un regret ardent comme une flamme Tandis que vous
un regret ardent comme une flamme Tandis que vous sentez dans la nuit de votre âme Des violes d’amour vibrer le dernier so
ne flamme Tandis que vous sentez dans la nuit de votre âme Des violes d’ amour vibrer le dernier son Et l’heure va venir
Et l’heure va venir ô belles délicates Ne sera-ce pas l’heure enfin d’ avoir sommeil Quand passera le guet avec son cri p
’avoir sommeil Quand passera le guet avec son cri pareil Aux plaintes de l’amour qui vous rendit ingrates Alors sur les
51 (1916) Fête (incipit : « Feu d’artifice en acier ») « Fête (incipit : « Feu d’artifice en acier ») »
Fête (incipit : « Feu d’ artifice en acier ») à André Rouveyre.         
cipit : « Feu d’artifice en acier ») à André Rouveyre.         Feu d’ artifice en acier… Qu’il est charmant, cet éclaira
tifice en acier… Qu’il est charmant, cet éclairage !         Artifice d’ artificier : mêler quelque grâce au courage. Deu
poète dans la forêt regarde avec indifférence — son revolver au cran d’ arrêt — des roses mourir d’espérance. Il songe a
e avec indifférence — son revolver au cran d’arrêt — des roses mourir d’ espérance. Il songe aux roses de Saadi… Et souda
au cran d’arrêt — des roses mourir d’espérance. Il songe aux roses de Saadi… Et soudain sa tête se penche, car une rose
Et soudain sa tête se penche, car une rose lui redit la molle courbe d’ une hanche. L’air est plein d’un terrible alcool
ar une rose lui redit la molle courbe d’une hanche. L’air est plein d’ un terrible alcool filtré des étoiles mi-closes… L
52 (1917) Ombre « Ombre »
Ombre Vous voilà de nouveau près de moi Souvenirs de mes compagnons m
Ombre Vous voilà de nouveau près de moi Souvenirs de mes compagnons morts à la guerre L’olive du temps
s qu’un Comme cent fourrures ne font qu’un manteau Comme ces milliers de blessures ne font qu’un article de journal Appare
t qu’un manteau Comme ces milliers de blessures ne font qu’un article de journal Apparence impalpable et sombre qui avez p
rnal Apparence impalpable et sombre qui avez pris La forme changeante de mon ombre Un indien à l’affût pendant l’éternité
ez assez pour ne jamais me quitter Et qui dansez au soleil sans faire de poussière Ombre encre du soleil Ecriture de ma lu
nsez au soleil sans faire de poussière Ombre encre du soleil Ecriture de ma lumière Caisson de regrets Un dieu qui s’humil
ire de poussière Ombre encre du soleil Ecriture de ma lumière Caisson de regrets Un dieu qui s’humilie GUILLAUME APOLLINA
53 (1915) [Achevé d’imprimer] « [Achevé d’imprimer] »
[Achevé d’ imprimer]   Le tirage à 25 exemplaires des 2
[Achevé d’imprimer]   Le tirage à 25 exemplaires des 21 poëmes de « La Case d’Armons » a été achevé à la batterie d
primer]   Le tirage à 25 exemplaires des 21 poëmes de « La Case d’ Armons » a été achevé à la batterie de tir, devant
ires des 21 poëmes de « La Case d’Armons » a été achevé à la batterie de tir, devant l’ennemi, 38e Régt. d’artie. HS : Bat
rmons » a été achevé à la batterie de tir, devant l’ennemi, 38e Régt. d’ artie. HS : Batterie par les maréchaux des logis B
54 (1915) [Achevé d’imprimer] « [Achevé d’imprimer] »
[Achevé d’ imprimer] Le tirage à 25 exemplaires des 21
[Achevé d’imprimer] Le tirage à 25 exemplaires des 21 poëmes de « La Case d’Armons » a été achevé à la batterie d
imprimer] Le tirage à 25 exemplaires des 21 poëmes de « La Case d’ Armons » a été achevé à la batterie de tir, devant
ires des 21 poëmes de « La Case d’Armons » a été achevé à la batterie de tir, devant l’ennemi, 38e Régt. d’artie. HS : Bat
rmons » a été achevé à la batterie de tir, devant l’ennemi, 38e Régt. d’ artie. HS : Batterie par les maréchaux des logis B
55 (1912) Vendémiaire « Vendémiaire »
Vendémiaire Hommes de l’avenir souvenez-vous de moi Je vivais à l’époqu
Vendémiaire Hommes de l’avenir souvenez-vous de moi Je vivais à l’époque où finissaient les rois
ois courageux devenaient trismégistes Que Paris était beau à la fin de septembre Chaque nuit devenait une vigne où les p
é sur la ville et là-haut Astres mûrs becquetés par les ivres oiseaux De ma gloire attendaient la vendange de l’aube Un
becquetés par les ivres oiseaux De ma gloire attendaient la vendange de l’aube Un soir passant le long des quais désert
gravement se taisant quelquefois Pour que parvînt aussi sur les bords de la Seine La plainte d’autres voix limpides et loi
emps tous ces chants et ces cris Qu’éveillait dans la nuit la chanson de Paris J’ai soif villes de France et d’Europe et
cris Qu’éveillait dans la nuit la chanson de Paris J’ai soif villes de France et d’Europe et du monde Venez toutes coule
lait dans la nuit la chanson de Paris J’ai soif villes de France et d’ Europe et du monde Venez toutes couler dans ma gor
que déjà ivre dans la vigne Paris Vendangeait le raisin le plus doux de la terre Ces grains miraculeux qui aux treilles c
et Vannes Nous voici ô Paris nos maisons nos habitants Ces grappes de nos sens qu’enfanta le soleil Se sacrifient pour
ns tous les cerveaux les cimetières les murailles Ces berceaux pleins de cris que tu n’entendras pas Et d’amont en aval no
s les murailles Ces berceaux pleins de cris que tu n’entendras pas Et d’ amont en aval nos pensées ô rivières Les oreilles
son Que le mystère clot comme une porte la maison Ce mystère courtois de la galanterie Ce mystère fatal fatal d’une autre
la maison Ce mystère courtois de la galanterie Ce mystère fatal fatal d’ une autre vie Double raison qui est au delà de la
Ce mystère fatal fatal d’une autre vie Double raison qui est au delà de la beauté Et que la Grèce n’a pas connue ni l’Ori
de la beauté Et que la Grèce n’a pas connue ni l’Orient Double raison de la Bretagne où lame à lame L’océan châtre peu à p
tes Les viriles cités où dégoisent et chantent Les métalliques saints de nos saintes usines Nos cheminées à ciel ouvert en
ure Nous te donnons tout cela Et Lyon répondit tandis que les anges de Fourvières Tissaient un ciel nouveau avec la soie
Que mes lèvres le Rhône et la Saône murmurent Toujours le même culte de sa mort renaissant Divise ici les saints et fait
èdes ô douleur Un enfant regarde les fenêtres s’ouvrir Et des grappes de têtes à d’ivres oiseaux s’offrir Les villes du
eur Un enfant regarde les fenêtres s’ouvrir Et des grappes de têtes à d’ ivres oiseaux s’offrir Les villes du Midi répond
imes Et un râle infini qui venait de Sicile Signifiait en battement d’ ailes ces paroles Les raisins de nos vignes on l
t de Sicile Signifiait en battement d’ailes ces paroles Les raisins de nos vignes on les a vendangés Et ces grappes de m
paroles Les raisins de nos vignes on les a vendangés Et ces grappes de morts dont les grains allongés Ont la saveur du s
t ces grappes de morts dont les grains allongés Ont la saveur du sang de la terre et du sel Les voici pour ta soif ô Paris
terre et du sel Les voici pour ta soif ô Paris sous le ciel Obscurci de nuées faméliques Que caresse Ixion le créateur ob
Ixion le créateur oblique Et où naissent sur la mer tous les corbeaux d’ Afrique O raisins et ces yeux ternes et en famille
es marins qu’aimaient ces oiseaux-là Il ne tournera plus sur l’écueil de Scylla Où chantaient les trois voix suaves et ser
les trois voix suaves et sereines Le détroit tout-à-coup avait changé de face Visages de la chair de l’onde de tout Ce que
uaves et sereines Le détroit tout-à-coup avait changé de face Visages de la chair de l’onde de tout Ce que l’on peut imagi
eines Le détroit tout-à-coup avait changé de face Visages de la chair de l’onde de tout Ce que l’on peut imaginer Vous n’ê
étroit tout-à-coup avait changé de face Visages de la chair de l’onde de tout Ce que l’on peut imaginer Vous n’êtes que de
dans l’onde où s’enfoncent les astres Lorsque la nuit revint couverte d’ yeux ouverts Errer au site où l’hydre a sifflé et
où l’amour guide les destinées Les feuillards repoussés sur l’arbre de la croix Et même la fleur de lys qui meurt au Vat
s Les feuillards repoussés sur l’arbre de la croix Et même la fleur de lys qui meurt au Vatican Macèrent dans le vin que
an Macèrent dans le vin que je t’offre et qui a La saveur du sang pur de celui qui connaît Une autre liberté végétale dont
ra les bêtes La louve avec l’agneau l’aigle avec la colombe Une foule de rois ennemis et cruels Ayant soif comme toi dans
emis et cruels Ayant soif comme toi dans la vigne éternelle Sortiront de la terre et viendront dans les airs Pour boire de
éternelle Sortiront de la terre et viendront dans les airs Pour boire de mon vin par deux fois millénaire La Moselle et
ep lorsqu’il fut temps j’entendis la prière Qui joignait la limpidité de ces rivières Le vin de ton pays est meilleur qu
entendis la prière Qui joignait la limpidité de ces rivières Le vin de ton pays est meilleur que celui Qui pousse sur no
du Nord Tous les grains ont mûri pour cette soif terrible Mes grappes d’ hommes forts saignent dans le pressoir Tu boiras à
forts saignent dans le pressoir Tu boiras à longs traits tout le sang de l’Europe Parce que tu es beau et que seul tu es n
ment lointain parfois s’élance Troublant dans leur sommeil les filles de Coblence Les villes répondaient maintenant par
sée naissante Tous les noms six par six les nombres un à un Des kilos de papier tordus comme des flammes Et ceux-là qui sa
s qui s’ennuient patiemment Des armées rangées en bataille Des forêts de crucifix et mes demeures lacustres Au bord des ye
lle Des forêts de crucifix et mes demeures lacustres Au bord des yeux de celle que j’aime tant Les fleurs qui s’écrient ho
téré Mais je connus dès lors quelle saveur a l’univers Je suis ivre d’ avoir bu tout l’univers Sur le quai d’où je voyais
saveur a l’univers Je suis ivre d’avoir bu tout l’univers Sur le quai d’ où je voyais l’onde couler et dormir les bélandres
je voyais l’onde couler et dormir les bélandres Ecoutez mes chants d’ universelle ivrognerie Et la nuit de septembre s’
s bélandres Ecoutez mes chants d’universelle ivrognerie Et la nuit de septembre s’achevait lentement Les feux rouges de
56 (1914) Le Musicien de Saint-Merry « Le Musicien de Saint-Merry »
Le Musicien de Saint-Merry J’ai enfin le droit de saluer des
Le Musicien de Saint-Merry J’ai enfin le droit de saluer des êtres que je ne connais pas Ils passen
e pas ce monde ni les autres astres Je chante toutes les possibilités de moi-même hors de ce monde et des astres Je chante
ibilités de moi-même hors de ce monde et des astres Je chante la joie d’ errer et le plaisir d’en mourir Le 21 du mois de
ors de ce monde et des astres Je chante la joie d’errer et le plaisir d’ en mourir Le 21 du mois de mai 1913 Passeur des
s Je chante la joie d’errer et le plaisir d’en mourir Le 21 du mois de mai 1913 Passeur des morts et les mordonnantes m
ai 1913 Passeur des morts et les mordonnantes mériennes Des millions de mouches éventaient une splendeur Quand un homme s
dans la rue Aubry-le-Boucher Jeune l’homme était brun et ce couleur de fraise sur les joues Homme Ah! Ariane Il jouait d
brun et ce couleur de fraise sur les joues Homme Ah! Ariane Il jouait de la flûte et la musique dirigeait ses pas Il s’arr
ouait de la flûte et la musique dirigeait ses pas Il s’arrêta au coin de la rue Saint-Martin Jouant l’air que je chante et
s de lui Il en venait de toutes parts Lorsque tout à coup les cloches de Saint-Merry se mirent à sonner Le musicien cess
oup les cloches de Saint-Merry se mirent à sonner Le musicien cessa de jouer et but à la fontaine Qui se trouve au coin
Le musicien cessa de jouer et but à la fontaine Qui se trouve au coin de la rue Simon-le-Franc Puis saint-Merry se tut et
Simon-le-Franc Puis saint-Merry se tut et l’inconnu reprenant son air de flûte Revint sur ses pas marcha jusqu’à la rue de
uques fientaient des noix muscades En même temps Mission catholique de Bôma qu’as-tu fait du sculpteur Ailleurs Elle t
grand chose des hommes Et à peine avez-vous extrait un peu de graisse de leur misère Mais nous qui mourons de vivre loin
vous extrait un peu de graisse de leur misère Mais nous qui mourons de vivre loin l’un de l’autre Tendons nos bras et su
de graisse de leur misère Mais nous qui mourons de vivre loin l’un de l’autre Tendons nos bras et sur ces rails roule u
l’un de l’autre Tendons nos bras et sur ces rails roule un long train de marchandises Tu pleurais assise près de moi au
n long train de marchandises Tu pleurais assise près de moi au fond d’ un fiacre Et maintenant Tu me ressembles tu me r
t vaines Et leurs pas légers et prestes se mouvaient selon la cadence De la musique pastorale qui guidait leurs oreilles a
née aux vitres brisées C’est un logis du seizième siècle La cour sert de remise à des voitures de livraison C’est là qu’en
est un logis du seizième siècle La cour sert de remise à des voitures de livraison C’est là qu’entra le musicien Et sa mus
plus personne dans la rue de la Verrerie Sinon moi-même et un prêtre de saint-Merry Nous entrâmes dans la vieille maison
gélus qui sonne Cortèges ô cortèges C’est quand jadis le roi revenait de Vincennes Il vint une troupe de casquettiers Il v
ges C’est quand jadis le roi revenait de Vincennes Il vint une troupe de casquettiers Il vint des marchands de bananes Il
de Vincennes Il vint une troupe de casquettiers Il vint des marchands de bananes Il vint des soldats de la garde républica
de casquettiers Il vint des marchands de bananes Il vint des soldats de la garde républicaine O nuit troupeau de regards
bananes Il vint des soldats de la garde républicaine O nuit troupeau de regards langoureux des femmes O nuit toi ma doule
es O nuit toi ma douleur et mon attente vaine J’entends mourir le son d’ une flûte lointaine Guillaume Apollinaire
57 (1910) Sonnet « Sonnet »
amour, pourvu que tu jouisses ? Ma bouche à tes seins blancs comme de petits suisses Fera l’honneur abject des suçons s
comme de petits suisses Fera l’honneur abject des suçons sans venin. De ma mentule mâle en ton c.n féminin Le sperme tomb
l’or dans les sluices1. O ma tendre putain ! tes fesses ont vaincu De tous les fruits pulpeux le savoureux mystère, L’h
les fruits pulpeux le savoureux mystère, L’humble rotondité sans sexe de la terre, La lune, chaque mois, si vaine de son
mble rotondité sans sexe de la terre, La lune, chaque mois, si vaine de son cul, Et de tes yeux jaillit, même quand tu le
sans sexe de la terre, La lune, chaque mois, si vaine de son cul, Et de tes yeux jaillit, même quand tu les voiles, Cette
qui tombe les étoiles2. L’abbé de Thélème. 1. [NdA] Petits canaux de bois au fond desquels le mercure retient l’or au
s le mercure retient l’or au passage. 2. [NdA] La pointe est presque de Corneille.
58 (1916) Le Désir « Désir »
Mon désir c’est la butte du Tahure Mon désir est là sur quoi je tire De mon désir qui est au delà de la zône des armées J
Tahure Mon désir est là sur quoi je tire De mon désir qui est au delà de la zône des armées Je n’en parle pas aujourd’hui
zône des armées Je n’en parle pas aujourd’hui mais j’y pense Butte de Tahure je t’imagine en vain Des fils de fer des m
rd’hui mais j’y pense Butte de Tahure je t’imagine en vain Des fils de fer des mitrailleuses des Boches trop sûrs d’eux
magine en vain Des fils de fer des mitrailleuses des Boches trop sûrs d’ eux Trop enfoncés sous terre déjà enterrés Ca ta
ie ma bourguignote Entends la terre véhémente Vois les lueurs avant d’ entendre les coups Et tel obus siffler de la démen
émente Vois les lueurs avant d’entendre les coups Et tel obus siffler de la démence Ou le tac tac tac monotone et bref ple
l obus siffler de la démence Ou le tac tac tac monotone et bref plein de dégoût Je te vois main de Massiges Si décharnée
e Ou le tac tac tac monotone et bref plein de dégoût Je te vois main de Massiges Si décharnée sur la carte Le boyau Gœt
especte aucune gloire Nuit violente et violette et sombre et pleine d’ or par moments Nuit des hommes seulement Nuit du 2
violente ô nuit dont l’épouvantable cri profond devenait plus intense de minute en minute Nuit des hommes seulement Nuit q
59 (1905) L’Émigrant de Landor Road « L’Émigrant de Landor Road »
L’Émigrant de Landor Road Le chapeau à la main, il entra, du
et fournisseur du roi. Ce commerçant venait de couper quelques têtes De mannequins vêtus comme il faut qu’on se vête. L
ns amour qui se traînaient par terre Et des mains, vers le ciel plein de lacs de lumière, S’envolaient quelquefois comme d
qui se traînaient par terre Et des mains, vers le ciel plein de lacs de lumière, S’envolaient quelquefois comme des oisea
pour un soldat des Indes ! Les boursiers ont vendu tous mes crachats d’ or fin ; Mais, habillé de neuf, je veux dormir enf
 ! Les boursiers ont vendu tous mes crachats d’or fin ; Mais, habillé de neuf, je veux dormir enfin Sous des arbres pleins
 ; Mais, habillé de neuf, je veux dormir enfin Sous des arbres pleins d’ oiseaux muets et de singes. » Les mannequins, po
neuf, je veux dormir enfin Sous des arbres pleins d’oiseaux muets et de singes. » Les mannequins, pour lui, s’étant dés
abillés, Battirent leurs habits, puis les lui essayèrent. Le vêtement d’ un lord mort sans avoir payé, Au rabais, l’habilla
l’an, c’étaient les journées veuves, Les vendredis sanglants et lents d’ enterrements, Des blancs et de tout noirs, vaincus
euves, Les vendredis sanglants et lents d’enterrements, Des blancs et de tout noirs, vaincus des cieux qui pleuvent, Quand
ent, Quand la femme du diable a battu son amant. Puis, dans un port d’ automne aux feuilles indécises, Quand les mains de
Puis, dans un port d’automne aux feuilles indécises, Quand les mains de la foule y feuillolaient aussi, Sur le pont du va
a sa valise,                                  Et s’assit. Les vents de l’Océan en soufflant leurs menaces, Laissaient en
ents de l’Océan en soufflant leurs menaces, Laissaient en ses cheveux de longs baisers mouillés. Des émigrants tendaient,
s. Il regarda longtemps les rives qui moururent. Seuls, des bateaux d’ enfant tremblaient à l’horizon. Un tout petit bouq
rizon. Un tout petit bouquet, flottant à l’aventure, Couvrit l’Océan, d’ une immense floraison. Il aurait voulu ce bouque
interrogent,                     Il se maria comme un doge, Aux cris d’ une sirène moderne, sans époux. Gonfle-toi vers
vers la nuit, ô mer ! Les yeux des squales Jusqu’à l’aube ont guetté, de loin, avidement, Des cadavres de jours rongés par
s squales Jusqu’à l’aube ont guetté, de loin, avidement, Des cadavres de jours rongés par les étoiles, Parmi le bruit des
60 (1912) L’Émigrant de Landor Road « L’Émigrant de Landor Road »
L’Émigrant de Landor Road Le chapeau à la main, il entra, du
et fournisseur du roi. Ce commerçant venait de couper quelques têtes De mannequins vêtus comme il faut qu’on se vête. L
ns amour qui se traînaient par terre Et des mains, vers le ciel plein de lacs de lumière, S’envolaient quelquefois comme d
qui se traînaient par terre Et des mains, vers le ciel plein de lacs de lumière, S’envolaient quelquefois comme des oisea
pour un soldat des Indes ! Les boursiers ont vendu tous mes crachats d’ or fin ; Mais, habillé de neuf, je veux dormir enf
 ! Les boursiers ont vendu tous mes crachats d’or fin ; Mais, habillé de neuf, je veux dormir enfin Sous des arbres pleins
 ; Mais, habillé de neuf, je veux dormir enfin Sous des arbres pleins d’ oiseaux muets et de singes. » Les mannequins, po
neuf, je veux dormir enfin Sous des arbres pleins d’oiseaux muets et de singes. » Les mannequins, pour lui, s’étant dés
abillés, Battirent leurs habits, puis les lui essayèrent. Le vêtement d’ un lord mort sans avoir payé, Au rabais, l’habilla
l’an, c’étaient les journées veuves, Les vendredis sanglants et lents d’ enterrements. Des blancs et de tout noirs, vaincus
euves, Les vendredis sanglants et lents d’enterrements. Des blancs et de tout noirs, vaincus des cieux qui pleuvent Quand
vent Quand la femme du diable a battu son amant. Puis, dans un port d’ automne aux feuilles indécises, Quand les mains de
Puis, dans un port d’automne aux feuilles indécises, Quand les mains de la foule y feuillolaient aussi, Sur le pont du va
se,                                           Et s’assit. Les vents de l’Océan en soufflant leurs menaces, Laissaient da
ts de l’Océan en soufflant leurs menaces, Laissaient dans ses cheveux de longs baisers mouillés. Des émigrants tendaient,
s. Il regarda longtemps les rives qui moururent. Seuls, des bateaux d’ enfant tremblaient à l’horizon. Un tout petit bouq
rizon. Un tout petit bouquet, flottant à l’aventure, Couvrit l’Océan, d’ une immense floraison. Il aurait voulu ce bouque
, interrogent,                    Il se maria comme un doge, Aux cris d’ une sirène moderne, sans époux. Gonfle-toi vers
vers la nuit, ô mer ! Les yeux des squales Jusqu’à l’aube ont guetté, de loin, avidement, Des cadavres de jours rongés par
s squales Jusqu’à l’aube ont guetté, de loin, avidement, Des cadavres de jours rongés par les étoiles, Parmi le bruit des
61 (1911) Cortège « Cortège »
e paupière, la terre t’éblouit Quand tu lèves la tête. Et moi aussi de près, je suis sombre et terne, Une brume qui vien
Et moi aussi de près, je suis sombre et terne, Une brume qui vient d’ obscurcir les lanternes, Une main qui tout à coup,
s les lumières Et je m’éloignerai, m’illuminant au milieu d’ombres Et d’ alignements d’yeux des astres bien-aimés. Oiseau
Et je m’éloignerai, m’illuminant au milieu d’ombres Et d’alignements d’ yeux des astres bien-aimés. Oiseau tranquille, a
es. Je les connais par les cinq sens et quelques autres. Il me suffit de voir leurs pieds pour pouvoir refaire ces gens à
suffit de voir leurs pieds pour pouvoir refaire ces gens à milliers. De voir leurs pieds paniques, un seul de leurs cheve
ir refaire ces gens à milliers. De voir leurs pieds paniques, un seul de leurs cheveux, Ou leur langue quand il me plaît d
paniques, un seul de leurs cheveux, Ou leur langue quand il me plaît de faire le médecin, Ou leurs enfants quand il me pl
d il me plaît de faire le médecin, Ou leurs enfants quand il me plaît de faire le prophète, Les vaisseaux des armateurs, l
me plaît de faire le prophète, Les vaisseaux des armateurs, la plume de mes confrères, La monnaie des aveugles, les mains
e lettre écrite par ceux qui ont vingt ans et au-dessus. Il me suffit de sentir l’odeur de leurs églises, L’odeur des fleu
r ceux qui ont vingt ans et au-dessus. Il me suffit de sentir l’odeur de leurs églises, L’odeur des fleuves dans leurs vil
leurs villes, Le parfum des fleurs dans les jardins publics, L’odeur d’ un petit chien, ô Corneille Agrippa, m’eût suffi P
orneille Agrippa, m’eût suffi Pour décrire exactement tes concitoyens de Cologne, Leurs rois-mages et la ribambelle ursuli
ine Qui t’inspirait l’erreur touchant toutes les femmes. Il me suffit de goûter la saveur du laurier qu’on cultive Pour qu
saveur du laurier qu’on cultive Pour que j’aime ou que je baffoue, Et de toucher les vêtements Pour ne pas douter si l’on
douter si l’on est frileux ou non O gens que je connais, Il me suffit d’ entendre le bruit de leurs pas Pour pouvoir indiqu
rileux ou non O gens que je connais, Il me suffit d’entendre le bruit de leurs pas Pour pouvoir indiquer à jamais la direc
pouvoir indiquer à jamais la direction qu’ils ont prise. Il me suffit de tous ceux-là pour me croire le droit De ressuscit
u’ils ont prise. Il me suffit de tous ceux-là pour me croire le droit De ressusciter les autres. Un jour je m’attendais mo
is moi-même. Je me disais, Guillaume, il est temps que tu viennes, Et d’ un lyrique pas s’avançaient ceux que j’aime Parmi
nt ceux que j’aime Parmi lesquels je n’étais pas. Les géants couverts d’ algues passaient dans leurs villes Sous-marines où
s où les tours seules étaient des îles. Et cette mer avec les clartés de ses profondeurs Coulait, sang de mes veines et fa
îles. Et cette mer avec les clartés de ses profondeurs Coulait, sang de mes veines et fait battre mon cœur. Puis, sur ter
rose à la main Et le langage qu’ils inventaient en chemin Je l’appris de leur bouche et je le parle encore. Le cortège pas
survenaient et n’étaient pas moi-même, Amenaient un à un les morceaux de moi-même, On me bâtit peu à peu comme on élève un
Je ne vis que passant ainsi que vous passâtes Et détournant mes yeux de ce vide avenir En moi-même je vois tout le Passé
62 (1902) Les Colchiques « Les Colchiques »
Les vaches y paissant lentement s’empoisonnent. Le colchique couleur de cerne et de lilas Y fleurit. Tes yeux sont comme
y paissant lentement s’empoisonnent. Le colchique couleur de cerne et de lilas Y fleurit. Tes yeux sont comme cette fleur-
automne Et ma vie pour tes yeux lentement s’empoisonne. Les enfants de l’école viennent avec fracas, Vêtus de hoquetons,
nt s’empoisonne. Les enfants de l’école viennent avec fracas, Vêtus de hoquetons, jouant de l’harmonica. Ils cueillent l
s enfants de l’école viennent avec fracas, Vêtus de hoquetons, jouant de l’harmonica. Ils cueillent les colchiques qui son
rmonica. Ils cueillent les colchiques qui sont comme des mères Filles de leurs filles et sont couleur de tes paupières Qui
iques qui sont comme des mères Filles de leurs filles et sont couleur de tes paupières Qui battent comme les fleurs batten
63 (1902) Élégie du voyageur aux pieds blessés « Élégie du voyageur aux pieds blessés »
aux pieds blessés Marche le gars ! Marche en gaîté, Ce calme jour d’ un calme été, Où, sauf la source, tout se tait.
Va parmi les grandes fougères, Les myrtilles et les bruyères Où tant d’ abeilles butinèrent. La source est là comme un œ
illes butinèrent. La source est là comme un œil clos, Pleurant avec de frais sanglots La naissance triste de l’eau. L’
omme un œil clos, Pleurant avec de frais sanglots La naissance triste de l’eau. L’eau pure deviendra l’eau sale, La sour
rce enfante et pleure ou râle, Déplorée par les saules pâles. Roule de vulgaires pensées, Vieilles et saines et sensées,
s, Le gars ! ô l’homme aux pieds blessés ! Au bois tu n’as point vu de faunes ; Des nymphes tu n’eus pas l’aumône D’un i
u bois tu n’as point vu de faunes ; Des nymphes tu n’eus pas l’aumône D’ un iris bleu, d’un iris jaune. Tu foules les die
oint vu de faunes ; Des nymphes tu n’eus pas l’aumône D’un iris bleu, d’ un iris jaune. Tu foules les dieux sous tes pas
sses, Marche et tue les dieux quand ils naissent. Tue les dieux nés de nos clairs yeux Et dans nos âmes ; le sang pieux
Tue les dieux nés de nos clairs yeux Et dans nos âmes ; le sang pieux De tes pieds console les dieux. Les faunes roux et
ole les dieux. Les faunes roux et les satyres En te voyant feignent de rire Et troublent l’eau quand tu t’y mires. Tu
hes saluant les croix, Du bord des routes qui poudroient. Tout rouges de ton sang et froids, Les dieux narquois partout
64 (1901) Ville et cœur « Ville et cœur »
ur La ville sérieuse avec ses girouettes Sur le chaos figé du toit de ses maisons Ressemble au cœur figé, mais divers,
n cœur tu es déraisonnable. Contre ma paume j’ai senti les battements De la ville et du cœur : de la ville imprenable Et d
e. Contre ma paume j’ai senti les battements De la ville et du cœur : de la ville imprenable Et de mon cœur surpris de vie
nti les battements De la ville et du cœur : de la ville imprenable Et de mon cœur surpris de vie, énormément. Wilhelm Ko
e la ville et du cœur : de la ville imprenable Et de mon cœur surpris de vie, énormément. Wilhelm Kostrowitzky.
65 (1916) La Boucle retrouvée « La Boucle retrouvée »
La Boucle retrouvée Il retrouve dans sa mémoire La boucle de cheveux châtains T’en souvient-il à n’y point cro
ire La boucle de cheveux châtains T’en souvient-il à n’y point croire De nos deux étranges destins Du boulevard de la Ch
ent-il à n’y point croire De nos deux étranges destins Du boulevard de la Chapelle Du joli Montmartre et d’Auteuil Je me
étranges destins Du boulevard de la Chapelle Du joli Montmartre et d’ Auteuil Je me souviens murmure-t-elle Du jour où j
our où j’ai franchi ton seuil Il y tomba comme un automne La boucle de ton souvenir Et notre destin qui t’étonne Se join
66 (1913) Liens « Liens »
Liens Cordes faites de cris Sons de cloches à travers l’Europe Siècles
Liens Cordes faites de cris Sons de cloches à travers l’Europe Siècles pendus Rails
ligotez les nations Nous ne sommes que deux ou trois hommes libres de tous liens Donnons-nous la main Violente pluie
qui peigne les fumées Cordes Cordes tissées Câbles sous-marins Tours de Babel changées en ponts Araignées Pontifes Tous l
reux qu’un seul lien a liés D’autres liens plus ténus Blancs rayons de lumière Cordes et Concorde J’écris seulement po
ouvenir Ennemis du désir Ennemis du regret Ennemis des larmes Ennemis de tout ce que j’aime encore. Guillaume Apollinaire
67 (1915) Guerre « Guerre »
Guerre    Rameau central de combat          Contact par l’écoute On fore dans
On fore dans la direction « des bruits entendus »         Les jeunes de la classe 1915 Et ces fils de fer électrisés Ne p
es bruits entendus »         Les jeunes de la classe 1915 Et ces fils de fer électrisés Ne pleurez donc pas sur les horreu
15 Et ces fils de fer électrisés Ne pleurez donc pas sur les horreurs de la guerre Avant elle nous n’avions que la surface
sur les horreurs de la guerre Avant elle nous n’avions que la surface De la terre et des mers après elle nous les abîmes L
t à part Et ensemble dans le tact venu de loin et plus encore au delà de cette terre
68 (1915) Guerre « Guerre »
Guerre      Rameau central de combat                   Contact par l’écoute On
n fore dans la direction « des bruits entendus »           Les jeunes de la classe 1915 Et ces fils de fer électrisés Ne p
bruits entendus »           Les jeunes de la classe 1915 Et ces fils de fer électrisés Ne pleurez donc pas sur les horreu
15 Et ces fils de fer électrisés Ne pleurez donc pas sur les horreurs de la guerre Avant elle nous n’avions que la surface
sur les horreurs de la guerre Avant elle nous n’avions que la surface De la terre et des mers après elle nous aurons les a
t à part Et ensemble dans le tact venu de loin et plus encore au delà de cette terre
69 (1908) Fiançailles « Fiançailles »
le destine Au pigeon qui ce soir semblait le Paraclet. Au petit bois de citronniers, s’énamourèrent, D’amour que nous aim
semblait le Paraclet. Au petit bois de citronniers, s’énamourèrent, D’ amour que nous aimons les dernières venues. Les vi
dant que je dormais, Les agneaux, les pasteurs des tristes bergeries. De faux centurions emportaient le vinaigre, Et les g
le vinaigre, Et les gueux mal blessés par l’épurge dansaient. Etoiles de l’éveil ! je n’en connais aucune. Les becs de gaz
des bougies tombaient, vaille que vaille, Des faux-cols sur des flots de jupes mal brossées, Des accouchées masquées fêtai
saient n’étaient jamais jolies. * *  * [« Je n’ai plus même pitié de moi »] Je n’ai plus même pitié de moi, Et ne
* [« Je n’ai plus même pitié de moi »] Je n’ai plus même pitié de moi, Et ne puis exprimer mon tourment de silence.
Je n’ai plus même pitié de moi, Et ne puis exprimer mon tourment de silence. Tous les mots que j’avais à dire se sont
s mots que j’avais à dire se sont changés en étoiles. Un Icare tente de s’élever jusqu’à chacun de mes yeux, Et porteur d
e sont changés en étoiles. Un Icare tente de s’élever jusqu’à chacun de mes yeux, Et porteur de soleils, je brûle au cent
s. Un Icare tente de s’élever jusqu’à chacun de mes yeux, Et porteur de soleils, je brûle au centre de deux nébuleuses.
jusqu’à chacun de mes yeux, Et porteur de soleils, je brûle au centre de deux nébuleuses. Qu’ai-je fait aux bêtes théolog
le au centre de deux nébuleuses. Qu’ai-je fait aux bêtes théologales de l’intelligence ? Jadis, les morts sont revenus po
arrive en sifflant comme un ouragan. * *  * [« J’ai eu le courage de regarder en arrière »] J’ai eu le courage de
« J’ai eu le courage de regarder en arrière »] J’ai eu le courage de regarder en arrière Les cadavres de mes jours Mar
arrière »] J’ai eu le courage de regarder en arrière Les cadavres de mes jours Marquent ma route et je les pleure. Les
pleure. Les uns pourrissent dans les églises italiennes, Ou bien dans de petits bois de citronniers Qui fleurissent et fru
pourrissent dans les églises italiennes, Ou bien dans de petits bois de citronniers Qui fleurissent et fructifient En mê
ison. D’autres jours ont pleuré avant de mourir dans des tavernes, Où d’ ardents bouquets rouaient, Aux yeux d’une mûlatres
de mourir dans des tavernes, Où d’ardents bouquets rouaient, Aux yeux d’ une mûlatresse qui inventait la poésie, Et les ros
ient, Aux yeux d’une mûlatresse qui inventait la poésie, Et les roses de l’électricité s’ouvrent encore Dans le jardin de
poésie, Et les roses de l’électricité s’ouvrent encore Dans le jardin de ma mémoire. Pardonnez-moi mon ignorance ; Pardon
le jardin de ma mémoire. Pardonnez-moi mon ignorance ; Pardonnez-moi de ne plus connaître l’ancien jeu des vers. Je ne sa
’ombre enfin solide Se multipliait en réalisant la diversité formelle de mon amour, J’admirerais mon ouvrage. * *  * [
ne, son cou tranché. Je voudrais éprouver une ardeur infinie. Monstre de mon ouïe, tu rugis et tu pleures ; Le tonnerre te
ie. Monstre de mon ouïe, tu rugis et tu pleures ; Le tonnerre te sert de chevelure Et tes griffes répètent le chant des oi
lus peur. C’est la lune qui cuit comme un œuf sur le plat. Ce collier de gouttes d’eau va parer la noyée. Voici mon bouque
’est la lune qui cuit comme un œuf sur le plat. Ce collier de gouttes d’ eau va parer la noyée. Voici mon bouquet de fleurs
lat. Ce collier de gouttes d’eau va parer la noyée. Voici mon bouquet de fleurs de la passion, Qui offrent tendrement deux
llier de gouttes d’eau va parer la noyée. Voici mon bouquet de fleurs de la passion, Qui offrent tendrement deux couronnes
ouquet de fleurs de la passion, Qui offrent tendrement deux couronnes d’ épines. Les rues sont mouillées de la pluie de nag
i offrent tendrement deux couronnes d’épines. Les rues sont mouillées de la pluie de naguère. Des anges diligents travaill
ndrement deux couronnes d’épines. Les rues sont mouillées de la pluie de naguère. Des anges diligents travaillent pour moi
regardé longtemps, M’éloigner en chantant. * *  * [« Au tournant d’ une rue, je vis des matelots »] Au tournant d’
* [« Au tournant d’une rue, je vis des matelots »] Au tournant d’ une rue, je vis des matelots Qui dansaient, le cou
rnant d’une rue, je vis des matelots Qui dansaient, le cou nu, au son d’ un accordéon. J’ai tout donné au soleil, Tout, sau
brumeux s’enfonçaient les trois-mâts. Les vents ont expiré couronnés d’ anémones, O Vierge, signe pur du troisième mois.
mme, ardeur Que mon souffle éteindra, ô morts, à quarantaine. Je mire de ma mort la gloire et le malheur. Comme si je visa
mire de ma mort la gloire et le malheur. Comme si je visais l’oiseau de la quintaine. * *  * [« Incertitude, oiseau f
tes enfants galants, bien ou mal habillés, Ont bâti ce bûcher, le nid de mon courage. Guillaume Apollinaire.
70 (1917) [Calligramme (silhouette de femme)] « [Caligramme (silhouette de femme)] »
[Caligramme (silhouette de femme)] [silhouette de femme] Vive Vive la
[Caligramme (silhouette de femme)] [silhouette de femme] Vive Vive la France semble-t-il être écrit
a France semble-t-il être écrit dans les dessins et dans les tableaux d’ Irène Lagut vive la France où l’art peut se renouv
’Irène Lagut vive la France où l’art peut se renouveler si souvent et d’ une manière toujours forte et toujours extrêmement
71 (1916) Exercice « Exercice »
Exercice Vers un village de l’arrière S’en allaient quatre bombardiers Ils ét
ge de l’arrière S’en allaient quatre bombardiers Ils étaient couverts de poussière Depuis la tête jusqu’aux pieds. Ils r
e se retournant qu’à peine, Quand un obus avait toussé. Tous quatre de la classe seize, Parlaient d’antan, non d’avenir,
and un obus avait toussé. Tous quatre de la classe seize, Parlaient d’ antan, non d’avenir, Ainsi se prolongeait l’ascèse
vait toussé. Tous quatre de la classe seize, Parlaient d’antan, non d’ avenir, Ainsi se prolongeait l’ascèse Qui les exer
72 (1916) Guerre « Guerre »
Guerre par GUILLAUME APOLLINAIRE officier d’ infanterie en campagne            Rameau central
LLINAIRE officier d’infanterie en campagne            Rameau central de combat,                           [obus]         
On fore dans la direction des bruits « entendus »…       Les jeunes de la classe 1915,                             [étoi
lasse 1915,                             [étoile]       & ces fils de fer électrisés ? Ne pleurez donc pas sur les horr
mp; ces fils de fer électrisés ? Ne pleurez donc pas sur les horreurs de la guerre !     Avant elle nous n’avions que la s
s horreurs de la guerre !     Avant elle nous n’avions que la surface de la terre & des mers ; après elle nous aurons
       feu, cristal, vitesse, voix, regard, .. et plus encore au delà de cette terre
73 (1917) Allons plus vite « Allons plus vite »
u ciel qui me l’envoyes                                      une nuit de mélancolie                                     
ûlent les âmes                                     Sur le Boulevard de Grenelle                 Les ouvriers et les patr
ers et les patrons                                             Arbres de mai cette dentelle                               
donc pas le fanfaron                             Allons plus vite nom de Dieu                                             
         Sur son sein notre République               A mis ce bouquet de muguet               qui poussait drû le long du
rû le long du quai                               Allons plus vite nom de Dieu                                             
         Ton frère                               Allons plus vite nom de Dieu                                             
74 (1917) Bleuet « Bleuet »
                Jeune homme                                            de vingt ans                                        
es                                           Que penses-tu des hommes de ton enfance [à droite] Tu connais la bravoure et
bravoure et la ruse [transversalement] Tu as vu la mort en face plus de cent fois tu ne sais pas ce que c’est que la vie
rouge aussi                                                            De joie                             Tu as absorbé la
             De joie                             Tu as absorbé la vie de ceux qui sont morts près de toi                  
ts près de toi                                                  Tu as de la décision                                      
que la vie                                                  O douceur d’ autrefois                                         
75 (1915) A l’Italie (incipit : « L’amour a remué ma vie ») « A l’Italie (incipit : « L’amour a remué ma vie ») »
armées J’atteignais l’âge mûr quand la guerre arriva Et dans ce jour d’ août 1915 le plus chaud de l’année Bien abrité dan
mûr quand la guerre arriva Et dans ce jour d’août 1915 le plus chaud de l’année Bien abrité dans l’hypogée que j’ai creus
hypogée que j’ai creusé moi-même C’est à toi que je songe ITALIE mère de mes pensées Et dejà quand von Kluck marchait su
à quand von Kluck marchait sur Paris avant la Marne J’évoquais le sac de Rome par les Allemands Le sac de Rome qu’ont décr
ris avant la Marne J’évoquais le sac de Rome par les Allemands Le sac de Rome qu’ont décrit Un Bonaparte le vicaire espagn
t l’Arétin Je me disais Est-il possible que la nation Qui est la mère de la civilisation Regarde sans la défendre les effo
là tranquillement et sans tristesse Et si malgré les masques les sacs de sable les rondins nous tombions Nous savons qu’un
lque chose comme une sœur J’ai comme toi pour me réconforter le quart de pinard Qui met tant de différence entre nous et l
entre nous et les Boches J’ai aussi comme toi l’envol des compagnies de perdreaux des 75 Comme toi je n’ai pas cet orguei
tions dépassent sans qu’il sachent s’amuser Notre civilisation a plus de finesse que les choses qu’ils emploient Elle est
on a plus de finesse que les choses qu’ils emploient Elle est au delà de la vie confortable Et de ce qui est l’extérieur d
les choses qu’ils emploient Elle est au delà de la vie confortable Et de ce qui est l’extérieur dans l’art et l’industrie
’industrie Les fleurs sont nos enfants et non les leurs Même la fleur de lys qui meurt au Vatican La plaine est infinie
es Sur les roses momentanées des éclatements Et les nuits sont parées de guirlandes d’éblouissements De bulles de globules
es momentanées des éclatements Et les nuits sont parées de guirlandes d’ éblouissements De bulles de globules aux couleurs
s éclatements Et les nuits sont parées de guirlandes d’éblouissements De bulles de globules aux couleurs insoupçonnées N
nts Et les nuits sont parées de guirlandes d’éblouissements De bulles de globules aux couleurs insoupçonnées Nous jouiss
nts De bulles de globules aux couleurs insoupçonnées Nous jouissons de tout même de nos souffrances Notre humeur est cha
de globules aux couleurs insoupçonnées Nous jouissons de tout même de nos souffrances Notre humeur est charmante l’arde
arquois car nous savons faire la part des choses Et il n’y a pas plus de folie chez celui qui jette les grenades que chez
mots sonores Tu as à ta disposition les sortilèges étrusques le sens de la majesté héroïque et le courageux honneur indiv
ds et même ceux qui se dégonflent sauraient à l’occasion faire preuve de l’esprit de sacrifice qu’on appelle la bravoure E
eux qui se dégonflent sauraient à l’occasion faire preuve de l’esprit de sacrifice qu’on appelle la bravoure Et nous fumon
des scylles mortes au moment de Messine Je salue le Colleoni équestre de Venise Je salue la chemise rouge Je t’envoie mes
t’envoie mes amitiés ITALIE et m’apprête à applaudir aux hauts faits de ta bleusaille Non parce que j’imagine qu’il y aur
its de ta bleusaille Non parce que j’imagine qu’il y aura jamais plus de bonheur ou de malheur en ce monde Mais parce que
saille Non parce que j’imagine qu’il y aura jamais plus de bonheur ou de malheur en ce monde Mais parce que comme toi j’ai
l et que les Boches m’en empêcheraient Mais parce que le goût naturel de la perfection que nous avons l’un et l’autre si o
te occase Ce n’est pas pour l’ensemble que je le dis Mais pour chacun de tei ITALIE Ne te borne point à prendre les terres
où est le nôtre Les réflecteurs dardent leurs lueurs comme des yeux d’ escargots Et les obus en tombant sont des chiens q
s yeux d’escargots Et les obus en tombant sont des chiens qui jettent de la terre avec leurs pattes après avoir fait leurs
soins Notre armée invisible est une belle nuit constellée Et chacun de nos hommes est un astre merveilleux            
e cavalerie Nous reprendrons les villes les fleuves et les collines De la frontière helvétique aux frontières bataves
s               Entre toi et nous ITALIE Il y a des patelins pleins de femmes Et près de toi m’attend celle que j’ador
ges délétères Metalliques débris qui vous rouillez partout O frères d’ ITALIE vos plumes sur la tête                   
tons ceux qui sont morts                 Chantons la terre qui bâille d’ ennui                 Chantons et rigolons        
          ITALIE Entends braire l’âne boche Faisons la guerre à coups de fouets Faits avec les rayons du soleil           
76 (1914) Fiord « Fiord »
Fiord C’est la fête de Saint Olaf On excursionne en sky D’amour on revie
Fiord C’est la fête de Saint Olaf On excursionne en sky D’ amour on revient paf C’est tout à fait exquis     
e en sky D’amour on revient paf C’est tout à fait exquis          Pas de chichi
77 (1917) à Luigi Amaro « A Luigi Amaro »
A Luigi Amaro Poème liminaire de son « Ode à Gallieni »                        
je vous aime bien                                                      de                                                  
Comment réussissent-ils à avoir du crin gris perle Je me souviens de l’émotion sublime qui nous gagna tous A la lectur
Je me souviens de l’émotion sublime qui nous gagna tous A la lecture de la proclamation du général Galliéni              
est venue avec nous                            Agitant auprès du ciel de notre drapeau    AMARO      LE VERT QUI EST LA
                            Amaro écoutez           Le fracas éternel de nos artilleries                     Erige un tomb
racas éternel de nos artilleries                     Erige un tombeau de rumeurs Tresse les couronnes faites en fleurs d’é
    Erige un tombeau de rumeurs Tresse les couronnes faites en fleurs d’ éclatements                                    A
78 (1913) Lundi rue Christine « Lundi rue Christine »
Lundi rue Christine La mère de la concierge et la concierge laisseront tout pass
patronne est poitrinaire Quand tu auras fini nous jouerons une partie de jacquet Un chef d’orchestre qui a mal à la gorge
naire Quand tu auras fini nous jouerons une partie de jacquet Un chef d’ orchestre qui a mal à la gorge Quand tu viendras à
orge Quand tu viendras à Tunis je te ferai fumer du Kief Ça a l’air de rimer Des piles de soucoupes des fleurs un cale
s à Tunis je te ferai fumer du Kief Ça a l’air de rimer Des piles de soucoupes des fleurs un calendrier Pim pam pim Je
00 francs à ma probloque Je préférerais me couper le parfaitement que de les lui donner Je partirai à 20 h. 27 Six glace
embrouiller encore davantage Cher monsieur Vous êtes un mec à la mie de pain Cette dame a le nez comme un ver solitaire L
ez comme un ver solitaire Louise a oublié sa fourrure Moi je n’ai pas de fourrure et je n’ai pas froid Le Danois fume sa c
ement impossible Voici monsieur La bague en malachite Le sol est semé de sciure Alors c’est vrai La serveuse rousse a été
Ecoute Jacques c’est très sérieux ce que je vais te dire Compagnie de Navigation mixte Il me dit monsieur voulez-vous
tion mixte Il me dit monsieur voulez-vous voir ce que je peux faire d’ eaux fortes et de tableaux Je n’ai qu’une petite b
e dit monsieur voulez-vous voir ce que je peux faire d’eaux fortes et de tableaux Je n’ai qu’une petite bonne Après déje
i me dit écoutez c’est charmant A Smyrne à Naples en Tunisie Mais nom de Dieu où est-ce La dernière fois que j’ai été en C
79 (1905) Automne « Automne »
’en vont un paysan cagneux Et son bœuf, lentement, dans le brouillard d’ automne Qui cache les hameaux pauvres et vergogneu
t vergogneux. En s’en allant là-bas le paysan chantonne Une chanson d’ amour et d’infidélité Qui parle d’une bague et d’u
x. En s’en allant là-bas le paysan chantonne Une chanson d’amour et d’ infidélité Qui parle d’une bague et d’un cœur que
bas le paysan chantonne Une chanson d’amour et d’infidélité Qui parle d’ une bague et d’un cœur que l’on brise. Oh ! l’au
hantonne Une chanson d’amour et d’infidélité Qui parle d’une bague et d’ un cœur que l’on brise. Oh ! l’automne, l’automn
80 (1917) [Page 1] « [Page 1] »
t mis sous une gouttière. Léopold Survage avait inventé l’art nouveau de la peinture en mouvement : le Rythme coloré. Il y
l y avait travaillé pendant des années, vivant modestement du produit d’ un métier manuel qui est celui d’accordeur de pian
nnées, vivant modestement du produit d’un métier manuel qui est celui d’ accordeur de piano. Il avait été amené à exercer c
t modestement du produit d’un métier manuel qui est celui d’accordeur de piano. Il avait été amené à exercer ce métier par
eur de piano. Il avait été amené à exercer ce métier par l’entêtement d’ un père, grand fabricant de pianos. Ne voulant pas
amené à exercer ce métier par l’entêtement d’un père, grand fabricant de pianos. Ne voulant pas qu’il fût peintre, il exig
nsacrait ses veilles fut mis au point. Et au moment de la déclaration de guerre allait se manifester au public grâce au Ci
rre allait se manifester au public grâce au Ciné, ce formidable moyen de propagande. La guerre interrompit ces projets qui
lastiques que l’on trouve déjà dans les plus anciens essais picturaux de Léopold Survage. Les efforts qu’il a faits pour d
s qu’il a faits pour donner une vie à la nuance pure l’ont mis à même d’ aborder la peinture avec des moyens tous nouveaux.
la lyrique transfiguration urbaine que l’on trouve dans les tableaux de Survage que j’ai regardé ces ouvrages avec une te
une tendresse fraternelle. J’aime aussi le côté poétique et touchant de ses ouvrages, la fraîcheur de ses bouquets, la si
aime aussi le côté poétique et touchant de ses ouvrages, la fraîcheur de ses bouquets, la simplicité des fruits, des fleur
’a su mettre dans une seule toile, une ville entière avec l’intérieur de ses maisons Et cette ombre humaine qui surgit aux
81 (1916) Fusée « Fusée »
Fusée La boucle des cheveux noirs de ta nuque est mon trésor Ma pensée te rejoint et l
Tes seins sont les seuls obus que j’aime Ton souvenir est la lanterne de repérage qui nous sert à pointer la nuit * *   *
e qui nous sert à pointer la nuit * *   * En voyant la large croupe de mon cheval j’ai pensé à tes hanches * *   * Voi
dans sa gueule * *   * Un chat-huant aile fauve yeux ternes gueule de petit chat et pattes de chat * *   * Une souris
Un chat-huant aile fauve yeux ternes gueule de petit chat et pattes de chat * *   * Une souris verte file parmi la mou
Le mégaphone crie « allongez le tir » * *   * Allongez le tir amour de vos batteries * *   * Balance des batteries lou
Balance des batteries lourdes cymbales qu’agitent les chérubins fous d’ amour En l’honneur du Dieu des armées * *   * Un
rimpent dans la vallée * *   * O vieux monde du XIX e  siècle plein de hautes cheminées si belles et si pures * *   *
siècle où nous sommes O canons * *   * Douilles éclatantes des obus de 75 carillonnez pieusement Guillaume Apollinaire
82 (1913) Montparnasse (incipit : « O porte de l’hôtel avec deux plantes vertes ») « Montparnasse (incipit : « O porte de l’hôtel avec deux plantes vertes ») »
Montparnasse (incipit : « O porte de l’hôtel avec deux plantes vertes ») O porte de
incipit : « O porte de l’hôtel avec deux plantes vertes ») O porte de l’hôtel avec deux plantes vertes Vertes qui jamai
te de l’hôtel avec deux plantes vertes Vertes qui jamais Ne porteront de fleurs Où sont mes fruits Où me planté-je O porte
ais Ne porteront de fleurs Où sont mes fruits Où me planté-je O porte de l’hôtel un ange est devant toi Distribuant des pr
chambre à la semaine Ange barbu vous êtes en réalité Un poète lyrique d’ Allemagne Qui voulez connaître Paris Vous connaiss
poète lyrique d’Allemagne Qui voulez connaître Paris Vous connaissez de son pavé Ces raies sur lesquelles il ne faut pas
elles il ne faut pas que l’on marche                    Et vous rêvez D’ aller passer votre Dimanche à Garches Il fait un
83 (1915) Saillant « Saillant »
Saillant A André Level Rapidité attentive à peine un peu d’ incertitude Mais un dragon à pied sans armes Parmi
Salut Le Rapace [à gauche, verticalement] SALUT [au centre] Le balai de verdure T’en souviens-tu Il est roi dans les pier
Il est roi dans les pierres Du beau royaume dévasté [à droite] Grain de blé Mais la couleuvre me regarde dressée comme
re me regarde dressée comme une épée Vive comme un cheval pif Un trou d’ obus propre comme une salle de bains Berger suivi
heval pif Un trou d’obus propre comme une salle de bains Berger suivi de son troupeau mordoré Mais où est un [cœur] et le
d chantait les saphirs nocturnes [crapauds] LOU LOU LOU [insigne de télégraphiste, reconnaissable à ses foudres] [pip
élégraphiste, reconnaissable à ses foudres] [pipe à opium] [bouteille de champagne] [sabre] Vive le Capiston
84 (1915) Saillant « Saillant »
Saillant A André Level Rapidité attentive à peine un peu d’ incertitude Mais un dragon à pied sans armes Parmi
Salut Le Rapace [à gauche, verticalement] SALUT [au centre] Le balai de verdure T’en souviens-tu Il est roi dans les pier
Il est roi dans les pierres Du beau royaume dévasté [à droite] Grain de blé Mais la couleuvre me regarde dressée comme
re me regarde dressée comme une épée Vive comme un cheval pif Un trou d’ obus propre comme une salle de bains Berger suivi
heval pif Un trou d’obus propre comme une salle de bains Berger suivi de son troupeau mordoré Mais où est un [cœur] et le
ud chantait les saphirs nocturnes [crapauds] LOU LOU LOU [insigne de télégraphiste, reconnaissable à ses foudres] [pip
élégraphiste, reconnaissable à ses foudres] [pipe à opium] [bouteille de champagne] [sabre] Vive le Capiston
85 (1915) Poème sans titre (« J’ai tant aimé les arts que je suis artilleur ») « Poème sans titre (« J’ai tant aimé les arts que je suis artilleur ») »
Aujourd’hui c’est meilleur. J’ai sur un grand cheval fait six heures de route, Genoux en sang, mais que voulez-vous que ç
es de route, Genoux en sang, mais que voulez-vous que ça foute ? Tant d’ hommes sur le front meurent à tout moment Que c’es
d’hommes sur le front meurent à tout moment Que c’est un vrai plaisir de saigner seulement. L’artillerie est l’art de mesu
ue c’est un vrai plaisir de saigner seulement. L’artillerie est l’art de mesurer les angles Et l’équitation de bien serrer
ulement. L’artillerie est l’art de mesurer les angles Et l’équitation de bien serrer les sangles. L’art du canon est l’art
Et l’équitation de bien serrer les sangles. L’art du canon est l’art de tout bien mesurer. Avec l’astronomie on le peut c
mesurer. Avec l’astronomie on le peut comparer. Voilà tout le secret de la guerre où nous sommes. Le reste est dans la jo
86 (1917) Orphée « Orphée »
leure encore             Il était si doux si joli             Que de choses bonnes pour les antiquaires               
aussi monstrueuse que la guerre                              O temps de la tyrannie                                     D
s’aimer les uns les autres                            Et n’être aimé de personne                            Ne rien laiss
 Ne rien laisser derrière soi                  Et préparer le plaisir de tout le monde                          Ni trop su
mocratiques ô Cortèges ô fanfares ô tumultes [à gauche, verticalement de droite à gauche] J’entends encore le son des cloc
gauche] J’entends encore le son des cloches [à droite, verticalement de droite à gauche] Le tic tac de mon réveille-matin
n des cloches [à droite, verticalement de droite à gauche] Le tic tac de mon réveille-matin Guillaume APOLLINAIRE.
87 (1913) Dans le jardin d’Anna « Dans le jardin d’Anna »
Dans le jardin d’ Anna Certes si nous avions vécu en l’an dix-sep
t soixante Est-ce bien la date que vous déchiffrez Anna sur ce banc de pierre Et que par malheur j’eusse été allemand
mand Mais que par bonheur j’eusse été près de vous Nous aurions parlé d’ amour de façon imprécise Presque toujours en franç
s que par bonheur j’eusse été près de vous Nous aurions parlé d’amour de façon imprécise Presque toujours en français Et p
çais Et pendue éperdument à mon bras Vous m’auriez écouté vous parler de Pythagoras En pensant aussi au café qu’on prendra
es pampres couronnent Et brusquement parfois j’eusse salué très bas De nobles dames grasses et langoureuses J’aurais d
ses et langoureuses J’aurais dégusté lentement et tout seul Pendant de longues soirées Le tokay épais ou la malvoisie J’
ui se refuse à comprendre l’allemand J’aurais écrit des vers pleins de mythologie Sur vos seins la vie champêtre et sur
les dames Des alentours J’aurais souvent cassé ma canne Sur le dos d’ un paysan J’aurais aimé entendre de la musique e
ouvent cassé ma canne Sur le dos d’un paysan J’aurais aimé entendre de la musique en mangeant Du jambon J’aurais juré
88 (1917) Le Dépôt « Le Dépôt »
parmi 900 conducteurs anonymes Je suis un charretier du neuf charroi de Nîmes L’Amour dit Reste ici mais là-bas les obu
s Où brillent leurs yeux clairs comme mes éperons Un bel après-midi de garde à l’écurie J’entends sonner les trompettes
Un bel après-midi de garde à l’écurie J’entends sonner les trompettes d’ artillerie J’admire la gaîté de ce détachement Q
urie J’entends sonner les trompettes d’artillerie J’admire la gaîté de ce détachement Qui va rejoindre au front notre be
régiment Le territorial se mange une salade A l’anchois en parlant de sa femme malade 4 pointeurs fixaient les bulles
aux Le bon chanteur Girault nous chante après 9 heures Un grand air d’ opéra toi l’écoutant tu pleures Je flatte de la
s 9 heures Un grand air d’opéra toi l’écoutant tu pleures Je flatte de la main le petit canon gris Gris comme l’eau de S
u pleures Je flatte de la main le petit canon gris Gris comme l’eau de Seine et je songe à Paris Mais ce pâle blessé m
s dans la nuit la splendeur argentine Je mâche lentement ma portion de bœuf Je me promène seul le soir de 5 à 9 Je sel
ne Je mâche lentement ma portion de bœuf Je me promène seul le soir de 5 à 9 Je selle mon cheval nous battons la campa
89 (1917) Désir « Désir »
Mon désir c’est la butte du Mesnil Mon désir est là sur quoi je tire De mon désir qui est au delà de la zone des armées J
Mesnil Mon désir est là sur quoi je tire De mon désir qui est au delà de la zone des armées Je n’en parle pas aujourd’hui
rd’hui mais j’y pense Butte du Mesnil je t’imagine en vain Des fils de fer des mitrailleuses des ennemis trop sûrs d’eux
agine en vain Des fils de fer des mitrailleuses des ennemis trop sûrs d’ eux Trop enfoncés sous terre déjà enterrés Ca ta
ie ma bourguignote Entends la terre véhémente Vois les lueurs avant d’ entendre les coups Et tel obus siffler de la démen
émente Vois les lueurs avant d’entendre les coups Et tel obus siffler de la démence Ou le tac tac tac monotone et bref ple
l obus siffler de la démence Ou le tac tac tac monotone et bref plein de dégoût Je désire te serrer dans ma main Main de
otone et bref plein de dégoût Je désire te serrer dans ma main Main de Massiges Si décharnée sur la carte Le boyau Gœt
especte aucune gloire Nuit violente et violette et sombre et pleine d’ or par moments                   Nuit des hommes s
violente ô nuit dont l’épouvantable cri profond devenait plus intense de minute en minute Nuit qui criait comme une femme
90 (1917) Pablo Picasso « Pablo Picasso »
o Voyez ce peintre il prend les choses avec leur ombre aussi et d’ un coup d’œil sublimatoire Il se déchire en accord
gue que j’aime entendre Des Arlequines jouent dans le   rose et bleus d’ un beau-ciel   Ce souvenir revit les rêves   et le
l   Ce souvenir revit les rêves   et les actives mains   Orient plein de glaciers   L’hiver est rigoureux Lustres   or toi
  L’hiver est rigoureux Lustres   or toile irisée or   loi des stries de feu   fond en murmurant. Bleu   flamme légère   a
ncandesce   quelques brasses encore Bourdons   femmes striées   éclat de   plongeon-diamant Arlequins   semblables à Dieu
  brillant comme deux   perles   monstres qui palpitent Lys   cerclés d’ or,   je n’étais pas seul !   fais onduler les rem
 !   fais onduler les remords   Nouveau monde très matinal   montant de l’énorme mer   L’aventure de ce vieux cheval   e
  Nouveau monde très matinal   montant de l’énorme mer   L’aventure de ce vieux cheval   en Amérique   Au soir de la pê
’énorme mer   L’aventure de ce vieux cheval   en Amérique   Au soir de la pêche merveilleuse   l’œil du masque   Air de
Amérique   Au soir de la pêche merveilleuse   l’œil du masque   Air de petits violons au fond des   anges rangés Dans le
rmi les assauts du vent   qui s’assoupit Ouis les vagues et le fracas d’ une   femme bleue Enfin la grotte à l’atmosphère d
atmosphère dorée   par la vertu Ce saphir veiné   il faut rire ! Rois de phosphore   sous les arbres les bottines entre de
ne vaste grotte.   Prends les araignées roses   à la nage   Regrets d’ invisibles pièges   l’air Paisible se souleva mais
s   l’artiste-peintre Ton pauvre   étincellement pâle L’ombre agile   d’ un soir d’été qui meurt Immense désir   et l’aube
ste-peintre Ton pauvre   étincellement pâle L’ombre agile   d’un soir d’ été qui meurt Immense désir   et l’aube émerge des
riez L’acrobate à cheval le poète à moustaches un oiseau mort et tant d’ enfants sans larmes Choses cassées des livres déch
d’enfants sans larmes Choses cassées des livres déchirés des couches de poussière et des aurores déferlant ! Guillaume
91 (1914) L'Anguille « L’Anguille »
ncs Pas seule Bébert dit l’Anguille Narcisse et Hubert le merlan Près d’ elle faisaient leur manille Et la crâneuse de Cl
Hubert le merlan Près d’elle faisaient leur manille Et la crâneuse de Clichy Aux rouges yeux de dégueulade Répète Mon e
lle faisaient leur manille Et la crâneuse de Clichy Aux rouges yeux de dégueulade Répète Mon eau de Vichy Va dans le pan
Et la crâneuse de Clichy Aux rouges yeux de dégueulade Répète Mon eau de Vichy Va dans le panier à salade Haha sans faire
de Répète Mon eau de Vichy Va dans le panier à salade Haha sans faire de chichi Les yeux dansants comme des anges Elle r
92 (1915) Toujours « Toujours »
Favier    Toujours    Nous irons plus loin sans avancer jamais    Et de planète en planète    De nouvelle en nouvelle Le
us irons plus loin sans avancer jamais    Et de planète en planète     De nouvelle en nouvelle Le don Juan des mille et tro
ouvelle Le don Juan des mille et trois comètes    Et même sans bouger de la terre    Cherche les forces neuves    Et prend
rche les forces neuves    Et prend au serieux les fantômes    Et tant d’ univers s’oublient    Quels sont les grands oublie
partie du monde Où est le Christophe Colomb à qui l’on devra l’oubli d’ un continent            Perdre    Mais perdre vrai
93 (1915) Toujours « Toujours »
 Toujours    Nous irons plus loin sans avancer jamais * *   *    Et de planète en planète    De nouvelle en nouvelle Le
lus loin sans avancer jamais * *   *    Et de planète en planète     De nouvelle en nouvelle Le don Juan des mille et tro
ouvelle Le don Juan des mille et trois comètes    Et même sans bouger de la terre    Cherche les forces neuves    Et prend
orces neuves    Et prend au sérieux les fantômes * *   *    Et tant d’ univers s’oublient * *   *    Quels sont les gra
tie du monde ? Où est le Christophe Colomb à qui l’on devra l’oubli d’ un continent ???            Perdre    Mais perdr
94 (1917) L'Horloge de demain « L’Horloge de demain »
L’Horloge de demain [browning] il te revient des parfums
s des êtres qui vont exister qui se préparent [soldat] je me souviens de la Provence du danseur du Nord Hélas où est ton c
un enfer artificiel ne sois pas fragile surtout [cœur] un cœur plein de tous les printemps [hors motifs] le bonheur et le
de tous les printemps [hors motifs] le bonheur et le malheur marchent de compagnie/ Ecoutez-moi bien il y va de la vie et
bonheur et le malheur marchent de compagnie/ Ecoutez-moi bien il y va de la vie et tant de nouvelles Ecoutez-moi tous
95 (1917) Merveille de la guerre « Merveille de la guerre »
Merveille de la guerre Que c’est beau ces fusées qui illumi
econnu ton sourire et ta vivacité C’est aussi l’apothéose quotidienne de toutes mes Bérénices dont les chevelures sont dev
t à tous les temps et à toutes les races Elles accouchent brusquement d’ enfants qui n’ont que le temps de mourir Comme c’e
s races Elles accouchent brusquement d’enfants qui n’ont que le temps de mourir Comme c’est beau toutes ces fusées Mais ce
es millions qui auraient un sens complet et relatif comme les lettres d’ un livre Pourtant c’est aussi beau que si la vie m
é à giorno C’est un banquet que s’offre la terre Elle a faim et ouvre de longues bouches pâles La terre a faim et voici so
et ouvre de longues bouches pâles La terre a faim et voici son festin de Balthasar cannibale Qui aurait dit qu’on pût être
y mangeait avec la terre Il n’avale que des âmes Ce qui est une façon de ne pas se nourrir Et se contente de jongler avec
que des âmes Ce qui est une façon de ne pas se nourrir Et se contente de jongler avec des feux versicolores Mais j’ai co
jongler avec des feux versicolores Mais j’ai coulé dans la douceur de cette guerre avec toute ma compagnie au long des
guerre avec toute ma compagnie au long des longs boyaux Quelques cris de flamme annoncent sans cesse ma présence J’ai creu
ant en mille petits fleuves qui vont partout Je suis dans la tranchée de première ligne et cependant je suis partout je co
ose des siècles à venir Ce sera plus long à réaliser que non la fable d’ Icare volant Je lègue à l’avenir l’histoire de Gui
aliser que non la fable d’Icare volant Je lègue à l’avenir l’histoire de Guillaume Apollinaire Qui fut à la guerre et sut
ire Qui fut à la guerre et sut être partout Dans les villes heureuses de l’arrière Dans ceux qui meurent en piétinant dans
aux Au Zenith au Nadir aux 4 points cardinaux Et dans l’unique ardeur de cette veillée d’armes Et ce serait sans doute bie
Nadir aux 4 points cardinaux Et dans l’unique ardeur de cette veillée d’ armes Et ce serait sans doute bien plus beau Si je
uis partout Pouvaient m’occuper aussi Mais dans ce sens il n’y a rien de fait Car si je suis partout à cette heure il n’y
96 (1916) Chant de l'horizon en Champagne « Chant de l’horizon en Champagne »
Chant de l’horizon en Champagne à Monsieur le substitut
on en Champagne à Monsieur le substitut Granié Voici le tétin rose de l’euphorbe verruquée Voici les nez des soldats in
ion              Tandis que saigne la blessure              Du soldat de Promission              Un chien jappait l’obus
ue              Et l’acier s’envole aussi Je suis seul sur le chant de bataille Tranchée blanche bois vert et roux L’obu
ns à passepoil jaune Les grands artilleurs roux comme des taupes Bleu de roi comme les golfes méditerranéens Veloutés de t
comme des taupes Bleu de roi comme les golfes méditerranéens Veloutés de toutes les nuances du velours Ou mauves encore ou
en tête Debout fusée éclairante Danse grenadier en agitant tes pommes de pin Alidades des triangles de visée pointez-vous
e Danse grenadier en agitant tes pommes de pin Alidades des triangles de visée pointez-vous sur les lueurs Creusez des tro
angles de visée pointez-vous sur les lueurs Creusez des trous enfants de 20 ans creusez des trous Sculptez les profondeurs
          Pilote du cœur tu zigzagues                Petites forêts de sapins                La nichée attend la becquée
       La nichée attend la becquée                Pointe-t-il des nez de lapins                Comme l’euphorbe verruquée
        Je l’adore comme un Parsi                Ce tout petit soleil d’ automne                Un fantassin presque un e
le                Tandis que nous n’y sommes pas                Que de filles deviennent belles                Voici l’h
    Voici l’hiver et pas à pas                Leur beauté s’éloignera d’ elles                O lueurs soudaines des tirs
s tirs                Cette beauté que j’imagine                Faute d’ avoir des souvenirs                Tire de vous so
magine                Faute d’avoir des souvenirs                Tire de vous son origine                Car elle n’est
gine                Car elle n’est rien que l’ardeur                 De la bataille violente                Et de la terr
que l’ardeur                De la bataille violente                Et de la terrible lueur                Il se fait une m
t une muse ardente Il regarde longtemps l’horizon Couteaux tonneaux d’ eaux Des lanternes allumées se sont croisées Moi l
97 (1914) 1904 « 1904 »
904 J’arrivai pour le lundi gras A l’hôtel m’assis devant l’âtre Près d’ un chanteur de l’Opéra Qui ne parlait que de théât
pour le lundi gras A l’hôtel m’assis devant l’âtre Près d’un chanteur de l’Opéra Qui ne parlait que de théâtre La Kellne
’assis devant l’âtre Près d’un chanteur de l’Opéra Qui ne parlait que de théâtre La Kellnerine rousse avait Mis sur sa t
us riche et plus gentil Que Crésus Rothschild et Torlogne Je soupai d’ un peu de foie gras De chevreuil tendre à la compo
l Que Crésus Rothschild et Torlogne Je soupai d’un peu de foie gras De chevreuil tendre à la compote De tartes flancs et
ne Je soupai d’un peu de foie gras De chevreuil tendre à la compote De tartes flancs etc Un peu de kirsch me ravigote
98 (1914) Le son du Cor « Le son du Cor »
Le poison qui nourrit son mal et dont il meurt Mon sens comme celui d’ un tel que folie lèse N’exprime plus qu’injuste
a incanté mes yeux tristes et las Et tout est irréel comme embrumé de voiles Peut-être es-tu très pure immaculée ô to
ô toi Qu’à travers ma folie jadis j’ai crue impure J’ai les yeux de l’Amour qui sont troubles d’émoi De veilles et
e jadis j’ai crue impure J’ai les yeux de l’Amour qui sont troubles d’ émoi De veilles et de pleurs et des maux qu’il e
’ai crue impure J’ai les yeux de l’Amour qui sont troubles d’émoi De veilles et de pleurs et des maux qu’il endure.
e J’ai les yeux de l’Amour qui sont troubles d’émoi De veilles et de pleurs et des maux qu’il endure.
99 (1910) Sonnet « Sonnet »
comme des petits suisses Fera l’honneur abject des suçons sans venin. De ma mentule mâle en ton con féminin Le sperme tomb
e l’or dans les sluices1. O ma tendre putain ! tes fesses ont vaincu De tous les fruits pulpeux le savoureux mystère, L’h
les fruits pulpeux le savoureux mystère, L’humble rotondité sans sexe de la terre, La lune, chaque mois, si vaine de son
mble rotondité sans sexe de la terre, La lune, chaque mois, si vaine de son cul, Et de tes yeux jaillit, même quand tu le
sans sexe de la terre, La lune, chaque mois, si vaine de son cul, Et de tes yeux jaillit, même quand tu les voiles, Cette
qui tombe les étoiles2. L’abbé de Thélème. 1. [NdA] Petits canaux de bois au fond desquels le mercure retient l’or au
s le mercure retient l’or au passage. 2. [NdA] La pointe est presque de Corneille.
100 (1918) A Luigi Amaro « À Luigi Amaro »
                                                                       de Amaro vous savez que je vous aime bien          
o vous savez que je vous aime bien             Pâques Je me souviens de l’émotion sublime qui nous gagna tous A la lectur
Je me souviens de l’émotion sublime qui nous gagna tous A la lecture de la proclamation du Général Galliéni              
ous                                            Agitant auprès du ciel de notre drapeau AMARO                            Le
l’ennemi lui-même               Amaro écoutez Le fracas éternel de nos artilleries Erige un monument de rumeurs
ro écoutez Le fracas éternel de nos artilleries Erige un monument de rumeurs Tresse les couronnes faites en fleurs d
Erige un monument de rumeurs Tresse les couronnes faites en fleurs d’ éclatements                 Amaro écoutez La R
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