(1916) Fusée « Fusée »
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(1916) Fusée « Fusée »

Fusée

La boucle des cheveux noirs de ta nuque est mon trésor
Ma pensée te rejoint et la tienne la croise
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Tes seins sont les seuls obus que j’aime
Ton souvenir est la lanterne de repérage qui nous sert à pointer la nuit
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En voyant la large croupe de mon cheval j’ai pensé à tes hanches
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Voici les fantassins qui s’en vont à l’arrière en lisant un journal
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Le chien du brancardier revient avec une pipe dans sa gueule
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Un chat-huant aile fauve yeux ternes gueule de petit chat et pattes de chat
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Une souris verte file parmi la mousse
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Notre amour est un sous les étoiles
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Le riz a brûlé dans la marmite du campement
Ça signifie qu’il faut prendre garde à bien des choses
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Le mégaphone crie « allongez le tir »
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Allongez le tir amour de vos batteries
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Balance des batteries lourdes cymbales qu’agitent les chérubins fous d’amour
En l’honneur du Dieu des armées
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Un arbre dépouillé sur une butte
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Le bruit des tracteurs qui grimpent dans la vallée
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O vieux monde du XIX e  siècle plein de hautes cheminées si belles et si pures
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Virilités du siècle où nous sommes
O canons
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Douilles éclatantes des obus de 75 carillonnez pieusement
Guillaume Apollinaire