2e canonnier conducteur
Me voici libre et fier parmi mes compagnons
Le Réveil a sonné et dans le petit jour je salue
La fameuse Nancéenne que je n’ai pas connue
[trompette]
As-tu connu la putain de Nancy
qui a foutu la vxxxxx à toute l’artillerie
l’artillerie ne s’est pas aperçu qu’elle avait mal au [cul]
Les 3 serveants bras dessus bras dessous se sont endormis sur
l’avant-train
Et conducteur par mont par val sur le porteur
Au pas au trot et parfois au galop je conduis le canon
Le bras de l’officier est mon étoile
polaire
Il pleut mon manteau est trempé et je m’essuie parfois, la figure
Avec la serviette-torchon qui est dans la sacoche du sous-verge
Voici des
fantassnis
aux pas pesants aux pieds boueux
La pluie les pique de ses aiguilles le sac les suit Fantassins marchantes mottes de
terre
Vous êtes la puissance
Du sol qui vous a faits
Et c’est le sol qui va
Lors que vous avancer
[botte]
sacré nom de Dieu quelle allure nom de Dieu quelle allure cependant que la nuit descend
[Notre-Dame]
souvenirs de Paris avant la guerre ils seront bien plus doux après la victoire
[Tour Eiffel]
salut monde dont je suis la langue éloquente que sa bouche ô Paris tire et tirera toujours aux Allemands
Un officier passe au galop
Comme un ange bleu dans la plue grise
Un blessé chemine en fumant une pipe
Le lièvre détale et voici un russieau que j’aime
Et cette jeune femme nous salue charretiers
La Victoire se tient après nos
jugulaires
Et calcule pour nos canons les mesures angulaires
Nos salves nos rafales sont ses cris de joie
Ses fleurs sont nos obus aux gerbes
merveilleuses
Sa pensée se recueille aux trauchées
glorieuses
[obus]
j’entends chanter l’oiseau le bel oiseau rapace
Guillaume Apollinaire.