Nuit rhénane
Mon verre est plein d’un vin trembleur comme une flamme.
Ecoutez la chanson lente d’un batelier
Qui raconte avoir vu, sous la lune, sept femmes
Tordre leurs cheveux verts et longs jusqu’à leurs pieds.
Debout, chantez plus haut en dansant une ronde,
Que je n’entende plus le chant du batelier,
Et mettez près de moi toutes les filles blondes
Au regard immobile, aux nattes repliées.
Le Rhin, le Rhin est ivre, où les vignes se mirent.
Tout l’or des nuits tombe, en tremblant, s’y refléter.
La voix chante toujours, à en râle-mourir,
Ces fées aux cheveux verts qui incantent l’été.
Mon verre s’est brisé comme un éclat de rire.
Honnef, Mai
1902.