La Synagogue
Ottomar Scholem et Abraham Loeweren
Coiffés de feutres verts, le matin du sabbat
Vont à la synagogue en longeant le Rhin
Et les coteaux où les vignes rougissent là-bas.
Ils se disputent et crient des choses qu’on ose à peine traduire
« Bâtard conçu pendant les règles ! » ou « Que le diable entre dans ton père. »
Le vieux Rhin soulève sa face ruisselante et se détourne pour sourire.
Ottomar Scholem et Abraham Loeweren sont en colère
Parce que pendant le sabbat on ne doit pas fumer
Tandis que les chrétiens passent avec des cigares allumés,
Et parce qu’Ottomar et Abraham aiment tous deux
Lia aux yeux de brebis et dont le ventre avance un peu.
Pourtant tout à l’heure dans la synagogue, l’un après l’autre
Ils baiseront la thora en soulevant leur beau chapeau.
Parmi les feuillards de la fête des cabanes
Ottomar en chantant sourira à Abraham.
Ils déchanteront sans mesure et les voix graves des hommes
Feront gémir un Léviathan au fond du Rhin comme une voix d’automne
Et dans la synagogue pleine de chapeaux, on agitera les loulabim,
Hanoten ne Kamoth bagoim tholahoth baleoumim.
Unkel, Septembre 1901