(1917) Sanglots « Sanglots »
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(1917) Sanglots « Sanglots »

Sanglots

                        Notre amour est réglé par les calmes étoiles
                        Or nous savons qu’en nous beaucoup d’hommes respirent
                        Qui vinrent de très loin et sont un sous nos fronts
C’est la chanson des rêveurs
Qui s’étaient arraché le cœur
Et le portaient dans la main droite
                        Souviens-t’en cher orgueil de tous ces souvenirs
                        Des marins qui chantaient comme des conquérants
                         Des gouffres de Thulé des tendres cieux d’ Ophir
                        Des malades maudits de ceux qui fuient leur ombre
                        Et du retour joyeux des heureux émigrants
De ce cœur il coulait du sang
Et le rêveur allait pensant
A sa blessure délicate
                        Tu ne briseras pas la chaîne de ces causes
Et douloureuse et nous disait
                        qui sont les effets d’autres causes
Mon pauvre cœur mon cœur brisé
Pareil au cœur de tous les hommes
                        Voici voici nos mains que la vie fit esclaves
Est mort d’amour ou c’est tout comme
Est mort d’amour et le voici                 Ainsi vont toutes choses
Arrachez donc le vôtre aussi
                        Et rien ne sera libre jusqu’à la fin des temps
                        Laissons tout aux morts
                        Et cachons nos sanglots
GUILLAUME APOLLINAIRE