Poème sans titre (incipit : « Tu te souviens▶, Rousseau, du paysage astèque »)
Tu te ◀souviens, Rousseau, du paysage astèque,
Des forêts où poussaient la mangue et l’ananas,
Des singes répandant tout le sang des pastèques
Et du blond empereur qu’on fusilla là-bas.
Les tableaux que tu peins, tu les vis au
Mexique :
Un soleil rouge ornait le front des bananiers
Et valeureux soldat, tu troquas ta tunique
Contre le dolman bleu des braves douaniers.
Le malheur s’acharna sur ta progéniture
1 ,
Tu perdis tes enfants et tes femmes
aussi
Et te remarias avecque la peinture
Pour faire tes tableaux, enfants de ton esprit.
Nous sommes réunis pour célébrer ta gloire,
Ces vins qu’en ton honneur nous verse Picasso,
Buvons-les donc, puisque c’est l’heure de les boire
En criant tous en chœur : « Vive ! Vive Rousseau ! »
O peintre glorieux de l’alme République,
Ton nom est le drapeau des fiers
Indépendants
Et dans le marbre blanc, issu du Pentélique,
On sculptera ta face, orgueil de notre temps.
Or sus ! que l’on se lève et qu’on choque les verres
Et que renaisse ici la française gaieté ;
Arrière noirs soucis, fuyez ô fronts sévères,
Je bois à mon Rousseau, je bois à sa santé !