Le Brasier
A mon ami, le grand poète
P.-N. Roinard.
P.-N. Roinard.
I
J’ai jeté dans le noble feu
Que je transporte et que j’adore
De vives mains et même feu
Ce passé, ces têtes de morts.
Flamme, je fais ce que tu veux.
Le galop soudain des étoiles
N’étant que ce qui deviendra
Se mêle au hennissement mâle
Des centaures dans leurs haras
Et des grandes plaintes végétales.
Où sont ces têtes que j’avais ?
Où est le Dieu de ma jeunesse ?
L’amour est devenu mauvais.
Qu’au brasier les flammes renaissent !
Mon âme au soleil se dévêt.
Dans la plaine ont poussé des flammes,
Nos cœurs pendent aux citronniers,
Les têtes coupées qui m’acclament
Et les astres qui ont saigné
Ne sont que des têtes de femmes,
Le fleuve épinglé sur la ville
T’y fixe comme un vêtement
Partant, à l’amphion, docile,
Tu subis tous les tons charmants
Qui rendent les pierres agiles.