Poème sans titre (incipit : « Trente ans debout à la frontière »)
Trente ans debout à la frontière,
J’arrêtai le contrebandier.
Je palpai la contrebandière :
Puis, quand je devins
brigadier,
Un soir, dans le train de dix
heures,
D’un homme correctement mis
Voyageant avec un permis
Je tâtai les gibbosités postérieures.
Que le gaz éclairait bien mal !
Le monsieur transportait quatre mille cigares.
Je lui dressai procès-verbal.
Ce temps passa. Des noms : Gauguin, Cézanne
Me hantaient. Pour leur art, je laissai la
douane
Et gardant ce surnom : le douanier,
Je ne suis pas, des peintres, le dernier.
Or, dans mon souvenir, une fenêtre
S’est ouverte. Je viens de reconnaître
L’ancien voyageur fier de s’être vengé
Parce que par ma faute il a mal voyagé.