L’Enfer
Un homme▶ a traversé le désert sans rien boire
Et parvient une nuit sur les bords de la mer
Il a plus soif encore à voir le flot amer
Tout habillé de bleu quand il a l’âme noire
Au pied d’une potence un beau masque prend l’air
Comme si de l’amour — ce pendu jaune et vert —
Je voulais que brûlât l’horrible main de
gloire.
Le pendu, le beau masque et cet ◀homme altéré
Descendent dans l’enfer que je creuse moi-même
Et l’enfer c’est toujours : « Je voudrais qu’elle m’aime. »
Et n’aurais-je jamais une chose à mon gré
Sinon l’amour, du moins une mort aussi belle.
Dis-moi, le savais-tu, que mon âme est mortelle ?
GUILLAUME APOLLINAIRE.