Dans le jardin d’▶Anna
Certes si nous avions vécu en l’an dix-sept cent soixante
Et que par malheur j’eusse été allemand
Mais que par bonheur j’eusse été près de vous
Presque toujours en français
Et pendue éperdument à mon bras
En pensant aussi au café qu’on prendrait
Dans une demi-heure
Et l’automne eût été pareil à cet automne
Que l’épine-vinette et les pampres couronnent
J’aurais dégusté lentement et tout seul
Le tokay épais ou la
malvoisie
J’aurais mis mon habit espagnol
Pour aller sur la route par laquelle
Arrive dans son vieux carrosse
Ma grand’mère qui se refuse à comprendre l’allemand
Sur vos seins la vie champêtre et sur les dames
Des alentours
J’aurais aimé entendre ◀de la musique en mangeant
Du jambon
J’aurais juré en allemand je vous le jure
Lorsque vous m’auriez surpris embrassant à pleine bouche
Cette servante rousse
Vous m’auriez pardonné dans le bois aux myrtilles
J’aurais fredonné un moment
Puis nous aurions écouté longtemps les bruits du crépuscule