Chevaux de▶ frise
Pendant le blanc et nocturne novembre
Alors que les arbres déchiquetés par l’artillerie
Vieillissaient encore sous la neige
Mon cœur renaissait comme un arbre au printemps
Un arbre fruitier sur lequel s’épanouissent
Pendant le blanc et nocturne novembre
Tandis que chantaient épouvantablement les obus
Leurs mortelles odeurs
Moi je décrivais tous les jours mon amour à Madeleine
Que l’on voit partout
Abandonnés et sinistres
Chevaux muets
Non chevaux barbes mais barbelés
Et je les anime tout soudain
Sur la Méditerranée
Et t’apportent mon amour
Rose lys ô panthère ô colombes étoile bleue
ô Madeleine
Je t’aime avec délices
Si je songe à tes yeux je songe aux sources fraîches
Si je pense à ta bouche les roses m’apparaissent
Si je songe à tes seins le Paraclet descend
Pour te redire je t’aime
Aujourd’hui je te vois non Panthère
mais Toutefleur
Et je te respire ô ma Toutefleur
Et ces chants qui s’envolent vers toi
M’emportent à ton côté
Dans ton bel Orient où les lys
La fusée s’épanouit fleur nocturne
Quand il fait noir
◀De larmes heureuses que la joie fait couler
Et je t’aime comme tu m’aimes
Madeleine
Novembre 1915