Les Colchiques
Le pré est vénéneux mais joli en automne.
Les vaches y paissant lentement s’empoisonnent.
Y fleurit. Tes yeux sont comme cette fleur-là,
Violâtres comme leur cerne et comme cet automne
Et ma vie pour tes yeux lentement s’empoisonne.
Ils cueillent les colchiques qui sont comme des mères
Qui battent comme les fleurs battent au vent dément.
Le gardien du troupeau chantonne en allemand.
Tandis que lentes et meuglant les vaches abandonnent
Pour toujours ce grand pré mal fleuri par l’automne.
Neu Glück, 1902.