[« Un soir de▶ demi-brume, à Londres »]
Un voyou, qui ressemblait à
Mon amour, vint à ma rencontre,
Et le regard qu’il me jeta
Je suivis ce mauvais garçon
Qui sifflotait, mains dans les poches ;
Nous semblions, entre les maisons,
Lui, les Hébreux, moi, Pharaon.
Si tu ne fus pas bien aimée !
Sa sœur-épouse, son armée,
Si tu n’es pas l’amour unique !
Plaies du brouillard sanguinolent
Où se lamentaient les façades,
Une femme lui ressemblant
La cicatrice à son cou nu, —
Au moment où je reconnus
Dans sa patrie, le sage Ulysse,
Sa femme attendait qu’il revînt.
Lorsqu’il la retrouva plus pâle,
Caressant sa gazelle mâle.
J’ai pensé à ces rois heureux
Lorsque le faux amour et celle
Dont je suis encore amoureux,
Heurtant leurs ombres infidèles,
Me rendirent si malheureux.
Regrets sur quoi l’enfer se fonde,
Pour son baiser les rois du monde
Seraient morts ; des pauvres fameux
Pour elle eussent vendu leur ombre.
J’ai hiverné dans mon passé.
Pour chauffer un cœur plus glacé
Moins que ma vie, martyrisés…
Mon beau navire, ô ma mémoire,
Avons-nous assez navigué
Dans une onde mauvaise à boire ?
Avons-nous assez divagué
Adieu, faux amour confondu
Avec la femme qui s’éloigne,
Avec celle que j’ai perdue
L’année dernière, en
Allemagne
Et que je ne reverrai plus !
Voie lactée, ô sœur lumineuse,
Et des corps blancs des amoureuses,
Ton cours vers d’autres nébuleuses ?