Élégie
Le ciel et les oiseaux venaient se reposer
Sur deux cyprès que le vent tiède enlaçait presque
Comme un couple d’▶amants à leur dernier baiser.
La maison, près du Rhin, était si romanesque.
Avec ses grandes fenêtres, son toit pointu
Sur lequel criait, par instants, la girouette
Au vent qui demandait si doucement : « Qu’as-tu ? »
Et sur la porte était clouée une
chouette.
Laquelle bien souvent tu t’es longtemps assise :
« Ici fut assassiné,
« Sa fiancée en eut une douleur touchante
« Requiem aeternam dona ei,
Domine. »
Le soleil au déclin empourprait la montagne
Et notre amour saignait comme les
groseillers
La nuit, pleurant des lueurs, mourait à nos pieds
Et notre amour ainsi se mêlait à la mort.
Au loin, près ◀d’un feu, chantaient des bohémiennes.
Un train passait, les yeux ouverts sur l’autre bord…
Nous regardions longtemps les villes riveraines.
Neu Gluck
, 1901.