Souvenir du Douanier
Les mouvements du monde
Les souvenirs s’en vont
Comme un bateau sur l’onde
Et les regrets au fond
Ils se donnaient la main et s’attristaient ensemble
Sur leurs tombeaux ce sont les mêmes fleurs qui tremblent
Tu as raison elle est belle
Il faut que je reste ici
Il faudra que je te montra ça
La belle Américaine
Qui rend les hommes fous
Dans deux ou trois semaines
Partira pour Corfou
Je tourne vire
Phare affolé
Mon beau navire
S’est en allé
Des plaies sur les jambes
Tu m’as montré ces trous sanglants
Quand nous prenions un
quinquina
Au bar des Iles Marquises rue de la Gaîté
Les matelots l’attendent
Et fixent l’horizon
Où mi-corps hors de l’onde
Bayent tous les poissons
Je tourne vire
Phare affolé
Mon beau navire
S’est en allé
La belle Américaine
Qui rend les hommes fous
Dans deux ou trois semaines
Partira pour Corfou
Tu traverses Paris à pied très lentement
La brise au voile mauve Etes-vous la maman
Je tourne vire
Phare affolé
Mon beau navire
S’est en allé
Je tourne vire
Phare affolé
Mon beau navire
S’est en allé
Il grava sur un banc près la porte Dauphine
Les deux noms adorés Clémence et Joséphine
Et deux rosiers grimpaient le long de son âme
Un merveilleux trio
Il sourit sur le Pavé des Gardes à la jument pisseuse
Mademoiselle Madeleine
Ah ! Mademoiselle Madeleine
Ah !
Il y a d’autres filles
Dans l’arrondissement
Et qui n’ont pas ◀d’amants
Je tourne vire
Phare affolé
Mon navire
S’est en allé
Guillaume Apollinaire