(1917) Pablo Picasso « Pablo Picasso »
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(1917) Pablo Picasso « Pablo Picasso »

Pablo Picasso

Voyez ce peintre il prend les choses avec leur ombre aussi et d’un coup d’œil sublimatoire

Il se déchire en accords profonds   et agréables à respirer tel l’orgue que j’aime entendre

Des Arlequines jouent dans le   rose et bleus d’un beau-ciel   Ce souvenir revit

les rêves   et les actives mains   Orient plein de glaciers   L’hiver est rigoureux

Lustres   or toile irisée or   loi des stries de feu   fond en murmurant.

Bleu   flamme légère   argent des ondes   bleues après le grand cri

Tout   en restant   elles touchent   cette sirène violon

Faons   lourdes ailes   l’incandesce   quelques brasses encore

Bourdons   femmes striées   éclat de   plongeon-diamant

Arlequins   semblables à Dieu   en variété   Aussi distingués qu’un lac

Fleurs   brillant comme deux   perles   monstres qui palpitent

Lys   cerclés d’or,   je n’étais pas seul !   fais onduler les remords

  Nouveau monde très matinal   montant de l’énorme mer

  L’aventure de ce vieux cheval   en Amérique

  Au soir de la pêche merveilleuse   l’œil du masque

  Air de petits violons au fond des   anges rangés

Dans le couchant puis au bout de     l’an des dieux

Regarde la tête géante et immense   la main verte

L’argent sera vite remplacé par   tout notre or

Morte pendue à l’hameçon… c’est   la danse bleue

L’humide voix des acrobates   des maisons

Grimace parmi les assauts du vent   qui s’assoupit

Ouis les vagues et le fracas d’une   femme bleue

Enfin la grotte à l’atmosphère dorée   par la vertu

Ce saphir veiné   il faut rire !

Rois de phosphore   sous les arbres les bottines entre des plumes bleues

La danse des   dix mouches   lui fait face quand il songe à toi

Le cadre bleu   tandis que   l’air agile s’ouvrait aussi

  Au milieu des   regrets dans une vaste grotte.

  Prends les araignées roses   à la nage

  Regrets d’invisibles pièges   l’air

Paisible se souleva mais sur le clavier   musiques

Guitare-tempête   ô gai trémolo

O gai trémolo   ô gai trémolo

Il ne rit pas   l’artiste-peintre

Ton pauvre   étincellement pâle

L’ombre agile   d’un soir d’été qui meurt

Immense désir   et l’aube émerge des eaux si lumineuses

Je vis nos yeux   diamants enfermer le reflet du ciel vert et

J’entendis sa voix   qui dorait les forêts tandis que vous pleuriez

L’acrobate à cheval le poète à moustaches un oiseau mort et tant d’enfants sans larmes

Choses cassées des livres déchirés des couches de poussière et des aurores déferlant !

Guillaume APOLLINAIRE