Marie
Vous y dansiez, petite fille,
Y danserez-vous.
mère-grand !
C’est la màclotte qui
sautille,
Toutes les cloches sonneront.
Quand donc reviendrez-vous, Marie ?
Les masques sont silencieux
Et la musique est si lointaine
Qu’elle semble venir des cieux.
Et mon mal est délicieux.
Les brebis s’en vont dans la neige,
Flocons de laine et cieux d’argent,
Des soldats passent et que n’ai-je
Un cœur à moi, ce cœur changeant,
Changeant et puis encore que sais-je !
Sais-je où s’en iront tes cheveux
Crépus comme mer qui
montonne ?
Sais-je où s’en iront tes cheveux
Et tes mains, feuilles de l’automne
Que jonchent aussi nos aveux ?
Je passais au bord de la Seine,
Un livre ancien sous le bras.
Le fleuve est pareil à ma peine,
Il s’écoule et ne tarit pas
Quand donc finira la semaine !
GUILLAUME APOLLINAIRE.