Le los du Douanier
Un tout petit oiseau
Sur l’épaule d’un ange
Ils chantent la louange
Du gentil Rousseau
Les mouvements du monde
Les souvenirs s’en vont
Comme un bateau sur l’onde
Et les regrets au fond
Gentil Rousseau
Tu es cet ange
Et cet oiseau
De ta louange
Ils se donnaient la main et s’attristaient ensemble
Sur leurs tombeaux ce sont les mêmes fleurs qui tremblent
Tu as raison elle est belle
Mais je n’ai pas le droit de l’aimer
Il faut que je reste ici
Où l’on fait de si jolies couronnes mortuaires en perles
Il faudra que je te montra ça
La belle Américaine
Qui rend les hommes fous
Dans deux ou trois semaines
Partira pour Corfou
Des plaies sur les jambes
Tu m’as montré ces trous sanglants
Quand nous prenions un quinquina
Au bar des Iles Marquises rue de la Gaîté
Un matin doux de verduresse
Les matelots l’attendent
Et fixent l’horizon
Où mi-corps hors de l’onde
Bayent tous les poissons
Les tessons de ta voix que l’amour a brisée
Nègres mélodieux Et je t’avais grisée
La belle Américaine
Qui rend les hommes fous
Dans deux ou trois semaines
Partira pour Corfou
Tu traverses Paris à pied très lentement
La brise au voile mauve Etes-vous la maman
On dit qu’elle était belle
Près du Mississipi
Mais que la rend plus belle
La mode de Paris
Il grava sur un banc près la porte Dauphine
Les deux noms adorés Clémence et Joséphine
Et deux rosiers grimpaient le long de son âme
Un merveilleux trio
Il sourit sur le pavé des gardes à la jument pisseuse
Il dirige un orchestre d’enfants
Mademoiselle Madeleine
Ah ! Mademoiselle Madeleine
Ah !
Il y a d’autres filles
Dans l’arrondissement
De douces des gentilles
Et qui n’ont pas d’amants
Guillaume Apollinaire