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2. (1699) Abrégé vie de Raphaël

Il peignit encores à Peruge pour les Religieuses de saint Anthoine de Padoue un Tableau d’une Vierge ayant son fils dans son giron vestu, pour plaire à ses venerables Dames où sont à ses costés saint Pierre et saint Paul, Sainte Catherine et sainte Cecile, dont les coiffures et les beaux airs de teste sont merveilleuses, puis au dessus de ce Tableau peignit un Pere Eternel dans un demy-rond, et au dessous du grand Tableau dans le marche-pied de l’Autel, encore trois petites Histoires : nostre Seigneur au Jardin des Olives, quand il porte sa Croix, puis mort au giron de la Vierge, qui furent trouvez admirables. […] Il avoit dans sa jeunesse estudié la maniere de Pierre Perugin, laquelle il fortifia de coloris, de dessein, et d’invention, mais quand il eust atteint plus d’age et de cognoissance, il s’aperceut bien qu’il n’avoit encore rien fait et qu’il estoit bien esloigné du vray, particulierement quand il vit les œuvres de Leonnard da Vinci, qui donnoit la grace et le mouvement aux airs des Testes, et aux Figures, qui n’eust en cette partie là jamais de semblable, il en demeura tout surpris, et d’autant qu’il y prenoit un grand goust: il se mit à l’estudier, s’efforcant d'oublier cette maniere du Perugin son Maistre, ce fut lors qu’il fit des efforts d’esprit extraordinaires pour suivre Leonnard de prés, mais quoy qu’il fit, il ne l'a jamais surpassé, bien que plusieurs ont dit qu’il l’avoit passé en douceur, et une facilité qui luy estoit naturelle, toutefois il ne le surmonta jamais de conceptions terribles ny dans cette force d’art dans lequel Leonnard a eu peu d’egaux ; Raphaël ayant esté l’unique qui en est aproché de plus pres.

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