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1. (1699) Abrégé vie de Raphaël

Il peignit encores à Peruge pour les Religieuses de saint Anthoine de Padoue un Tableau d’une Vierge ayant son fils dans son giron vestu, pour plaire à ses venerables Dames où sont à ses costés saint Pierre et saint Paul, Sainte Catherine et sainte Cecile, dont les coiffures et les beaux airs de teste sont merveilleuses, puis au dessus de ce Tableau peignit un Pere Eternel dans un demy-rond, et au dessous du grand Tableau dans le marche-pied de l’Autel, encore trois petites Histoires : nostre Seigneur au Jardin des Olives, quand il porte sa Croix, puis mort au giron de la Vierge, qui furent trouvez admirables. […] Ce Tableau a esté depuis porté à Florence avec admiration. Retournant aux Tableaux de Raphael, il en peignit un grand pour envoyer à Palerme, Ville Capitalle de Sicille, au Convent du mon Olivet ; c’est un Christ qui porte sa Croix, beau à son ordinaire en tout ce qu’il contient et accomply en tout ce qui est necessaire pour la representation de ce mystere. […] Tant de merveilles acumullées les unes sur les autres, par tant de penibles travaux ne luy empescherent pas de peindre encores un beau sainct Jean sur toile, pour le Cardinal Colonne, qui a esté depuis porté à Florence ; lequel on ne sçauroit assez estimer ; et encores apres un autre grand Tableau qu’il peignit au Cardinal Jules de Medicis pour envoyer en France. […] Je voudrois encore dire que chacun se devroit arrester à estudier ce qu’il cognoist luy estre naturel, et où son inclination le porte sans forcer son esprit : car le voulant trop contraindre de produire des choses qui ne sont point nées avec luy, il n’em porte bien souuent que de la honte et de la confusion pour toute la recompense d’un penible travail.

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