Pour ce qui est de Michel-Ange, bien que je ne sois pas de ceux qui ont une aversion si forte contre lui, qu’ils ne le croient pas mériter le nom de peintre, mais qu'au contraire je l'estime un des grands hommes qui aient été, il faut avouer néanmoins que quelque grandeur et quelque sévérité qu’il y ait dans son dessin, il n’est point si excellent que celui de Raphael, qui exprimait toutes choses avec une douceur et une grâce merveilleuse. […] Car on rapporte de lui qu’il semblait qu’à sa naissance les Grâces fussent descendues du ciel pour le suivre partout et lui servir de fidèles compagnes pendant sa vie, ayant toujours paru gracieux dans ses actions et dans ses mœurs, aussi bien que dans ses tableaux ; de sorte que la douceur, la politesse et la civilité, ne rendaient pas sa personne moins chère à tout le monde, que ses peintures rendaient son nom célèbre par toute la terre. […] Mais le mérite de cet excellent homme n’était pas renfermé seulement dans l'Italie ; le bruit de son nom avait passé les Alpes et s'était répandu en France, en Flandre, et en Allemagne. […] Car comme l’Eglise de Rome et les papes en particulier ont reçu des rois de France, non seulement la plus grande partie des biens qu’ils possèdent, mais encore toute leur autorité temporelle, et leurs plus beaux privilèges, Léon X fut bien aise de faire peindre ces deux actions si célèbres et si glorieuses à ses prédécesseurs, dans un temps où un grand roi de France*17 venait encore de donner à l'Eglise des marques de sa piété et de son obéissance, et où le peintre trouvai occasion de le représenter aussi lui-même en la personne d’un saint pape, dont il portait le nom.