En ce temps-là Raphael aprit la mort de ses pere et mere, cela l’obligea de s’en retourner à Urbin pour donner ordre aux affaires de leur succession, il y peignit deux petits Tableaux de nostre-Dame pour un Capitaine Florentin, qui sont de sa seconde maniere fort beaux et qui depuis sont tombez entre les mains du Serenissime Guido Baldo Duc d’Urbin, aussi bien qu’un petit Tableau d’un Christ qui prie au Jardin des Olives, si achevé qu’il semble de miniature, que le Duc conserve bien soigneusement. […] Il peignit encores à Peruge pour les Religieuses de saint Anthoine de Padoue un Tableau d’une Vierge ayant son fils dans son giron vestu, pour plaire à ses venerables Dames où sont à ses costés saint Pierre et saint Paul, Sainte Catherine et sainte Cecile, dont les coiffures et les beaux airs de teste sont merveilleuses, puis au dessus de ce Tableau peignit un Pere Eternel dans un demy-rond, et au dessous du grand Tableau dans le marche-pied de l’Autel, encore trois petites Histoires : nostre Seigneur au Jardin des Olives, quand il porte sa Croix, puis mort au giron de la Vierge, qui furent trouvez admirables. […] C’est pour quoy il s’y en retourna, et y fist le Carton d’un Christ mort que ses parens et amis portent au sepulchre, pour peindre à Peruge dans une Chapelle. […] Puis que Raphaël cesse de travailler avant que d’entrer au discours de sa maladie et de sa mort : j’ay creu qu’il estoit necessaire de dire quelque chose de ces differentes manieres, pour satisfaire à la curiosité des Peintres et autres personnes de l’art. […] La mort de Raphael fut une grande perte pour la peinture, il l’avoit portée bien haut, et l’auroit sans doute eslevée jusques à son dernier degré s’il eust vescu davantage.