Cet ouvrage fut trouvé beau, et y mit son nom en grosse lettre. […] Il luy escrivit que l’ayant mis dans l'esprit du Pape, pour lequel il avoit beaucoup basti, il y trouveroit assez de quoy s’exercer et monstrer ce qu’il sçavoit faire. […] Il avoit dans sa jeunesse estudié la maniere de Pierre Perugin, laquelle il fortifia de coloris, de dessein, et d’invention, mais quand il eust atteint plus d’age et de cognoissance, il s’aperceut bien qu’il n’avoit encore rien fait et qu’il estoit bien esloigné du vray, particulierement quand il vit les œuvres de Leonnard da Vinci, qui donnoit la grace et le mouvement aux airs des Testes, et aux Figures, qui n’eust en cette partie là jamais de semblable, il en demeura tout surpris, et d’autant qu’il y prenoit un grand goust: il se mit à l’estudier, s’efforcant d'oublier cette maniere du Perugin son Maistre, ce fut lors qu’il fit des efforts d’esprit extraordinaires pour suivre Leonnard de prés, mais quoy qu’il fit, il ne l'a jamais surpassé, bien que plusieurs ont dit qu’il l’avoit passé en douceur, et une facilité qui luy estoit naturelle, toutefois il ne le surmonta jamais de conceptions terribles ny dans cette force d’art dans lequel Leonnard a eu peu d’egaux ; Raphaël ayant esté l’unique qui en est aproché de plus pres. La maniere seiche du Perugin luy donna aussi beaucoup de peine, lors qu’il se mit à estudier les nuds du Carton de Michel l’Ange si difficiles, ses racourcis, ses grands contours si sçavants et si arrestez.