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2. (1672) Entretiens II

2 De la manière, dit Pymandre, qu'on parle de lui, je ne doute pas qu’il n’ait été le plus grand de tous les peintres. […] Je sais bien encore, comme je viens de vous dire, que sa manière de peindre n’est pas si excellente ni si grande que celle du Corrège ; et quoi qu’il ait fort bien entendu la force des lumières et la beauté de couleurs, il n’a point eu un contraste de clair et d'obscur, ni un choix de teintes aussi fier et aussi net que le Titien. […] Ce fut alors qu’il commença à changer de manière en voyant les peintures de Michel-Ange et de Léonard. […] Il est vrai aussi, poursuivis-je, qu’il ne perdit point de temps, et que de jour en jour il s'avança de telle sorte, que quittant tout à fait sa première manière il fit des tableaux d’un goût beaucoup meilleur que ses premiers. […] C'était dans cette même chambre dont je viens de parler, que vous regardiez un jour si attentivement les portraits des anciens poètes qui sont dans un tableau où le Parnasse est représenté ; et qu’en considérant particulièrement Homère, Virgile, le Dante, Pétrarque, et quelques autres, vous nous fites un savant discours sur la différente manière d’écrire de ces grands personnages.

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