Il eut pour père Jean de Santi, peintre de profession, mais qui jugeant bien n'être pas assez capable pour instruire son fils, dont la beauté de l'esprit parut dès ses premières années, le mit avec Pietre Pérugin qui était alors en grande estime. […] Je ne doute pas, interrompit Pymandre, que Raphaël ayant l’esprit aussi beau que vous le dites, ne profitât beaucoup des exemples de tant d'excellents peintres qui étaient alors à Florence ; et que ces deux grands hommes qui travaillaient à l'envi l'un de l’autre, ne lui servissent d’un puissant aiguillon pour l’exciter à bien faire. […] Et pour moi je trouve que la plainte de Michel- Ange était un éloge pour Raphaël, qui faisait paraître par là l'excellence de son jugement, et la force de son esprit. […] Je serai, répliqua-t-il, pour celui qu'il vous plaira, car j'aurai toujours de l'estime pour tous ceux dont vous direz du bien, et ainsi vous porterez mon esprit de quel côté vous voudrez. […] Ne pouvant lui seul recueillir, comme il eût bien voulu, tout ce qu’il y a de plus admirable dans les productions de la nature et dans les ouvrages de l'art, dont la spéculation est la principale nourriture de l'esprit, et dont l’étude est si nécessaire à un peintre, il occupait diverses personnes à dessiner ce qu’il y avait de plus beau en Italie, soit dans les différentes vues des paysages, et des lieux les plus agréables, soit dans les temples et dans les palais, soit dans les peintures anciennes, soit dans les bas-reliefs et les statues antiques.