1832-12-06, de George Sand à A MAURICE DUDEVANT, A NOHANT.

Mon cher ange,

Nous sommes arrivées hier sans accident et me voita

aujourd'hui presque sans fatigue. Nous sommes toutes reposées. Ta sœur est gaie, fraîche et gentille. Tout le monde la trouve embellie et mignonne à croquer. Lape~e ~emme~ a très bien supporté le voyage et n'a pas seulement levé le nez en traversant Paris Elle a l'air de ne se guère soucier des choses nou' velles. Si elle continue à être ce qu'elle est aujourd'hui, je serai contente d'elle car elle fait bien tout ce qu'elle peut pour m'être utile.

Je ne te dirai rien de neuf je n'ai encore songé t. Sobriquet de la jeune villageoise amenée d Parie par George Sand.

qu'à dormir et à ranger 'ma chambre. Ta petite sœur t'embrasse. Elle a pensé à toi à Châteauroux et s'est mise à pleurer. Je lui ai demandé ce qu'elle avait elle m'a répondu qu'elle voulait aller chercher son frère mignon. Je l'ai menée chez Rollinat, où nous avons dîné; les petites sœurs de RoUinat l'ont consolée, elle s'est mise à faire le diable. Adieu, mon petit mignon embrasse ton père pour moi dis à ton oncle de ménager un peu sa cervelle. Dis-lui aussi que j'ai voyagé avec le fameux père Bouffard, un des principaux chefs saint-simoniens. Le père Bbuffard est gros comme toi, ne mange que des <]eufs froids et ne boit que de l'eau. Du rester il est très aimable et parait très bon. Il ressemble à Jocko à s'y tromper; te souviens-tu de Jocko?

Adieu écris-moi, travaille, porte-toi bien et pense à moi. Je t'embrasse mille fois, mon pauvre ange; tu sais si je t'aime 1

Ta mère.