5 7bre 1766 à Genèvre
Votre lettre, monsir, l'avoir fait peaucoup de joye à le votre petit serviteur le Suisse.
Moi être pien aise de tout ce que fous dites à moi pour ce qui recarde mon cher maitre, monsir Boursier. Le monte chez vous l'y étre pas pon Suisse. Il dit et écrit des mensonges qui mettent en peine les chens. Moi l'être pien aise que tout cela soit pas frai. Cependant toutes ces sottises sont la causse de mille pruits et discours que l'on tient dans les enfirons.
Monsir Boursier l'a pas peur; mais li être pien fachir de toutes les apominations que l'on fait continuellement. Je crains que lui si mette un pon fois en colere; je ne foudrais pas. Il ne faut pas toujours croire son petit commis. Témoin la pouture de tabac dont Bigex a du rouler quelques carottes, et qui commence à s'y distripuer. Je l'avrais pien prié de ne pas faire; et moi mettre aux genoux; lui l'avre pas foulu croire moi. Lui n'a vu ni mangir de pon pain de Gonesse, fait par ce poulangir que fous me parle; et moi l'ai rien dit; je ne savre ce que c'est.
Matame Denis li être peaucoup poltron. Le peur l'empêche d'écrire. Moi lui avre point dit. Les feseurs de poutre de perlin pin pin de Pésançon feront pentre un pon apoticaire pour avoir fendu de pons drogues. O mon Dié! les pons chens ont enfie de se mettre cent piés dans la terre. Le monte va retevenir parbare. Le cœur fait mal; mais le mien fous aime bien, car fous li être un prave homme.
Je me recommande à le votres pons prieres, et je fous demande toujours votre pon amitié.
Wagniere