ce 29 [April 1739]
Mon cher ami, j'ai reçu de vous une lettre sans date, qui me vient par Barsur-Aube, au lieu qu'elle devait arriver par Vassy.
Vous m'y parlez d'une nouvelle épître. Vraiment vous me donnez de violents désirs; mais songez à la correction, aux liaisons, à l'élégance continue; en un mot, évitez tous mes défauts. Vous me parlez de Milton; votre imagination sera peut-être aussi féconde que la sienne; je n'en doute même pas; mais elle sera aussi plus agréable et plus réglée. Je suis fâché que vous n'ayez lu ce que j'en dis que dans la malheureuse traduction de mon essai anglais. La dernière édition de la Henriade qu'on trouve chez Prault vaut bien mieux; et je serais fort aise d'avoir votre avis sur ce que je dis de Milton dans l'essai qui est à la suite du poème.
You learn english: for ought j know. Go on; your lot is to be éloquent in every language, and master of every science; j love, j esteem you, j am your for ever.
Je vous ai écrit en faveur d'un jeune homme qui me paraît avoir envie de s'attacher à vous. J'ai mille remerciements à vous faire; vous avez remis dans mon paradis les tièdes que j'avais de la peine à vomir de ma bouche…. Cette tiédeur m'était cent fois plus sensible que tout le reste. Il faut à un cœur comme le mien des sentiments vifs, ou rien du tout.
Tout Cirey est à vous.